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L'autre face de la capitale
Bidonvilles à Alger
Publié dans Le Midi Libre le 13 - 08 - 2009

Misère, crise du logement, insécurité dans les campagnes, cherté de la location, centralisation des admistrations dans la capitale : tout cela a fait que les bidonvilles ont proliféré et ont fini par ceinturer littéralement Alger qui ainsi est etouffée par ces excroissances.
Misère, crise du logement, insécurité dans les campagnes, cherté de la location, centralisation des admistrations dans la capitale : tout cela a fait que les bidonvilles ont proliféré et ont fini par ceinturer littéralement Alger qui ainsi est etouffée par ces excroissances.
L'urbanisation rapide de l'Algérie, (61,5 % d'urbains en 2005 contre 31 % en 1966), couplée à l'absence d'une politique de la ville, durant ces trente dernières années, a favorisé le développement de l'habitat non réglementaire ou «gourbisation». À l'origine, le gourbi était la petite maison sommaire des campagnes algériennes, presque une cabane ; par extension ce terme désigne aujourd'hui les bidonvilles du pays. Alger à elle seule compte entre 3 et 4 millions d'habitants dont une large partie s'entasse dans les taudis du centre-ville. Mais les bidonvilles s'étendent aussi de plus en plus loin à la périphérie de la ville, au point d'empiéter sur les terres agricoles. Plus de 50.000 baraques sont recensées, dans leur grande majorité, dans la banlieue d'Alger, mais également dans le chef-lieu de wilaya, à l'image du centre de transit Zaâtcha, situé dans la commune de Sidi M'hamed, El Biar, Ben Aknoun, Hydra et El Mouradia…
Baraquements de tous les dangers
Ces constructions illicites ceinturent littéralement Alger, puisqu'elles sont enregistrées tant à l'Est, à l'Ouest, au Sud qu'au Centre. Ces baraques contiennent accueillent des centaines de milliers d'âmes qui attendent la solution à leur précarité. Dans les bidonvilles où règnent la promiscuité, l'insalubrité et divers maux inavoués, on serait tenté de croire que seuls des clochards ou des parias peuvent habiter entre ces planches et ces tôles ; mais la réalité est tout autre, et il est grand temps de dépasser ces préjugés : dans ces bidonvilles, il y a des hommes, des femmes et des enfants, que la vie n'a pas gâté. Il faut comprendre que c'est, souvent, la seule nécessité qui a poussé la plupart de ces familles à se réfugier dans ces conditions de vie inhumaines. Il y a bien sûr les autres : les profiteurs de la misère d'autrui ou ceux qui espèrent béneficier d'un appartement, pour pouvoir le revendre, mais là est un autre sujet. Beaucoup de familles algéroises, après avoir longtemps lutté, n'ont pas eu d'autre choix que le recours à ces habitations, précaires.
Les oubliés de la vie !
Face au chômage dans les campagnes et l'insécurité qui y a longtemps régnée, la capitale s'est rapidement transformée en véritable «eldorado» pour beaucoup de familles ayant quitté leur région, fuyant les groupes armés durant la décennie noire. Ces familles ont été contraintes de construire des refuges de fortune dans la banlieue d'Alger, et ont été rapidement rejointes par cousins, oncles et autres, des mariages ont été célébrés, des naissances fêtées, aujourd'hui et en dehors des leurs conditions de vie précaires, ces familles ont leurs repères dans la capitale et il est pratiquement impossible de leur demander de retourner chez eux. Cette situation a occasionné de très graves répercussions négatives sur l'esthétique de la ville.
«Celeste et Beaucheraye ont vu naître plusieurs générations
Les centres de transit «Céleste» de Béni Messous et «Beaucheraye» à Oued Koriche abritent plus de 1.300 familles et sont classés parmi les plus anciens bidonvilles dAlger. «Céleste» au non si poétique abrite, aujourd'hui, près de 1000 baraques pour plus de 5.000 personnes, alors qu'il y a dix ans, leur nombre était à un peu plus de 2.000. Si les autorités aommunales étaient intervenus au moment opportun, la situation aurait pu être maitrisée et ce site aurait était éradiqué de la commune de Béni Messous. Mais, faute de réactions (pour diverses raisons), la situation est alarmante aujourd'hui. Il est bon de rappeler que cela fait déjà plus de quarante ans que ce bidonville est implanté à Béni Messous, faisant de lui l'un des plus anciens centres de transit dans la ville d'Alger. Aujourd'hui, selon la wilaya d'Alger, il est urgent d'éradiquer ce lieu honteux. Tout comme Céleste, le centre de transit de la Beaucheraye situé à Oued Koriche est l'un des plus anciens sites bidonvilles de la capitale,puisque cela fait déjà plus de 50 ans qu'il existe. Aujourd'hui, ce lieu abrite plus de 300 familles vivant dans des conditions déplorables. Depuis 1958, ces familles ne cessent de lancer des appel de détresse aux responsables. Leur appel sera peut-être enfin entendu dans le cadre du programme d'éradication des sites de bidonvilles de l'Algérois.
Projet d'éradication, mais...
La wilaya d'Alger a initié un vaste projet pour l'éradication de ces sites de la honte, mais a-t-elle les moyens de sa politique, quand on sait que chaque jour des dizaines de familles algéroises viennent augmenter le nombre des sans-abri. En attendant, ces familles continuent leurs actions dans l'espoir de sensibiliser les autorités sur leur situation. Des centaines de familles ont d'ailleurs reçu des promesses de la part de trois ex-P/APC, qui leur avaient tous, promis un relogement rapide dans des logements sociaux à Aïn Bénian, mais aucune de ces promesses n'a été concrétisée.
Pusieurs sit-in ont été organisés par l'association «La Beaucheraye» devant le siège de l'APC de Oued Koriche, afin de réclamer le respect des promesses faites par les ex-maires de cette municipalité, mais jusqu'ici aucun écho !.
Reheli, un site cauchemardesque, où prime la misère
À Reheli, Semmar, on a l'impression de se trouver dans un quartier de Bombay, pourtant nous sommes bel et bien à la périphérie d'Alger. La vue de cet immense bidonville agresse le regard. Des milliers de baraques construites en zinc, plaques métalliques, de planches en bois, débris en plastique et autres matériaux de récupération occupent, sur plusieurs kilomètres, le bord de la voie ferrée reliant Alger à Blida. Ce paysage, coupé en deux par le fameux Oued El-Harrach, est tout simplement cauchemardesque. Collées les unes aux autres, comme pour témoigner de la solidarité des habitants de ce quartier, certaines de ces supposées habitations sont occupées, en plus des humains, par des chèvres et des moutons qui broutent les quelques herbes aux abords des ruelles étroites et tortueuses de Reheli. Quand l'été dessèche toutes les végétations, ces bêtes, se rabattent sur les détritus divers qui jalonnent les alentours. Elles se nourrissent également des sachets en plastique et de papier journal. Des tas d'ordures et d'immondices ornent ce paysage pour le rendre encore plus hideux. Les habitants du bidonville de Reheli, ont tenté, à maintes reprises de rencontrer le wali, en guise de réponse ils ont eu droit à une opération de recensement qui mettra, peut-être, fin à leur calvaire qui dure depuis des décennies. En attendant, ils continuent de subir les affres d'une misère sans nom, à 20 km du cœur de la capitale.
Ben-Aknoun, El Biar, Hydra rattrapés par les gourbis...
Même les quartiers les plus chics abritent des bidonvilles, pratiquement aucun quartier algérois n'a été épargné à des degrés divers. Difficile parfois d'imaginer que l'on se trouve à Alger, même dans les quartiers supposée les plus huppés de la capitale en découvrant leurs secondes faces. On est surpris en laissant derrière soi les villas cossues de découvrir à quelques mètres des taudis à Hydra, El Biar ou à El Mouradia. Occupant ces baraques de fortune depuis des années, des familles vivent dans des conditions pénibles. Insalubrité des lieux, manque de commodités, d'assainissement et d'électricité, tel est le lot quotidien d'une centaine de familles qui occupent lesdits gourbis. Ces derniers sont généralement construits en parpaing, en tôle et même en brique. Des égouts à ciel ouvert empestent l'atmosphère et risquent d'avoir de graves répercussions sur la santé publique, notamment en cette période de grandes chaleurs.
Îlot de désespoir au cœur des jardins cossus
La misère se dissimule même au cœur des communes les plus riches de la capitale. À l'exemple d'un petit îlot de désespoir situé à la croisée de trois quartiers... Hydra, El Mouradia, El Biar, en contre-bas de l'une des plus importantes ambassades étrangères en Algérie, celle des USA et juste au dessus de celle d'Afrique du Sud. Ce bidonville «existe depuis déjà plus de 25 ans», nous affirment ses habitants. Le quartier commence même à voir des maisons en dur, mais toujours dans un cadre informel. Ces familles vivent dans une misère totale et manquent des moindres commodités de vie, mais surtout avec la crainte de voir la démolition de leurs maisons. En effet cette opération a été décidée, selon un habitant, «depuis des mois mais elle n'a pas été appliquée, vu que des personnes «haut placées» habiteraient ces lieux». Certains habitants de ce quartier ont pris le risque de construire des maisons même s'ils savent que c'est illégal n'ayant aucun acte de propriété de terrain ou de permis de construire. «Moi je suis né ici et j'y ai vu naître mes enfants, donc c'est mon droit d'avoir une maison décente», nous dira un père de famille qui a érigé une «petite villa», «je sais que je n'ai pas de papiers. Si l'Etat veut me faire quitter ma maison, il n'a qu'à m'assurer, ainsi que pour ces milliers de personnes, des logements décents qui préserveront notre dignité de citoyens», ajoute-t-il. «Comme dans tous les autres bidonvilles, il y a aussi des opportunistes qui sont là juste pour doubler ou tripler le bénéfice d'un logement», nous affirme le président du comité de quartier.
Les négociants de la détresse humaine
Dans ces bidonvilles où l'on retrouve des familles dans le besoin et qui ne sont là que par malchance, on trouve aussi d'autres personnes qui font de bonnes affaires. En installant leurs habitations précaires, insalubres et non réglementaires, certaines familles ont pour objectif de bénéficier d'un nouveau logement dans le cadre de la lutte contre les bidonvilles lancée par les autorités du pays. Une stratégie adoptée par plusieurs milliers de familles qui, pour beaucoup d'entre elles, sont arrivées à leurs fins en bénéficiant de leur maison de rêve. Il est important de signaler que cette vague d'installation de baraques dans la capitale est devenue en quelque sorte un nouveau commerce pour certains réseaux. Ces derniers ont su profiter de cette occasion pour vendre à des prix très intéressants des milliers de baraques à Alger. Ces baraques sont cédées à partir de 180.000 DA à Saoula, jusqu'à 800.000 DA à Jazira, elles peuvent être également louées à partir de 5.000 DA : le marché immobilier des bidonvilles est en plein boom. Des citadins ont acheté des baraques, indifférents aux rats, aux oueds puants et aux murs humides. Victimes bercées par l'espoir de décrocher un logement ou profiteurs surfant sur les défaillances de la politique de l'habitat. Une situation désolante «Je connais plusieurs personnes qui habitent ici avec moi dans ce bidonvilles, mais qui ont des logements et même des villas, mais ils sont toujours là pour faire de nos malheurs leur bonheur à eux», nous affirme Mourad cadre dans une société privée, né dans un bidonville à Ben Aknoun.
Le marché de la baraque en plein essor
Les samsar (courtiers) connaissent bien leur business. Celui d'un agent immobilier un peu particulier. Ses zones : les labyrinthes de gourbis de tôle et de parpaings où circulent rats, petits oueds d'eaux usées et odeurs nauséabondes. A des prix considérables, sans aucune assurance si ce n'est celle d'acheter un bien construit illicitement dans un environnement des plus insalubres. Aujourd'hui, les clients les plus demandeurs seraient, d'après M. Décrat, président du comité de quarter (bidonville), les nouveaux couples mariés. Ici on propose ces toits de fortune avec espace réservé à la voiture et jardin à des sommes considérables, de 200.000 DA jusqu'à 1 million de dinars, avec promesse d'un logement social, puisqu'il le courtier se chargera personnellement de les inscrire sur les listes des APC. En effet, certaines familles n'hésitent pas à passer quelque temps dans ces maisons, le temps de bénéficier d'un logement social. Nous avons rencontré plusieurs couples vivant avec leur enfants ces bidonvilles de la capitale. «je suis venu ici avec ma femme et maintenant j'ai deux enfants que j'espère voir grandir ici parce que la vérité ; là on est au coeur de la capitale mais en même temps, les charges nous reviennent beaucoup moins cher ici et cela parce que nous n'avons ni moyer ni électricité à payer», nous confie- t-il. À Saoula (près de Birkhadem), un résidant dénonce un nouveau phénomène : «Quand on leur octroie des logements sociaux, les locataires les revendent pour revenir dans leurs taudis pour bénéficier d'un autre logement» A ce sujet, le wali d'Alger, avait annoncé que si un nouveau locataire s'introduit dans un bidonville sans avoir été enregistré lors du dernier recensement, c'est tous les locataires du site qui seront exclus du logement social. Néanmoins, l'aspect miséreux de ces habitations, n'empêche pas la présence sur les lieux, de grosses voitures et d'assiettes paraboliques qui émergent des taudis. Ce contraste soutient la thèse de ceux qui disent que certaines familles ont vendu leurs logements et sont revenues dans les bidonvilles, afin de bénéficier de nouveaux toits lors de la distribution d'autres quotas.
Alger «ville sans bidonville» dans 5 ans ?
L'année 2014 est la date fixée par la wilaya d'Alger pour l'éradication de ces baraques. En effet, les services de la wilaya d'Alger comptent, à travers ce riche et prometteur plan (inscrit dans le Plan quinquennal), non seulement d'éradiquer ces baraques mais surtout interdire l'implantation de nouvelles, à l'avenir. Il est bon de noter que les autorités algériennes vont réaliser un quota d'un million de logements pour l'ensemble des wilayas du pays. Une partie de ces logements est destinée aux familles occupant des habitations précaires. Ces baraques, qui ont poussé comme des champignons ces dernières années (et continuent de proliférer) à travers la wilaya d'Alger, seront donc définitivement éradiquées d'ici à 5 ans au plus tard, du moins selon les différentes déclaration du wali d'Alger lors de différentes occasions.
L'urbanisation rapide de l'Algérie, (61,5 % d'urbains en 2005 contre 31 % en 1966), couplée à l'absence d'une politique de la ville, durant ces trente dernières années, a favorisé le développement de l'habitat non réglementaire ou «gourbisation». À l'origine, le gourbi était la petite maison sommaire des campagnes algériennes, presque une cabane ; par extension ce terme désigne aujourd'hui les bidonvilles du pays. Alger à elle seule compte entre 3 et 4 millions d'habitants dont une large partie s'entasse dans les taudis du centre-ville. Mais les bidonvilles s'étendent aussi de plus en plus loin à la périphérie de la ville, au point d'empiéter sur les terres agricoles. Plus de 50.000 baraques sont recensées, dans leur grande majorité, dans la banlieue d'Alger, mais également dans le chef-lieu de wilaya, à l'image du centre de transit Zaâtcha, situé dans la commune de Sidi M'hamed, El Biar, Ben Aknoun, Hydra et El Mouradia…
Baraquements de tous les dangers
Ces constructions illicites ceinturent littéralement Alger, puisqu'elles sont enregistrées tant à l'Est, à l'Ouest, au Sud qu'au Centre. Ces baraques contiennent accueillent des centaines de milliers d'âmes qui attendent la solution à leur précarité. Dans les bidonvilles où règnent la promiscuité, l'insalubrité et divers maux inavoués, on serait tenté de croire que seuls des clochards ou des parias peuvent habiter entre ces planches et ces tôles ; mais la réalité est tout autre, et il est grand temps de dépasser ces préjugés : dans ces bidonvilles, il y a des hommes, des femmes et des enfants, que la vie n'a pas gâté. Il faut comprendre que c'est, souvent, la seule nécessité qui a poussé la plupart de ces familles à se réfugier dans ces conditions de vie inhumaines. Il y a bien sûr les autres : les profiteurs de la misère d'autrui ou ceux qui espèrent béneficier d'un appartement, pour pouvoir le revendre, mais là est un autre sujet. Beaucoup de familles algéroises, après avoir longtemps lutté, n'ont pas eu d'autre choix que le recours à ces habitations, précaires.
Les oubliés de la vie !
Face au chômage dans les campagnes et l'insécurité qui y a longtemps régnée, la capitale s'est rapidement transformée en véritable «eldorado» pour beaucoup de familles ayant quitté leur région, fuyant les groupes armés durant la décennie noire. Ces familles ont été contraintes de construire des refuges de fortune dans la banlieue d'Alger, et ont été rapidement rejointes par cousins, oncles et autres, des mariages ont été célébrés, des naissances fêtées, aujourd'hui et en dehors des leurs conditions de vie précaires, ces familles ont leurs repères dans la capitale et il est pratiquement impossible de leur demander de retourner chez eux. Cette situation a occasionné de très graves répercussions négatives sur l'esthétique de la ville.
«Celeste et Beaucheraye ont vu naître plusieurs générations
Les centres de transit «Céleste» de Béni Messous et «Beaucheraye» à Oued Koriche abritent plus de 1.300 familles et sont classés parmi les plus anciens bidonvilles dAlger. «Céleste» au non si poétique abrite, aujourd'hui, près de 1000 baraques pour plus de 5.000 personnes, alors qu'il y a dix ans, leur nombre était à un peu plus de 2.000. Si les autorités aommunales étaient intervenus au moment opportun, la situation aurait pu être maitrisée et ce site aurait était éradiqué de la commune de Béni Messous. Mais, faute de réactions (pour diverses raisons), la situation est alarmante aujourd'hui. Il est bon de rappeler que cela fait déjà plus de quarante ans que ce bidonville est implanté à Béni Messous, faisant de lui l'un des plus anciens centres de transit dans la ville d'Alger. Aujourd'hui, selon la wilaya d'Alger, il est urgent d'éradiquer ce lieu honteux. Tout comme Céleste, le centre de transit de la Beaucheraye situé à Oued Koriche est l'un des plus anciens sites bidonvilles de la capitale,puisque cela fait déjà plus de 50 ans qu'il existe. Aujourd'hui, ce lieu abrite plus de 300 familles vivant dans des conditions déplorables. Depuis 1958, ces familles ne cessent de lancer des appel de détresse aux responsables. Leur appel sera peut-être enfin entendu dans le cadre du programme d'éradication des sites de bidonvilles de l'Algérois.
Projet d'éradication, mais...
La wilaya d'Alger a initié un vaste projet pour l'éradication de ces sites de la honte, mais a-t-elle les moyens de sa politique, quand on sait que chaque jour des dizaines de familles algéroises viennent augmenter le nombre des sans-abri. En attendant, ces familles continuent leurs actions dans l'espoir de sensibiliser les autorités sur leur situation. Des centaines de familles ont d'ailleurs reçu des promesses de la part de trois ex-P/APC, qui leur avaient tous, promis un relogement rapide dans des logements sociaux à Aïn Bénian, mais aucune de ces promesses n'a été concrétisée.
Pusieurs sit-in ont été organisés par l'association «La Beaucheraye» devant le siège de l'APC de Oued Koriche, afin de réclamer le respect des promesses faites par les ex-maires de cette municipalité, mais jusqu'ici aucun écho !.
Reheli, un site cauchemardesque, où prime la misère
À Reheli, Semmar, on a l'impression de se trouver dans un quartier de Bombay, pourtant nous sommes bel et bien à la périphérie d'Alger. La vue de cet immense bidonville agresse le regard. Des milliers de baraques construites en zinc, plaques métalliques, de planches en bois, débris en plastique et autres matériaux de récupération occupent, sur plusieurs kilomètres, le bord de la voie ferrée reliant Alger à Blida. Ce paysage, coupé en deux par le fameux Oued El-Harrach, est tout simplement cauchemardesque. Collées les unes aux autres, comme pour témoigner de la solidarité des habitants de ce quartier, certaines de ces supposées habitations sont occupées, en plus des humains, par des chèvres et des moutons qui broutent les quelques herbes aux abords des ruelles étroites et tortueuses de Reheli. Quand l'été dessèche toutes les végétations, ces bêtes, se rabattent sur les détritus divers qui jalonnent les alentours. Elles se nourrissent également des sachets en plastique et de papier journal. Des tas d'ordures et d'immondices ornent ce paysage pour le rendre encore plus hideux. Les habitants du bidonville de Reheli, ont tenté, à maintes reprises de rencontrer le wali, en guise de réponse ils ont eu droit à une opération de recensement qui mettra, peut-être, fin à leur calvaire qui dure depuis des décennies. En attendant, ils continuent de subir les affres d'une misère sans nom, à 20 km du cœur de la capitale.
Ben-Aknoun, El Biar, Hydra rattrapés par les gourbis...
Même les quartiers les plus chics abritent des bidonvilles, pratiquement aucun quartier algérois n'a été épargné à des degrés divers. Difficile parfois d'imaginer que l'on se trouve à Alger, même dans les quartiers supposée les plus huppés de la capitale en découvrant leurs secondes faces. On est surpris en laissant derrière soi les villas cossues de découvrir à quelques mètres des taudis à Hydra, El Biar ou à El Mouradia. Occupant ces baraques de fortune depuis des années, des familles vivent dans des conditions pénibles. Insalubrité des lieux, manque de commodités, d'assainissement et d'électricité, tel est le lot quotidien d'une centaine de familles qui occupent lesdits gourbis. Ces derniers sont généralement construits en parpaing, en tôle et même en brique. Des égouts à ciel ouvert empestent l'atmosphère et risquent d'avoir de graves répercussions sur la santé publique, notamment en cette période de grandes chaleurs.
Îlot de désespoir au cœur des jardins cossus
La misère se dissimule même au cœur des communes les plus riches de la capitale. À l'exemple d'un petit îlot de désespoir situé à la croisée de trois quartiers... Hydra, El Mouradia, El Biar, en contre-bas de l'une des plus importantes ambassades étrangères en Algérie, celle des USA et juste au dessus de celle d'Afrique du Sud. Ce bidonville «existe depuis déjà plus de 25 ans», nous affirment ses habitants. Le quartier commence même à voir des maisons en dur, mais toujours dans un cadre informel. Ces familles vivent dans une misère totale et manquent des moindres commodités de vie, mais surtout avec la crainte de voir la démolition de leurs maisons. En effet cette opération a été décidée, selon un habitant, «depuis des mois mais elle n'a pas été appliquée, vu que des personnes «haut placées» habiteraient ces lieux». Certains habitants de ce quartier ont pris le risque de construire des maisons même s'ils savent que c'est illégal n'ayant aucun acte de propriété de terrain ou de permis de construire. «Moi je suis né ici et j'y ai vu naître mes enfants, donc c'est mon droit d'avoir une maison décente», nous dira un père de famille qui a érigé une «petite villa», «je sais que je n'ai pas de papiers. Si l'Etat veut me faire quitter ma maison, il n'a qu'à m'assurer, ainsi que pour ces milliers de personnes, des logements décents qui préserveront notre dignité de citoyens», ajoute-t-il. «Comme dans tous les autres bidonvilles, il y a aussi des opportunistes qui sont là juste pour doubler ou tripler le bénéfice d'un logement», nous affirme le président du comité de quartier.
Les négociants de la détresse humaine
Dans ces bidonvilles où l'on retrouve des familles dans le besoin et qui ne sont là que par malchance, on trouve aussi d'autres personnes qui font de bonnes affaires. En installant leurs habitations précaires, insalubres et non réglementaires, certaines familles ont pour objectif de bénéficier d'un nouveau logement dans le cadre de la lutte contre les bidonvilles lancée par les autorités du pays. Une stratégie adoptée par plusieurs milliers de familles qui, pour beaucoup d'entre elles, sont arrivées à leurs fins en bénéficiant de leur maison de rêve. Il est important de signaler que cette vague d'installation de baraques dans la capitale est devenue en quelque sorte un nouveau commerce pour certains réseaux. Ces derniers ont su profiter de cette occasion pour vendre à des prix très intéressants des milliers de baraques à Alger. Ces baraques sont cédées à partir de 180.000 DA à Saoula, jusqu'à 800.000 DA à Jazira, elles peuvent être également louées à partir de 5.000 DA : le marché immobilier des bidonvilles est en plein boom. Des citadins ont acheté des baraques, indifférents aux rats, aux oueds puants et aux murs humides. Victimes bercées par l'espoir de décrocher un logement ou profiteurs surfant sur les défaillances de la politique de l'habitat. Une situation désolante «Je connais plusieurs personnes qui habitent ici avec moi dans ce bidonvilles, mais qui ont des logements et même des villas, mais ils sont toujours là pour faire de nos malheurs leur bonheur à eux», nous affirme Mourad cadre dans une société privée, né dans un bidonville à Ben Aknoun.
Le marché de la baraque en plein essor
Les samsar (courtiers) connaissent bien leur business. Celui d'un agent immobilier un peu particulier. Ses zones : les labyrinthes de gourbis de tôle et de parpaings où circulent rats, petits oueds d'eaux usées et odeurs nauséabondes. A des prix considérables, sans aucune assurance si ce n'est celle d'acheter un bien construit illicitement dans un environnement des plus insalubres. Aujourd'hui, les clients les plus demandeurs seraient, d'après M. Décrat, président du comité de quarter (bidonville), les nouveaux couples mariés. Ici on propose ces toits de fortune avec espace réservé à la voiture et jardin à des sommes considérables, de 200.000 DA jusqu'à 1 million de dinars, avec promesse d'un logement social, puisqu'il le courtier se chargera personnellement de les inscrire sur les listes des APC. En effet, certaines familles n'hésitent pas à passer quelque temps dans ces maisons, le temps de bénéficier d'un logement social. Nous avons rencontré plusieurs couples vivant avec leur enfants ces bidonvilles de la capitale. «je suis venu ici avec ma femme et maintenant j'ai deux enfants que j'espère voir grandir ici parce que la vérité ; là on est au coeur de la capitale mais en même temps, les charges nous reviennent beaucoup moins cher ici et cela parce que nous n'avons ni moyer ni électricité à payer», nous confie- t-il. À Saoula (près de Birkhadem), un résidant dénonce un nouveau phénomène : «Quand on leur octroie des logements sociaux, les locataires les revendent pour revenir dans leurs taudis pour bénéficier d'un autre logement» A ce sujet, le wali d'Alger, avait annoncé que si un nouveau locataire s'introduit dans un bidonville sans avoir été enregistré lors du dernier recensement, c'est tous les locataires du site qui seront exclus du logement social. Néanmoins, l'aspect miséreux de ces habitations, n'empêche pas la présence sur les lieux, de grosses voitures et d'assiettes paraboliques qui émergent des taudis. Ce contraste soutient la thèse de ceux qui disent que certaines familles ont vendu leurs logements et sont revenues dans les bidonvilles, afin de bénéficier de nouveaux toits lors de la distribution d'autres quotas.
Alger «ville sans bidonville» dans 5 ans ?
L'année 2014 est la date fixée par la wilaya d'Alger pour l'éradication de ces baraques. En effet, les services de la wilaya d'Alger comptent, à travers ce riche et prometteur plan (inscrit dans le Plan quinquennal), non seulement d'éradiquer ces baraques mais surtout interdire l'implantation de nouvelles, à l'avenir. Il est bon de noter que les autorités algériennes vont réaliser un quota d'un million de logements pour l'ensemble des wilayas du pays. Une partie de ces logements est destinée aux familles occupant des habitations précaires. Ces baraques, qui ont poussé comme des champignons ces dernières années (et continuent de proliférer) à travers la wilaya d'Alger, seront donc définitivement éradiquées d'ici à 5 ans au plus tard, du moins selon les différentes déclaration du wali d'Alger lors de différentes occasions.


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