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L'Affaire Aït Abdallah : Un pot de terre en acier trempé.
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 08 - 12 - 2011

L'Affaire Aït-Abdallah est une parmi celles, que nous tenterons de porter à la connaissance de l'opinion publique, qui nous montrent le vrai visage, et la nature monstrueuse du régime algérien. Elle est emblématique du courage et de la ténacité d'un homme qui se bat contre l'un des régimes les plus atroces de la planète, depuis 34 ans. Cette affaire est d'autant plus intéressante qu'elle se situe dans un contexte international, où l'on découvre que la morale est un bidule qui fonctionne sous certains cieux et non sous d'autres, et où l'on se rend compte que si des régimes de cette nature continuent de prospérer, c'est bien parce qu'ils jouissent de la même considération que portent les receleurs à leurs fournisseurs les plus productifs. Une vision bien comprise de la prospérité, et de la « Raison d'Etat », et qui justifie tout naturellement les « pots cassés ».
Le régime algérien procède de cette logique internationale, et il est devenu, au fil des ans et d'un long exercice de la forfaiture, un praticien très éprouvé de l'abus en tout genre, sans que cela lui vaille la moindre condamnation, ni même le plus petit ennui.
Il est vrai que la formidable manne pétrolière qui lui est tombée dans le giron a permis à ce régime de ravaler sa façade, à coups de milliards de dollars, de devenir extrêmement attractif pour la foule de grosses multinationales en tout genre, et d'Etats plus ou moins respectables qui ont mis leurs grands principes en sourdine, puisque les « Raisons d'Etat » le « réalisme politique », et la « bonne gouvernance » sont devenus autant d'œillères qui permettent de participer à la sanglante curée, sans plus d'états d'âme.
Pour tous les chasseurs de gros contrats, pour tous ceux qui s'agglutinent comme autant de mouches bleues autour de la bête dépecée, le régime algérien est devenu tout à fait honorable, fréquentable, et même recommandable. Puisque à ces niveaux-là, ou plutôt à ces sommets là, les crimes n'en sont plus, ni les rapines, ni même les carnages de populations civiles. A plus forte raison que dans l'imaginaire dominant, ces populations sont encore, et le resteront pour longtemps encore, des ramassis d'indigènes, tuables et volables à merci, voire même jetables après usage, comme se proposent de le faire les uns et les autres, en ce moment même, en France, et bientôt dans toute l'Europe.
Dans les années 1970, en ces temps qui pouvaient sembler paisibles, parce que des griffes d'acier pesaient sur toute la population, Saïd Aït Abdallah était un jeune haut-fonctionnaire au Ministère du Tourisme. Jeune, beau, très bien rémunéré, vivant dans des conditions matérielles privilégiées, Saïd filait le parfait bonheur, surtout depuis qu'il avait convolé en justes noces, et que son épouse attendait leur premier bébé.
Il ne savait pas qu'il était sur le point de tout jeter par terre, de bouleverser la belle vie qu'il menait, et même que le petit enfant qu'ils attendaient, son épouse et lui, allait être tué.
Un jour son attention fut attirée par une opération très louche. Il se rendit compte que des centaines de tonnes de marchandises hors d'usage allaient être débarquées d'Espagne vers l'Algérie, et qu'elles avaient été monnayées au prix fort. Cette opération commerciale était criante d'irrégularité, et consistait donc en un achat un achat d'équipements inadéquats, pour environ 5 milliards de centimes, en devises étrangères. Saïd connaissait l'importance des gens qui étaient derrière ce trafic, et leurs connivences avec des barons du régime. Il savait qu'il allait s'exposer à de fâcheuses conséquences s'il dénonçait cette opération frauduleuse, mais il n'hésita pas pourtant. Sa jeunesse, sa fougue, et son intégrité ont été plus fortes que la voix de la prudence qui lui conseillait de regarder ailleurs. Il entreprit donc de dénoncer cette grosse entourloupe. En ces temps-là, l'Algérie ne disposait pas de la même manne qu'aujourd'hui, et une telle somme était relativement énorme. La législation de l'époque qualifiait ces indélicatesses de crimes économiques, et leurs auteurs risquaient de très graves condamnations, qui pouvaient aller jusqu'à la peine de mort. En théorie seulement, puisque qu'en cas de grain de sable imprévu il était systématiquement fait recours à des lampistes de circonstance, comme toujours en Algérie.
Les acteurs de la malversation, croyant que Saïd ne voulait que sa part de gâteau, se sont hâtés de lui offrir une somme phénoménale pour cette époque, soixante quinze millions de centimes de Francs Français. Il refusa net, et en plus de dénoncer cette tentative de corruption, n'en cessa pas moins de s'engager contre ces vampires qui se sustentaient du sang de sa jeune nation. Il ne savait pas qu'il venait de déranger toute une industrie souterraine, une véritable toile d'araignée, tissée au dessus de tout le pays, par ceux-là mêmes qui n'arrêtaient pas de discourir sur la « révolution socialiste », sur les « acquis de la révolution », sur la « menace de la réaction de l'intérieur et de l'extérieur », et autres slogans menteurs de cette époque.
Saïd venait de mettre le doigt dans l'engrenage qui allait le broyer. Il fut limogé, de façon abusive, et en violation de toutes les dispositions réglementaires. Une expulsion du pavillon de fonction lui fut signifiée. En principe elle ne pouvait être exécutée, puisque l'affaire était pendante, et que la justice n'avait pas tranché. Pourtant, un jour qu'il était absent de chez lui, et que son épouse étaient toute seule chez eux, un groupe d'agents se présenta à leur domicile, et entreprit de donner des coups violents à la porte. Madame Ait-Abdallah, qui était enceinte à un état avancé, ne craignit pas d'ouvrir la porte, déterminée à appeler les voisins à la rescousse, pour les prendre à témoins. Mal lui en prit ! Les agents, qui ne portaient ni uniforme, ni un quelconque signe distinctif, s'engouffrèrent dans le domicile, et abreuvèrent la jeune dame d'injures grossières. Pourtant, malgré la brutalité de cette intrusion, les voisins ne se montrèrent pas, et Madame Ait-Abdallah se retrouva seule, au milieu de ces brutes tonitruantes, qui donnaient des coups de pied aux portes, et à l'ameublement. Choquée, épouvantée par tant de fracas, la jeune dame tomba en syncope. C'est dans cet état que la trouva son mari lorsqu'il rentra chez lui. Les agresseurs, effrayés par la tournure des évènements, s'en étaient allés sans même appeler les secours, alors que sa grossesse était très visible. Saïd ne pensa même pas à fermer la porte de son domicile et évacua rapidement son épouse vers l'Hôpital le plus proche, à bord de son véhicule. Les médecins ne purent rien faire d'autre que de constater la fausse couche et l'état de choc de la jeune maman. Le petit être qu'elle portait était venu trop tôt au monde, mais il aurait pu être sauvé, peut-être, si sa maman avait été prise en charge à temps. Les intrus s'étaient donc rendus coupables de violation de domicile, de non assistance à personne en danger et d'homicide. Mais aucun d'eux, ni ceux qui les avaient lâchés contre cette jeune dame ne furent inquiétés pour cela.
Pire encore, la famille Aït Abdallah fut expulsée de son domicile de façon aussi brutale qu'elle fut illégale
Quatre années après que Saïd eu dénoncé l'opération frauduleuse, un procès eut lieu en 1982. Un procès scandaleux, télécommandé par des barons du régime, et qui contribua à enterrer définitivement l'affaire, comme si rien ne s'était passé.
Mais Saïd ne l'entendit pas de cette oreille. Il décida que le pot de terre qu'il était allait continuer son combat contre le pot de fer, quitte à se briser mille et une fois. Et de fait il se brisa mille et une fois. Mais, même réduit en débris, en poussière, il ne cessa jamais de se dresser contre les puissants voleurs qui agissaient dans l'ombre, et qui tiraient tant de ficelles.
L'opiniâtreté de Saïd Ait Abdallah, le soutien d'hommes admirables qui le soutinrent, comme les regrettés Mahmoud Khellili et le Président Boudiaf, le Professeur Toumi, le député Brahim Chibout ainsi que des magistrats et des journalistes qui avaient été révoltés par tant d'injustice, firent que cette affaire ne cessera jamais de défrayer la chronique. La position courageuse de magistrats qui refusèrent de se plier à de sombres injonctions permit ainsi de rendre des jugements, au niveau de toutes les instances judiciaires, qui donnèrent toutes raison à Saïd Aït Abdallah, ne serait-ce que sur le plan du Droit, même si toutes ces décisions de justice n'ont pas été suivies d'effet, même si ce régime refuse obstinément de se plier à ses propres lois, et d'appliquer les verdicts de ses propres tribunaux, de ses Cours, et de sa Cour Suprême.
Ainsi, lors d'un procès qui eut lieu de 11 juillet 1984, Saïd Ait Abdallah fut rétabli dans ses droits, à savoir la réintégration à son poste de travail avec paiement de toute la période indument chômée. Le 15 mai 1985, cette décision fut confirmée par la cour de Blida. Une autre décision de justice ordonna que la résidence d'où il avait été expulsé lui soit restituée.
Mais, installés dans leur arrogance, et le sentiment d'impunité que confère l'abus, dans un pays réduit en servitude, les barons refusèrent de se plier à ces verdicts, pourtant confirmés par les plus hautes instances de recours. Il faut croire que ceux qui agissent dans l'ombre, pour empêcher cette affaire de connaitre un juste dénouement sont particulièrement puissants, puisque même l'ancien ministre de la Justice, Monsieur Teguia, qui avait ordonné le recours à la force publique, pour faire appliquer ces décisions de justice ne put pas aller plus avant.
Et c'est ainsi que Saïd Ait-Abdallah continue de se battre contre des ombres, contre un Etat qui ne reconnait pas ses propres lois, qui n'est même pas effrayé par les échos qui se sont répercutés en dehors du pays, parce que ces gens qui dirigent ce pays savent qu'ils peuvent compter sur l'appui de tous ceux qui leur sont redevables, sur la complicité active des « démocraties occidentales », là où la bien commode « Raison d'Etat » sert d'éteignoir à la conscience universelle. Pour ces démocraties occidentales qui ont fermé les yeux, et qui se sont bouché les oreilles, pour ne pas entendre les cris des suppliciés, de dizaines de milliers de victimes innocentes, et qui ont permis qu'un carnage se commette à huis clos, l'affaire Ait Abdallah, et toutes les injustices qui ont été commises contre des innocents, par des criminels et des pillards, ne pèsent rien du tout, en comparaison.
Mais c'est compter sans la détermination de Saïd-Ait Abdallah, de son épouse, et de tous ceux qui ont rejoint leur combat. Rien n'arrêtera cette quête de justice. Rien ni personne ! Ce combat, d'un homme contre une Mafiocratie dure depuis 34 longues années. Saïd Aït Abdallah a réussi a étaler cette affaire jusque sur la scène internationale, en la faisant relayer dans un documentaire par une chaîne de télévision, et par un reportage sur l'hebdomadaire français Marianne. Son avocat, Maitre Bourdon, a déposé une requête à des instances habilitées de l'ONU, ce qui ne manquera pas, en temps voulu, à servir d'éclairage, pour montrer la nature odieuse du régime algérien. Une vraie solidarité commence réellement à se manifester, pour cet homme si courageux, dont la vie a été bouleversée, mais qui refuse de plier devant l'injustice, et qui est décidé à se battre jusqu'au total recouvrement de ses droits
Et puisque le régime algérien se sert de la manne pétrolière qu'il utilise pour anesthésier les consciences, et acheter des complicités internationales, alors c'est aux peuples, et aux Institutions internationales que Saïd Ait Abdallah demandera justice.
Face à l'argent qui corrompt, et qui brime, les opprimés auront recours aux peuples qui luttent, et qui libèrent.
D.Benchenouf


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