Retour à la Résolution 1373du Conseil de sécurité des Nations-unies qui avait reconnu, en 2001, déjà, un lien entre le terrorisme et le crime organisé transnational, adaptation de la lutte à une situation régionale très dangereuse pour la stabilité régionale et internationale en particulier la région sahélo-saharienne ; telles ont été les préoccupations fondamentales exprimées au cours de la tenue récente à Alger du premier forum mondial de lutte contre le terrorisme sur l'Afrique de l'Ouest . Les travaux de cette première réunion plénière du groupe de travail du Forum mondial de lutte contre le terrorisme (GCTF) sur l'Afrique de l'Ouest co-présidée par l'Algérie et le Canada, ont réuni de hauts fonctionnaires et experts dans les domaines de la prévention et la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent, de la sécurité des frontières et de la lutte contre le financement du terrorisme, des pays membres du Forum GCTF, de la région de l'Afrique de l'Ouest ainsi que des organisations internationales et régionales, dont l'ONU et l'Union africaine. De fait, le Forum aura été dominé de bout en bout par l'examen de l'expérience algérienne dans sa lutte contre ces phénomènes, une détermination unanime de poursuivre et de mutualiser cette expérience, à l'origine du plan d'action de ce forum. C'est que plus que jamais sans doute les risques et les dangers d'une conflagration régionale n'ont été aussi grands ; Aujourd'hui, en effet, et le ministre des Affaires étrangères, M. Abdelkader Messahel l'a souligné avec force, " la région à laquelle appartient l'Algérie connaît, à la fois, le terrorisme et le crime organisé transnational. La bande sahélo-saharienne, en particulier, est aujourd'hui une zone meurtrie et menacée par le développement de ces fléaux, par la densification de leurs canaux de collaboration, par la solidité des interconnections de leurs intérêts et par la mutualisation progressive de leurs moyens pour la conduite et la protection de leurs activités criminelles respectives ". M. Messahel a expliqué que le terrorisme y reste actif et élargit ses champs d'action à un nombre croissant de pays de l'Afrique de l'Ouest et que " la fédération de certains de ces groupes terroristes augure des projections portées par la maîtrise de moyens financiers accrus".Tous les orateurs l'ont aussi déclaré, l'engagement agressif de plus en plus du terrorisme et du crime organisé place la région sahélo-saharienne au bord de la catastrophe. La connexion entre le terrorisme et le crime organisé qui découle de toute tentative de déstabilisation des Etats et de violence se traduit nécessairement par la création de zones de tension, d'alimentation des conflits armés, la constitution d'alliance stratégique entre les groupes terroristes pour accroître la domination de la souffrance des peuples et tenter de briser leur lutte pour la paix, la sécurité et le développement socio-économique. Tous les présents à ce forum qui ont pris la parole se sont attachés à faire l'éloge de l'expérience algérienne dans sa lutte contre ces fléaux, à analyser les graves répercussions de la nouvelle stratégie du terrorisme portée par la maîtrise de moyens financiers accrus. A ce sujet, M. Messahel, suivi par d'autres orateurs, a soutenu que : " le crime organisé transnational dans cette même région couvre une large palette de trafics, incluant la prise d'otages contre paiement de rançons, le trafic de cocaïne, d'héroïne, de psychotropes et surtout de hachich, le trafic d'armes en tous genres, la traite des êtres humains, l'exploitation de la migration illégale, le blanchiment d'argent, l'orpaillage illégal, le trafic de cigarettes et de contrebande de toutes sortes, le trafic de biens culturels, le vol de bétail et bien d'autres trafics encore ". Ces fléaux réunis sont aujourd'hui à la base des actes terroristes. Ils permettent non seulement de trouver des exécutants sans scrupules, mais aussi de l'argent. L'un des moyens efficaces de combattre le terrorisme est de priver ses responsables sanguinaires des bases financières qui leur sont nécessaires. Le Forum d'Alger a conclu que la lutte contre le terrorisme et ses causes est aujourd'hui considérée comme " une tâche " que tous les Etats doivent assumer en commun. Dans cet esprit de lutte commune contre le terrorisme, le Conseil de sécurité des Nations unies, l'Union africaine et l'Union européenne ont martelé dans leurs multiples résolutions que le terrorisme constituait une " menace " pour la paix et la sécurité dans le monde. Les Etats membres de ce regroupement mondial et régional sont donc tenus de prévenir le terrorisme ainsi que de lutter contre ce fléau et son financement en vertu de différentes résolutions mondiales. Questions multiples, mais unique réponse qui suppose une adaptation, une nouvelle stratégie, dira M. Abdelkader Messahel : "La lutte contre ces fléaux nécessite la promotion de programmes de coopération et la mise en évidence de la nécessité d'organiser l'échange d'informations et de données, de renforcer la coopération judiciaire régionale et internationale, de renforcer aussi les institutions internationales de lutte contre le crime organisé transnational telles que la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale ou la Convention arabe de lutte contre le commerce illicite des drogues, et réfléchir aussi à la création de cordons sanitaires autour des zones de production de drogues, de psychotropes ". La tenue du GCTF à Alger a coïncidé avec l'organisation du premier atelier de formation d'Afripol destiné " au renforcement des capacités de lutte contre le crime organisé transfrontalier, la cybercriminalité et le terrorisme " et dont la conclusion de ses travaux a mis l'accent sur l'impératif de raffermir la coopération entre les organes de police africains et en se basant sur les thèmes de la formation et de la communication en vue de relancer ce mécanisme en l'érigeant en " valeur ajoutée " pour le continent africain. Le Dgsn, le Général-Major Abdelghani Hamel, a salué dans son allocution d'ouverture, cette rencontre, mettant l'accent sur l'importance d'échanger les compétences, les expériences et les informations entre Etats membres d'Afripol, d'une part, et entre cette dernière et les organisations sécuritaires internationales, d'autre part. M. Hamel a réaffirmé " la disponibilité de la Police algérienne à prêter main forte à ses homologues au sein de l'Afripol, qu'il s'agisse du côté professionnel ou logistique, vu les capacités qu'elle a pour accompagner cette organisation régionale". La tenue du Forum du GCTF en même temps du premier atelier de formation d'Afripol à Alger se veut une volonté de l'Algérie, une adaptation à la lutte commune contre le terrorisme et le crime organisé. Adaptation prospective aussi qui voit loin, et qui sait où elle va : vers un monde sans terrorisme, sans conflits, sans guerre, exempt d'interventions et d'ingérence, libéré de la pauvreté, de la misère et des épidémies, une humanité solidaire et pacifique. Tout indique qu'après ces deux rencontres régionales d'Alger, la lutte contre le terrorisme est appelée à connaître un dynamisme nouveau au service de la paix et de la sécurité régionale.
