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Une fresque patriotique
«Les chiens rouges» de Youcef Tahari
Publié dans Le Midi Libre le 28 - 06 - 2007

Ces escadrons redoutables sont partie prenante de toutes les expéditions de la conquête. Leur histoire est liée aux différentes étapes qui ont, peu à peu, fait de l'Algérie un pays conquis puis colonisé.
Ces escadrons redoutables sont partie prenante de toutes les expéditions de la conquête. Leur histoire est liée aux différentes étapes qui ont, peu à peu, fait de l'Algérie un pays conquis puis colonisé.
Les chiens rouges ce sont les Spahis, ces cavaliers d'origines diverses, qui se sont mis au service de la France en 1830, dès la destitution du dey Hussein, leur ancien maître. Ils sont surnommés ainsi par les Algériens en raison de la couleur de leurs uniformes et de leur dévouement absolu à l'armée française qu'ils servent sous la férule de leur chef, le colonel Yusuf, de son vrai nom Giuseppe Vantini (1809-1866). Ces escadrons redoutables sont partie prenante de toutes les expéditions de la conquête. Leur histoire est liée aux différentes étapes qui ont peu à peu fait de l'Algérie un pays conquis puis colonisé. Le modèle fera recette puisque l'armée française le dupliquera en Crimée, en Tunisie, au Sénégal et au Maroc…
Un style sobre et distancié
Malgré son intitulé, le roman de Youcef Tahari n'est pas centré sur ce corps sanguinaire considéré comme la première consécration des tirailleurs, zouaves, chasseurs indigènes, légionnaires et autres auxiliaires dont l'armée française ne sait décidément pas se passer dans ses aventures expéditionnaires. Le titre évocateur plonge d'emblée le lecteur dans la période historique qui a imprégné de manière irréversible quatre générations. Le roman débute dans les années 1870 et s'achève vers la fin du XIXe siècle, époque des dernières grandes insurrections paysannes. Comme les pénitenciers, casernes, gendarmeries et miradors, les escadrons de chiens rouges font partie du sinistre décor planté par l'autorité coloniale. Comme du temps des Romains, après la résistance acharnée des villes et villages assaillis les uns après les autres, les terres sont spoliées, leurs propriétaires massacrés, pourchassés et bannis. C'est encore l'époque des révoltes populaires et des déportations d'insurgés dans les îles lointaines. Pendant que des bateaux emportent vers des destinations de plus en plus lointaines les enfants du pays, d'autres bateaux débarquent les migrants d'Europe du Sud dans ce nouvel Eldorado algérien. Arrivant de Malte, d'Italie, d'Espagne, de Corse, du Portugal via la France, les nouveaux venus se débrouillent dans un français très approximatif. Et même si ce sont au départ de pauvres bougres inoffensifs, ils sont peu à peu engloutis dans l'ordre colonial fait d'apartheid et d'injustice sociale.
Un récit mouvant
S'organise alors ce que Pierre Bourdieu nomme la mise en situation coloniale : «La situation coloniale crée le «méprisable» en même temps que le mépris ; mais elle crée aussi la révolte contre le mépris.» Ce double mouvement s'accompagne de celui des tribus démembrées fuyant les massacres de la campagne vers les villes et celui des citadins ruinés qui quittent leurs coquettes habitations convoitées par les nouveaux arrivants. Côté indigène, des familles entières tombent dans la misère. Les prisons sont pleines à craquer de pauvres hères et de révoltés. Certains arrivent pourtant à s'en sortir en se lançant dans le commerce des fruits et légumes, la maçonnerie, les spéculations immobilières et le commerce. Ce chamboulement n'empêche pas un seul instant les représentants de toutes les catégories sociales et régions du pays de continuer à croire à la libération de leurs terres et à la fin de l'ordre colonial. Partout quand la révolte n'éclate pas à ciel ouvert, la résistance s'organise à bas bruit et de nouvelles formes de luttes modernes commencent à être acquises par les premiers flots de travailleurs émigrés. Dans un style sobre, l'auteur garde ses distances pour mieux narrer le destin de ses personnages qui se débattent collectivement dans le malheur qui s'est abattu sur tous. Sans jamais tomber dans un style larmoyant, Youcef Tabari, qui en est à son quatrième roman, essaye de cerner le destin de quelques personnages pivots à travers celui de milliers de familles. Ce sont les mutations qui s'opèrent dans la société algérienne et dont l'auteur a commencé le récit dans son roman «La Falaise des sept lumières» (2004), qu'examine l'écrivain.
Chaâbane Echmorri
Le premier chapitre du livre se déroule dans le pénitencier de Berrouaghia où est injustement incarcéré Salah, fils de Chemorah, un petit village de l'Ouarsenis. Salah a purgé une peine de plusieurs années qui le sépare pour toujours de sa bien-aimée la chanteuse turque Yaminé qui n'est autre qu'une de ses cousines du village en rupture de ban. Alors qu'il lui sert d'imprésario et que les deux jeunes gens filent le parfait amour, Hassan, un voyou qui convoite la belle jeune fille, organise un complot à l'issue duquel Salah est jugé et emprisonné. Cette longue incarcération chamboule son destin. A quarante ans bien sonnés, lorsqu'il sort de prison il erre comme une âme en peine. Quelques jours avant sa sortie, la prison est en émoi, car on vient d'arrêter un groupe d'insurgés dont le célèbre Chaâbane Echmorri, un géant roux, célèbre pour sa bravoure. C'est suite au massacre des siens que ce dernier voue une guerre sans merci à l'occupant. « Une horrible image imprégna sa rétine. Le spectacle du massacre commis ce matin de printemps par les troupes d'élite du Général «Clauzet», comme disaient les paysans. Il revoyait les corps mutilés de ses deux jeunes enfants jetés là au milieu de ceux de dizaines de villageois. Il se souvenait avoir cherché durant de longues heures le corps de son épouse. Il finit par la trouver baignant dans son sang derrière le ravin des figuiers de Barbarie. Ce ravin bordait le village où sa famille avait trouvé refuge après son départ de Chemorah. Ils avaient séjourné ainsi tels des fuyards dans plusieurs hameaux et villages de la contrée.»
Lorsque Salah quitte enfin la prison, il est contraint de raser les murs tant la police et l'armée coloniales sont partout. Le pays change. Des territoires immenses sont travaillés par des paysans chassés de leurs propres terres au bénéfice des colons. Salah qui est un excellent maçon finit par trouver du travail chez Ammi Allel, un forgeron au grand cœur qui habite à Belcourt dans une vieille bâtisse algéroise. Il devient très vite l'homme de confiance de Allel qui le marie bientôt à sa fille. Quant à Chaâbane, il profite d'une attaque de la caserne des chiens rouges en bordure du pénitencier pour s'évader. Il est alors accueilli par Salah qui lui donne du travail sur ses chantiers où travaillent également des ouvriers européens.
Mais Chaâbane homme des grands espaces ne peut s'adapter à cette vie routinière et étriquée. Un jour en se promenant à Alger, il découvre Rmilet elaoued, la plage où l'on baigne les chevaux. C'est là qu'il sympathise avec un Maltais qui possède une écurie et des calèches. Impressionné par la force physique du montagnard et sa connaissance des chevaux, il l'embauche comme cocher et lui offre le gîte. Chaâbane peu à peu s'acclimate à la grande ville et va jusqu'à apprécier l'anisette. Son ami maltais lui est très dévoué et rien ne lui manque. Mais son statut d'humilié et de vaincu le taraude et lorsqu'il entend au bar, un Européen se féliciter du fait que «Arezki Oulbachir, le bandit qui terrorisait la population en Kabylie a été guillotiné à l'aube du 23 février au Fort de Barberousse, trois jours seulement après sa condamnation à mort par le tribunal d'Alger», il ne lui en faut pas plus pour quitter Alger et reprendre ses activités anti-colonialistes. Il est puissamment aidé par Salah et par l'écrasante majorité des Algériens toutes catégories sociales confondues. Ce roman puissant expose le malheur infini où se débattent nos aïeux au lendemain de la conquête.
«Les Chiens rouges» de Youcef Tahari
191 pages
Casbah Editions, mars 2007
Les chiens rouges ce sont les Spahis, ces cavaliers d'origines diverses, qui se sont mis au service de la France en 1830, dès la destitution du dey Hussein, leur ancien maître. Ils sont surnommés ainsi par les Algériens en raison de la couleur de leurs uniformes et de leur dévouement absolu à l'armée française qu'ils servent sous la férule de leur chef, le colonel Yusuf, de son vrai nom Giuseppe Vantini (1809-1866). Ces escadrons redoutables sont partie prenante de toutes les expéditions de la conquête. Leur histoire est liée aux différentes étapes qui ont peu à peu fait de l'Algérie un pays conquis puis colonisé. Le modèle fera recette puisque l'armée française le dupliquera en Crimée, en Tunisie, au Sénégal et au Maroc…
Un style sobre et distancié
Malgré son intitulé, le roman de Youcef Tahari n'est pas centré sur ce corps sanguinaire considéré comme la première consécration des tirailleurs, zouaves, chasseurs indigènes, légionnaires et autres auxiliaires dont l'armée française ne sait décidément pas se passer dans ses aventures expéditionnaires. Le titre évocateur plonge d'emblée le lecteur dans la période historique qui a imprégné de manière irréversible quatre générations. Le roman débute dans les années 1870 et s'achève vers la fin du XIXe siècle, époque des dernières grandes insurrections paysannes. Comme les pénitenciers, casernes, gendarmeries et miradors, les escadrons de chiens rouges font partie du sinistre décor planté par l'autorité coloniale. Comme du temps des Romains, après la résistance acharnée des villes et villages assaillis les uns après les autres, les terres sont spoliées, leurs propriétaires massacrés, pourchassés et bannis. C'est encore l'époque des révoltes populaires et des déportations d'insurgés dans les îles lointaines. Pendant que des bateaux emportent vers des destinations de plus en plus lointaines les enfants du pays, d'autres bateaux débarquent les migrants d'Europe du Sud dans ce nouvel Eldorado algérien. Arrivant de Malte, d'Italie, d'Espagne, de Corse, du Portugal via la France, les nouveaux venus se débrouillent dans un français très approximatif. Et même si ce sont au départ de pauvres bougres inoffensifs, ils sont peu à peu engloutis dans l'ordre colonial fait d'apartheid et d'injustice sociale.
Un récit mouvant
S'organise alors ce que Pierre Bourdieu nomme la mise en situation coloniale : «La situation coloniale crée le «méprisable» en même temps que le mépris ; mais elle crée aussi la révolte contre le mépris.» Ce double mouvement s'accompagne de celui des tribus démembrées fuyant les massacres de la campagne vers les villes et celui des citadins ruinés qui quittent leurs coquettes habitations convoitées par les nouveaux arrivants. Côté indigène, des familles entières tombent dans la misère. Les prisons sont pleines à craquer de pauvres hères et de révoltés. Certains arrivent pourtant à s'en sortir en se lançant dans le commerce des fruits et légumes, la maçonnerie, les spéculations immobilières et le commerce. Ce chamboulement n'empêche pas un seul instant les représentants de toutes les catégories sociales et régions du pays de continuer à croire à la libération de leurs terres et à la fin de l'ordre colonial. Partout quand la révolte n'éclate pas à ciel ouvert, la résistance s'organise à bas bruit et de nouvelles formes de luttes modernes commencent à être acquises par les premiers flots de travailleurs émigrés. Dans un style sobre, l'auteur garde ses distances pour mieux narrer le destin de ses personnages qui se débattent collectivement dans le malheur qui s'est abattu sur tous. Sans jamais tomber dans un style larmoyant, Youcef Tabari, qui en est à son quatrième roman, essaye de cerner le destin de quelques personnages pivots à travers celui de milliers de familles. Ce sont les mutations qui s'opèrent dans la société algérienne et dont l'auteur a commencé le récit dans son roman «La Falaise des sept lumières» (2004), qu'examine l'écrivain.
Chaâbane Echmorri
Le premier chapitre du livre se déroule dans le pénitencier de Berrouaghia où est injustement incarcéré Salah, fils de Chemorah, un petit village de l'Ouarsenis. Salah a purgé une peine de plusieurs années qui le sépare pour toujours de sa bien-aimée la chanteuse turque Yaminé qui n'est autre qu'une de ses cousines du village en rupture de ban. Alors qu'il lui sert d'imprésario et que les deux jeunes gens filent le parfait amour, Hassan, un voyou qui convoite la belle jeune fille, organise un complot à l'issue duquel Salah est jugé et emprisonné. Cette longue incarcération chamboule son destin. A quarante ans bien sonnés, lorsqu'il sort de prison il erre comme une âme en peine. Quelques jours avant sa sortie, la prison est en émoi, car on vient d'arrêter un groupe d'insurgés dont le célèbre Chaâbane Echmorri, un géant roux, célèbre pour sa bravoure. C'est suite au massacre des siens que ce dernier voue une guerre sans merci à l'occupant. « Une horrible image imprégna sa rétine. Le spectacle du massacre commis ce matin de printemps par les troupes d'élite du Général «Clauzet», comme disaient les paysans. Il revoyait les corps mutilés de ses deux jeunes enfants jetés là au milieu de ceux de dizaines de villageois. Il se souvenait avoir cherché durant de longues heures le corps de son épouse. Il finit par la trouver baignant dans son sang derrière le ravin des figuiers de Barbarie. Ce ravin bordait le village où sa famille avait trouvé refuge après son départ de Chemorah. Ils avaient séjourné ainsi tels des fuyards dans plusieurs hameaux et villages de la contrée.»
Lorsque Salah quitte enfin la prison, il est contraint de raser les murs tant la police et l'armée coloniales sont partout. Le pays change. Des territoires immenses sont travaillés par des paysans chassés de leurs propres terres au bénéfice des colons. Salah qui est un excellent maçon finit par trouver du travail chez Ammi Allel, un forgeron au grand cœur qui habite à Belcourt dans une vieille bâtisse algéroise. Il devient très vite l'homme de confiance de Allel qui le marie bientôt à sa fille. Quant à Chaâbane, il profite d'une attaque de la caserne des chiens rouges en bordure du pénitencier pour s'évader. Il est alors accueilli par Salah qui lui donne du travail sur ses chantiers où travaillent également des ouvriers européens.
Mais Chaâbane homme des grands espaces ne peut s'adapter à cette vie routinière et étriquée. Un jour en se promenant à Alger, il découvre Rmilet elaoued, la plage où l'on baigne les chevaux. C'est là qu'il sympathise avec un Maltais qui possède une écurie et des calèches. Impressionné par la force physique du montagnard et sa connaissance des chevaux, il l'embauche comme cocher et lui offre le gîte. Chaâbane peu à peu s'acclimate à la grande ville et va jusqu'à apprécier l'anisette. Son ami maltais lui est très dévoué et rien ne lui manque. Mais son statut d'humilié et de vaincu le taraude et lorsqu'il entend au bar, un Européen se féliciter du fait que «Arezki Oulbachir, le bandit qui terrorisait la population en Kabylie a été guillotiné à l'aube du 23 février au Fort de Barberousse, trois jours seulement après sa condamnation à mort par le tribunal d'Alger», il ne lui en faut pas plus pour quitter Alger et reprendre ses activités anti-colonialistes. Il est puissamment aidé par Salah et par l'écrasante majorité des Algériens toutes catégories sociales confondues. Ce roman puissant expose le malheur infini où se débattent nos aïeux au lendemain de la conquête.
«Les Chiens rouges» de Youcef Tahari
191 pages
Casbah Editions, mars 2007


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