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A l'éternel triomphe de la vie
«Le vent nous emportera» de Abbas Kiarostami au ciné-club Chrysalide
Publié dans Le Midi Libre le 18 - 05 - 2008

«Le vent nous emportera» du réalisateur iranien Abbas Kiarostami, célèbre avec subtilité et magnificence l'éternel triomphe de la vie. Cette vie dont la durée échappe à toutes les supputations humaines et a fortiori à celles de Behzad et de ses assistants venus filmer un rituel funéraire au fin fond du Kurdistan iranien, à 700 km de Téhéran.
«Le vent nous emportera» du réalisateur iranien Abbas Kiarostami, célèbre avec subtilité et magnificence l'éternel triomphe de la vie. Cette vie dont la durée échappe à toutes les supputations humaines et a fortiori à celles de Behzad et de ses assistants venus filmer un rituel funéraire au fin fond du Kurdistan iranien, à 700 km de Téhéran.
Dès son arrivée dans un merveilleux village traditionnel- dont l'architecture en terrasses s'apparente à l'habitat des Berbères de l'Aurès- l'équipe qui n'avoue pas aux villageois son dessein réel, guette le décès de Mme Malek, la doyenne du village, donnée pour agonisante. Mais voilà, la mort d'un être ne se décide pas ainsi. La grande faucheuse semble éviter la plus que centenaire. L'équipe s'impatiente et les responsables de la télévision aussi.
Les jours passent et tous, même les insectes, travaillent d'arrache-pied aux moissons et cueillettes multiples de cette région fertile. Forcés à l'oisiveté, Behzad et ses collaborateurs n'ont avec les villageois que très peu de contacts, comme enfermés dans leur individualisme de citadins. A bout de nerfs Behzad devient agressif et injuste. Il houspille le petit garçon qui lui sert de guide et de lien avec le village. Il va jusqu'à retourner méchamment une tortue rencontrée sur le cimetière en hauteur où il se rend pour pouvoir joindre Téhéran avec son mobile. Et, alors que le conflit avec ses collaborateurs qui veulent rentrer s'empoisonne, le film prend une tout autre tournure. Youssef, un jeune travailleur des télécommunications qui creuse un fossé en contrebas du cimetière est pris sous un éboulement. Behzad lui sauve la vie. Dans la foulée il fait connaissance avec le médecin de la contrée et lui demande d'aller examiner la centenaire. Lorsque les villageois signifient au docteur qu'ils sont trop pauvres pour payer les médicaments, Behzad s'en charge. Le voilà prêt à soigner une dame dont il souhaitait la mort! Et c'est exactement lorsque son état d'esprit change, lorsque, au fil des rencontres, s'opère une sorte d'ascension morale pour cet être égoïste et si professionnel, que son vœu est exaucé. La vieille dame décède mais Behzad se contente de prendre furtivement quelques photos des voisines qui accourent.
Le film, tourné à la manière d'un documentaire narratif, puise à pleines mains dans la poésie iranienne et dans les philosophies persane et musulmane. La quête, l'attente, l'initiation et enfin le renoncement sont les quatre étapes que traverse Behzad dans ce village de montagne, perdu dans un océan de champs de blé. Chaque rencontre y est, comme souvent dans les mythes et les contes, porteuse d'une signification profonde. Et si un petit garçon lui donne une leçon d'intégrité et de dignité, le médecin l'interpelle sur d'autres chapitres. «La mort est plus grave que la vieillesse» lui déclare l'homme de sciences alors qu'il le transporte à califourchon sur sa mobylette à travers des paysages enchantés. «Personne n'est revenu de l'autre monde pour témoigner. L'important c'est la contemplation de la nature et de l'abondance de Dieu» conclut le docteur en déclamant un poème bachique de Omar Khayyam. Ce film ne peut qu'éveiller de profondes réminiscences chez les spectateurs du monde musulman. Les vieilles femmes de chez nous ne déclarent–elles pas comme en écho au bon docteur du film : «Personne n'est jamais revenu du paradis avec sa main toute verte» ? L'itinéraire et le destin d'une pomme sont également révélateurs de cet esprit imprégné de mysticisme qui semble caractéristique aux peuples de langue perse et à tout le proche Orient. Alors que Behzad destine une pomme à quelqu'un d'autre, le fruit lui échappe des mains et va comme mû par une volonté propre échouer aux pieds du petit garçon. «Elle t'était destinée» lui dit alors Behzad. Durant le débat qui a suivi le film, l'animateur du ciné-club nous a appris que pour construire l'itinéraire de la pomme durant le tournage, il a fallu 2 jours de travail. Ce détail montre la minutie des scènes apparemment anodines que tourne Abbas Kiarostami.
«Le vent nous emportera» est le titre d'un poème de la poétesse iranienne contemporaine Forough Farrokhzad(1937/1967). «Pose tes mains, ces souvenirs ardents/ Sur mes mains amoureuses/ Et confie tes lèvres, repues de la chaleur de la vie/, Aux caresses de mes lèvres amoureuses/ Le vent nous emportera / Le vent nous emportera !» est la dernière strophe du poème élégiaque que récite Béhzad à une villageoise de 16 ans pendant qu'elle trait une vache dans une cave sans lumière. Plein de symboles, le film est également un appel à la contemplation de la nature dont la beauté écrasante est présente tout au long du film. Abbas Kiarostami, né en 1940 est l'un des plus brillant cinéaste de notre temps. Récompensé à Cannes comme à Venise et dans les festivals les plus prestigieux du monde , son œuvre fait école. Il est considéré comme l'arme la plus subtile de la diplomatie iranienne. Le ciné–Club Chrysalide a projeté ce film, dans son cycle avant-goût, qui préfigure une série de cycles cinématographiques pour la fin de l'année. Pour la séance de vendredi prochain, C'est «Punishment-Park» de l'américain Peter Watkins qui est programmé.
Dès son arrivée dans un merveilleux village traditionnel- dont l'architecture en terrasses s'apparente à l'habitat des Berbères de l'Aurès- l'équipe qui n'avoue pas aux villageois son dessein réel, guette le décès de Mme Malek, la doyenne du village, donnée pour agonisante. Mais voilà, la mort d'un être ne se décide pas ainsi. La grande faucheuse semble éviter la plus que centenaire. L'équipe s'impatiente et les responsables de la télévision aussi.
Les jours passent et tous, même les insectes, travaillent d'arrache-pied aux moissons et cueillettes multiples de cette région fertile. Forcés à l'oisiveté, Behzad et ses collaborateurs n'ont avec les villageois que très peu de contacts, comme enfermés dans leur individualisme de citadins. A bout de nerfs Behzad devient agressif et injuste. Il houspille le petit garçon qui lui sert de guide et de lien avec le village. Il va jusqu'à retourner méchamment une tortue rencontrée sur le cimetière en hauteur où il se rend pour pouvoir joindre Téhéran avec son mobile. Et, alors que le conflit avec ses collaborateurs qui veulent rentrer s'empoisonne, le film prend une tout autre tournure. Youssef, un jeune travailleur des télécommunications qui creuse un fossé en contrebas du cimetière est pris sous un éboulement. Behzad lui sauve la vie. Dans la foulée il fait connaissance avec le médecin de la contrée et lui demande d'aller examiner la centenaire. Lorsque les villageois signifient au docteur qu'ils sont trop pauvres pour payer les médicaments, Behzad s'en charge. Le voilà prêt à soigner une dame dont il souhaitait la mort! Et c'est exactement lorsque son état d'esprit change, lorsque, au fil des rencontres, s'opère une sorte d'ascension morale pour cet être égoïste et si professionnel, que son vœu est exaucé. La vieille dame décède mais Behzad se contente de prendre furtivement quelques photos des voisines qui accourent.
Le film, tourné à la manière d'un documentaire narratif, puise à pleines mains dans la poésie iranienne et dans les philosophies persane et musulmane. La quête, l'attente, l'initiation et enfin le renoncement sont les quatre étapes que traverse Behzad dans ce village de montagne, perdu dans un océan de champs de blé. Chaque rencontre y est, comme souvent dans les mythes et les contes, porteuse d'une signification profonde. Et si un petit garçon lui donne une leçon d'intégrité et de dignité, le médecin l'interpelle sur d'autres chapitres. «La mort est plus grave que la vieillesse» lui déclare l'homme de sciences alors qu'il le transporte à califourchon sur sa mobylette à travers des paysages enchantés. «Personne n'est revenu de l'autre monde pour témoigner. L'important c'est la contemplation de la nature et de l'abondance de Dieu» conclut le docteur en déclamant un poème bachique de Omar Khayyam. Ce film ne peut qu'éveiller de profondes réminiscences chez les spectateurs du monde musulman. Les vieilles femmes de chez nous ne déclarent–elles pas comme en écho au bon docteur du film : «Personne n'est jamais revenu du paradis avec sa main toute verte» ? L'itinéraire et le destin d'une pomme sont également révélateurs de cet esprit imprégné de mysticisme qui semble caractéristique aux peuples de langue perse et à tout le proche Orient. Alors que Behzad destine une pomme à quelqu'un d'autre, le fruit lui échappe des mains et va comme mû par une volonté propre échouer aux pieds du petit garçon. «Elle t'était destinée» lui dit alors Behzad. Durant le débat qui a suivi le film, l'animateur du ciné-club nous a appris que pour construire l'itinéraire de la pomme durant le tournage, il a fallu 2 jours de travail. Ce détail montre la minutie des scènes apparemment anodines que tourne Abbas Kiarostami.
«Le vent nous emportera» est le titre d'un poème de la poétesse iranienne contemporaine Forough Farrokhzad(1937/1967). «Pose tes mains, ces souvenirs ardents/ Sur mes mains amoureuses/ Et confie tes lèvres, repues de la chaleur de la vie/, Aux caresses de mes lèvres amoureuses/ Le vent nous emportera / Le vent nous emportera !» est la dernière strophe du poème élégiaque que récite Béhzad à une villageoise de 16 ans pendant qu'elle trait une vache dans une cave sans lumière. Plein de symboles, le film est également un appel à la contemplation de la nature dont la beauté écrasante est présente tout au long du film. Abbas Kiarostami, né en 1940 est l'un des plus brillant cinéaste de notre temps. Récompensé à Cannes comme à Venise et dans les festivals les plus prestigieux du monde , son œuvre fait école. Il est considéré comme l'arme la plus subtile de la diplomatie iranienne. Le ciné–Club Chrysalide a projeté ce film, dans son cycle avant-goût, qui préfigure une série de cycles cinématographiques pour la fin de l'année. Pour la séance de vendredi prochain, C'est «Punishment-Park» de l'américain Peter Watkins qui est programmé.


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