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« La progression de l'inflation est inquiétante »
Dr Salah Mouhoubi, économiste politologue au Midi libre
Publié dans Le Midi Libre le 02 - 05 - 2011

L'inflation est le problème économique le plus important de notre temps, parce qu'elle touche à des degrés divers non seulement tous les pays du monde, mais aussi les catégories sociales et professionnelles d'une nation. C'est aussi un phénomène complexe aux aspects variés et omniprésent dans la vie économique contemporaine. L'inflation est considérée aussi comme un phénomène majeur de la Seconde Guerre mondiale. En Algérie, les pouvoirs publics peinent à stabiliser le taux de l'inflation. Il est pratiquement au même niveau, sinon supérieur, au taux de croissance depuis quelques années. Les spécialistes incombent cette situation aux augmentations de salaires pratiquées, depuis 2008, sans politique salariale efficace et à bien d'autres raisons. Dans cet entretien Salah Mouhoubi revient sur la relation entre l'augmentation des salaires et le taux d'inflation. Il explique aussi sa vision de sortie de crise.
L'inflation est le problème économique le plus important de notre temps, parce qu'elle touche à des degrés divers non seulement tous les pays du monde, mais aussi les catégories sociales et professionnelles d'une nation. C'est aussi un phénomène complexe aux aspects variés et omniprésent dans la vie économique contemporaine. L'inflation est considérée aussi comme un phénomène majeur de la Seconde Guerre mondiale. En Algérie, les pouvoirs publics peinent à stabiliser le taux de l'inflation. Il est pratiquement au même niveau, sinon supérieur, au taux de croissance depuis quelques années. Les spécialistes incombent cette situation aux augmentations de salaires pratiquées, depuis 2008, sans politique salariale efficace et à bien d'autres raisons. Dans cet entretien Salah Mouhoubi revient sur la relation entre l'augmentation des salaires et le taux d'inflation. Il explique aussi sa vision de sortie de crise.
Midi Libre : Le taux d'inflation pour le mois de mars est de 3,7% ; c'est un taux pratiquement stable depuis le début de l'année en cours. Quelle lecture faites-vous de cette situation ?
Salah Mouhoubi : Ces dernières années l'inflation s'est installée fortement en Algérie. Depuis 2009 on a observé une progression inquiétante de l'inflation, comparativement aux années précédentes. Elle se caractérise par la durée et elle est pratiquement supérieure ou égale, selon les années, au taux de croissance. Elle ne présente plus un aspect conjoncturel mais bel et bien une tendance lourde.
Les causes de l'inflation sont bien cernées en général. La première cause, et c'est la principale, parvient de l'évolution des prix des produits alimentaires agricole, frais…. La demande suit une courbe ascendante tandis que l'offre est pratiquement rigide. L'équilibre ne pouvant se réaliser que par les prix, d'où l'envolée de l'inflation.
La deuxième cause résulte de l'inflation importée, mais il faut le souligner, elle est moins importante que la précédente. Quand les prix des denrées alimentaires, en particulier, augmentent sur le marché mondial, à l'instar du sucre, des huiles, du lait en poudre…il y a régression immédiatement sur le niveau des prix en Algérie. Autant l'Algérie peut intervenir sur les cours intérieurs en essayant de développer une autre politique, autant elle ne peut que subir l'inflation importée. La question qui se pose, légitimement au demeurant, est de savoir pourquoi cette envolée de l'inflation. Il faut savoir qu'en 2008, la crise alimentaire mondiale a fait grimper l'inflation importée même si elle demeure modeste. Cependant la revalorisation des salaires et des revenus, depuis 2009 jusqu'à présent, a donné un coup de force au pouvoir d'achat. Ce qui veut dire que les citoyens vont améliorer substantiellement leur niveau de vie d'où leur consommation et dans le cas de notre pays, leur consommation de produits alimentaires frais. Le déséquilibre entre la demande et l'offre se réalise par les prix. D'où naturellement l'envolée des prix de tous les produits agricoles (légumes, fruits, viandes). A titre d'exemple, le prix des oranges cette année, et bien que la production a augmenté, est demeuré relativement stable et élevé. Ajouté à cela que l'orange algérienne a disparu des étals de nos marchés et que c'est l'orange espagnole qui l'a remplacée. Cela veut dire que même avec une progression de la production, l'offre demeure structurellement insuffisante. C'est un problème structurel.
Pensez-vous que l'inflation, qui a un impact direct sur le pouvoir d'achat, est maîtrisable ?
Il est possible de maîtriser l'inflation sur le moyen et long termes mais cela suppose une autre politique, une stratégie économique rénovée, en un mot une cession. La lutte contre l'inflation exige de la rationalité des objectifs à atteindre, de la cohérence dans la conception et la mise en œuvre de la politique économique et financière et, il faut le souligner d'une équité dans les sacrifices à consentir. Il est clair que la meilleure manière de relancer très fortement l'inflation et d'injecter massivement du pouvoir d'achat (sous forme de revalorisation des salaires ou bien avec les gains de productivité) dans un contexte ou l'offre est rigide et le recours aux importations inévitable. L'augmentation des salaires obéit à des impératifs économiques très rigoureux. 1, on augmente les salaires pour «coller» à l'inflation que pour préserver le pouvoir d'achat. 2, aucun pays au monde n'a multiplié les salaires avec des rappels sur plusieurs années. Certes, il y avait un rattrapage à faire, du fait de l'absence d'une politique salariale, mais il ne fallait pas ouvrir la boîte de Pandore. Des augmentations de salaires sans relation avec la progression de la productivité, c'est courir le risque de fortifier les bases de l'inflation sur une longue période. Malheureusement, l'Algérie risque de connaître une telle situation. Pire encore, elle a peut-être déjà mis le doigt dans l'engrenage de la spirale salaires/prix. Si aujourd'hui l'embellie financière peut lui éviter le pire, il n'est pas certain que demain, avec d'éventuels retournement de la conjoncture, elle puisse surmonter le même mal.
De façon générale, quel est l'impact de l'inflation sur l'économie du pays?
Lorsque la croissance est forte, ce qui n'est pas le cas de l'Algérie où la croissance est tirée exclusivement par la dépense publique, un peu d'inflation ne fait pas de mal c'est même un stimulant. Dans ce cas, une revalorisation des salaires et des revenus, en tenant compte de l'inflation et de la progression de la productivité, est acceptable, même recommandée, pour stimuler la demande et fortifier la croissance.
L'Algérie n'est pas dans ce cas de figure. En effet, la demande augmente, l'offre est rigide d'où l'apparition de l'inflation. La revalorisation des salaires ne stimule que modérément la croissance mais fait progresser les importations. Par conséquent, en Algérie l'inflation est source de déséquilibre tant sur le plan interne qu'externe. Elle diminue la compétitivité de l'économie nationale. La chute de la compétitivité de l'économie nationale rend aléatoire les exportations hors hydrocarbures. Il faut une politique drastique de maîtrise des salaires et une forte amélioration de la production. Dans le cas de l'Algérie, et au stade actuel de ses performances économiques, autant dire que c'est la quadrature du siècle.
Quelles sont les perspectives économiques pour cette année ?
Les perspectives pour 2011 s'avèrent d'ores et déjà incertaines. Les prévisions sont déjà dépassées. Dans le cadre de la loi de finances 2011, on a tablé sur un taux d'inflation à 3,5%. Dernièrement le ministère des Finances a affirmé qu'il sera de 4% finalement. Or on est au début de l'année et il y a des chances pour que ce taux de 4% soit largement dépassé sous l'effet conjugué de plusieurs paramètres. D'abord la revalorisation des salaires et des rappels, à partir du premier janvier 2008, va maintenir la demande à un niveau très élevé, comparativement aux années précédentes, face à une offre rigide. Ensuite, les importations de produits alimentaires, même avec la perspective d'une progression de la production agricole, continueront à croître avec l'élévation du niveau de vie (due à l'amélioration du pouvoir d'achat lui-même découlant de la revalorisation des salaires et des revenus). Il faut donc s'attendre à un taux d'inflation supérieur à 4% en 2011, c'est-à-dire du même niveau que la croissance économique pratiquement.
Quelle orientation économique future pour le pays ?
Certainement qu'il y a une possibilité de concevoir et de mettre en œuvre une politique économique et financière à l'avenir. Je dirais qu'il est même vital de le faire, faute de quoi, il faudrait s'attendre à des déséquilibres très importants et insupportables pour l'économie nationale, en cas de raréfaction de ressources. A mon point de vue, il y a plusieurs voies à emprunter pour atteindre le même objectif.
1°) Il faut impérativement augmenter l'offre par une stratégie rénovée en matière agricole. Le modèle de développement agricole est entrain de s'effondrer et rien n'est fait pour la restructurer, il faut s'attendre à des problèmes très sérieux.
2°) l'Algérie doit développer une politique de l'épargne pour que la revalorisation des salaires ne passe pas le mouvement autre mesure mais qu'elle incite les citoyens à épargner. Il est donc important que le system bancaire, par exemple, propose des formules de placement attractives. Malheureusement, l'incertitude d'un marché financier s'avère un sérieux…et, dans le même temps, son utilité, dans la conjoncture actuelle, est une nécessité qui se fait durement ressentis.
L'initiation à l'épargne permet, à termes, d'abolir la démesure de la revalorisation des salaires et des revenus et d'atténuer la progression de l'inflation.
3°) la maîtrise des salaires est impérative pour éviter l'engrenage et la spirale salaires/prix. D'ailleurs, il faut saisir cette opportunité, la revalorisation des salaires, pour exiger, de meilleures performances de la part des entreprises, en général et des travailleurs en particulier. Il faut absolument qu'il y'ait dans les meilleurs délais, une contrepartie économique. C'est aux pouvoirs publics d'imposer une telle option. La productivité doit rattraper les augmentations des salaires sinon c'est l'inflation qui rattrape les salaires.
4°) Il faut poser les jalons d'une politique salariale en adéquation avec les principes d'une économie de marché. A l'avenir c'est le marché qui détermine le niveau de rémunération des factures de productions. L'augmentation des salaires doit obéir rigoureusement à des impératifs économiques. Comme la productivité, par exemple.
Les augmentations de salaires ne doivent pas obéir exclusivement aux critères sociaux ou politiques sinon c'est le tonneau des Danaïdes et l'impossibilité, un jour, de bâtir une économie hors hydrocarbures, puissante, diversifiée et surtout ouverte et compétitive. C'est la seule issue pour l'Algérie d'entrer de plein pied dans la mondialisation.
Midi Libre : Le taux d'inflation pour le mois de mars est de 3,7% ; c'est un taux pratiquement stable depuis le début de l'année en cours. Quelle lecture faites-vous de cette situation ?
Salah Mouhoubi : Ces dernières années l'inflation s'est installée fortement en Algérie. Depuis 2009 on a observé une progression inquiétante de l'inflation, comparativement aux années précédentes. Elle se caractérise par la durée et elle est pratiquement supérieure ou égale, selon les années, au taux de croissance. Elle ne présente plus un aspect conjoncturel mais bel et bien une tendance lourde.
Les causes de l'inflation sont bien cernées en général. La première cause, et c'est la principale, parvient de l'évolution des prix des produits alimentaires agricole, frais…. La demande suit une courbe ascendante tandis que l'offre est pratiquement rigide. L'équilibre ne pouvant se réaliser que par les prix, d'où l'envolée de l'inflation.
La deuxième cause résulte de l'inflation importée, mais il faut le souligner, elle est moins importante que la précédente. Quand les prix des denrées alimentaires, en particulier, augmentent sur le marché mondial, à l'instar du sucre, des huiles, du lait en poudre…il y a régression immédiatement sur le niveau des prix en Algérie. Autant l'Algérie peut intervenir sur les cours intérieurs en essayant de développer une autre politique, autant elle ne peut que subir l'inflation importée. La question qui se pose, légitimement au demeurant, est de savoir pourquoi cette envolée de l'inflation. Il faut savoir qu'en 2008, la crise alimentaire mondiale a fait grimper l'inflation importée même si elle demeure modeste. Cependant la revalorisation des salaires et des revenus, depuis 2009 jusqu'à présent, a donné un coup de force au pouvoir d'achat. Ce qui veut dire que les citoyens vont améliorer substantiellement leur niveau de vie d'où leur consommation et dans le cas de notre pays, leur consommation de produits alimentaires frais. Le déséquilibre entre la demande et l'offre se réalise par les prix. D'où naturellement l'envolée des prix de tous les produits agricoles (légumes, fruits, viandes). A titre d'exemple, le prix des oranges cette année, et bien que la production a augmenté, est demeuré relativement stable et élevé. Ajouté à cela que l'orange algérienne a disparu des étals de nos marchés et que c'est l'orange espagnole qui l'a remplacée. Cela veut dire que même avec une progression de la production, l'offre demeure structurellement insuffisante. C'est un problème structurel.
Pensez-vous que l'inflation, qui a un impact direct sur le pouvoir d'achat, est maîtrisable ?
Il est possible de maîtriser l'inflation sur le moyen et long termes mais cela suppose une autre politique, une stratégie économique rénovée, en un mot une cession. La lutte contre l'inflation exige de la rationalité des objectifs à atteindre, de la cohérence dans la conception et la mise en œuvre de la politique économique et financière et, il faut le souligner d'une équité dans les sacrifices à consentir. Il est clair que la meilleure manière de relancer très fortement l'inflation et d'injecter massivement du pouvoir d'achat (sous forme de revalorisation des salaires ou bien avec les gains de productivité) dans un contexte ou l'offre est rigide et le recours aux importations inévitable. L'augmentation des salaires obéit à des impératifs économiques très rigoureux. 1, on augmente les salaires pour «coller» à l'inflation que pour préserver le pouvoir d'achat. 2, aucun pays au monde n'a multiplié les salaires avec des rappels sur plusieurs années. Certes, il y avait un rattrapage à faire, du fait de l'absence d'une politique salariale, mais il ne fallait pas ouvrir la boîte de Pandore. Des augmentations de salaires sans relation avec la progression de la productivité, c'est courir le risque de fortifier les bases de l'inflation sur une longue période. Malheureusement, l'Algérie risque de connaître une telle situation. Pire encore, elle a peut-être déjà mis le doigt dans l'engrenage de la spirale salaires/prix. Si aujourd'hui l'embellie financière peut lui éviter le pire, il n'est pas certain que demain, avec d'éventuels retournement de la conjoncture, elle puisse surmonter le même mal.
De façon générale, quel est l'impact de l'inflation sur l'économie du pays?
Lorsque la croissance est forte, ce qui n'est pas le cas de l'Algérie où la croissance est tirée exclusivement par la dépense publique, un peu d'inflation ne fait pas de mal c'est même un stimulant. Dans ce cas, une revalorisation des salaires et des revenus, en tenant compte de l'inflation et de la progression de la productivité, est acceptable, même recommandée, pour stimuler la demande et fortifier la croissance.
L'Algérie n'est pas dans ce cas de figure. En effet, la demande augmente, l'offre est rigide d'où l'apparition de l'inflation. La revalorisation des salaires ne stimule que modérément la croissance mais fait progresser les importations. Par conséquent, en Algérie l'inflation est source de déséquilibre tant sur le plan interne qu'externe. Elle diminue la compétitivité de l'économie nationale. La chute de la compétitivité de l'économie nationale rend aléatoire les exportations hors hydrocarbures. Il faut une politique drastique de maîtrise des salaires et une forte amélioration de la production. Dans le cas de l'Algérie, et au stade actuel de ses performances économiques, autant dire que c'est la quadrature du siècle.
Quelles sont les perspectives économiques pour cette année ?
Les perspectives pour 2011 s'avèrent d'ores et déjà incertaines. Les prévisions sont déjà dépassées. Dans le cadre de la loi de finances 2011, on a tablé sur un taux d'inflation à 3,5%. Dernièrement le ministère des Finances a affirmé qu'il sera de 4% finalement. Or on est au début de l'année et il y a des chances pour que ce taux de 4% soit largement dépassé sous l'effet conjugué de plusieurs paramètres. D'abord la revalorisation des salaires et des rappels, à partir du premier janvier 2008, va maintenir la demande à un niveau très élevé, comparativement aux années précédentes, face à une offre rigide. Ensuite, les importations de produits alimentaires, même avec la perspective d'une progression de la production agricole, continueront à croître avec l'élévation du niveau de vie (due à l'amélioration du pouvoir d'achat lui-même découlant de la revalorisation des salaires et des revenus). Il faut donc s'attendre à un taux d'inflation supérieur à 4% en 2011, c'est-à-dire du même niveau que la croissance économique pratiquement.
Quelle orientation économique future pour le pays ?
Certainement qu'il y a une possibilité de concevoir et de mettre en œuvre une politique économique et financière à l'avenir. Je dirais qu'il est même vital de le faire, faute de quoi, il faudrait s'attendre à des déséquilibres très importants et insupportables pour l'économie nationale, en cas de raréfaction de ressources. A mon point de vue, il y a plusieurs voies à emprunter pour atteindre le même objectif.
1°) Il faut impérativement augmenter l'offre par une stratégie rénovée en matière agricole. Le modèle de développement agricole est entrain de s'effondrer et rien n'est fait pour la restructurer, il faut s'attendre à des problèmes très sérieux.
2°) l'Algérie doit développer une politique de l'épargne pour que la revalorisation des salaires ne passe pas le mouvement autre mesure mais qu'elle incite les citoyens à épargner. Il est donc important que le system bancaire, par exemple, propose des formules de placement attractives. Malheureusement, l'incertitude d'un marché financier s'avère un sérieux…et, dans le même temps, son utilité, dans la conjoncture actuelle, est une nécessité qui se fait durement ressentis.
L'initiation à l'épargne permet, à termes, d'abolir la démesure de la revalorisation des salaires et des revenus et d'atténuer la progression de l'inflation.
3°) la maîtrise des salaires est impérative pour éviter l'engrenage et la spirale salaires/prix. D'ailleurs, il faut saisir cette opportunité, la revalorisation des salaires, pour exiger, de meilleures performances de la part des entreprises, en général et des travailleurs en particulier. Il faut absolument qu'il y'ait dans les meilleurs délais, une contrepartie économique. C'est aux pouvoirs publics d'imposer une telle option. La productivité doit rattraper les augmentations des salaires sinon c'est l'inflation qui rattrape les salaires.
4°) Il faut poser les jalons d'une politique salariale en adéquation avec les principes d'une économie de marché. A l'avenir c'est le marché qui détermine le niveau de rémunération des factures de productions. L'augmentation des salaires doit obéir rigoureusement à des impératifs économiques. Comme la productivité, par exemple.
Les augmentations de salaires ne doivent pas obéir exclusivement aux critères sociaux ou politiques sinon c'est le tonneau des Danaïdes et l'impossibilité, un jour, de bâtir une économie hors hydrocarbures, puissante, diversifiée et surtout ouverte et compétitive. C'est la seule issue pour l'Algérie d'entrer de plein pied dans la mondialisation.


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