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Matoub plus vivant que jamais !
Il aurait eu 60 ans hier
Publié dans Le Midi Libre le 25 - 01 - 2016

Soixante ans, il aurait eu soixante ans hier jour pour jour, s'il n'aurait pas été assassiné lâchement par des hordes sauvages. Un douloureux anniversaire, sans lui mais paradoxalement avec lui, car Matoub Lounès n'a jamais cessé de faire partie de notre vie.
Soixante ans, il aurait eu soixante ans hier jour pour jour, s'il n'aurait pas été assassiné lâchement par des hordes sauvages. Un douloureux anniversaire, sans lui mais paradoxalement avec lui, car Matoub Lounès n'a jamais cessé de faire partie de notre vie.
Avec ces quelques lignes qui sont loin de résumer toute sa vie, nous rendons hommage à notre rebelle, avec les paroles d'un autre monument de la culture berbère, Jean Amrouche qui disait : "Ne t'attache pas à la forme périssable d'un être, mais à son âme qui est immortelle. »
ou encore : « On peut affamer les corps, on peut battre les volontés, mâter la fierté la plus dure sur l'enclume du mépris. On ne peut assécher les sources profondes où l'âme orpheline par mille radicelles invisibles suce le lait de la liberté."
Heureux celui qui l'a connu. C'est avec cette petite phrase que nous regrettons une perte irremplaçable et inestimable de notre patrimoine berbère, notre frère Matoub Lounès. Qui pourra aujourd'hui écrire une chanson pour lui rendre hommage, tel qu'il l'avait fait lui pour Djaout, Boussebsi, Smaïl Yafsah, Boudiaf, Rachid Tigziri...
Djaout, avait, certes, sa Kenza pour le pleurer. Bien que Matoub n'ait pu avoir une progéniture, il a, à ce jour, toute l'Algérie, même avec ceux qui n'ont que 13 ans, pour le pleurer. Même s'ils ne connaissent de lui que ses chansons, son combat, ces interventions, son militantisme... mais ils le connaissent mieux que quiconque. Il disait : « Un poète peut-il mourir ? ». Nous lui répondons aujourd'hui avec affirmation :
Non. Car lui est resté vivant, même plus ardemment aujourd'hui qu'avant. Il ne se passe pas un jour où ses fans ne parlent de lui. Il ne se passe pas un jour où ils ne chantent ses chansons. Ses paroles sont devenues des proverbes. Avant les gens argumentaient avec « comme disait Si M'hand u M'hand », maintenant nous entendons « comme disait Matoub...» Le défunt Matoub Lounès n'était pas comme les autres artistes.
Il ne résume pas sa vie à chanter pour divertir les gens, mais pour défendre ses opinions, ses principes et sa culture ancestrale. Tel un homme politique, nous lui devons des déclarations faites dans les plus grands sommets et congrès.
C'est ainsi qu'on se souviendra de son discours lors du congrès italien pour l'abrogation de la peine de mort en 1996 : « Permettez-moi de dire quelques mots dans ma langue maternelle, le berbère, à la mémoire de Jugurtha, roi de Numidie, mort dans une cellule, ici, à Rome, il y a plus de deux mille ans : "Anerrez wala an-neknu" » (Plutôt rompre que plier".
Pour une liberté inconditionnelle de la femme
Matoub était le défenseur incontestable des droits de la femme il n'a pas omis de le souligné : « Aujourd'hui, on peu être condamné à mort sans le savoir. Comme ces jeunes filles qui rejettent le voile ou qui refusent zaouadj el moutâa, ce fameux mariage de jouissance, ainsi que celles qu'on assassine sur le chemin de l'école. »
Comment peut-on également parler du Rebelle sans citer son fervent combat contre l'intégrisme. Pour lui, rien ne peut tolérer leurs actes, « la mort est au coeur du système intégriste, au plus profond de son âme. Mais nous condamnons toutes les morts, y compris celles des Etats ».
Atravers son regard, nous pouvions aisément entrevoir à la fois cet homme sensible et humain qui nourrit une révolte inébranlable. Les paroles de Matoub prennent de plus en plus leur sens. « Ceux qui s'impatientent de me voir mort, ceux qui calomnient mon nom, à chaque col devront m'affronter », disait-il. Une chose qui se confirme, puisque chaque mois de juin, des milliers de « pèlerins » se rassemblent dans le village natal du Rebelle, Taourirt Moussa, le temps d'un recueillement et de quelques prises de photos.
Des bouquets de fleurs ou de roses en main pour orner sa dernière demeure. Comme s'ils se donnaient rendez-vous, ils s'acheminent vers ce lieu devenu sacré pour lui rendre, hommage chacun à sa manière. La vie de Lounès ne se résume pas en quelques lignes. D'ailleurs, c'est l'artiste algérien qui a vu, à ce jour, le nombre le plus élevé de livres écrits à son sujet depuis son lâche assassinat. Les collines de Djurdjura ont vu un certain 24 janvier 1956 naître l'un des plus grands chanteurs kabyles.
Sa vie n'a pas été de tout repos. Même après sa mort, il attend de trouver la paix éternelle, puisque la vérité sur son assassinat tarde à voir le jour. Lâchement assassiné le 25 juin 1998, ce jour maudit est resté encré dans l'esprit de ses fans .Tel un père disparut, ses « enfants » sont toujours en deuil. Cet artiste aux multiples talents (poète, compositeur et interprète) a gravé son nom dans la bible des mémoires collectifves. Chacune de ses chansons est aperçue comme un vécu personnel à travers laquelle il répond à ses détracteurs.
Premier album, premier succès
Le chanteur Idir a ouvert les portes à son ami Lounès en 1978 en lui enregistrant son premier album dans sa maison d'édition. C'est à partir de cette année que nous découvrons un artiste hors pair. Charismatique, sa voix reste à ce jour unique. À la première note nous identifions l'interprète. Il a donné au genre musique chaâbie une algérianité et une kabylité inégalable.
L'identité amazighe a été un combat qui ne l'a point fatigué. Il a été mainte fois confronté à la mort comme l'année 1988 qui a vu son corp criblé de balles. Malgré cela tel un « Che Guevara » pour la démocratisation de son pays, il revient en force et continu son combat. Les différentes radios et la télévision nationales ont mis le chanteur sur la liste noir des artistes interdits d'antenne.
Comme le fut avant lui Slimane Azem et Taos Amrouche. Contre l'obscurantisme, contre la « hogra », il n'a pu rester indifférent vis à vis de plusieurs événements, nous nous souviendrons de ce concert la première fois à l'Olympia en 1980, une salle archicomble, Matoub monte sur scène avec sa guitare, vêtu en tenue militaire, en guise de solidarité, car pour lui, la Kabylie est entrée en guerre. On ne peut finir ces lignes d'hommage sans céder la parole au Rebelle qui n'a cessé de réitérer ses propos car ils restent toujours d'actualité :
« Aujourd'hui, nous sommes engagés dans un combat tout aussi décisif, mais je crois que les atrocités, la sauvagerie ne doivent pas nous aveugler. Il s'agit encore et toujours du même engagement, celui pour la liberté d'expression et la démocratie, contre l'esprit d'inquisition et le fanatisme, contre l'exclusion à commencer par celle des femmes et, enfin, celle pour la reconnaissance pleine et entière de cette personnalité algérienne.
Toutes les souffrances algériennes sont miennes, parce que c'est sur le pays entier que s'est abattu l'ombre de la mort. Si demain la lumière de nouveau renaît, cela sera l'oeuvre de tous les Algériens enfin réunis contre le mensonge et les divisions.»
Avec ces quelques lignes qui sont loin de résumer toute sa vie, nous rendons hommage à notre rebelle, avec les paroles d'un autre monument de la culture berbère, Jean Amrouche qui disait : "Ne t'attache pas à la forme périssable d'un être, mais à son âme qui est immortelle. »
ou encore : « On peut affamer les corps, on peut battre les volontés, mâter la fierté la plus dure sur l'enclume du mépris. On ne peut assécher les sources profondes où l'âme orpheline par mille radicelles invisibles suce le lait de la liberté."
Heureux celui qui l'a connu. C'est avec cette petite phrase que nous regrettons une perte irremplaçable et inestimable de notre patrimoine berbère, notre frère Matoub Lounès. Qui pourra aujourd'hui écrire une chanson pour lui rendre hommage, tel qu'il l'avait fait lui pour Djaout, Boussebsi, Smaïl Yafsah, Boudiaf, Rachid Tigziri...
Djaout, avait, certes, sa Kenza pour le pleurer. Bien que Matoub n'ait pu avoir une progéniture, il a, à ce jour, toute l'Algérie, même avec ceux qui n'ont que 13 ans, pour le pleurer. Même s'ils ne connaissent de lui que ses chansons, son combat, ces interventions, son militantisme... mais ils le connaissent mieux que quiconque. Il disait : « Un poète peut-il mourir ? ». Nous lui répondons aujourd'hui avec affirmation :
Non. Car lui est resté vivant, même plus ardemment aujourd'hui qu'avant. Il ne se passe pas un jour où ses fans ne parlent de lui. Il ne se passe pas un jour où ils ne chantent ses chansons. Ses paroles sont devenues des proverbes. Avant les gens argumentaient avec « comme disait Si M'hand u M'hand », maintenant nous entendons « comme disait Matoub...» Le défunt Matoub Lounès n'était pas comme les autres artistes.
Il ne résume pas sa vie à chanter pour divertir les gens, mais pour défendre ses opinions, ses principes et sa culture ancestrale. Tel un homme politique, nous lui devons des déclarations faites dans les plus grands sommets et congrès.
C'est ainsi qu'on se souviendra de son discours lors du congrès italien pour l'abrogation de la peine de mort en 1996 : « Permettez-moi de dire quelques mots dans ma langue maternelle, le berbère, à la mémoire de Jugurtha, roi de Numidie, mort dans une cellule, ici, à Rome, il y a plus de deux mille ans : "Anerrez wala an-neknu" » (Plutôt rompre que plier".
Pour une liberté inconditionnelle de la femme
Matoub était le défenseur incontestable des droits de la femme il n'a pas omis de le souligné : « Aujourd'hui, on peu être condamné à mort sans le savoir. Comme ces jeunes filles qui rejettent le voile ou qui refusent zaouadj el moutâa, ce fameux mariage de jouissance, ainsi que celles qu'on assassine sur le chemin de l'école. »
Comment peut-on également parler du Rebelle sans citer son fervent combat contre l'intégrisme. Pour lui, rien ne peut tolérer leurs actes, « la mort est au coeur du système intégriste, au plus profond de son âme. Mais nous condamnons toutes les morts, y compris celles des Etats ».
Atravers son regard, nous pouvions aisément entrevoir à la fois cet homme sensible et humain qui nourrit une révolte inébranlable. Les paroles de Matoub prennent de plus en plus leur sens. « Ceux qui s'impatientent de me voir mort, ceux qui calomnient mon nom, à chaque col devront m'affronter », disait-il. Une chose qui se confirme, puisque chaque mois de juin, des milliers de « pèlerins » se rassemblent dans le village natal du Rebelle, Taourirt Moussa, le temps d'un recueillement et de quelques prises de photos.
Des bouquets de fleurs ou de roses en main pour orner sa dernière demeure. Comme s'ils se donnaient rendez-vous, ils s'acheminent vers ce lieu devenu sacré pour lui rendre, hommage chacun à sa manière. La vie de Lounès ne se résume pas en quelques lignes. D'ailleurs, c'est l'artiste algérien qui a vu, à ce jour, le nombre le plus élevé de livres écrits à son sujet depuis son lâche assassinat. Les collines de Djurdjura ont vu un certain 24 janvier 1956 naître l'un des plus grands chanteurs kabyles.
Sa vie n'a pas été de tout repos. Même après sa mort, il attend de trouver la paix éternelle, puisque la vérité sur son assassinat tarde à voir le jour. Lâchement assassiné le 25 juin 1998, ce jour maudit est resté encré dans l'esprit de ses fans .Tel un père disparut, ses « enfants » sont toujours en deuil. Cet artiste aux multiples talents (poète, compositeur et interprète) a gravé son nom dans la bible des mémoires collectifves. Chacune de ses chansons est aperçue comme un vécu personnel à travers laquelle il répond à ses détracteurs.
Premier album, premier succès
Le chanteur Idir a ouvert les portes à son ami Lounès en 1978 en lui enregistrant son premier album dans sa maison d'édition. C'est à partir de cette année que nous découvrons un artiste hors pair. Charismatique, sa voix reste à ce jour unique. À la première note nous identifions l'interprète. Il a donné au genre musique chaâbie une algérianité et une kabylité inégalable.
L'identité amazighe a été un combat qui ne l'a point fatigué. Il a été mainte fois confronté à la mort comme l'année 1988 qui a vu son corp criblé de balles. Malgré cela tel un « Che Guevara » pour la démocratisation de son pays, il revient en force et continu son combat. Les différentes radios et la télévision nationales ont mis le chanteur sur la liste noir des artistes interdits d'antenne.
Comme le fut avant lui Slimane Azem et Taos Amrouche. Contre l'obscurantisme, contre la « hogra », il n'a pu rester indifférent vis à vis de plusieurs événements, nous nous souviendrons de ce concert la première fois à l'Olympia en 1980, une salle archicomble, Matoub monte sur scène avec sa guitare, vêtu en tenue militaire, en guise de solidarité, car pour lui, la Kabylie est entrée en guerre. On ne peut finir ces lignes d'hommage sans céder la parole au Rebelle qui n'a cessé de réitérer ses propos car ils restent toujours d'actualité :
« Aujourd'hui, nous sommes engagés dans un combat tout aussi décisif, mais je crois que les atrocités, la sauvagerie ne doivent pas nous aveugler. Il s'agit encore et toujours du même engagement, celui pour la liberté d'expression et la démocratie, contre l'esprit d'inquisition et le fanatisme, contre l'exclusion à commencer par celle des femmes et, enfin, celle pour la reconnaissance pleine et entière de cette personnalité algérienne.
Toutes les souffrances algériennes sont miennes, parce que c'est sur le pays entier que s'est abattu l'ombre de la mort. Si demain la lumière de nouveau renaît, cela sera l'oeuvre de tous les Algériens enfin réunis contre le mensonge et les divisions.»


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