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Fenêtres sur la Méditerranée
« Le génie de la mer, chroniques djidjelliennes » de Salah Bousseloua
Publié dans Le Midi Libre le 27 - 11 - 2008

Chapitre par chapitre, tous les états d'âme de la Grande Bleue sont abordés. L'auteur de ces chroniques maritimes surfe avec bonheur sur les anecdotes locales d'un petit coin de rivage algérien aux grands évènements qui ont marqué l'histoire des mers et des océans.
Chapitre par chapitre, tous les états d'âme de la Grande Bleue sont abordés. L'auteur de ces chroniques maritimes surfe avec bonheur sur les anecdotes locales d'un petit coin de rivage algérien aux grands évènements qui ont marqué l'histoire des mers et des océans.
Dans une étonnante démarche d'internaute, Salah Bousseloua, clic après clic, explore la vaste étendue mouvante qui devient planète à part entière. Dédiée à tous les marins, à son père, le regretté Raïs Ahcène héritier direct de l'ancestrale taïfa et à son beau-frère, Youras Abbès, bourlingueur tôt assassiné par l'armée coloniale, l'œuvre ne considère-t-elle pas les non-marins comme des Terriens ? Du particulier au général et du follement insouciant au tragique ,les complexes physionomies de l'astre liquide sont saisis sur le vif par une plume tour à tour tendre ou caustique. Ne dit-on pas que le chemin royal vers l'universel reste l'approfondissement de la dimension locale ? Comme les antiques aèdes de Kabylie et ses chantres les plus récents, l'auteur répare par la même occasion une vieille injustice vécue par cette partie enclavée et quasi insulaire du littoral de l'Est, celle d'un déni identitaire lié à une profonde méconnaissance de cette culture aux mille particularismes régionaux. Déni, qui, à mesure que le temps passe, se transforme en un oubli abyssal des us et coutumes de Jijel et des Jijelliens. Sorte d'amnésie collective dont les gens de la région sont les premiers responsables.. Après avoir consacré les premiers chapitres à des anecdotes véridiques mettant en scène pêcheurs et petites gens de la région, souvent durant la période coloniale, l'auteur se penche sur les récits de voyage de quelques navigateurs embarqués sur des pétroliers. Puis ce sont les périls et les sauvetages, les embruns et les tempêtes, qui, depuis l'antiquité transforment la vie en mer en une aventure incertaine, qui sont relatés. « Ainsi parlait Raïs : Nous étions dans le cirage. Nous ne dûmes notre salut qu'au feu du ciel qui nous révéla la présence impromptue d'un phare. De mon temps, certaines stations disposaient de canots de sauvetage destinés à secourir en tous temps les bateaux en difficulté. Malgré les dispositions prises, pouvait-on arriver au moment voulu pour secourir les équipages ? A cette époque, les embarcations de modeste tonnage qui pratiquaient le cabotage ou la pêche côtière n'avaient aucune possibilité de communiquer avec la côte. Il fallait lutter avec les moyens du bord pour échapper au naufrage… » Cette partie de l'ouvrage abonde en témoignages dramatiques faisant toucher du doigt au lecteur la nature indomptable des océans, le caractère aléatoire de la navigation. La toute puissance de la Providence pour l'homme de la mer lui donne ce caractère flexible et ouvert au merveilleux qui le caractérise. Particulièrement savoureuse est l'histoire de Batchiche, ce vieux pêcheur napolitain de Jijel, qui prend la mer avec son équipage tout en sachant son embarcation si vieille qu'elle peut se disloquer en pleine mer. Lorsqu'une nuit son gouvernail fatigué prend le large, il ne peut que répondre à ses compagnons épouvantés qui lui demandent où ils sont : « Dove la barca va, va Batchiche : Où la barque va, Batchiche va… » !
Les derniers chapitres de l'ouvrage traitent de faits historiques. Ils retracent succinctement l'histoire du vieux centre urbain, qui semble avoir été un lieu fortement peuplé dès la préhistoire. Puis est évoquée la formidable épopée des frères Barberousse dont on sait qu'ils ont abordé la côte algérienne à l'appel des Jijelliens, et dont l'attachement à ce coin de côte ne s'est jamais démenti. Jijel, Béjaïa, Cherchell, Ténès, Tlemcen puis Alger, sous le titre « Les grandes canonnades », l'auteur récapitule les différentes victoires des deux frères à la tête de leurs vaillants équipages. Puis, revenant à l'histoire locale l'auteur citant B. Bachelot (in Louis XIV en Algérie), restitue le rôle de Sidi Ahmed Amokrane, marabout originaire de Béjaïa et saint patron de la ville qui prend la tête des Berbères jijelliens contre l'expédition que le monarque français dirige contre la vieille Cité. Après le récit des victoires les plus fameuses que la petite ville a remporté contre des adversaires pourtant puissants, l'auteur expose en annexe un listing des dates historiques à retenir et la liste, incomplète, des 11 saints patrons de la ville.
Relatant des anecdotes véridiques, où les natifs n'auront aucune peine à reconnaître les leurs, et des faits historiques, géographiques ou scientifiques plus généraux, l'ouvrage fait preuve d'une démarche pédagogique attractive. Condensé de la mémoire jijellienne ouvert sur l'universel, ce petit livre de 200 pages saura sans doute captiver les lecteurs de différentes générations. Un bémol toutefois : l'ouvrage aurait eu une importance documentaire avérée si les textes en avaient été transcrits en langage jijellien. D'une part, certains récits s'affadissent et perdent de leur sève après traduction et d'autre part, vu la vitesse à laquelle la langue locale s'oublie, le devoir de sauvegarde devient des plus urgents. Il est à souhaiter que cet ouvrage, qui met les questions linguistiques et culturelles de la région à l'ordre du jour, ne soit que le premier d'une longue série.
K.T.
« Le génie de la mer, Chroniques jijelliennes » de Salah Bousseloua
Editions Casbah, Alger, 2008
211 pages, prix public : 500 dinars.
Dans une étonnante démarche d'internaute, Salah Bousseloua, clic après clic, explore la vaste étendue mouvante qui devient planète à part entière. Dédiée à tous les marins, à son père, le regretté Raïs Ahcène héritier direct de l'ancestrale taïfa et à son beau-frère, Youras Abbès, bourlingueur tôt assassiné par l'armée coloniale, l'œuvre ne considère-t-elle pas les non-marins comme des Terriens ? Du particulier au général et du follement insouciant au tragique ,les complexes physionomies de l'astre liquide sont saisis sur le vif par une plume tour à tour tendre ou caustique. Ne dit-on pas que le chemin royal vers l'universel reste l'approfondissement de la dimension locale ? Comme les antiques aèdes de Kabylie et ses chantres les plus récents, l'auteur répare par la même occasion une vieille injustice vécue par cette partie enclavée et quasi insulaire du littoral de l'Est, celle d'un déni identitaire lié à une profonde méconnaissance de cette culture aux mille particularismes régionaux. Déni, qui, à mesure que le temps passe, se transforme en un oubli abyssal des us et coutumes de Jijel et des Jijelliens. Sorte d'amnésie collective dont les gens de la région sont les premiers responsables.. Après avoir consacré les premiers chapitres à des anecdotes véridiques mettant en scène pêcheurs et petites gens de la région, souvent durant la période coloniale, l'auteur se penche sur les récits de voyage de quelques navigateurs embarqués sur des pétroliers. Puis ce sont les périls et les sauvetages, les embruns et les tempêtes, qui, depuis l'antiquité transforment la vie en mer en une aventure incertaine, qui sont relatés. « Ainsi parlait Raïs : Nous étions dans le cirage. Nous ne dûmes notre salut qu'au feu du ciel qui nous révéla la présence impromptue d'un phare. De mon temps, certaines stations disposaient de canots de sauvetage destinés à secourir en tous temps les bateaux en difficulté. Malgré les dispositions prises, pouvait-on arriver au moment voulu pour secourir les équipages ? A cette époque, les embarcations de modeste tonnage qui pratiquaient le cabotage ou la pêche côtière n'avaient aucune possibilité de communiquer avec la côte. Il fallait lutter avec les moyens du bord pour échapper au naufrage… » Cette partie de l'ouvrage abonde en témoignages dramatiques faisant toucher du doigt au lecteur la nature indomptable des océans, le caractère aléatoire de la navigation. La toute puissance de la Providence pour l'homme de la mer lui donne ce caractère flexible et ouvert au merveilleux qui le caractérise. Particulièrement savoureuse est l'histoire de Batchiche, ce vieux pêcheur napolitain de Jijel, qui prend la mer avec son équipage tout en sachant son embarcation si vieille qu'elle peut se disloquer en pleine mer. Lorsqu'une nuit son gouvernail fatigué prend le large, il ne peut que répondre à ses compagnons épouvantés qui lui demandent où ils sont : « Dove la barca va, va Batchiche : Où la barque va, Batchiche va… » !
Les derniers chapitres de l'ouvrage traitent de faits historiques. Ils retracent succinctement l'histoire du vieux centre urbain, qui semble avoir été un lieu fortement peuplé dès la préhistoire. Puis est évoquée la formidable épopée des frères Barberousse dont on sait qu'ils ont abordé la côte algérienne à l'appel des Jijelliens, et dont l'attachement à ce coin de côte ne s'est jamais démenti. Jijel, Béjaïa, Cherchell, Ténès, Tlemcen puis Alger, sous le titre « Les grandes canonnades », l'auteur récapitule les différentes victoires des deux frères à la tête de leurs vaillants équipages. Puis, revenant à l'histoire locale l'auteur citant B. Bachelot (in Louis XIV en Algérie), restitue le rôle de Sidi Ahmed Amokrane, marabout originaire de Béjaïa et saint patron de la ville qui prend la tête des Berbères jijelliens contre l'expédition que le monarque français dirige contre la vieille Cité. Après le récit des victoires les plus fameuses que la petite ville a remporté contre des adversaires pourtant puissants, l'auteur expose en annexe un listing des dates historiques à retenir et la liste, incomplète, des 11 saints patrons de la ville.
Relatant des anecdotes véridiques, où les natifs n'auront aucune peine à reconnaître les leurs, et des faits historiques, géographiques ou scientifiques plus généraux, l'ouvrage fait preuve d'une démarche pédagogique attractive. Condensé de la mémoire jijellienne ouvert sur l'universel, ce petit livre de 200 pages saura sans doute captiver les lecteurs de différentes générations. Un bémol toutefois : l'ouvrage aurait eu une importance documentaire avérée si les textes en avaient été transcrits en langage jijellien. D'une part, certains récits s'affadissent et perdent de leur sève après traduction et d'autre part, vu la vitesse à laquelle la langue locale s'oublie, le devoir de sauvegarde devient des plus urgents. Il est à souhaiter que cet ouvrage, qui met les questions linguistiques et culturelles de la région à l'ordre du jour, ne soit que le premier d'une longue série.
K.T.
« Le génie de la mer, Chroniques jijelliennes » de Salah Bousseloua
Editions Casbah, Alger, 2008
211 pages, prix public : 500 dinars.


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