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La préparation du hold-up de la poste d'Oran en 1949.
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 04 - 01 - 2012

« [Le hold-up de la poste d'Oran] profitera au mieux à Ahmed Ben Bella, à qui on attribuera pendant très longtemps, lui-même ne démentant pas ce récit, la totalité ou presque du mérité de son organisation et de sa mise en œuvre, notamment au détriment d'Ait Ahmed. D'où, pour partie, l'aura dont il bénéficiera plus que tout autre », Stora et de Rochebrune dans « La guerre d'Algérie vue par les Algériens ».
Dans une œuvre monumentale, les deux historiens reviennent sur un épisode, pourrait-on l'avouer, peu connu de l'histoire du mouvement national. Il s'agit bien sûr de l'attaque de la poste d'Oran en vue de financer les activités de l'organisation spéciale (OS), bras armé du PPA-MTLD. À la lecture de cet ouvrage, on comprend aisément que l'œuvre fut collective. Contrairement à ce qu'affirmera plus tard Ahmed Ben Bella, le mérite revient à l'ensemble des militants composant le commando jusqu'au au chef national de l'OS de l'époque, Hocine Ait Ahmed. En effet, la préparation de l'opération remonte peu ou prou au début de l'année 1949. Bien que les membres du commando ne soient pas spécialistes de ce genre d'opération, le manque flagrant de moyens incite le chef de l'OS à trouver le financement nécessaire à son organisation et ce, en dehors du parti, le PPA-MTLD. Ainsi, deux ans après la création sa création, l'OS ne semble pas être la priorité du parti. En plus du manque de moyen dont souffre le parti, la création de l'OS a été plus une concession, lors du congrès de Belcourt en 1947, aux partisans de la ligne dure. En tout cas, les ossistes n'ignorent pas le manque d'intérêt qu'éprouve le parti à leur égard. « Car ils manquent totalement de moyens pour développer leur organisation, chargée de préparer la lutte armée pour le jour où elle sera nécessaire, ou tout simplement possible, aux yeux des dirigeants du mouvement nationaliste », écrivent Stora et de Rochebrune.
Cependant, pour transcender ces difficultés, les militants activistes doivent, en ne comptant pas bien sûr sur le parti, résoudre eux-mêmes le problème crucial de financement. D'ailleurs, il n'est un secret de polichinelle que, d'une façon générale, les caisses du parti ne sont pleines. Et l'argent disponible suffit à peine à financer les activités légales. Pour pallier ce manque, écrivent Stora et de Rochebrune, « Hocine Ait Ahmed, alors chef de l'OS à vingt-deux ans à peine, décide au tout début de 1949 lors d'une réunion avec ses principaux « lieutenants » qu'il est devenu impératif de trouver de l'argent pour éviter l'asphyxie du parti et surtout de son organisation paramilitaire. Comme il ne faut pas prendre trop de risques afin de préserver le secret qui entoure l'existence de l'OS, toujours inconnue des autorités coloniales, les activistes recherchent « le » gros coup ». Naturellement, l'opération doit rapporter beaucoup d'argents. Par ailleurs, vers la fin de janvier 1949, un inconnu des services de police, Ahmed Ben Bella, selon les deux historiens, chef de l'OS pour l'Oranie, « signale qu'un employé des PTT de sa région, Djelloul Nemiche, lui a donné des tuyaux sur deux coups envisageables au sein de l'administration où il travaille ». Et c'est là que s'arrête le grand rôle de Ben Bella. En fait, Djelloul Nemiche a expliqué que chaque premier lundi du mois, la poste d'Oran gardait, pour quelques heures seulement, des sommes importantes d'argent. La deuxième piste consistait, selon lui, à attaquer le train transportant des fonds en provenance de Colomb-Bechar. « Considérant que « nous ne sommes pas au Far West », selon le témoignage d'Ait Ahmed, les animateurs de l'OS décident sagement, si l'on peut dire, de s'en tenir au premier projet» notent les historiens. Le premier objectif est bien entendu l'attaque de la poste d'Oran.
Cependant, le chef national de l'OS, Hocine Ait Ahmed, tient à superviser l'opération. L'enjeu, pour lui, est double. D'un côté, il faut que l'opération réussisse. De l'autre côté, il ne faut pas que le parti coure le moindre risque. Assumant des hautes responsabilités au sein du parti, Ait Ahmed met au courant le secrétaire général du parti, Hocine Lahouel, du projet. Selon Stora et de Rochebrune : « Grâce à l'appui décisif d'Hocine Lahouel, depuis peu numéro deux officiel du mouvement avec le titre tout juste créé de secrétaire général, le feu vert est donné par les rares responsables au courant. À condition, bien entendu, qu'on prenne toutes les précautions pour ne pas « mouiller » la structure légale des indépendantistes : les dirigeants comme Ait Ahmed, qui est aussi membre du bureau politique et du comité central du parti, ou Ben Bella, « patron » du MTLD pour l'Oranie, sont donc priés de ne pas participer directement à l'action ».
Toutefois, après avoir arrêté la date du hold-up au 1er mars 1949, Ait Ahmed part dès février à Oran. Connu sous le nom de guerre de Madjid, il veille, avec le concours de Ben Bella, au bon déroulement des préparatifs. Quoi qu'il en soit, la présence du chef national de l'OS est primordiale. Contrairement aux affirmations de Ben Bella se vantant que le hold-up c'était lui, les historiens, qu'il en déplaise à au natif de Maghnia, accordent une grande place au rôle d'Ait Ahmed et au chef du commando Boudjemaa Souidani. « Par chance, pour diriger le commando, un homme récemment installé à Oran, celui-là même qui héberge dans une villa du Faubourg Victor Hugo Ait Ahmed et Ben Bella quand il le faut, parait tout désigné. Boudjemaa Souidani, originaire de Guelma dans le Constantinois, a déjà prouvé qu'il avait le sens du commandement et les nerfs solides en tant que chef de l'OS pour la région de Philippeville, la future Skikda », écrivent Stora et de Rochebrune. En attendant le jour J, le commando doit observer le secret le plus total. Le recrutement des autres membres doit se faire discrètement. Surtout, le chef national de l'OS cherche des éléments fiables. Désignés pour scruter les alentours de la poste, Belhadj Bouchaib, un adjoint au maire d'Ain Témouchent et les frères Khettab (Lounès et Amar), ayant quitté la Kabylie pour leurs activités nationalistes, notent méticuleusement tous les mouvements. Pour Stora et de Rochebrune, ces militants « ont été proposés par Ben Bella avant d'être recrutés sur place après un « interrogatoire » par Ait Ahmed ».
Par ailleurs, avant le passage à l'action, Ben Bella doit quitter Oran. C'est ce qu'il fait le 28 février 1949. Quant à Ait Ahmed, il doit rester jusqu'à la veille de l'opération afin de mieux la superviser. Bien qu'il ne doive pas participer physiquement à l'attaque, Ait Ahmed accompagne les deux membres du commando pour qu'ils retrouvent le véhicule devant servir de moyen de transport pour le lendemain. Pour les historiens : « Ait Ahmed fait monter Bouchaib et Khidder [à ne pas confondre avec le député Mohammed Khider qui va prêter sa voiture au transport du butin] dans un taxi et s'en va prendre son train. Celui-ci l'amène le lendemain à Alger, où il a juste le temps de dire à Ben Bella, sur le départ, que l'opération a été mise sur les rails comme prévu et doit être sur le point d'être terminée à cette heure-là ». Depuis son arrivée à Alger, Ait Ahmed est préoccupé. Il demande à Hocine Lahouel d'appeler le responsable du PPA-MTLD à Oran, Hammou Boutlilis. Ce dernier affirme ne rien entendre de spécial pouvant retenir son attention. Dès son retour à Alger, c'est Ben Bella qui va lever le suspense. Il explique alors les raisons de l'échec. Selon Stora et de Rochebrune : « Ait Ahmed à peine parti, Bouchaib et Khidder, soigneusement habillés et apprêtés à l'européenne ont bien pris le contrôle du taxi… Au petit matin, au moment de prendre la direction du centre-ville, quand Khidder a pris le volant, il est apparu que le véhicule était en bien mauvais état ». Cet incident mécanique va pousser les membres du commando à annuler l'opération.
Cependant, bien que l'opération n'ait pas lieu comme prévu, pour le chef national de l'OS, Hocine Ait Ahmed, ce ratage ne doit pas impliquer l'annulation définitive de sa mise en œuvre. D'autant plus que la police n'a pas ouvert une enquête suite au vol de la voiture. Du coup, la date du hold-up est arrêtée pour le prochain premier lundi du mois, soit le 5 avril 1949. Comme pour le mois précédent, Ait Ahmed regagne Oran. Cette fois-ci, il va encore davantage superviser l'opération. Bien que la reconstitution ait, quelque peu, posé problème, Ait Ahmed va réussir à trouver des éléments fiables. Le remplaçant, suite à la défection de Mohamed Fellouh, un restaurateur de Mostaganem, est trouvé. Il s'agit d'Omar Haddad, un activiste connu pour son engagement nationaliste. En revanche, en dépit de la reconstitution du commando, Ait Ahmed doit faire face à la méfiance des taxis. Ils refusent uniment de faire des courses sans prendre des précautions extrêmes. Selon Stora et de Rochebrune : « Ait Ahmed doit improviser une solution de rechange. Il part, accompagné d'Omar Haddad, vers le centre-ville à la recherche d'un véhicule. Dans le quartier européen de la Buena de Dios, très tranquille à cette heure, il remarque, rue Alsace-Lorraine, une traction avant noire avec, sur le pare-brise, un macaron de médecin au nom de Pierre Moutier. C'est l'aubaine. Il suffira de téléphoner au docteur après avoir trouvé son numéro dans l'annuaire pour lui demander de venir soigner un enfant avant de lui tendre un piège… Ce que fait Ait Ahmed, qui va en personne, grimé en Européen (moustache postiche, fausses lunettes, béret basque bien enfoncé), chercher le praticien chez lui pour l'emmener jusqu'à un lieu de rendez-vous fixé entre-temps avec Bouchaib et Khidder. Il sera neutralisé par les deux hommes pistolet au poing ». Ainsi, le lendemain, à 7h45, le commando est sur place. L'un des membres du commando pénètre le premier dans la poste. Il cherche la permanence des télégrammes. Le but est bien évidemment d'occuper le télégraphiste. Cette idée est encore d'Ait Ahmed. Il s'est inspiré d'une publicité anglaise. Ecrit en anglais, ce télégramme consiste à passer une commande de tissu à une firme anglaise, sise à Manchester. Ne voyant que dalle, le télégraphiste ne fait pas attention aux autres membres du commando pénétrant dans la salle où est gardé l'argent. Bien que les membres du commando ramassent le maximum de billet se trouvant à leur disposition, le butin n'est pas énorme. Il est de 3178000 francs. Mais l'opération, sur le plan pratique, est une réussite. En tout cas, les nationalistes comptent bien préserver leur butin. Tout compte fait, pour le transférer à Alger, et afin d'éviter tous les risques, ils vont utiliser la voiture personnelle du député Mohmmed Khider. Grâce au macaron tricolore de l'élu, la voiture va arriver sans ambages à Alger. Cet argent, bien que ce soit un butin maigre, servira à financer les activités de l'OS. Pour conclure, il parait aller de soi que, dans cet ouvrage de Benjamin Stora et Renaud de Rochebrune, le lecteur va trouver des détails impressionnants. Sur ce sujet de l'attaque de la poste d'Oran, sur une dizaine de pages, ils décrivent en détail d'autres éléments que je n'ai pas pu citer. En tout cas, après l'interview de mai dernier d'Ahmed Ben Bella à jeune Afrique, ce livre remet vraiment les pendules à l'heure.


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