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INTERDICTION DU LIVRE EGYPTIEN AU SILA. Mensonge et déraison
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 05 - 09 - 2010


Le Soir d'Algérie
05 septembre 2010
Les derniers développements dans la presse de l'interdiction du livre égyptien au prochain Sila indiquent clairement l'intention de ses organisateurs de se défausser sur des fantomatiques trublions du milieu littéraire algérois qui s'en prendraient personnellement au travail du commissaire Ameziane et de la ministre de la Culture Toumi (Cf. L'Expression, 1er septembre 2010). Il s'agit d'une affligeante fiction paranoïde, cousue de mensonge et de déraison : ceux qui contestent l'interdiction du livre égyptien au Sila, et plus généralement la censure exercée sur le livre dans cette manifestation internationale, ne sont familiers ni de la double casquette de M. Ameziane, commisaire du Sila et patron des éditions Casbah, ni de celle de la ministre Toumi, ni de la fétide mare littéraire algéroise où on veut les faire barboter et plonger. Ils le font au nom d'un principe : la liberté d'expression, de pensée, de création et de circulation des œuvres intellectuelles et littéraires en Algérie. Et cette liberté constitutionnelle a été suffisamment lardée de mauvais coups sous leur magistère.
Un épouvantail égyptien
L'interdiction par le commissaire Smaïl Ameziane du livre égyptien au prochain Sila a sans doute suscité dans la population algérienne et dans le champ culturel des positions contradictoires pour y revenir en toute responsabilité. M. Ameziane a d'emblée justifié cette mesure par une lecture populiste de la scène culturelle majeure du Sila, en liant la contribution de l'Egypte à cet événement littéraire international au refoulé d'une lointaine et persistante guerre du football (Cf. L'Expression, 9 août 2010). Tentera-t-il, en réponse à de nombreuses et unanimes condamnations et réprobations de sa décision, dans une reculade biaisée — chef-d'œuvre de cuistrerie — de recentrer cette interdiction en se prévalant, vers la fin du mois d'août, de l'expertise sécuritaire dans une déclaration au journal électronique Les Dernières nouvelles d'Algérie ? En vérité, M. Ameziane, même s'il a été expressément missionné par quelque cabinet officiel ou officieux sur la participation égyptienne au Sila, aura outrepassé ses fonctions de commissaire, en interdisant un pays étranger, car cette décision — qui excède le cadre de ses attributions — ne peut être formellement prise et communiquée que par le gouvernement, maître d'œuvre de la manifestation, à travers ses canaux diplomatiques. Ce qui ressort dans cette agitation estivale autour du livre égyptien, c'est cette évidente incohérence de la machine gouvernementale, malmenée par les humeurs d'un commis de l'Etat. Cependant, dans les espaces qu'elle s'assigne, l'interdiction du livre égyptien au Sila est plus une affaire algéroalgérienne qu'un contentieux algéro-égyptien qui n'existe pas. L'Algérie de la politique, des affaires et même du ballon n'a jamais cessé ses relations avec son partenaire égyptien dans les institutions de la Ligue arabe, de l'Union africaine, de l'Union pour la Méditerranée et surtout de la Confédération africaine de football où ses représentants mandatés — la Fédération algérienne de football et la Jeunesse sportive de Kabylie — ont fait valoir face à leurs homologues égyptiens – notamment les clubs d'El Ismaïly et d'Al Ahly — la juste appréciation des engagements internationaux du pays. Pourquoi M. Ameziane réchauffe-t-il l'épouvantail égyptien au Sila et pour quel dessein inavouable ?
Une perspective démagogique
M. le commissaire Ameziane épouse complaisamment sur l'Egypte le sentiment hostile de la majorité des Algériens. Oui, il n'est pas souhaitable que les Algériens oublient leur drapeau lacéré et brûlé dans les rues du Caire, leurs martyrs déterrés et leurs sépultures symboliquement profanées, le sens de leur combat anticolonial et leur honneur national injuriés. L'Algérie a gagné dans ces échauffourées immondes du football de novembre 2009 une sorte d'ennemi immémorial, qui jalonnera longtemps encore la marche de son histoire et l'affirmation de sa présence originale dans le monde. Il est curieux que cet ennemi devant lequel les Algériens restent unanimes dans leur indignation n'ait été suscité ni par les querelles humiliantes de la politique, les accrocs de l'économie et les prévarications de la culture, mais par le football. Ce roi-football qui, surmontant l'indigence et la faillite de la politique et de la culture nationales et de leurs hérauts délégitimés, révèle à la jeunesse algérienne la vertu de son nom et de son identité. En interdisant le livre égyptien, le commissaire du Sila apparaît — sans coup férir — comme le champion de cette furie guerrière contre l'Egypte, qui s'empare désormais des blogs et des sites sociaux algériens sur la toile. À lire ces ordres du jour de bloggeurs autant déterminés qu'inconscients, on se demande si l'Algérie n'est pas à la veille d'armer des divisions aériennes et terrestres et de cuirasser une flotte navale contre l'Egypte. Ces fanfaronnades absurdes d'internautes, sur le pied de guerre dans leur fauteuil, dont le seul risque connu est d'encourir une panne de courant ou une baisse de débit de connexion, est proprement donquichottesque. Imprévisible concession à cette vindicte populaire d'opérette, surnageant dans un Ramadan où les Algériens sont plus préoccupés par la cherté de la vie, M. Ameziane, sacrément boutefeu pour un agent gouvernemental, déplace ce champ de bataille algéro-égyptien virtuel au Sila. L'idée aurait été exceptionnellement payante s'il avait songé à accueillir sur le thème des événements de novembre 2009 une vraie confrontation d'idées entre intellectuels algériens et égyptiens. Plus précisément dans le cadre d'un salon littéraire international qui aurait prouvé au monde entier la disponibilité de l'intelligentsia algérienne à réinsérer et à expliquer la violence reçue et récurrente de l'Egypte dans l'histoire récente des deux pays. Dialogue cathartique et pédagogique. Après le mythique Oum Dourman qui résonne comme un terrain de combat et une victoire d'école, Algériens et Egyptiens ont continué et continuent à s'échanger des ballons dans des stades de football. Pourquoi ne seraientils pas à la hauteur d'un débat d'idées nécessaire dans une tribune culturelle ? Mais la perspective démagogique défendue par le commissaire Ameziane, confortant le rejet par les Algériens de l'Egypte, prolongeant une guerre imaginaire contre ce pays lointain, reste sans lendemain. C'est cette présence d'éditeurs, d'auteurs et d'opérateurs du livre égyptien et le non-dit de la violence entre l'Algérie et l'Egypte que le commissaire du Sila va détourner, interdire et censurer. L'interdiction et la censure ? Il en a déjà exercé l'usage césarien. Comment ne pas y tremper encore et encore ?
Seuls l'interdit et la censure
Le 8 août 2010, le commissaire Ameziane a décrété que la présence du livre égyptien, de ses auteurs et de ses opérateurs n'était pas souhaitée au Sila. La ministre de la Culture a acquiescé à cette décision en lui renouvelant publiquement sa confiance. Cependant l'Egypte, victime expiatoire, cache une intention coupable. Car, ce qui ne change pas cette année encore au Sila, comme les années précédentes, c'est le semblable enchaînement de la bêtise, inlassablement répétée : l'interdit et la censure. Ce sont les seuls aspects qui méritent d'être discutés dans leurs effets immédiats et lointains et dans les limites mêmes des champs intellectuel et littéraire algériens et des rapports de force qui s'y construisent. Au-delà de l'Egypte, de son interdiction dans un rendez-vous international qui figure dans l'agenda officiel du gouvernement, s'ébauche cette faculté d'agents institutionnels d'agir par la contrainte sur le champ des idées et de la production intellectuelle. La volonté politique de contraindre la pensée qui s'est exprimée, au printemps dernier, dans une note du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique sur le contrôle préventif des communications des enseignants-chercheurs universitaires aux colloques à l'étranger en constitue un indicateur. Cette emprise sur la production intellectuelle et littéraire projetée par les pouvoirs publics, fagotant d'oripeaux inquisitoriaux le Sila, cette censure des idées qu'elle présuppose, amenuise le champ des idées. Et hypothèque la création. Dans un pays de lois, cette liberté de s'exprimer par le livre, encore une fois brimée au Sila, ne doit pourtant être discutée qu'aux auteurs de manuels de guerre et autres manifestes tonnants et tonitruants qui menacent ouvertement la paix sociale et relèvent plus de la douane et de la police que de la littérature. Au moment où le pays est armé de codes qui donnent aux acteurs du pouvoir la possibilité de pourvoi — s'il y a lieu — à charge contre les démesures du livre, l'interdiction et la censure sont improductives. Il est encore préférable de voir l'histoire de la littérature algérienne s'écrire dans les prétoires des tribunaux que dans les bas-fonds glauques de l'interdit et de la censure.
Le choix résolu du Sila
Personne ne peut nier que la contrainte — souvent musclée — sur le livre s'est imposée comme un mode de fonctionnement du Sila de Mme la ministre Toumi et du commissaire Ameziane. Peuvent-ils seulement récuser cette vérité ? Les contre-feux allumés ces jours-ci par le commissaire et ses proches pour discréditer auprès de l'opinion publique ceux qui ont contesté l'interdiction du livre égyptien et dénoncé la censure de la littérature algérienne au Sila s'embrouillent dans la vacuité et dans la maladresse. Cette contestation de la décision du commissaire du Sila ne se réclame que de la défense en Algérie d'un principe universel : la liberté d'expression, de création, de circulation du livre et des idées. Cette grande cause, qui a pu agréger les efforts de personnalités de la culture, des médias, de la recherche et des mouvements associatifs, au-delà de leurs divergences morales et politiques, qui n'a pas laissé indifférent l'honorable Haut Conseil islamique de l'émérite professeur Cheikh Bouamrane, il faudrait un surcroît de mauvaise foi pour en faire un épisode des sordides tripatouillages du milieu littéraire algérois. Depuis les décisions administratives et politiques iniques qui ont frappé les œuvres de Boualem Sansal, Mohamed Benchicou, Mehdi El Djazaïri et maintenant le livre égyptien, le Sila toupille la rude cognée de la censure et de l'interdit. C'est le seul choix qui l'engage résolument.
A. M.
* Ecrivain-universitaire.


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