Ils ont écrit une page de l'histoire soviétique, celle du divertissement de masse, teinté d'idéologie. Après la descente aux enfers des années 90, les studios Mosfilm retrouvent une nouvelle jeunesse, en attendant de nouveaux talents. A l'entrée de Mosfilm, véritable Hollywood russe avec ses 34 hectares de terrain, décors extérieurs et plateaux de tournage au centre de Moscou, flotte encore un brin de nostalgie. Dans un hangar transformé en musée, les vieilles Volga, Zis et Pobeda, voitures emblématiques du socialisme triomphant, s'alignent avec leur cortège de souvenirs cinématographiques : elles ont "tourné" dans "Le Bras de Diamant", "Officiers" ou "Il ne faut pas changer le lieu de rendez-vous", autant de succès populaires des années 60-70. Sous le porche de l'entrée principale, la faucille et le marteau trônent toujours sur un pilier, signe d'un temps révolu. Au jeu des symboles, Coca-Cola a finalement triomphé : ses distributeurs de boissons ont envahi les couloirs des studios. Et la règle du sacro-saint profit a remplacé la vocation première des studios, inaugurés en 1931 pour porter haut et fort les héros et les valeurs soviétiques, à une époque où cinéma rimait avec propagande. "Nous sommes un studio étatique. Mais on ne reçoit pas un kopeck de l'Etat et on paie pas mal d'impôts !", note non sans plaisir le directeur général de Mosfilm, le réalisateur Karen Chakhnazarov, en dévoilant un chiffre d'affaires annuel de quelque 2,5 milliards de roubles (70 millions d'euros) et 300 millions de roubles (8 millions d'euros) d'impôts. Avant d'en arriver là, Mosfilm a connu sa traversée du désert, comme une bonne partie de l'économie post-soviétique. Après la chute de l'URSS en 1991, toutes les structures publiques se sont effondrées. Avec ses studios vétustes, le cinéma russe a été submergé par la déferlante hollywoodienne. A la fin des années 90, Mosfilm a commencé à remonter la pente en vendant les droits télévisuels sur ses prestigieuses collections de classiques du cinéma russe. "On a accumulé de l'argent et on a commencé à reconstruire les studios, en investissant dans de nouvelles technologies. On a au total quasiment tout reconstruit", souligne Karen Chakhnazarov. Dans les studios son, des équipements ultra-modernes dotés du label "Dolby Premium", fierté de la direction, ont été installés. Au détour d'un couloir refait à neuf, lino usagé et vieux canapés en skaï râpé donnent toutefois encore, ici et là, une vague touche soviétique à l'ensemble. Avec 90 à 100 films par an, destinés pour une bonne part à la télévision, Mosfilm produit déjà plus que du temps de l'Union soviétique, quand il était à l'apogée de son développement, assure Karen Chakhnazarov. Malgré son brillant passé et ses nouvelles technologies, les studios travaillent essentiellement pour le marché russe, là où Cinecitta ou les studios Barrandov à Prague multiplient les coopérations internationales. "Que voulez-vous ? Les hôtels sont chers à Moscou. Quand il faut loger toute une équipe de tournage, c'est une vraie aventure ! Au final, cela revient moins cher d'aller tourner à Prague. Et le climat chez nous est assez spécial", constate le directeur. Mais pour Karen Chakhnazarov, réalisateur du "Jour de la Pleine Lune" et qui vient de finir le tournage de "Il était une fois en URSS", un titre provisoire, la vraie question est ailleurs. "Quand je suis arrivé chez Mosfilm dans les 60-70 comme assistant réalisateur, j'ai côtoyé des géants comme Tarkovski, Bondartchouk, Chepitko, Klimov, Maximov, Panfilov, Kontchalovski", relève-t-il. "Aujourd'hui, il n'y a plus personne de cette envergure. Le cinéma russe ne peut rivaliser avec le cinéma soviétique. C'est peut-être une question de temps", ajoute-t-il, prudent. Ils ont écrit une page de l'histoire soviétique, celle du divertissement de masse, teinté d'idéologie. Après la descente aux enfers des années 90, les studios Mosfilm retrouvent une nouvelle jeunesse, en attendant de nouveaux talents. A l'entrée de Mosfilm, véritable Hollywood russe avec ses 34 hectares de terrain, décors extérieurs et plateaux de tournage au centre de Moscou, flotte encore un brin de nostalgie. Dans un hangar transformé en musée, les vieilles Volga, Zis et Pobeda, voitures emblématiques du socialisme triomphant, s'alignent avec leur cortège de souvenirs cinématographiques : elles ont "tourné" dans "Le Bras de Diamant", "Officiers" ou "Il ne faut pas changer le lieu de rendez-vous", autant de succès populaires des années 60-70. Sous le porche de l'entrée principale, la faucille et le marteau trônent toujours sur un pilier, signe d'un temps révolu. Au jeu des symboles, Coca-Cola a finalement triomphé : ses distributeurs de boissons ont envahi les couloirs des studios. Et la règle du sacro-saint profit a remplacé la vocation première des studios, inaugurés en 1931 pour porter haut et fort les héros et les valeurs soviétiques, à une époque où cinéma rimait avec propagande. "Nous sommes un studio étatique. Mais on ne reçoit pas un kopeck de l'Etat et on paie pas mal d'impôts !", note non sans plaisir le directeur général de Mosfilm, le réalisateur Karen Chakhnazarov, en dévoilant un chiffre d'affaires annuel de quelque 2,5 milliards de roubles (70 millions d'euros) et 300 millions de roubles (8 millions d'euros) d'impôts. Avant d'en arriver là, Mosfilm a connu sa traversée du désert, comme une bonne partie de l'économie post-soviétique. Après la chute de l'URSS en 1991, toutes les structures publiques se sont effondrées. Avec ses studios vétustes, le cinéma russe a été submergé par la déferlante hollywoodienne. A la fin des années 90, Mosfilm a commencé à remonter la pente en vendant les droits télévisuels sur ses prestigieuses collections de classiques du cinéma russe. "On a accumulé de l'argent et on a commencé à reconstruire les studios, en investissant dans de nouvelles technologies. On a au total quasiment tout reconstruit", souligne Karen Chakhnazarov. Dans les studios son, des équipements ultra-modernes dotés du label "Dolby Premium", fierté de la direction, ont été installés. Au détour d'un couloir refait à neuf, lino usagé et vieux canapés en skaï râpé donnent toutefois encore, ici et là, une vague touche soviétique à l'ensemble. Avec 90 à 100 films par an, destinés pour une bonne part à la télévision, Mosfilm produit déjà plus que du temps de l'Union soviétique, quand il était à l'apogée de son développement, assure Karen Chakhnazarov. Malgré son brillant passé et ses nouvelles technologies, les studios travaillent essentiellement pour le marché russe, là où Cinecitta ou les studios Barrandov à Prague multiplient les coopérations internationales. "Que voulez-vous ? Les hôtels sont chers à Moscou. Quand il faut loger toute une équipe de tournage, c'est une vraie aventure ! Au final, cela revient moins cher d'aller tourner à Prague. Et le climat chez nous est assez spécial", constate le directeur. Mais pour Karen Chakhnazarov, réalisateur du "Jour de la Pleine Lune" et qui vient de finir le tournage de "Il était une fois en URSS", un titre provisoire, la vraie question est ailleurs. "Quand je suis arrivé chez Mosfilm dans les 60-70 comme assistant réalisateur, j'ai côtoyé des géants comme Tarkovski, Bondartchouk, Chepitko, Klimov, Maximov, Panfilov, Kontchalovski", relève-t-il. "Aujourd'hui, il n'y a plus personne de cette envergure. Le cinéma russe ne peut rivaliser avec le cinéma soviétique. C'est peut-être une question de temps", ajoute-t-il, prudent.