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Tunisie - Abir Moussi : " Nous voulons instaurer un régime présidentiel "
Publié dans Le Maghreb le 10 - 02 - 2020

Abir Moussi est l'un des principaux empêcheurs de tourner en rond de la scène politique tunisienne. Mais cette nostalgique de Ben Ali ne veut pas se contenter d'un rôle de vigie " destourienne ". Entretien.

Donnée parmi les favoris aux élections législatives et présidentielles, la patronne du Parti destourien libre (PDL) n'est pas seulement une farouche opposante aux islamistes. À 44 ans, l'ancienne avocate déroule un programme qui tranche avec celui des autres formations politiques. Et, à la différence de beaucoup, l'ancienne secrétaire générale adjointe du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) assume aussi bien son parcours que ses positions.
Envers et contre tous, elle avait ainsi plaidé en 2011 pour que la formation de Zine el-Abidine Ben Ali ne soit pas dissoute. Cette constance en fait aujourd'hui une candidate qui compte. Dans son bureau - réplique quasi identique de celui qu'elle occupait au RCD - , Abir Moussi se présente en héritière des pères fondateurs de la Tunisie moderne et peaufine son plan d'action.

Une femme à la tête d'un parti et candidate à la présidence: qu'est-ce cela vous inspire?
Abir Moussi : C'est un honneur, car le PDL est l'héritier légitime du mouvement destourien qui a libéré la Tunisie, construit un État moderne et imposé dès l'indépendance les droits de la femme avec la promulgation du code du statut personnel. Bourguiba considérait la femme tunisienne comme un pilier essentiel de l'État.
Les dirigeants du PDL s'inscrivent dans cette lignée ; qu'une femme dirige le parti ne les choque pas. Mais homme ou femme peu importe : les Tunisiens veulent des dirigeants dignes de confiance, responsables, compétents et capables de sauver le pays.
Entre 2011 et 2014, vous vous êtes mise en retrait de la vie politique.
J'ai été constamment harcelée pour avoir assumé des positions qui déplaisaient. M'être élevée contre la dissolution du parti fondé par Bourguiba m'a valu un lynchage médiatique, des poursuites judiciaires, la fermeture de mon cabinet. Sans compter les agressions.
Mais aujourd'hui, beaucoup reconnaissent que la dissolution du RCD était une erreur?: il n'y avait plus aucune structure politique à même de faire face aux islamistes. On se souvient de leur acharnement en 2011 à faire passer dans le code électoral l'article 15 prévoyant l'exclusion des responsables de l'ancien régime. Une manœuvre similaire à celle qui, en apportant de nouveaux amendements à l'actuelle loi électorale, cherche à écarter des candidats aux prochaines élections. L'objectif en 2011 était de jeter l'opprobre sur le RCD pour mieux le détruire.

Êtes-vous, comme on le dit, opposée à l'égalité successorale?
Absolument pas. Il faut effectivement mettre en adéquation les lois avec la Constitution, mais je suis défavorable à la démarche adoptée par la Commission des libertés individuelles (Colibe), qui, n'ayant pas jugé bon de s'appuyer sur des consultations élargies, est dénuée de toute représentativité. Certaines des propositions sont iniques et mettent en péril l'unité du système juridique en donnant le choix entre la charia et le système civil.
Ce serait la porte ouverte aux mariages coutumiers et à une discrimination entre les femmes elles-mêmes. En attendant un réel débat de fond, des questions concrètes se posent. Où est la parité dans les instances de l'État? Pourquoi les Tunisiennes n'accèdent-elles pas aux postes de décisions? Pourquoi n'ont-elles pas les mêmes salaires que les hommes? Notre projet de Constitution prévoit d'en finir avec ces inégalités. C'est ainsi que nous changerons les mentalités.

On parle beaucoup de vous, mais où en est le PDL?
Le PDL est droit dans ses bottes et fidèle à ses principes : contre l'obscurantisme et pour la souveraineté nationale. Nous avons construit le parti à partir d'une assise populaire et d'un fort ancrage régional. À telle enseigne qu'aux législatives le PDL présentera des listes dans toutes les circonscriptions.
Fort de ses racines, de son organisation et de sa structuration, il est perçu comme une menace par les autres partis. En 2011, les destouriens étaient présentés comme des criminels, mais l'opinion a depuis compris l'ampleur de l'opération de diabolisation déployée à notre encontre.

Quel bilan tirez-vous justement de cette période?
Tous les indicateurs sont mauvais, à commencer par l'augmentation du coût de la vie, le faible taux de croissance, la dette qui explose, l'informel qui fait loi, une stabilité précaire, l'émergence du terrorisme, l'appauvrissement de la classe moyenne, les recrutements pléthoriques dans la fonction publique, le déficit des services de santé, les atteintes à l'éducation et à l'enseignement supérieur… Cela révèle, en plus de l'incompétence, une volonté de saper tous les fondamentaux du pays. À croire que certains ne veulent pas que la Tunisie sorte de la crise?!

Et le bilan de Ben Ali?
Objectivement, il y avait du bon et du mauvais. Une évolution en matière de droits a manqué, mais les résultats économiques étaient de loin meilleurs, et la société se portait bien mieux.

Pourquoi le pouvoir n'a pas vu venir les événements de 2011?
On se souvient du problème des diplômés chômeurs et d'une situation qui allait se détériorant. Cette conjoncture a été exploitée pour faire chuter le régime de l'intérieur, comme si on avait posé des mines un peu partout pour ensuite les activer en même temps.

Qu'avez-vous ressenti en 2011?
Mon premier sentiment a été que le pays avait été arraché aux Tunisiens par la destruction de ses institutions et la création d'une scène politique vide qui a permis aux lobbies et à la corruption de s'installer.

Est-ce le fait d'Ennahdha?
Principalement mais pas seulement. Les islamistes ont d'abord exploité l'accord du 18 octobre 2005, signé avec d'autres partis pour se légitimer en tant qu'opposition, puis ont œuvré dès 2011 à écarter tous ceux qui pouvaient les menacer dans les rouages de l'État. Ils ont ensuite tenté d'imposer la charia dans la Constitution, ont diffusé leur propagande radicale dans la société et ont tombé les masques avec l'apparition des prédicateurs radicaux, la présence des extrémistes d'Ansar al-Charia, la reconnaissance du parti salafiste Hizb Ettahrir et les assassinats politiques.
Les Tunisiennes se sont opposées à leur volonté de mainmise législative. Ils se sont donc mis en retrait et travaillent sur les prochaines générations en s'attaquant à l'éducation et à la culture. Ils ont fait des choix économiques catastrophiques, creusé le déficit de la balance commerciale, mis le pays sous l'emprise des instances financières internationales. La répartition des pouvoirs et le nomadisme parlementaire leur conviennent puisqu'ils affaiblissent la prise de décision et les partis.

Où en sont vos plaintes contre Ennahdha?
La plainte adressée au chef du gouvernement pour suspicion de financements d'origine étrangère et celle déposée auprès du ministère public pour leur relation avec des organisations terroristes sont restées sans suite. Mais nous avons en revanche été entendus pour celle qui porte sur l'envoi de jeunes radicalisés dans les zones de conflits.

En cas de victoire, quelles seront les priorités du PDL?
La priorité absolue est la lutte contre le terrorisme, le crime organisé et l'informel. C'est la condition sine qua non pour envisager la relance de l'économie. Les premières décisions viseront à réduire les déficits financiers avec des mesures immédiates pour stabiliser le dinar, consolider les avoirs en devises, le tout pour contrer l'inflation et faire baisser les prix. Nous voulons aussi amorcer la relance avec un modèle économique qui privilégie un développement Est-Ouest plutôt que Nord-Sud, qui est moins logique.
Pour en finir avec la bureaucratie, nous prévoyons de réorganiser le gouvernement en pôles ministériels travaillant par objectifs et de façon transversale. Ce principe sera également appliqué en région pour créer des pôles économiques intégrés et spécifiques. L'ensemble sera stimulé par de grands projets d'infrastructures et la réactivation du Conseil économique et social.

Et sur le plan politique?
Nous proposons d'instaurer un régime présidentiel démocratique et modéré avec un exécutif fort aux prérogatives précises et un Parlement doté d'un rôle de contrôle. La Cour constitutionnelle examinera les projets de loi en amont et en aval de leur adoption, et la Cour suprême permettra aux citoyens de présenter des recours. II s'agit d'équilibrer les pouvoirs pour éviter les dysfonctionnements.
Il est absurde qu'un président ne dispose que de prérogatives réduites alors que le chef du gouvernement, qu'il a désigné, a une très large marge de manœuvre. On ne peut plus continuer à être dépendants des marchandages et des intérêts partisans qui bloquent l'activité du Parlement.

Avec qui envisagez-vous de nouer une alliance?
Pour le moment, nous ne l'envisageons pas. Nous comptons proposer une équipe gouvernementale restreinte, sans islamistes et rassemblant des compétences confirmées. Les partis partageant nos objectifs seront les bienvenus, mais nous refuserons toute compromission, quitte à rester dans l'opposition.

Pourquoi les Tunisiens devraient-ils voter pour vous?
Ils connaissent les destouriens depuis des générations, nous sommes enracinés dans notre tunisianité et conséquents avec nous-mêmes, déterminés à instaurer une démocratie qui ne soit pas bâtie sur l'anarchie et la surenchère des lobbies. Nous n'avons rien caché de notre passé, nous proposons un socle de valeurs en symbiose avec les principes démocratiques et le respect des droits de l'homme.
Les Tunisiens réclament un État fort et souverain, le rétablissement de la sécurité et celui de l'économie. C'est le fondement de notre programme avec l'engagement de sauvegarder l'État de droit, d'éradiquer le terrorisme et de ne pas nous associer avec ceux qui portent un programme non conforme au projet bourguibien. Ces intentions ne peuvent que fédérer les Tunisiens attachés à leur mode de vie et à leur singularité.


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