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Glyphosate : Les politiques hésitent, les agriculteurs agissent
Publié dans Le Maghreb le 27 - 11 - 2017

Alors que l'Union européenne doit enfin rendre son verdict aujourd'hui sur la prolongation de l'autorisation du glyphosate, les agriculteurs restent divisés sur l'utilisation de l'herbicide controversé vendu par Monsanto.
"Il ne viendrait pas à l'idée d'un parent sérieux de laisser des poux sur la tête de ses enfants sans les traiter, non ? Quand vous avez des insectes dans votre champ, c'est pareil ". Voilà la métaphore choisie par Luc Barbier pour montrer l'utilité, selon lui, des pesticides dans l'agriculture en général. Céréalier et producteurs de fruits sur 136 hectares à Hoéville, un village du Grand-Est aux confins de la Meurthe-et-Moselle et de la Moselle, Luc Barbier pratique ce qu'on appelle dans le langage courant l'agriculture conventionnelle. Une catégorie que l'on oppose traditionnellement à l'agriculture biologique, notamment car elle a recours aux intrants chimiques, dont le très controversé glyphosate. Dans une de ses parcelles, il a semé cet automne un couvert végétal d'avoine et de pois. Cela consiste, entre autres, à occuper l'espace entre deux périodes de culture de céréales pour éviter que le sol ne soit recouvert de plantes adventices, ou " mauvaises herbes ". " Avant de semer l'orge de printemps, explique Luc Barbier, je verrai si j'ai besoin de détruire les adventices restants avec le glyphosate ou pas. L'image populaire, qui consiste à croire qu'on sort le pulvérisateur de glyphosate systématiquement, est fausse ". Celui qui assume aussi la fonction de président de la Fédération nationale de producteurs de fruits (FNPF) assure ainsi n'utiliser le glyphosate " qu'en dernier recours, après avoir essayé toutes les autres alternatives. En 2017, je n'en ai épandu qu'une centaine de litres ".

Bataille d'experts
Au cœur d'intenses débats depuis plusieurs années, le glyphosate est la principale molécule active du Roundup, produit phare de la controversée multinationale Monsanto et herbicide le plus vendu dans le monde. En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a déclaré le glyphosate génotoxique, c'est-à-dire pouvant compromettre l'intégrité du génome humain, et cancérogène probable. Mais plus tard, la même année, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a rendu un avis contraire. Depuis, les avis d'experts se multiplient et divergent sur la question. A Mandres-aux-Quatre-Tours, commune à cheval sur la Meuse et la Meurthe-et-Moselle, Tristan Choné gère, lui, 145 hectares en polyculture-élevage bio. Vice-président de Probiolor, une coopérative céréalière bio installée en Lorraine, il siège au comité national de Biocoop, le premier réseau de magasins bio en France. Né en 1990 et fils d'agriculteurs convertis à cette méthode en 1993, il n'a connu que le mode bio. Avec deux associés à mi-temps, il cultive près de la moitié de son exploitation en prairie permanente, c'est-à-dire en plantes fourragères qui serviront à nourrir ses 45 vaches. Le reste de ses hectares est cultivé sur des rotations de dix à onze ans entre blé, lentilles, avoine, épeautre, seigle, tournesol, pois, féverole et blé ancien. " C'est cette diversification qui permet de se défaire des produits chimiques comme le glyphosate ", explique-t-il. Pour lui, l'apparition massive de la chimie dans l'agriculture a extrêmement simplifié la pratique et posé une épée de Damoclès sur les producteurs. " Si je perds une culture entière à cause d'un aléa climatique ou d'un insecte ravageur par exemple, ce n'est pas très grave, car j'ai dix autres sortes de cultures derrière à proposer aux acheteurs, explique-t-il. Mais pour un agriculteur conventionnel qui ne produit que du blé et de l'orge, perdre une culture entière, c'est un drame économique et donc humain ".

Rivalité bio-conventionnel
Dans l'interculture, c'est-à-dire la période entre deux semis, il sème des fabacées, appelées légumineuses dans le langage courant, aux grandes qualités de fixation de l'azote, puissant fertilisant naturel pour la culture suivante. Il récupère aussi le fumier de ses vaches qui servira d'engrais une fois associé à d'autres matières organiques. " Je n'achète aucun intrant, déclare-t-il. Je n'ai pas cette pression qu'ont les agriculteurs conventionnels de rembourser leurs emprunts contractés d'année en année aux banques pour acheter les produits chimiques ". Les antagonismes entre bio et conventionnel regorgent parfois d'anecdotes croustillantes. Ainsi, Tristan Choné raconte qu'un groupe d'agriculteurs conventionnels est déjà venu le trouver pour se plaindre de la " saleté " de son champ. " Dès que quelque chose dépasse, ça les dérange, car ils se laissent influencer par le regard extérieur de la société, raconte-t-il. Mais en l'occurrence, il s'agissait d'adventices que j'avais laissées pousser volontairement car on peut les utiliser à travers différentes fonctions pour les animaux ". Revers de la médaille, quand son petit cousin, qui gère un champ attenant aux siens en mode conventionnel, s'apprête à épandre le glyphosate. Alors Tristan Choné l'attend parfois sur le bord de la route pour l'applaudir ironiquement. Mais si, pour lui, le glyphosate est clairement à proscrire, il comprend que " pour certains agriculteurs qui l'utilisent, ce serait dramatique qu'il soit interdit du jour au lendemain".

Pas d'alternative au glyphosate
Justement, lundi 27 novembre, le comité d'experts de l'Union européenne (UE) est censé rendre son verdict sur la prolongation d'autorisation d'utilisation du glyphosate dans l'agriculture. " Censé ", car le 9 novembre, les Etats membres avaient une nouvelle fois, après de multiples tentatives précédentes sans résultat, échoué à se mettre d'accord sur la prolongation d'autorisation.
Il y a urgence, car la licence du glyphosate deviendra caduque le 15 décembre prochain. Le 9 novembre, la France avait voté contre la proposition de l'UE de renouveler pour cinq ans la licence d'utilisation du glyphosate. Quelle qu'elle soit, Luc Barbier " prendra acte " de la décision de l'UE. Il ne se fait aucune illusion car " les agriculteurs savent qu'à terme, ils n'auront plus le glyphosate à disposition ". Contrairement à d'autres agriculteurs conventionnels restés confiné à deux ou trois types de cultures, lui a déjà anticipé. En plus de la culture de mirabelliers et de quetschiers, il essaye d'augmenter ses rotations le plus possible afin de diversifier ses récoltes, que ce soit avec du blé, du colza, de l'orge, du tournesol, des pois, du soja ou du maïs. Et comme Tristan Choné, Luc Barbier pratique de plus en plus le couvert végétal, considéré par l'agriculture biologique comme le pilier de la conservation du potentiel agronomique des sols.
Pour autant, s'il a déjà anticipé son interdiction à plus ou moins long terme, l'ancien trésorier de la FNSEA, le principal syndicat agricole français, historiquement pro-glyphosate, considère qu'il n'a pas à se prononcer quant au bien-fondé du glyphosate. " Je suis agriculteur, je fais de l'agriculture avec les produits qu'on m'autorise à utiliser, déclare-t-il ainsi. Que les décideurs politiques interdisent le glyphosate, d'accord, mais en proposant une alternative viable. Aujourd'hui, on n'a pas d'alternative à notre disposition qui nous permettrait de rester compétitifs avec les pays où le glyphosate reste autorisé ". Pour Tristan Choné, plus que le simple fait de prolonger ou pas l'autorisation du glyphosate, c'est justement " de cette logique productiviste mondialiste " que doivent sortir les agriculteurs, car c'est pour lui la " seule alternative viable à long terme économiquement et écologiquement ". Sur le très court terme, rendez-vous est pris pour ce 27 novembre avec enfin le verdict, à moins d'un énième coup dans l'eau, sur la prolongation d'autorisation d'utilisation du controversé glyphosate.


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