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« Comment l'argent du peuple est détourné »
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 10 - 02 - 2010


Envoyé le 10/02/2010 à 20 h 02 min
Par Mourad Belaidi (journaliste)
Sonatrach incarne la dernière présence algérienne dans le Sahara.
Quelque contrôlée que soit cette société, son personnel algérien constitue
un témoin gênant contre les spoliations à grande échelle qui s'y
déroulent. Un témoin dont les irigeants algériens n'ont eu de cesse de vouloir
se débarrasser. En plaçant un malade en phase terminale de cancer comme
PDG de Sonatrach, le ministre de l'Energie et des mines Chakib Khelil
garde la mainmise sur cette société, vouée selon lui à la privatisation,
et préside à son démembrement. Tandis qu'il prépare les textes et
travaille au corps l'APN pour faire adopter une loi sur les hydrocarbures,
Nouredine Boukrouh, ministre de la Participation et de la coordination
des réformes, assure la pédagogie du dossier : « Les Algériens, dit-il,
interprètent mal la notion de privatisation et croient qu'elle est le
contraire de la nationalisation. Il faut la démystifier et la
désacraliser. Ce n'est qu'une modalité et non un idéal. Il faut également bannir
les attitudes frileuses et éviter les prismes idéologiques. [.] La
privatisation est la seule voie possible. L'Etat ne peut plus supporter les
lourdes charges liées à l'assainissement des entreprises déficitaires
[24] ». Cette société qui doit dégager des bénéfices colossaux serait
donc simplement. déficitaire. Mais, à y regarder de près, on constate
que le « déficit » de Sonatrach est inscrit dans le cahier des charges de
ses dirigeants, qui s'évertuent à la ruiner, au bénéfice de sociétés
privées, telle Brown Root&Condor (BRC, filiale du groupe Haliburton,
anciennement dirigé par Dick Cheyney), qui croule sous les contrats
tous plus douteux les uns que les autres, après avoir « fait faillite à
travers plusieurs pays. Elle s'est installée [.]avec la bénédiction de
Chakib Khelil, qui lui a offert le premier contrat, avec une
participation de Sonatrach à 50 %, pour financer un projet de construction de
logements Cnep qui n'a pas jusqu'à aujourd'hui vu le jour. » Parmi les
innombrables arnaques où la Sonatrach est chargée en bout de course de
régler la facture, celle de « deux tourelles construites par l'entrepreneur
Chabani, ami de Belkheir en difficulté de paiement, [qui] a offert de
les vendre. » Des opérateurs, telle la CAAR à 250 milliards de centimes,
ont refusé le prix fixé par Chabani ; elles seront finalement acquises
le double par Sonatrach, transaction opérée avec Chakib Khelil, dans
l'illégalité la plus absolue. « Achetées en l'état à 420 000 DA le m2,
elles nécessiteront 320 000 DA le m2 pour leur finition (contrat confié à
BRC, évidemment), pour un coût total de 740 000 DA le m2, soit plus de
dix fois le prix réel. [25] »
« BRC a pu intervenir sur le projet d'Aïn-Oussera puis à construire,
pour le ministère de la Défense, deux hôpitaux militaires à Oran et à
Constantine, ainsi que deux ensembles sportifs et des logements. » C'est
aussi BRC qui réalise l'extension de la piste de l'aéroport de
Tamanrasset pour permettre l'atterrissage de gros porteurs américains [26] .
Spécialisée dans l'engineering, BRC est rapidement devenue en Algérie une
société qui fait tout : pétrole, béton, transport aérien, services. Et
si BRC peut saigner à ce point la Sonatrach, c'est qu'elle sait
redistribuer ses prébendes : « BRC, c'est une poule aux oufs d'or autour de
laquelle tourne beaucoup de monde : les amis de Chakib Khelil, bien sûr,
le clan du président [Bouteflika], évidemment, mais aussi une société
aérienne privée [Aigle Azur], des dirigeants de l'UGTA, d'honorables
responsables militaires, des pontes du FLN, le fils de Zerhouni, des
ministres. [.] Moumène Ould-Kaddour [patron de BRC] mène une vie de Pacha,
[.] et passe ses soirées et ses week-ends au Sheraton [.], en famille
avec Chakib Khelil et Réda Hemche », directeur de la cellule sponsoring
de Sonatrach et consultant à la BRC. Les factures du Sheraton seraient
effrayantes, « mais c'est Sonatrach qui paye [27] ».
Le budget sponsoring de Sonatrach est colossal. S'il sert pour
l'essentiel à payer les factures laissées par les ministres dans les hôtels de
luxe parisiens, à seconder le groupe Khalifa pour arroser les médias
français et le monde du show-business dans le cadre de l'Année de
l'Algérie en France, etc., les journaux algériens ne sont pas délaissés. Et
lorsque Sonatrach y achète à répétition des doubles pages [28] , c'est
pour vanter les mérites. de la loi sur les hydrocarbures ! Les arguments
de Chakib Khelil sont entendus : « préserver l'intérêt de la nation
[29] », jurera-t-il : « Le seul objectif sera de créer de la richesse
pour la collectivité nationale dont l'Etat est l'émanation, et il n'est
question ni de privatisation, ni de restructuration, ni de démembrement
de Sonatrach dans la nouvelle loi des hydrocarbures. Non seulement les
acquis des travailleurs seront maintenus, mais nous travaillons toujours
à améliorer leurs conditions de travail et à créer de nouveaux postes
de travail. Je demande à tous les travailleurs, chacun à son poste, de
redoubler d'effort et de m'aider à atteindre cet objectif pour le
bien-être de tous les citoyens de notre cher pays. » En guise de bien-être,
il y a, selon Inès Chahinez, celui de « Chakib Khelil et Réda Hemche par
exemple, [occupés à] dilapider 10 milliards par mois en pots-de-vin
politiques ; ou, plus grossier mais plus gracieux, comme Khalida Toumi qui
distribue individuellement aux artistes des chèques de 500 000 dinars »
pour en faire des VRP de Bouteflika.
Les arguments faussement « nationalistes » de Chakib Khelil ne bernent
personne, pas même Abdelmadjid Sidi-Saïd, le chef de l'UGTA, qui,
devant l'énormité du sacrifice à bénir, se braque en déclarant que « la
démarche entreprise par les autorités du pays, afin de confier la gestion
du secteur des hydrocarbures aux multinationales étrangères, est dictée
exclusivement de l'étranger ». Il décrit « la tentative de vendre les
richesses pétrolières du pays comme un acte de haute trahison envers la
nation » et affirme que « si nous sommes dans cette situation, c'est
parce que nos gouvernants son vendus [30] ». Démagogie ? Lors de son
passage à Alger, fin 2002, le Secrétaire d'Etat américain au Commerce,
Marc Bodman s'est autorisé de dire : « Il faut que cette loi [sur les
hydrocarbures] soit adoptée ». Face à la fronde, Chakib Khelil fait mine de
renoncer au projet, pour mieux revenir à la charge en septembre 2004,
une fois Bouteflika réélu, et constater « qu'il n'est pas normal, du
point de vue économique, de continuer d'obliger le groupe Sonatrach à
s'occuper de projets qu'il estime non rentables comme le transport par
canalisations. [31] » On voit mal ce qui, « du point de vue économique »,
peut pousser des investisseurs privés à reprendre à la Sonatrach ces
projets « non rentables », sinon pour ôter aux Algériens tout moyen de
contrôle sur les volumes « transportés ». Bref, que cela passe par la
cannibalisation du marché de l'importation, par le pillage des banques,
par l'accaparement de la rente pétrolière, par la spoliation des domaines
publics, par la dilapidation des biens et des entreprises publiques ou
par quelque activité lucrative que ce soit, seule la loi du milieu
compte et les bénéficiaires se recensent parmi un noyau dur aux effectifs
réduits : Larbi Belkheir, Toufik Mediene Smaïn Lamari, disposant d'un
vivier inépuisable de prête-noms, secondés par des hommes dénués de
scrupules, qu'ils aient pour nom Bouteflika, Khelil, Benachenhou, Ouyahia,
Barkat, Temmar, Zerhouni, Tounsi, ou autre, pour concrétiser sous
couvert des institutions les pires prédations.
Tels sont les principaux « partenaires » algériens du « partenariat
d'exception » que projette Jacques Chirac avec l'Algérie. Un partenariat
avec la micro-colonie du Club des pins, un Etat malfaisant, qui livre
son pays au dépeçage foncier, financier, social, économique, culturel.
Car, les 30 millions d'Algériens ne sont évoqués dans les discussions
bilatérales que pour trouver les moyens de les empêcher de grossir les
rangs des « clandestins » en France, et pour ceux qui y sont déjà, de les
renvoyer en Algérie sans créer de vagues. Pour ceux-là, le partenariat
d'exception s'apparente à celui du racketteur avec des rackettés : ou
ils se taisent et meurent en silence, ou ce sera encore pire pour eux
[32] , les recours auprès de qui ils peuvent se tourner étant eux-mêmes
receleurs du racket, une bonne part de la manne détournée alimentant les
alliés étrangers de ce dépeçage méthodique, des personnalités
politiques, médiatiques, diplomatiques, du monde financier, policier,
d'institutions internationales, etc. Nous l'avons vu, si la caution judiciaire
est souhaitable pour cette rapine, elle n'est pas une nécessité absolue :
un simple barbelé et des gendarmes suffisent à tenir en respect les
paysans spoliés sur le littoral algérois. Le Sahara présente quant à lui
un double inconvénient. Le rapt des ressources naturelles exige un cadre
législatif explicite et cette vaste étendue est difficile à contrôler
Le ministre des Finances Abdelatif Benachenhou et celui de l'Energie et
des mines Chakib Khelil s'emploient à faire adopter (au nom des
Algériens) les lois qui font perdre aux Algériens la souveraineté sur le
Sahara. Quant à la sécurisation de ce territoire, qui de mieux alors pour y
veiller que le gendarme du monde par excellence : les Etats-Unis
d'Amérique ?
[16] Le méga-groupe de sidérurgie d'El-Hadjar, après avoir été acheté
pour une bouchée de pain au groupe indien Ispat, a retrouvé une santé
et un dynamisme spectaculaires en continuant à fonctionner avec le même
personnel. Seule mesure d'importance prise par les dirigeants indiens :
interdire l'absentéisme. Sa production contrariant les circuits
d'importation de de métaux « irradiés » d'Ukraine, contrôlés par « deux
généraux en retraite », l'usine a été entravée durant l'an 2001 par. une
pénurie d'électricité. El-Watan, 5 juillet 2003.
17]. Journal de 20 heures, David Pujadas, France 2, 12 juillet 2004.
[18] El-Watan, 12 juin 2004. Voir aussi notamment Algeria Interface, 29
novembre 2002.
[19] Le Matin, 23 janvier, 5 février 2003.
[20] C'est de la sorte que les premiers colons ont acquis en 1832
leurs terres. « L'intendant Genty de Bussy “utilisa des biens sous
séquestre dont l'Etat n'avait pas la propriété”. [.] Sur le plan
administratif, Clauzel favorise l'acquisition des terres à grande échelle par des
Européens. “On profitait de ce que les conceptions juridiques des
acheteurs et des vendeurs étaient dissemblables, voire inconciliables : on
confondait astucieusement propriété et usufruit, et cela particulièrement
[pour] les biens des communautés religieuses, et par définition
inaliénables. Il se créa une véritable mafia, des “bandes noires” qui
organisaient la spoliation. On voyait un membre du tribunal correctionnel
substituer dans la traduction d'un acte le mot “vente” au mot “loyer” :
ainsi, le vendeur touchait-il pour prix total de la transaction ce qu'il
croyait n'être que le premier terme du loyer ». François Maspero,
L'Honneur de Saint-Arnaud, Seuil, coll. « Points », Paris, 1995, p. 86.
[21] Le Matin, 5 février, 24 septembre 2003.
[22] El-Khabar, 10 août 2003 ; Le Matin, 11 août 2003.
[23] Le Jeune indépendant, 4 novembre 2002.
[24] Le Soir d'Algérie, 6 juin 2001 et 25 août 2001.
[25] 7400 euros le m2. Le Matin, 7 août, 11 août, 13 août 2003.
[26] Le Point, cité par François-Xavier Verschave, Billets d'Afrique et
d'ailleurs, n° 126 – juin 2004.
[27] Le Matin, 10 août 2003.
[28] Le Matin, 11 octobre 2001, 14 octobre 2004.
[29] Chakib Khelil, Le Matin, 11 octobre, 14 octobre 2001.
[30] Le Matin, 19 mai 2003.
[31] La Tribune, 6 septembre 2004
[32] « Les Algériens sont des citoyens gâtés », dira notamment le ministre des Finances
Abdelatif Benachenhou, en septembre 2004. El-Watan, 29 septembre 2004.


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