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Qu'est l'Algérie devenue…?
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 07 - 10 - 2011

L'Algérie est un pays qui, malgré ses richesses, donne l'impression de tourner à vide depuis près de 50 ans. Comme un individu étourdi, elle se lève, fait un pas, titube et retombe par terre. Et ainsi, d'année en année, les charlatans et les escrocs se sont succédé aux commandes sans que jamais rien de bon ne sorte de la machine au bout de la chaîne.
C'est comme si dans la formule, un élément fondamental qui assure l'efficacité était manquant. Le résultat est invariablement une régression, même s'il a l'apparence d'un progrès. Ainsi en est-il de notre système éducatif. Beaucoup d'écoles et d'universités ont été construites et le nombre d'enfants et d'adolescent scolarisés à tous les niveaux est impressionnant, mais ce facteur si important en théorie – l'élévation du niveau d'instruction – ne se traduit par aucun progrès notable dans la vie quotidienne. Les rues sont de plus en plus sales, la productivité toujours aussi faible, la bureaucratie tatillonne et inefficace, les commerçants malhonnêtes, la médecine approximative, etc. Notre « économie » n'a que deux fonctions : le pompage du pétrole et du gaz, d'un côté, et la spéculation effrénée alimentée par l'import-import, de l'autre. C'est un pipe qui déverse notre principale richesse naturelle à l'étranger et qui, en retour, inonde le pays en bouffe, produits de bazar et gadgets de toutes sortes.
On a beau chercher une amélioration notable dans le comportement de l'homo algerianus moyen, après 50 ans de « développement », on ne trouve rien qui mérite d'être signalé. C'est comme si tout ce qui lui est injecté par l'école, les médias et la mosquée glissait sur une carapace et n'avait aucun effet sur son être profond. Serait-ce là l'effet de forces contradictoires qui s'annihilent et s'annulent mutuellement?
L'Algérien d'aujourd'hui me donne l'impression d'être sans âme, sans personnalité propre. L'explication de cette curieuse évolution à rebours serait-elle dans le passé? Ce passé se caractérise effectivement par une série de ruptures. La première a eu lieu dès les premières années de l'indépendance et s'est accélérée avec la politique agressive des années 70, sous Boumédiène. L'abandon des campagnes et le grand rush sur les villes a sonné le glas de la culture ancestrale, déjà malmenée par la colonisation, mais relativement préservée. Cette culture dont la frugalité, la patience, la solidarité, la pudeur, le respect étaient les éléments les plus apparents et qui avait permis au petit peuple des villes et des campagnes de survivre malgré des conditions particulièrement difficiles, fut jetée aux orties.
La seconde rupture eut lieu à la fin des années 70, avec l'introduction d'une nouvelle façon de vivre l'islam dans notre pays. Ce fut le début d'un recul de l'implicite en faveur de l'explicite. Tout devint plus incisif et trop visible. L'islam discret, tolérant et accommodant dut céder la place à un islam plus exigeant sur le plan de la dévotion et des mœurs. Chacun fut sommé de choisir son camp : porter ou ne pas porter la barbe, le qamis, le hidjab; accepter ou refuser la mixité; dire « essalamou 3alykoum » au lieu de « Allo » ou « Sbah el khir ». Une frontière invisible, mais terriblement efficace, se mit en place. De nouveaux codes s'implantèrent. Une autre Algérie prenait forme, divisée, travaillée par une rivière souterraine de haine et d'exclusion.
Quand je revois dans ma tête le petit village où je suis né, perché sur une colline entre mer, rivière et montagne, quand je me remémore les moments passés avec ma grand-mère et mon grand-père au milieu des champs verdoyants, écoutant le bruit que font les vaches en broutant goulument l'herbe juteuse ou celui de la binette de ma grand-mère qui remue inlassablement la terre autour des pieds de pommes de terre ou tomates, j'ai l'impression que tout cela ne fut qu'un rêve. C'était il y a longtemps, à une époque à cheval entre les années 50 et 60, quand le peuple algérien était profondément enraciné dans sa terre et sa culture ancestrale, quand il avait une âme. Ce monde a disparu pour toujours.
L'Algérie d'aujourd'hui me donne l'impression d'être un perpétuel chaos, un perpétuel échec, un mouvement brownien sans but précis. Ce mouvement n'a pas pour objectif la réalisation de l'être à travers la domination de la nature par le travail, la création culturelle ou encore la communion avec l'invisible. Il ne vise que la jouissance immédiate et la possession de biens matériels en fournissant le moins d'effort, ou bien la sauvegarde d'un ordre moral apparent qui cache mal un profond désarroi.
Toutes les initiatives et toutes les bonnes volontés semblent buter sur une sorte de champ négatif qui les repousse ou les neutralise. La machine continue à tourner dans le vide. De temps à autre, quelques bribes de discours cohérents semblent prendre forme, puis le brouhaha et la cacophonie reprennent le dessus. Certains pleurent et se lamentent, d'autres rotent et continuent de s'empiffrer. Certains haranguent et menacent, d'autres se saoulent jusqu'au petit matin, distribuant les billets de 1000 dinars aux filles de joie, alors que le berrah hurle dans le micro : « Fi khater wlad… »
Bien sûr, cette Algérie n'appartient plus aux gens de ma génération, qui n'ont pas su la protéger et la mener vers des lendemains qui chantent. Nous n'avons pas su marier tous les ingrédients et produire une culture originale mais authentique. Je parle, bien entendu, des gens sincères, amoureux de cette terre et de sa lumière et qui rêvaient d'en faire un pays où les hommes et les femmes connaîtraient enfin la paix, de bonheur et la joie de vivre, après tant et tant de souffrances et de privations. L'histoire en a décidé autrement et notre échec servira peut-être de leçon aux nouvelles générations. Ce sont elles qui doivent assumer aujourd'hui la lourde tâche de construire une nouvelle Algérie. Nous n'avons pas pu conserver et leur transmettre la culture ancestrale, celle que nous avons connue enfants, à la veille de l'indépendance et quelques années après. Peut-être qu'elle devait disparaître, après tout. Ce qui fait mal, toutefois, c'est que nous l'avons perdue sans rien gagner en échange.
Lectures: 13


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