Six millions d'Américains boivent ou vivent avec de l'eau contaminée au plomb, rapporte le quotidien USA Today jeudi. Le journal a découvert que 2000 réseaux de distribution d'eau aux Etats-Unis présentaient un taux de plomb supérieur aux recommandations. Sur ce nombre, 350 réseaux desservent des écoles ou des crèches et 180 ont omis d'en avertir les consommateurs. De l'eau prélevée dans une école élémentaire du Maine (nord) a ainsi présenté un taux de plomb 42 fois plus élevé que la limite recommandée par l'agence américaine de l'Environnement (EPA). Dans une école maternelle de Pensylvanie, ce taux était 14 fois plus élevé que la norme de l'EPA. Cette enquête paraît après un scandale d'eau contaminée au plomb à Flint, dans le Michigan (nord). Des milliers d'enfants de Flint ont été exposés à cette eau empoisonnée après la décision des services du gouverneur Rick Snyder d'utiliser pour leur réseau de distribution la rivière locale, pourtant acide et polluée. Sommés de s'expliquer jeudi sur ce scandale, le gouverneur du Michigan et la directrice de l'Agence de protection de l'environnement (EPA) sont apparus en grande difficulté devant une commission d'enquête à Washington. Essayant de convaincre que cette catastrophe sanitaire résultait d'un "échec à tous les niveaux", le gouverneur républicain Rick Snyder s'est vu reprocher de tenter de diluer sa responsabilité. "Je m'en veux tous les jours de ne pas avoir posé davantage de questions aux experts", a-t-il tenté de se défendre. Rick Synder a maintenu n'avoir appris la dangerosité de l'eau que 17 mois après le changement de mode de distribution. Ses collaborateurs les plus directs étaient eux pourtant bien au courant, comme l'ont montré des emails rendus publics. L'administratrice de l'EPA Gina McCarthy, accusée également d'avoir pendant des mois laissé les enfants de Flint s'empoisonner sans agir, a elle refusé d'envisager de démissionner. De nombreux habitants de Flint avaient fait le déplacement jusqu'à Washington, sans pouvoir tous entrer dans la salle où s'est déroulée l'audition dans un climat tendu. "Nous allons avoir une génération complète d'enfants qui vont souffrir de dommages cérébraux, de difficultés d'apprentissage et de beaucoup d'autres conséquences effroyables de l'empoisonnement au plomb que leur a fait subir l'administration du gouverneur Snyder", a lancé le député démocrate du Michigan, Elijah Cummings.
Les députés interdisent les néonicotinoïdes dès 2018 Les députés français ont voté jeudi soir l'interdiction à partir du 1er septembre 2018 des néonicotinoïdes. Ces pesticides sont accusés de nuire aux abeilles et donc à la pollinisation, mais aussi à la santé. Par 30 voix contre 28, la commission du Développement durable de l'Assemblée a adopté un amendement en ce sens. Les groupes Républicains et les centristes de l'UDI, soutenus par quelques socialistes, ont longuement ferraillé contre, car ils s'inquiètent des conséquences pour les agriculteurs. Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, avait adressé la semaine dernière une lettre aux députés pour leur demander de ne pas voter cette interdiction susceptible selon lui de provoquer "des distorsions" entre les agriculteurs français et leurs collègues européens au détriment des premiers. Dans un communiqué publié vendredi, il a salué le fait que la mesure n'entre en vigueur qu'en septembre 2018, et non début 2017 comme le voulait une première version du texte, "l'urgence" étant désormais de trouver des "solutions de substitution". Effet possible sur le cerveau humain Ségolène Royal, ministre de l'Environnement, s'est quant à elle "réjouie" de "cette décision (qui) va préparer l'avenir et protéger les abeilles et les services qu'elles nous rendent". "Les insecticides de la famille des néonicotinoïdes ont un effet sur le système nerveux des abeilles et de récentes études scientifiques révèlent un effet possible sur le développement cérébral des êtres humains", relève-t-elle dans un communiqué. L'ONG Générations futures s'est félicité de l'adoption d'une "interdiction claire, sans dérogations" et de "l'accent mis sur la recherche de solutions non chimiques et l'agronomie". Un vote également salué par la Fondation Hulot, qui prévient qu'elle restera "mobilisée pour que cette interdiction soit maintenue jusqu'à l'adoption finale de la loi". L'Autorité européenne de sécurité des aliments est en train d'évaluer sa position sur les néonicotinoïdes au vu d'études qui lui ont été communiquées en 2015. Elle rendra son avis en janvier 2017. Pour l'heure, elle limite l'utilisation de trois d'entre eux (chlothianidine, imidaclopride et thiamétoxam). L'eurodéputée Michèle Rivasi (Europe-Ecologie-Les Verts) a souhaité vendredi que l'Union européenne s'inspire de l'initiative française. A contrario, le groupe chimique allemand Bayer déplore vendredi dans un communiqué "une impasse agronomique et économique pour l'agriculture française" qui "n'apportera pas de réponse efficace aux causes de mortalité des abeilles." L'amendement sur les pesticides a été adopté dans le cadre de l'examen en deuxième lecture du projet de loi visant à renforcer et renouveler les politiques publiques en faveur de la biodiversité. Le Sénat devrait procéder en mai ou juin à une seconde lecture du texte dont le parcours parlementaire a commencé il y a deux ans, en mars 2014. Ensuite sera convoquée une commission mixte paritaire (CMP) Assemblée-Sénat qui tentera de mettre au point un texte commun aux deux assemblées. L'Assemblée, qui a constitutionnellement le dernier mot, devrait procéder en juin ou juillet à la lecture définitive.