Les cours du maïs et du soja ont monté cette semaine à Chicago, partagés entre la perspective d'une offre américaine élevée et une solide demande internationale, et les prix du blé ont été soutenus par les problèmes en Europe. "Le fait que les cours du maïs et du soja se soient maintenus face au rapport publié vendredi dernier par le ministère américain de l'Agriculture (USDA), c'est une réussite en soi !", a estimé Bill Nelson, de Doane Advisory Services. Dans son rapport mensuel publié juste avant le précédent week-end, l'USDA avait en effet fait état de prévisions a priori très défavorables, puisque le ministère a nettement relevé ses prévisions de production américaine pour les trois grands produits, en premier lieu pour le maïs. "Logiquement, les cours auraient dû beaucoup baisser", a reconnu M. Nelson. En premier lieu, les investisseurs semblent douter de l'ampleur des prévisions de l'USDA, quand bien même les récoltes de maïs et de soja bénéficient depuis le début de l'été d'une météo favorable aux Etats-Unis. "Certains se demandent ce que les statisticiens de l'USDA ont fumé pour relever à ce point les prévisions de rendements sur le maïs", a ironisé dans une note Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors. Certains observateurs remarquaient notamment que, même si les cultures ont bénéficié de précipitations éloignant les risques de sécheresse, l'USDA semble avoir négligé le fait que les températures ont peut-être été un peu trop élevées. "Il est bien possible que ces prévisions de rendements se réalisent, mais on peut avoir quelques doutes", ont écrit les experts d'Allendale, expliquant qu'en tout état de cause il était "trop tôt" pour prendre ces estimations pour argent comptant. Autre élément compensant les inquiétudes sur une offre élevée, les investisseurs ont pris connaissance lors de la semaine de plusieurs grandes ventes de maïs et, surtout, de soja américains à des clients étrangers. "Il y a une sorte d'équilibre entre, d'un côté, les excellentes perspectives de production de maïs comme de soja américains et, de l'autre les niveaux historiques de la demande de soja et très élevés de celle de maïs", a expliqué M. Nelson. Il prévenait néanmoins que les semis de maïs et de soja étaient en train de reprendre en Amérique du Sud, ce qui risque de mettre fin à une période dorée pendant laquelle les exportateurs américains ont bénéficié du vide laissé par de gros problèmes de production au printemps en Argentine et au Brésil. Enfin, "pour le blé, la situation du marché physique reste défavorable, mais cela pourrait bientôt changer", a noté M. Strickler. "Les Etats-Unis vont faire face à une moindre concurrence de l'Union européenne (UE) sur le plan des exportations." Les premiers bilans de fin de moisson confirment la chute de la production en France, tandis que d'autres pays d'Europe de l'Ouest, comme l'Allemagne, devraient aussi offrir une quantité réduite de céréales, à la suite de conditions météorologiques défavorables. Reste que, sur le marché mondial, "cette situation est largement compensée par une production plus importante que prévu en Russie", a prévenu M. Nelson. La fédération russe du secteur a annoncé cette semaine que la récolte du premier exportateur mondial de blé devrait atteindre cette année un niveau record pour la période post-soviétique. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en décembre, le contrat le plus échangé, a terminé vendredi à 3,4375 dollars contre 3,3300 dollars en fin de semaine précédente (+3,23%). Le boisseau de blé pour décembre, lui aussi le plus actif, valait 4,4475 dollars, contre 4,4000 dollars auparavant (+1,08%). Le boisseau de soja pour novembre, là encore le plus échangé, coûtait 10,0450 dollars contre 9,8175 dollars précédemment (+2,32%).