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Un poète peut-il mourir ?
20e anniversaire de l'assassinat de Matoub
Publié dans Le Midi Libre le 25 - 06 - 2018

Bien que Matoub n'ait pu avoir une progéniture, il a, à ce jour, toute l'Algérie, même ceux nés après sonassassinat, à le pleurer. Ils ne connaissent de lui que ses chansons, son combat, ses interventions,son militantisme... il disait : "Un poète peut-il mourir ?"
Bien que Matoub n'ait pu avoir une progéniture, il a, à ce jour, toute l'Algérie, même ceux nés après sonassassinat, à le pleurer. Ils ne connaissent de lui que ses chansons, son combat, ses interventions,son militantisme... il disait : "Un poète peut-il mourir ?"
Matoub Lounès aurait eu 61 ans, nous lui rendons hommageavec les lignes d'unautre monument de la culture berbère,Jean Amrouche qui disait :"Ne t'attache pas à la forme périssabled'un être. Mais à son âme quiest immortelle." Ou encore : "Onpeut affamer les corps, on peutbattre les volontés, mâter la fiertéla plus dure sur l'enclume dumépris. On ne peut assécher lessources profondes où l'âme orphelinepar mille radicelles invisiblessuce le lait de la liberté."20 ans, jour pour jour, depuis son assassinat.Heureux celui qui l'a connu.
C'estavec cette petite phrase que nousregrettons une perte irremplaçableet inestimable de notre patrimoineberbère, notre frère MatoubLounès. Qui pourra aujourd'huiécrire une chanson pour lui rendrehommage, tel qu'il l'avait fait luipour Djaout, Boussebsi, SmaïlYafsah, Boudiaf, Rachid Tigziri... Djaout, avait, certes, sa Kenza pour le pleurer.Bien que Matoub n'ait pu avoir uneprogéniture, il a, à ce jour, toute l'Algérie, même les jeunes qui sontnés après son assassinat,à le pleurer.Ils ne connaissent de lui que ses chansons, son combat, ses interventions,son militantisme...mais ils leconnaissent mieux que quiconque. Ildisait : "Un poète peut-ilmourir ?".Nous lui répondonsaujourd'hui : "Non".
Car Matoub est resté vivant,même plus ardemmenta u j o u r d ' h u iqu'avant. Il ne sepasse pas unjour où sesf a n sn ep a r - l e n tpas delui. Il ne sepasse pas unjour où ils nechantent ses chansons.Ses paroles sont devenuesdes proverbes.Avant les gens argumentaientavec "comme disait SiM'hand u M'hand", maintenantnous entendons "comme disaitMatoub..."Matoub Lounès n'était pas commeles autres artistes. Il nerésumaitpas sa vie à chanter pour divertirles gens, mais pour défendre sesopinions, ses principes et sa culture ancestrale. Tel un homme politique,nous lui devons des déclarationsfaites dans les plus grandssommets et congrès.
C'est ainsi qu'on se souviendra deson discours lors du Congrès italienpour l'abrogation de la peinede mort en 1996 : "Permettez-moide dire quelques mots dans malangue maternelle, le berbère, à lamémoire de Jugurtha, roi de Numidie, mort dans une cellule,ici, à Rome, il y a plus de deuxmille ans : - Anerrez wala anneknu(Plutôt rompre que plier) -".
Pour une liberté inconditionnelle de la femme
Matoub était le défenseur incontestable des droits de la femme. Il n'apas omis de le souligner :"Aujourd'hui, on peu êtrecondamné à mort sans le savoir.Comme ces jeunes filles qui rejettentle voile ou qui refusentzaouadj el moutâa, ce fameuxmariage de jouissance, ainsi quecelles qu'on assassine sur le chemin de l'école."Comment peut-on également parlerdu Rebelle sans citer son ferventcombat contre l'intégrisme.Pour lui, rien ne peut tolérer leursactes : "La mort est au coeur dusystème intégriste, au plus profond de son âme. Mais nouscondamnons toutes les morts, ycompris celles des Etats".
A travers son regard, nous pouvionsaisément entrevoir à la foiscet homme sensible et humain quinourrit une révolte inébranlable.Les paroles de Matoub prennentde plus en plus leur sens. "Ceuxquis'impatientent de me voirmort, ceux qui calomnient mon nom devront m'affronter", disaitil. Une chose qui se confirme, puisque chaque mois de juin, desmilliers de "pèlerins" se rassemblent dans le village natal duRebelle, Taourirt Moussa, letemps d'un recueillement et dequelques prises de photos. Desbouquets de fleurs ou de roses enmain pour orner sa dernièredemeure. Comme s'ils se donnaientrendez-vous, ils s'acheminentvers ce lieu devenu sacrépour lui rendre hommage, chacunà sa manière. La vie de Lounès nese résume pas en quelques lignes.
D'ailleurs, c'est l'artiste algérienqui a vu, à ce jour, le nombre leplus élevé de livres écrits à sonsujet depuis son lâche assassinat.Les collines de Djurdjura ont vuun certain 24 janvier 1956 naîtrel'un des plus grands chanteurskabyles. Sa vie n'a pas été de toutrepos. Même après sa mort, ilattend de trouver la paix éternelle,puisque la vérité sur son assassinattarde à voir le jour. Lâchementassassiné le 25 juin 1998, ce jour maudit est resté encré dans l'espritde ses fans. Tel un père disparu,ses "enfants" sont toujours endeuil. Cet artiste aux multiples talents (poète, compositeur etinterprète) a gravé son nom dansla bible des mémoires collectives.Chacune de ses chansons est aperçuecomme un vécu personnel àtravers lesquelles il répond à sesdétracteurs.
Premier album, premier succès !
Le chanteur Idir a ouvert les portes à son ami Lounès en 1978 en lui enregistrant son premier album dans sa maison d'édition. C'est àpartir de cette année que nous découvrons un artiste hors pair. Charismatique, sa voix reste à ce jour unique. À la premièrenote, nous identifions l'interprète. Il a donné au genre chaâbi une algérianité et une kabylité inégalable. L'identité amazighe a été un combat qui ne l'a point fatigué. Il a été maintes fois confronté à la mort comme l'année 1988 qui a vu son corps criblé de balles. Malgré cela, tel un - Che Guevara - pour la démocratisation de son pays, il revient en force et continue son combat. Les différentes radios et télévision nationalesont mis le chanteur sur la liste noire des artistes interdits d'antenne.
Comme le fut avant lui Slimane Azem et Taos Amrouche. Contre l'obscurantisme, contre la - hogra -, il n'a pu rester indifférent vis-à-vis de plusieurs événements. Nous noussouviendrons de ce concert, la première fois, à l'Olympia en 1980, une salle archicomble. Matoub monte sur scène avec sa guitare, vêtu en tenue en guise de solidarité, car, pour lui, la Kabylie est entrée en guerre. On ne peut finir ces lignes d'hommage sans céder la parole au Rebelle qui a n'a cessé de réitérer ses propos car ils restent toujours d'actualité :
"Aujourd'hui, nous sommes engagés dans un combat tout aussi décisif, mais je crois que les atrocités, la sauvagerie ne doivent pas nous aveugler : il s'agit encore et toujours du même engagement, celui pour la liberté d'expression et la démocratie, contre l'esprit d'inquisitionet le fanatisme, contre l'exclusionà commencer par celle des femmes et, enfin, celle pour la reconnaissancepleine et entière de cette personnalité algérienne. Toutes les souffrances algériennes sont miennes, parce que c'est sur le pays entier que s'est abattu l'ombre de la mort. Si demain la lumière de nouveau renaît, cela sera l'oeuvre de tous les Algériens enfin réunis contre le mensonge et les divisions."
Matoub Lounès aurait eu 61 ans, nous lui rendons hommageavec les lignes d'unautre monument de la culture berbère,Jean Amrouche qui disait :"Ne t'attache pas à la forme périssabled'un être. Mais à son âme quiest immortelle." Ou encore : "Onpeut affamer les corps, on peutbattre les volontés, mâter la fiertéla plus dure sur l'enclume dumépris. On ne peut assécher lessources profondes où l'âme orphelinepar mille radicelles invisiblessuce le lait de la liberté."20 ans, jour pour jour, depuis son assassinat.Heureux celui qui l'a connu.
C'estavec cette petite phrase que nousregrettons une perte irremplaçableet inestimable de notre patrimoineberbère, notre frère MatoubLounès. Qui pourra aujourd'huiécrire une chanson pour lui rendrehommage, tel qu'il l'avait fait luipour Djaout, Boussebsi, SmaïlYafsah, Boudiaf, Rachid Tigziri... Djaout, avait, certes, sa Kenza pour le pleurer.Bien que Matoub n'ait pu avoir uneprogéniture, il a, à ce jour, toute l'Algérie, même les jeunes qui sontnés après son assassinat,à le pleurer.Ils ne connaissent de lui que ses chansons, son combat, ses interventions,son militantisme...mais ils leconnaissent mieux que quiconque. Ildisait : "Un poète peut-ilmourir ?".Nous lui répondonsaujourd'hui : "Non".
Car Matoub est resté vivant,même plus ardemmenta u j o u r d ' h u iqu'avant. Il ne sepasse pas unjour où sesf a n sn ep a r - l e n tpas delui. Il ne sepasse pas unjour où ils nechantent ses chansons.Ses paroles sont devenuesdes proverbes.Avant les gens argumentaientavec "comme disait SiM'hand u M'hand", maintenantnous entendons "comme disaitMatoub..."Matoub Lounès n'était pas commeles autres artistes. Il nerésumaitpas sa vie à chanter pour divertirles gens, mais pour défendre sesopinions, ses principes et sa culture ancestrale. Tel un homme politique,nous lui devons des déclarationsfaites dans les plus grandssommets et congrès.
C'est ainsi qu'on se souviendra deson discours lors du Congrès italienpour l'abrogation de la peinede mort en 1996 : "Permettez-moide dire quelques mots dans malangue maternelle, le berbère, à lamémoire de Jugurtha, roi de Numidie, mort dans une cellule,ici, à Rome, il y a plus de deuxmille ans : - Anerrez wala anneknu(Plutôt rompre que plier) -".
Pour une liberté inconditionnelle de la femme
Matoub était le défenseur incontestable des droits de la femme. Il n'apas omis de le souligner :"Aujourd'hui, on peu êtrecondamné à mort sans le savoir.Comme ces jeunes filles qui rejettentle voile ou qui refusentzaouadj el moutâa, ce fameuxmariage de jouissance, ainsi quecelles qu'on assassine sur le chemin de l'école."Comment peut-on également parlerdu Rebelle sans citer son ferventcombat contre l'intégrisme.Pour lui, rien ne peut tolérer leursactes : "La mort est au coeur dusystème intégriste, au plus profond de son âme. Mais nouscondamnons toutes les morts, ycompris celles des Etats".
A travers son regard, nous pouvionsaisément entrevoir à la foiscet homme sensible et humain quinourrit une révolte inébranlable.Les paroles de Matoub prennentde plus en plus leur sens. "Ceuxquis'impatientent de me voirmort, ceux qui calomnient mon nom devront m'affronter", disaitil. Une chose qui se confirme, puisque chaque mois de juin, desmilliers de "pèlerins" se rassemblent dans le village natal duRebelle, Taourirt Moussa, letemps d'un recueillement et dequelques prises de photos. Desbouquets de fleurs ou de roses enmain pour orner sa dernièredemeure. Comme s'ils se donnaientrendez-vous, ils s'acheminentvers ce lieu devenu sacrépour lui rendre hommage, chacunà sa manière. La vie de Lounès nese résume pas en quelques lignes.
D'ailleurs, c'est l'artiste algérienqui a vu, à ce jour, le nombre leplus élevé de livres écrits à sonsujet depuis son lâche assassinat.Les collines de Djurdjura ont vuun certain 24 janvier 1956 naîtrel'un des plus grands chanteurskabyles. Sa vie n'a pas été de toutrepos. Même après sa mort, ilattend de trouver la paix éternelle,puisque la vérité sur son assassinattarde à voir le jour. Lâchementassassiné le 25 juin 1998, ce jour maudit est resté encré dans l'espritde ses fans. Tel un père disparu,ses "enfants" sont toujours endeuil. Cet artiste aux multiples talents (poète, compositeur etinterprète) a gravé son nom dansla bible des mémoires collectives.Chacune de ses chansons est aperçuecomme un vécu personnel àtravers lesquelles il répond à sesdétracteurs.
Premier album, premier succès !
Le chanteur Idir a ouvert les portes à son ami Lounès en 1978 en lui enregistrant son premier album dans sa maison d'édition. C'est àpartir de cette année que nous découvrons un artiste hors pair. Charismatique, sa voix reste à ce jour unique. À la premièrenote, nous identifions l'interprète. Il a donné au genre chaâbi une algérianité et une kabylité inégalable. L'identité amazighe a été un combat qui ne l'a point fatigué. Il a été maintes fois confronté à la mort comme l'année 1988 qui a vu son corps criblé de balles. Malgré cela, tel un - Che Guevara - pour la démocratisation de son pays, il revient en force et continue son combat. Les différentes radios et télévision nationalesont mis le chanteur sur la liste noire des artistes interdits d'antenne.
Comme le fut avant lui Slimane Azem et Taos Amrouche. Contre l'obscurantisme, contre la - hogra -, il n'a pu rester indifférent vis-à-vis de plusieurs événements. Nous noussouviendrons de ce concert, la première fois, à l'Olympia en 1980, une salle archicomble. Matoub monte sur scène avec sa guitare, vêtu en tenue en guise de solidarité, car, pour lui, la Kabylie est entrée en guerre. On ne peut finir ces lignes d'hommage sans céder la parole au Rebelle qui a n'a cessé de réitérer ses propos car ils restent toujours d'actualité :
"Aujourd'hui, nous sommes engagés dans un combat tout aussi décisif, mais je crois que les atrocités, la sauvagerie ne doivent pas nous aveugler : il s'agit encore et toujours du même engagement, celui pour la liberté d'expression et la démocratie, contre l'esprit d'inquisitionet le fanatisme, contre l'exclusionà commencer par celle des femmes et, enfin, celle pour la reconnaissancepleine et entière de cette personnalité algérienne. Toutes les souffrances algériennes sont miennes, parce que c'est sur le pays entier que s'est abattu l'ombre de la mort. Si demain la lumière de nouveau renaît, cela sera l'oeuvre de tous les Algériens enfin réunis contre le mensonge et les divisions."


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