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Considérations sur l' »Algérie-française »
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 03 - 02 - 2012

Il y a 9 ans, le 04 février 2003, nous quittait notre frère aîné et Ami, Si Benyoucef BENKHEDDA, Rahimahou Allah, Président du GPRA.
La Rédaction LQA
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Benyoucef Ben Khedda
In Centre d'Etudes Assala
assala-dz
Le texte ci-dessous est l'introduction de son ouvrage Les origines du premier novembre 1954 qui retrace l'histoire du mouvement nationaliste révolutionnaire algérien avant le déclanchement de la révolution algérienne. Dans ce texte, Benyoucef Ben Khedda mit en avant la violence particulière de la colonisation française en Algérie qui était une colonie de peuplement considérée comme un territoire de la République. La violence particulière de cette colonisation s'exprima notamment au travers de la politique ethnocidaire mise en place par les autorités coloniales françaises.
Présentation du texte /Dr.Youssef Girard
Cette politique ethnocidaire visait à faire disparaître l'ensemble des caractères sociaux et culturels du peuple algérien en s'attaquant prioritairement à l'islam et à la langue arabe. Contre cette politique coloniale, Benyoucef Ben Khedda insistait particulièrement sur la dimension culturelle et religieuse de la résistance algérienne : « L'Algérien se réfugia alors au plus profond de son être : ses croyances religieuses et ses traditions ».
Youssef Girard
Considération sur l'« Algérie-française »
Quand on jette un regard sur notre passé récent, on constate que le peuple algérien ne s'est éveillé au nationalisme militant que tardivement, bien après l'apparition du nationalisme en Tunisie, au Moyen-Orient et en Asie. Les grandes manifestations populaires, celles qui firent date dans l'histoire du pays, n'apparaissent en effet qu'en 1945, à la fin de la deuxième guerre mondiale.
Le nationalisme, de par sa nature, est fonction de la domination coloniale. Il est d'autant plus violent que celle-ci est brutale.
En Algérie, la conquête du territoire, il convient de le rappeler, fut une entreprise sanglante dure, longue, jalonnée d'insurrections et de répressions, d'expropriations et d'appropriations de terres par les colonisateurs. Il fallut à la France, principale puissance militaire d'Europe, un demi-siècle pour occuper le pays jusqu'aux confins nord du Sahara. Les Algériens se signalèrent par leur courage et leur héroïsme, mais ils subirent la défaite militante due, moins à la supériorité matérielle et technique de la France, qu'à leur incapacité d'offrir un front uni à l'adversaire. Le régime du Dey s'étant effondré, l'Emir Abdelkader prit la tête de la résistance. Il proclama la mobilisation populaire contre l'envahisseur au nom de l'Islam, et dirigea la guerre contre les français quinze ans durant (1832-1847) ; mais une partie seulement du territoire le soutenait : le centre, et l'ouest. La lutte menée par l'Emir Abdelkader et le Bey Ahmed de Constantine, quoique simultanée ne fut pas coordonnée, et les deux chefs échouèrent. Lorsque la grande insurrection de 1871-1872 éclatera en Kabylie et dans le Constantinois sous l'impulsion de Cheikh El Haddad et de Mohammed El Mokrani, le centre et l'ouest vaincu, ne pourront leur être d'aucun secours. Effeuillant l'Algérie comme un artichaut, la France soumit les provinces une à une, malgré les efforts et les sacrifices immenses des populations.
Mais ce n'était pas assez de réduire l'Algérie par la force. Le colonisateur, craignant ce peuple qui avait fait montre d'une énergie peu commune au combat, et qui était capable à tout moment d'un sursaut patriotique, entreprit de les neutraliser en lui opposant une forte présence européenne sur son sol. Il entendait ainsi assurer pour de bon la « pérennité française » dans le pays.
La France encouragea l'immigration d'Européens : Français, Espagnols, Italiens, Maltais. Elle distribua des terres à exploiter, ainsi qu'à des compagnies foncières. Bientôt se forma une classe puissante, le colonat, noyau dur de la future communauté « pied-noire », qui s'arrogera le droit de symboliser la permanence française en Algérie. La France proclama l'Algérie « française » et décréta les Algériens « Français ». Désormais, l'Algérie relevait des affaires intérieures de la « mère-patrie » au même titre que la Corse, la Provence ou la Bretagne.
En Tunisie et au Maroc, la France avait plus ou moins respecté les structures locales. Les dynasties husseinite et alaouite furent maintenues. L'Etat continuait d'avoir une existence, fût-elle artificielle. La langue arabe était enseignée ; Djamaâ Zitouna (Tunis) et Quaraouiyine (Fez), grands centres de la culture islamique, furent épargnés.
En Algérie, la France détruisit les espaces culturels, les zaouïa et les écoles et fit main-basse sur les biens habous dont les ressources servaient à en assurer le fonctionnement ; elle fit disparaître complètement les structures de l'Etat algérien, et pratiqua sans ménagement le système de l'administration directe, aggravé par des dispositions répressives de caractère exceptionnel dont l'ensemble va constituer le Code de l'indigénat (1881). Celui-ci, pour éviter toute velléité de révolte, livra l'Algérie à la férule d'autorités coloniales toujours promptes à sévir contre la moindre incartade.
Les Français conquirent l'Algérie par la force, l'organisèrent à leur profit, et se considèrent comme ses légitimes propriétaires. Ils entreprirent une politique dite de rattachement, d'assimilation, puis d'intégration visant à faire de l'Algérie une partie intégrante de la nation française, et de ses habitants des Français. Mais en fait de droits, ceux-ci étaient reconnus aux Européens exclusivement.
L'Algérien se réfugia alors au plus profond de son être : ses croyances religieuses et ses traditions. Là encore, il fut pourchassé et subit une autre forme d'agression : l'agression culturelle. Une véritable politique de dépersonnalisation oeuvra à le priver de sa langue nationale et de sa religion, considérées comme les deux principaux obstacles à la politique de francisation.
La langue arabe qui était, avant la conquête coloniale, la langue nationale, celle de la culture, de l'administration de la magistrature, fut étouffée : seul le français avait cours. Islam, qui fut pendant plus d'un millénaire et quart la source de la morale, du droit, de la législation politique, économique et sociale est battu en brèche et mis sous étroite surveillance. L'hostilité à son égard était dans la ligne politique de la France, « fille aînée de l'Eglise », et de la lutte séculaire de la Croix contre le Croissant ; elle avait compté pour beaucoup dans les raisons qui avaient poussé à la conquête, l'Eglise voulant refaire de l'Algérie « une terre chrétienne » comme jadis, avant l'avènement de l'Islam en Afrique du Nord. Une telle volonté de déposséder l'algérien de ses valeurs religieuses et culturelles se traduisait sur le terrain sous la forme d'une collaboration étroite entre l'administration, le colon et le prêtre. Elle se développa aussi à travers les tentatives d'évangélisation des musulmans par les ordres missionnaires (Pères blancs notamment), surtout dans les campagnes, et la confiscation des mosquées en vue de leurs transformations en églises. En tant qu'institution, l'Eglise se faisait l'auxiliaire proclamé de la colonisation ; elle se flattait de pratiquer son prosélytisme ouvertement avec un zèle militant.
L'enseignement public était français ; il était laïc et ignorait tout de l'Algérie, de ses réalités, de son histoire et de sa culture. « Nos ancêtres les Gaulois », faisait-on ânonner aux petits Algériens, dans les écoles dites « indigènes ». De plus, il était dispensé au compte-goutte, et, hormis une frange réduite de lettrés arabes, l'intelligentsia algérienne était, pour ainsi dire, insistante.
C'est alors que les théoriciens de la colonisation se mirent de la partie. Ils professèrent que l'Algérie n'avait ni passé, ni civilisation, ni personnalité ; qu'elle était une mosaïque d'ethnies ayant subi au cours des âges maintes et maintes invasions : phénicienne, romaine, vandale, byzantine, arabe, turque. Maintenant assuraient-ils, elle avait la chance de s'ouvrir à « l'œuvre civilisatrice de la France ».
L'organe de l'idéologie coloniale L'Afrique Latine, écrivait à ce propos : « Il n'y a pas de nation indigènes en Algérie. Il y a des Kabyles et des Berbères arabisés qui se haïssent ; des tribus en lutte continuelle les unes avec les autres ; des familles en rivalité sanglante : aucune idée commune, encore moins une notion supérieure de la patrie.
C'est nous, comme le répétait ici même Louis Bertrand, qui non seulement avons refait le sol, mais lui avons donné un semblant d'unité politique et administrative. Si nous n'étions pas là, la patrie, pour un habitant d'Alger expierait aux portes d'Alger même. En dehors de la banlieue, il serait accueilli à coup de fusil, comme cela se passait avant 1830. Si aujourd'hui l'Algérien peut parler de l'Algérie comme son pays, c'est grâce à nous qu'il le doit.
Il n'y a pas de nation indigène en Algérie, encore moins peut-on parler de nation arabe. Car il n'y a pas ici d'Arabes. Il y a des métis de l'union des envahisseurs d'Arabie avec les berbères, les nègres, les anciens habitants du pays ; il faut être d'une ignorance crasse pour parler, comme ce journaliste indigène d'avant guerre, « d'alliance franco-arabe » et du pacte conclu entre la nation arabe et le maréchal Bourmont ». L'Afrique Latine, n°6 du 15 mars 1922.
Algérie française, administration directe, dépersonnalisation : tels sont les mots-clefs qui définissent et caractérisent la politique d'exaction à outrance, méthodiquement menée à l'encontre de la société algérienne. Une société dont les cadres traditionnels ont été durement éprouvés, et dont les élites ont disparu au cours de la conquête, ou furent contraints à l'exil. Une société dont les structures ont été bouleversées, et qui, désormais, se trouve livrée à un sort tragique.
L'Algérie coloniale n'a pas joui d'une autonomie réelle, ou formelle comme les d'autres colonies européennes où le pouvoir était partagé avec une « bourgeoisie locale ». Selon l'expression d'un auteur « Le conquérant a supprimé entre lui et la grande masse tout intermédiaire ». En Algérie, « les bourgeoisies locales » sont inexistantes, les classes moyennes rurales aussi bien qu'urbaines ayant été laminées par le rouleau compresseur de la colonisation. Les colons monopolisent tous les grands moyens de production : riches terres, banques, moyens de transport, commerce extérieur, etc. Ils s'appuient pour gouverner sur les grandes familles indigènes ou familles des « grandes tentes », qui ne détiennent du reste ni pouvoir politique, ni pouvoir économique. La classe ouvrière n'existe pas, la France s'étant appliquée à faire de l'Algérie un pays spécifiquement agricole où domine la vigne cultivée dans l'intérêt exclusif des Européens. C'est dire que l'Algérie était cantonnée dans un rôle passif de source de matières premières et de produits agricoles et de débouché pour les articles manufacturés français.
Dans un tel contexte, il serait pour le moins illusoire d'évoquer une quelconque lutte des classes comme se sont hasardés à la faire certains auteurs marxistes. D'autant que l'Islam ne manquera pas, de ce point de vue, d'être un puissant facteur de rassemblement cimentant la volonté des Algériens et unifiant leur élan dans le combat contre le colonialisme.
L'expropriation des Algériens des terres fertiles a eu également pour résultat l'exode rural, et l'urbanisation sauvage attestée par l'apparition des premiers bidonvilles dans la périphérie des grandes villes.
A cause de ses énormes richesses, l'Algérie a vite été transformée en colonie de peuplement où une minorité d'Européens tente d'y faire souche pour imposer sa loi et exploiter le pays à son profit et à sa guise.


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