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COMPRENDRE POUR AGIR
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 18 - 04 - 2012

L'auto-flagellation est un sport national. Tous les citoyens du monde s'adonnent à de l'autodérision, mais nos concitoyens vont plus loin que la simple dérision: On entend partout dire que si rien ne marche c'est à cause de NOUS! NOUS sommes ignorants, mal élevés, NOUS méritons la castagne. Qu'à cause de ça que Dieu NOUS a abandonnés! En fait, ce NOUS, vaguement précisé, ce sont les autres, mais qui ? et de prendre à témoin le moindre incident pour se conforter dans cette certitude… Un lointain héritage colonial n'est pas étranger à cet état d'esprit fataliste, devenu congénital, de nous mépriser les uns les autres, mais il n'y a pas que ça: En réalité cette psychologie complexe révèle le profond malaise de notre société qui du coup dispense de l'effort de se pencher sur les vraies raisons du mal être et avoir à s'engager pour en combattre les racines (école, télévision, paupérisation, sentiment d'injustice, perte de repères, peur…).
Il y a en Algérie un peuple et un état. Mais ces deux entités évoluent dans des sphères distinctes: D'un côté l'état, déconnecté du peuple, servant une minorité qui ne représente qu'elle-même, de l'autre un peuple mis à l'écart, méprisé, oublié entre deux scrutins, souffrant des affres d'une austérité quotidienne inadmissible pour un pays des plus riches au monde. Les membres de l'état et leurs protégés, vivent dans l'abondance, heureux d'être Algériens, ont accès au pouvoir et au gâteau qui va avec (terres, châteaux, affaires, loisirs…), côtoient les puissants de ce monde, s'octroient des business florissants, amassent des fortunes ici et les mettent à l'abri ailleurs, en héritage à leurs rejetons qui aiment encore plus ce paradis comme l'ont tant aimé les colons.
Et pourtant on ne peut que louer le courage et la persévérance de simples citoyens qui réussissent, malgré tout, à mettre sur pied des initiatives au prix d'épreuves herculéennes. Ceux-là savent où sont les incompétences. Alors NOUS c'est qui? Notre ETAT c'est qui?
Notre état ou appareil étatique est la BOITE A OUTILS pour gouverner notre nation. Ses éléments institutionnels sont entre les mains de personnes élues, nommées, souvent autoproclamées, censées sauvegarder et promouvoir notre patrimoine matériel et humain: Education, santé, économie et finances, travail, alimentation, bien-être, culte, justice, défense et sécurité, relations internationales… Cet appareil est financé par le trésor public, une manne provenant des prélèvements sur les revenus des personnes et entreprises publiques et privées (nationales et étrangères).
Question: Qu'est-ce qui empêche ces «outilleurs» ou du moins une partie d'entre eux, une fois en possession des clés, de s'entendre pour détourner cette manne et ces outils à des fins personnelles ou claniques? Leur conscience?
Qui empêche l'apiculteur de se lécher les doigts? Les abeilles? Il faudrait pour cela qu'elles aient la conscience du bien commun, qu'elles s'entendent puis bravent son enfumoir. Se sont-ils gênés de se lécher les doigts? Non… En théorie ils n'auraient pas pu car nos institutions prévoient un contrôle populaire au moyen de pouvoirs supposés indépendants: Parlement, média, société civile avec ses organisations, syndicats et intellectuels (!). Seul l'exercice engagé de ces contre-pouvoirs permet de dire que l'Algérie c'est «NOUS», les élus et autres responsables sont supposés des «exécutifs» de la volonté populaire (!). Ainsi est censée fonctionner notre «république démocratie et populaire» si prometteuse. C'est ainsi que, génération après génération, nous avons été manipulés au point de croire à cette utopie qui a nous été servie après chaque grand traumatisme (guerre de libération, coup d'état, guerre civile, concorde civile). Traumatismes qui, chaque fois, ont permis à une mafia «désalgérianisée» de faire main basse sur les espérances des Algériens.
Pour en revenir à cette «boîte à outils», notre appareil étatique est l'héritage d'une machine à sous coloniale dont les institutions étaient destinées à l'organisation de rapines au bénéfice exclusif de la métropole française (exploitation minière et agricole, bourrage des urnes, parlement fantoche, presse muselée,…). A l'indépendance, nos premiers hommes d'état libres, même les plus intègres (qui ont survécu aux luttes fratricides des clans régionaux), n'ont fait que rafistoler une administration, inadaptée au monde libre. Un monde en plein guerre froide, fait de compétitions technologiques et politico-économiques de haute voltige hors de notre entendement (programmes spatiaux, armes nucléaires, accords économico-financiers, OTAN, etc. Des extra-terrestres pour nous!). Quel jeu d'enfants ce fut pour ces «êtres venus d'ailleurs» de convaincre les gueux (agneaux et loups) aux commandes de la jeune Algérie, de «structurer» nos institutions pour les adapter en fait à la poursuite du festin par militaires interposés qui, malgré leur inculture et analphabétisme, ont compris les avantages qu'ils en tireront.
Aujourd'hui, et depuis les années 90, sans que nous y ayons pris part active, le monde a basculé du tout au tout. Méconnaissable, difficilement déchiffrable, il est dominé par l'économie globalisée au profit exclusif des puissances financières de l'OCDE. Un nouveau décor est placé, le même pour tous: «Toute politique qui se veut nationaliste et sociale est immédiatement ressentie comme une atteinte a la sécurité du nouvel ordre mondial défini par les vainqueurs de la guerre froide, USA en tête». Si on ne comprend pas ça, ou si on ne l'identifie pas, on navigue à vue et les désillusions seront comme celles des récentes des révolutions colorées qui ont débouché sur des scénarios si éloignés des aspirations populaires (pays de l'est).
Les politiques étatiques interventionnistes et protectionnistes (état-providence) qui ont permis aux pays de l'OCDE de se développer pendant les 30 glorieuses sont désormais interdites pour les pays en voie de développement. Comme ça! Sacro-saint libéralisme pour tous, sous peine de sanctions financières et plus. Il n'est plus question pour eux de suivre une autre voie que celle de l'économie du libre échange «dérégulé» sous contrôle du FMI, de l'OMC et autres accords sur les investissements. Le recours à la force (embargos, déstabilisations, agressions) est brandi contre les «états voyous» récalcitrants pour les obliger à «l'ajustement structurel» et l'orientation de leurs institutions au détriment de la volonté et des intérêts de leurs populations considérées comme immatures et n'ayant que le droit de se taire… Que vient faire Mme Clinton et autres émissaires et envoyés spéciaux chez nous ? Du tourisme??? L'exemple de l'ALENA, traité commercial glissé en douce au Mexique en 94, à l'insu du peuple par l'administration Clinton avec la complicité d'hommes politiques et hommes d'affaires mexicains, montre les ravages imposés au tissu social, à la démocratie et à l'indépendance alimentaire, provoquant l'insurrection armée des paysans et la montée exponentielle de la délinquance, cas bien documenté à méditer pour comprendre ce qui pourrait se tramer contre nous.
L'Algérie est très riche et trop grande, entre les mains de dirigeants immuables rongés par les contradictions (communautarisme, clientélisme, héritage colonial, mépris de la population, …): Un état idéal pour les charognards qui lorgnent sur nos richesses! Nos dirigeants et généraux-investisseurs ont choisi de sacrifier la majorité à l'autel du libre échange pour prendre part au festin avec la béate complicité d'une grande partie des média, parlementaires et intellectuels dans le rôle de «chiens de garde» du système, saturant l'espace politico-médiatique de pensée unique, faisant croire aux citoyens qu'ils sont nuls et qu'ils doivent laisser faire ceux qui savent.
Alors que faire? D'abord comprendre les enjeux et dénoncer les acteurs véritables pour agir contre ceux qui misent sur notre ignorance pour nous dépasser chaque fois d'une longueur. Il y a en fait deux voies diamétralement opposées.
A LEUR place on ne changerait rien. Ou plutôt si, on se servirait plus et on serrerait la vis plus encore pour faire de l'Algérie un pays attractif pour les investisseurs mondiaux en sacrifiant les objectifs sociaux notamment l'enseignement et la santé, au profit d' intérêts privés et en mettant nos richesses publiques à leur disposition dans un marché de dupes et nos travailleurs en concurrence avec tous « les quasi-esclaves» de la terre, jusqu'à ce qu'ils acceptent de renoncer à leur dignité au nom de la « flexibilité », nom caché pour désigner le chômage de masse . Ensuite, une fois leurs droits réduits à une peau de chagrin, les investisseurs se féliciterons que l'Algérie soit enfin compétitive et nous aurons nos belles usines de montage flambant neufs et d'heureux touristes en quête d'une destination low cost.
Pour NOUS, la tâche est plus ardue, du fait qu'il est plus difficile de s'unir quand on a été divisés depuis la colonisation. Nous sommes malgré tout plus nombreux. Et il y a parmi NOUS des gens intègres, certains faisant ou ayant fait partie des arcanes de l'état, qui ne se sont pas laissé corrompre par les ors et les privilèges et qui apportent leur contribution à la lutte, dédiant leur énergie au péril de leur sécurité, à l'éclosion d'une conscience populaire en perte de vitesse. Oui, car à force de frustrations, une partie d'entre NOUS se laisse acheter, espérant glaner une petite place auprès des privilégiés (sésame par ci, coup de pouce par là).
L'échec de nos institutions à proposer des réformes face au mécontentement général ont fait de notre pays une vraie bombe à retardement:
- Flambée des prix des produits alimentaires,
- Chômage de masse,
- Restrictions des libertés,
- Désespoir de la jeunesse, sans perspective d'avenir,
- Absence de l'état lors des catastrophes naturelles,
- Réquisitions abusives des meilleurs sites pour usages exclusif de l'état (plages, forêts, terres, …),
- Arrogance des dirigeants vis-à-vis du peuple (omniprésence policière et militaire, cauchemar des barrages et cortèges officiels, …),
- Abus de pouvoir (ceux qui ont comme voisin un gradé de l'armée savent de quoi il retourne),
- Bureaucratie sclérosée stressant les citoyens dans leurs démarches les plus anodines, etc.
Malgré tout ça, il y a des moyens de résistance, car le peuple possède l'arme du nombre, et des hommes de qualité. Des actions immédiates puis à long terme ne manqueront pas de jaillir. Les actions immédiates sont déjà en cours, certes maladroitement, car hantés par le choc des répressions sanglantes de la sale guerre dont le souvenir terrorise encore les citoyens, mais ils existent et doivent être maintenus, perfectionnés et médiatisés:
- Emergence et union de nouveaux terreaux d'intellectuels engagés dans la lutte pour le changement, en Algérie et à l'étranger,
- Médiatisation des abus de pouvoir avec tous les moyens de communication,
- Eclosion de moyens d'information alternatifs qui contournent une presse aux ordres du pouvoir politico-financier,
- Désobéissance civile et boycott,
- Mouvements de protestation sociale dans les entreprises,
- Protestations massives et pacifiques sur l'ensemble du territoire au point que les média ne peuvent plus les occulter.
Les moyens à long terme quant à eux, nécessitent de bien identifier la face cachée des choses, pour ne pas se laisser manipuler et surprendre par des agissements occultes défendant des intérêts cachés.
D'abord il faut s'entendre sur les mots : Ce qui est catastrophe pour les uns est succès pour les autres. Chacun a sa grille de lecture des réformes à engager. Les partisans du changement sont animés de nobles intentions : réformer les institutions, renouveler le gouvernement, rassembler … Mais si le changement consiste à mettre des hommes, même intègres, à la place des autres il n'y a aucune garantie que le scénario soit différent. Certes rien ne se fait sans les hommes, mais rien ne dure sans des institutions fortes. Car beaucoup défis nous attendent :
1) Le modèle de société du «nouvel ordre mondial» se réfère à des penseurs occidentaux du 19ème selon lesquels «le meilleur service à rendre aux pauvres est de les débarrasser de l'illusion d'avoir un droit à l'existence». De quelle référence nous inspirerons-nous?
2) Les investisseurs multinationaux deviennent plus puissants que les nations et nos roitelets choisissent de les privilégier au détriment de nos entreprises et des intérêts nationaux. Comment rassembler un front populaire uni, seul bouclier viable face aux prédateurs?
3) Notre état est devenu une marionnette actionnés par des puissances qui en sont à la guerre des étoiles et aux techniques financières diaboliques (traités de libre échange biaisés, dérégulation, paradis fiscaux…). Comment internationaliser notre cause?
Un peuple éveillé, informé, rassemblé, conscient des enjeux est le seul rempart aux agissements de l'ombre qui trouvent leur efficacité chez les peuples mal informés et affaiblis. Exemples de propositions à méditer pour l'avènement d'un état moderne au sens noble du terme:
- Structuration de réflexions émanant de «réservoirs à idées» à mettre sur pied.
- Donner la parole à toutes les formations politiques sans restriction et permettre la bataille virile et démocratiques des idées.
- Récupération de biens publiques stratégiques indûment bradés profit d'intérêts privés.
- Contrôles et dénonciations des magouilles dans les contrats internationaux, sources de malversations et spoliations.
- Manifestations à l'étranger devant les sièges des organismes complices de marchés truqués chez nous (corruption, commissions, …).
- Boycotter les produits de consommation commercialisés dans des conditions déloyales.
- Redonner confiance au peuple en réduisant la présence militaro-policière dans les rues et éloignant les casernes des centres urbains.
- Encourager l'éclosion d'une presse libre financée par les lecteurs (ni par la pub, ni par l'état) en parallèle aux média officiels.
- Rendre le pouvoir judiciaire (les juges) indépendant du pouvoir exécutif (procureurs).
- Redonner au parlement (pouvoir législatif) sa noble vocation au lieu d'un tremplin à l'enrichissement personnel.
- Financer correctement les municipalités pour redonner vie aux besoins de proximité des citoyens.
- Contrôle strict par le «parlement» des accords et traités internationaux engagés par le gouvernement avec des puissances étrangères.
- Identifier et analyser les causes qui ont eu ailleurs les mêmes effets que chez nous.
- Accentuer notre vigilance pour l'imposer à nos élus.
En réalité le problème de l'Algérie n'est spécifique que dans sa forme (culture franco-berbéro-arabo-musulmane). Dans le fond il n'est que le scénario immuable que d'autres peuples ont subi et combattu avec plus ou moins de succès. Scénario qu'il faut analyser et décortiquer pour en tirer des solutions spécifiques et NOUS sortir de cette spirale humiliante d'incapacité. Et aussi pour démentir l'adage selon lequel le peuple, dès qu'il est assujetti, tombe dans un si profond oubli de sa liberté, qu'il lui est impossible de se réveiller pour la reconquérir…


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