Karim Zaghib, chercheur et directeur général du centre d'excellence en électrification des transports et en stockage d'énergie au Québec, exhorte à l'usage de l'énergie propre en Algérie, et à s'éloigner davantage de l'énergie fossile. Cet intellectuel, leader de l'électrification des transports d'énergie au Canada a reçu, lors d'une cérémonie grandiose, le prix Lionel Boulet, la plus haute distinction attribuée par le gouvernement du Québec à une personne qui a mené une carrière remarquable en recherche dans le domaine industriel. Actuellement directeur général du centre d'excellence en électrification des transports et en stockage d'énergie au Québec , après son obtention d'un DEES à l'université de Sétif en électrochimie , il est parti en France en 1986 pour y faire son doctorat à l'Institut polytechnique de Grenoble .Puis, il est parti au Japon dans le cadre d'un programme d'échange entre son institut français et des universités japonaises où il a été embauché comme chercheur. C'est là où notre chercheur a commencé à travailler avec les géants des batteries, à savoir Sony, Panasonic, Sanyo et Matsushita. Il a rappelé que Sony était la première à introduire la batterie au Lithium dans les ordinateurs portables et les smartphones. Ensuite, il a été recruté à Hydro-Québec. Cette compagnie s'intéressait à ramener au Québec la technologie lithiumienne (caractérisée d'une grande capacité de stockage et une bonne sécurité). Il travaille au sein de cette compagnie depuis 25 ans (depuis 1994).
Bilan : 500 brevets et une créativité algérienne : Ce chercheur algérien a environ 500 brevets. Et ceci grâce à une balance entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée. Comme il a publié plus de 400 publications .Il n'a pas manqué de remercier son pays l'Algérie, la France et le Japon pour sa formation et pour lui avoir inculqué la créativité, la discipline et la persévérance .Il avoue que sa créativité est native de l'Algérie. Cela remonte aux années 68-69, il y avait peu de moyens .Enfants, on fabriquait nos petits jouets avec des fils en fer et du bois. La France, c'est la rigueur et le Japon, c'est la discipline. Le Canada (Québec), pour lui, c'est la liberté d'inventer, de créer et de réfléchir. Le Québec lui a permis aussi de créer quelque chose dont il rêvait depuis des décennies. Il s'agissait de créer à partir du même matériau d'une batterie pile -bouton d'un montre, une capacité de 2 Mégawatts-heures qu'on peut stocker dans un conteneur, grâce à Hydro-Québec et à la collaboration internationale.
La batterie Lithium-Ion, c'est sa fierté Pour lui, l'invention de cette batterie lithium-Ion est une fierté parce qu'elle est très sécuritaire et ne prend pas feu. Il l'a développée avec son groupe. Elle peut recycler plus de 1500 cycles et d'une durée de vie de plus de 25 ans. Cette batterie est commercialisée depuis 8 ans environ. En plus, elle est utilisée dans les maisons à Hawaï, dans les autobus en Chine et dans les voitures électriques.
L'Algérie peut entamer un virage vert vers l'énergie propre et se débarrasser de l'énergie fossile Il a annoncé qu'il est temps que l'Algérie commence à penser à des alternatives. De par la richesse de son gisement solaire, on peut y créer des parcs solaires et on peut mettre sur pied des réseaux pour les grandes villes ou des petits réseaux pour les petits villages. Aujourd'hui, avec ces technologies (solaire et éolienne), les batteries et l'hydrogène, le virage vert est possible. Il faut commencer par implanter le solaire et les batteries qui servent à stocker l'énergie produite durant le jour pour être utilisée durant la nuit ou pour d'autres fins. On doit investir dans la formation qu'elle soit fondamentale ou professionnelle et compter sur l'intelligence. A cause du réchauffement climatique, il faut se libérer de l'énergie fossile.
Que doit-on faire pour matérialiser ces idées ? Mr Karim Zaghib a annoncé avoir désigné un projet de fermes énergétiquement et alimentairement autonomes. Dans ce projet pilote, l'énergie sera produite pour l'arrosage optimisé, en utilisant l'intelligence industrielle, des produits bio. Cette eau pourra aussi être utilisée à produire de l'oxygène pour les hôpitaux et l'hydrogène qui sera stocké pour être utilisé dans les piles à combustible, a-t-il précisé. L'électricité produite en surplus peut être vendue aux réseaux, et on aura besoin de terrains et faciliter l'entrée des électrolyseurs et des voitures électriques. Il faudra coordonner avec la société nationale Sonalegaz. Ce sont des choses que la compagnie a réalisées à Hawaï et à Kuaktak dans le nord du Québec chez les Inuits. Le chercheur assure qu'il est possible de créer des réseaux autonomes partout en Afrique.
Les voitures électriques en Algérie, fiction ou réalité ? Il affirme en outre que les voitures électriques deviennent de plus en plus abordables et d'ici 5 ans leurs prix seront proches de ceux des voitures à essence, ajoutant qu'il faut créer aussi un écosystème où l'électricité ne soit pas créée avec de l'énergie fossile et qu'on pourrait commencer par substituer les flottes de taxis dans les grandes villes par des voitures électriques.
Défi et déclic inventif de Karim Zaghib Karim Zaghib a contribué à l'adoption des véhicules électriques partout sur la planète, c'est le défi qu'il relève avec inventivité depuis 30 ans. Le déclic s'est fait à son adolescence, lors d'un embouteillage, alors qu'il éprouvait des difficultés respiratoires dues à la pollution. C'est à partir de ce moment qu'il a mis devant ces yeux un objectif, celui d'aider l'humanité de généraliser l'usage de l'énergie propre et de faire un virage vert. Notre Algérie qui a enfanté plein de savants reconnus à l'échelle mondiale, tel que Karim et tant d'autres, et qui ne ménageront aucun effort pour la prospérité de leur mère patrie.
