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« C'est par la vérité qu'on apprend à connaître les hommes et non par les hommes qu'on connait la vérité » (Emir Abdelkader El Djazaïri)
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 23 - 08 - 2010


REPONSES AU GENERAL MAJOR HOCINE BENMAÂLEM
Restituons fidèlement l'histoire
Par Ali Mebroukine (*), Le Soir d'Algérie, 23 août 2010
Dans un entretien accordé au Quotidien El Watan du jeudi 19 août 2010, l'ex-général major Hocine Benmâalem, qui fut le secrétaire particulier du colonel Amirouche, donne sa version de la Bleuite, émet quelques hypothèses sur les circonstances de la mort de l'ancien chef de la Wilaya III, étrille le colonel Ali Kafi et soutient que la séquestration des ossements des colonels Amirouche et Si Haouès avait été ordonnée par le président Houari Boumediène. Reprenons chacun de ces quatre éléments.
Sur la Bleuite
Que les conditions de vie dans les maquis de la Wilaya III où l'ex-général major n'a passé qu'une partie de sa période de mobilisation, aient été rudes, implacables, personne ne le nie. Que l'historien doive en tirer argument pour sous-estimer l'ampleur des purges ordonnées (quelque 3 000 moudjahidine en firent les frais) n'est pas acceptable. On peut, à la rigueur, mettre sur le compte de bavures, faute d'expérience et d'informations corroborées les premiers actes de violence commis à l'égard de recrues ayant rallié dans des conditions floues les maquis de la Wilaya III. Et encore se pose toujours la question de savoir de quel crime étaientils coupables. Mais lorsque l'épuration prend la forme d'une organisation bureaucratique, rationnelle et hiérarchisée destinée à décapiter le fleuron de la Wilaya III, sans se préoccuper ni de la présomption d'innocence ni de l'existence de preuves, voire de simples présomptions, on ne peut plus parler ni d'erreurs ni de fautes commises de bonne foi. C'est trop facile. Certes, il y avait à la décharge du colonel Amirouche la circonstance que les services secrets français avaient ciblé la Wilaya III, concentrant sur elle l'essentiel de leurs moyens psychologiques, afin de pouvoir déstabiliser son commandement et de garantir l'efficacité de la stratégie de guerre conçue par le général Challe qui avait succédé au général Salan, en 1958 et reçu mandat du général de Gaulle de réduire à néant toute résistance de l'ALN dans les maquis de l'intérieur. Le général major Hocine Benmâalem soutient que «pendant la guerre, on gagne des batailles, on en perd d'autres, l'important c'est de gagner la guerre et nous l'avons gagnée». Non, mon général. Les purges pratiquées dans la Wilaya III ne sont pas assimilables à une bataille livrée à l'ennemi. C'est une bataille que des Algériens peu éclairés et circonvenus par les services secrets français (dont personne, à l'époque, n'avait cherché à mettre au jour les ignobles procédés) ont menée contre d'autres Algériens, recourant, pour ce faire, à la torture, à toutes sortes de traitements humiliants et dégradants ainsi qu'aux exécutions extrajudiciaires. Il a dû exister des agents doubles en Wilaya III, comme il en a existé en Wilaya IV (il s'agissait des deux wilayas les plus redoutées par l'armée coloniale) et ce phénomène est caractéristique de toutes les guerres. Mais rien qui ne justifiât des purges sanglantes et indiscriminées. Quant au colonel Amirouche, plutôt que de verser des larmes de chagrin devant l'hécatombe humaine qu'il avait lui-même ordonnée, que n'avait-il mis un terme au massacre (personne ne pouvait discuter ni ses ordres ni ses contre-ordres). Que n'avait-il adopté des sanctions, au besoin draconiennes, à l'encontre des suspects qui leur eussent au moins préservé la vie. Que n'avait-il instruit les membres des funestes commissions d'examen des cas litigieux de procéder à des investigations séreuses, de confronter les accusés à leurs délateurs, de permettre l'exercice des droits de la défense, perverties complètement au demeurant par de sinistres parodies de procès dans lesquelles les avocats commis d'office recommandaient l'application de la peine capitale contre leurs clients. Tout cela, le colonel Amirouche pouvait l'empêcher. Hélas, le sang d'innocents a coulé en pure perte. Et même si l'on devait concéder au colonel Amirouche le bénéfice de la bonne foi, le seul fait qu'il ait donné un chèque en blanc à des hommes comme Ahcène Mahiouz, vient démonter, a contrario, qu'il n'était pas le grand chef militaire, que même l'historiographie officielle accrédite et que sa manière de défausse sur des commissions d'examen dans lesquelles siégeaient de véritables criminels de guerre ne constitue guère pour lui un titre de gloire. Lorsque l'on apprend, par ailleurs, que le colonel Amirouche avait exprimé sa stupéfaction aux autres chefs de wilayate qu'il n'y eût pas d'agents doubles chez eux et les avait exhortés à redoubler de vigilance pour démasquer les traitres, on peut se demander, si à un moment ou à un autre, le patron de la Wilaya III n'a pas été atteint d'une psychose de persécution lui faisant voir des ennemis de l'Algérie à chaque recoin d'un bosquet. Le général Benmâalem déclare que les fautes commises l'ont été pour servir la révolution. Curieuse façon de servir la révolution que de chercher à éliminer ses meilleurs enfants. Du reste, que cela plaise ou non, le général Challe avait pris toute la mesure de la vulnérabilité croissante de la Wilaya III à travers les purges dont elle était le siège. Ce sont ces purges qui ont affaibli la Wilaya III et rendu possible le succès de l'ensemble des opérations militaires menées par le général Challe, au point où celui-ci avait demandé à être reçu par le général de Gaulle, fin 1959, pour lui faire admettre l'idée, mais en vain, il est vrai, qu'il existait désormais une solution militaire à l'ensemble du problème algérien. Par conséquent, à rebours de la thèse du général Benmâalem, la Wilaya III n'a ni gagné la bataille contre les services de l'action psychologique du capitaine Léger, supervisée par le redoutable colonel Godard, ni la guerre contre le général Challe qui avait éradiqué, après le succès de l'opération Jumelles, toute la résistance des wilayate de l'intérieur. L'Algérie a arraché son indépendance sur le plan politique, paradoxalement au moment où militairement toutes les wilayas étaient défaites, cependant que l'armée des frontières dirigée par un homme d'exception se structurait et se renforçait dans la perspective de l'indépendance. Il y a excès d'honneur à soutenir que l'Algérie a remporté une victoire militaire sur la France, mais il n'y a nul excès d'indignité à rappeler simplement les faits et à restituer les événements tragiques de cette période de notre histoire dans une trame objective et sereine.
Les circonstances de la mort du colonel Amirouche
A la suite de S. Sadi, de N. Aït Hamouda et de moi-même (j'avais évoqué ces circonstances avant le président du RCD et avant le fils du colonel Amirouche), le général major Benmâalem s'interroge, à son tour, sur le point de savoir si les colonels Amirouche et Si Haouès sont tombés sur leur chemin vers Tunis sur une patrouille de routine de l'armée française qui tenait fermement la zone adjacente au djebel Thameur ou si ce sont des éléments de l'ALN (mais lesquels ?) qui ont communiqué aux services français l'itinéraire des deux chefs militaires, ce qui donnait tout loisir à ceux-ci d'organiser une embuscade qui aurait mobilisé au minimum 2 000 hommes, selon les historiens. Le général major Benmâalem n'exclut a priori aucune hypothèse, mais renvoie avec un scrupule qui l'honore aux archives de la guerre de libération, aujourd'hui détenues en France mais auxquelles aucun historien (algérien, français ou autre) ne peut accéder, à cause de l'opposition, probablement fondée, du Service historique de l'Armée de terre (SHAT). Quoi qu'il en soit, le colonel Amirouche était plein de dépit à l'endroit du GPRA, incapable à ses yeux de pourvoir à l'acheminement des armes à partir des territoires frontaliers de l'est et de l'ouest. Pis, le colonel Amirouche reprochait au GPRA d'avoir décidé cyniquement d'abandonner à leur sort l'ensemble des wilayate de l'intérieur et de vouloir revigorer son action diplomatique internationale dans la perspective de négociations directes avec l'Etat français ; le GPRA escomptait ainsi en tirer de substantiels dividendes en se succédant à luimême dans une Algérie devenue indépendante. C'est au regard des griefs récurrents et violents que le colonel Amirouche (mais également les colonels Si Haouès, Si M'hamed et Hadj Lakhdar) adresse au GPRA (et non pas à l'état-major des frontières, qui n'existe pas à ce moment-là) qu'il est paradoxal d'entendre le Dr Sadi voler au secours du GPRA qu'il présente comme l'institution la plus légitime de la révolution. C'est bien pour présenter ses doléances au GPRA que le colonel Amirouche prend le chemin de Tunis. C'est bien de la politique du fait accompli, du statu quo et de l'abandon militaire des combattants de l'intérieur par le GPRA dont s'indigne le patron de la Wilaya III, cependant qu'il est plus que probable que certains membres du GPRA subodoraient (c'est une litote) que le colonel Amirouche ne parviendrait pas jusqu'à Tunis. Au sein du GPRA, il y avait nombre d'éléments qui appelaient de leurs vœux la disparition de toute trace de l'intérieur et entendaient lever l'hypothèque que constituaient les wilayate dans la course au pouvoir. En quoi une institution qui percevait avec une hantise non dissimulée la reviviscence, — pourtant illusoire —des wilayate de l'intérieur, au point de s'acharner à la détruire, pouvait être plus légitime que l'armée des frontières ? En tout cas, on ne peut sans incohérence défendre la mémoire du colonel Amirouche et porter au pinacle une institution qu'il avait combattue sans relâche. Il faut toujours prendre garde lorsque l'on entreprend de réécrire l'histoire de ne pas se tirer une balle dans le pied.
Sur le colonel Ali Kafi
En lisant les réponses du général Benmâalem sur les propos sarcastiques tenus par le colonel Kafi sur le colonel Amirouche (qui peut croire un instant qu'un brave comme Amirouche eût pu trembler dans sa djellaba devant qui que ce soit, tant cet homme ignorait le danger et ne redoutait pas la mort ?), il est heureux de voir à quel point l'ancien président du HCE est honni par la classe politique, y compris de la part de ses segments les plus neutres. Ses nombreux dérapages verbaux et ses écrits révisionnistes (dans lesquels transparaît une berbérophobie crasse) ne plaident guère en sa faveur. Après avoir voué aux gémonies le père fondateur de l'Etat algérien, Abane Ramdane, dont on ne peut pas dire qu'il fut son maître car Abane n'eût jamais accepté que l'ancien chef de la Wilaya II pût être son élève, le voici qui s'en prend, il y a quelques mois, au président H. Boumediène, le père de la nation algérienne indépendante. A quel titre, le colonel Kafi peut-il évaluer le bilan de H. Boumediène ? Positifs ou non, le colonel Kafi est bien le dernier à pouvoir s'autoriser une appréciation sur les états de service de celui qui voulait faire de l'Algérie le Japon de l'Afrique.
Sur la séquestration des ossements des colonels Amirouche et Si Haouès
Sans l'ombre d'une preuve, sans le moindre souci d'objectivité, le général major Hocine Benmâalem accuse le président Boumediène d'avoir ordonné la séquestration des ossements des deux colonels dans les sous-sols du MDN. Il est étrange que le GM Benmâalem n'ait pas cru utile de questionner à ce sujet le général major Mustapha Cheloufi. Ce grand commis de l'Etat qui a accompli un parcours sans faute à la tête de la Gendarmerie nationale, puis du MDN, enfin de la Commission de la défense nationale du Conseil de la Nation l'aurait assuré que le président Boumediène n'est absolument pour rien dans la séquestration des ossements des colonels Amirouche et Si Haouès. Il faut très mal connaître le président Boumediène pour l'imaginer capable d'une telle ignominie. Le président Boumediène n'avait strictement aucune idée de l'endroit où étaient enterrés les corps des deux valeureux colonels; il ne s'y était jamais intéressé. On peut sans doute le lui reprocher, comme on peut lui faire grief de ne pas avoir honoré la mémoire de ces deux héros. Mais, pour le président Boumediène, il n'y avait eu qu'un seul héros pendant la révolution, c'était le peuple algérien. C'est au nom de ce peuple qu'il a cherché à imposer un modèle de construction de l'Etat destiné à faire de la société algérienne une nation homogène et soudée, fière de sa résistance au colonialisme et se projetant avec assurance et confiance dans un futur chargé de défis. Il n'avait pas la prétention, à quelques encablures de l'indépendance, de la réconcilier avec l'histoire algérienne ramenée aux dimensions du mouvement national et de la guerre de Libération nationale, car cette histoire lui paraissait chargée de trop de tragédies personnelles, d'affrontements fratricides, de querelles de légitimité pour être exhumée sans bénéfice d'inventaire à une jeunesse en quête de repères pour l'avenir plus que d'une connaissance dépassionnée de sa propre histoire. Pour lui, le moment viendrait où les historiens retrouveraient leur juste place dans la restitution d'événements dont la signification et la portée restent à ce jour controversées. Le seul fait que 50 ans après l'indépendance, les autorités françaises n'aient toujours pas autorisé la déclassification des archives militaires sensibles montre à l'envi que le temps du politique n'est pas celui de l'historien. Tout vient à point à qui sait attendre et l'histoire est en train de s'écrire lentement mais sûrement, hélas au moment où l'immense majorité de nos jeunes ne s'intéressent ni au passé ni même au présent de leur pays, préférant porter un regard plein de fascination autant que d'illusion sur l'étranger lointain. Le général major Hocine Benmâalem qualifie le comportement de H. Boumediène d'inadmissible et avoue avoir été choqué lorsqu'il a appris la nouvelle de la séquestration des ossements des deux colonels. Qu'il sache que le président Boumediène, qu'il n'a pas eu le privilège de côtoyer ni de servir, était un grand homme d'Etat (peut-être trop grand pour le peuple algérien), incapable de bassesses et de mesquineries, s'agissant pour le surplus de valeureux combattants tombés au champ d'honneur ; à l'inverse, l'homme que lui, Hocine Benmâalem, a accompagné, 13 années durant, au plus haut niveau de l'Etat, a projeté le pays dans un puits sans fond où il se débat encore à ce jour. Grâce devrait être rendue à Dieu par l'un et par l'autre qu'il ne leur soit pas demandé de comptes sur la gestion chaotique du pays, une gestion que n'auraient certainement bénie ni le colonel Amirouche ni notre référence historique commune, Ramdane Abane.
A. M.
* Professeur d'université


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