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Convergence antipolitique des « modernes » et des salafistes « scientifiques » Le retour de l'affreux « bourrourou »
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 13 - 06 - 2012


Khaled Ziri, La Nation, 12 Juin 2012
Un prédicateur salafiste saoudien en tournée algérienne et draine des foules. Voilà donc que le vilain « bourrourou », le croquemitaine de légendes, ressurgit dans les médias. Les cris d'orfraie de scribes enflammés sont pourtant sans effet dans une Algérie où deux « élites » réputées radicalement antinomiques se sont systématiquement et « radicalement » opposé à une structuration politique de la société. Avec pour seul résultat de faire le lit à un « homo-islamicus » déconnecté du cadre national et à des régressions tribales... Quelques rappels utiles...
Sur un mode terrifié et à la faveur de la visite d'un prédicateur saoudien aux idées conformes à celle du « Prince », on a parlé du salafisme et de son « retour » en Algérie. Comme si ce courant théologico-politique s'était évaporé par l'effet miraculeux du bâillonnement général de la société approuvé, souhaité et soutenu par ceux-là mêmes qui aujourd'hui s'inquiètent de la « permanence » et de « l'extension » du phénomène. Les idéologues « laïcs » « démocrates » et « républicains », partisan d'un pouvoir censitaire pour un « certain temps » ou un « temps certain », sont décidemment toujours en retard de plusieurs constats. Qu'un Cheikh saoudien comme Haythem Sarhane déjà starisé par les « satellites verts » attire des centaines de personnes à Oum El Bouaghi ou ailleurs ne surprend que ceux qui vivent dans la bulle spéculative de la rente. Que ce Cheikh soit autorisé à s'adresser aux gens alors qu'un dirigeant de la LADDH se voit systématiquement refuser d'organiser une activité dans un hôtel – et l'interdiction est toujours signifiée la veille pour montrer que l'arbitraire s'assume – n'est pas pour surprendre. C'est dans l'ordre des choses et seuls sont surpris ceux qui à force de vendre des illusions finissent par y croire. Il faudra peut-être sortir les anciens numéros de la Nation du milieu des années 90 ou de ceux de Libre Algérie pour montrer que l'instrumentalisation du « salafisme scientifique » contre toute contestation politique du pouvoir rejoignait dans un même mouvement le discours des « républicains » et des « modernes ». Eux aussi estimaient qu'on ne doit pas jouer le « sort de l'Algérie » dans une élection libre dans un pays « où les analphabètes représentent 7 millions d'habitants ».
La politique pour les « happy few » et la « Khassa »
La relecture de ces amabilités antipopulaires sous prétexte d'anti-populisme et d'anti-intégrisme est édifiante. Tout comme les salafistes « scientifiques » – et même si c'est davantage par crainte de perdre un statut ou un mode de vie – les « modernes » ont prôné le musèlement du plus grand nombre et la limitation de la politique aux « happy few ». En arabe et dans une sociologie politique qui renvoie à la phase terminale du Califat Omeyyade d'Andalousie, happy few se traduit par «Al-Khassa », l'élite, par opposition à « Al-Amma », le commun. Ce musèlement, a bien été obtenu par nos modernistes de choc. Sauf que les chefs d'orchestre du régime, ayant une connaissance plus sérieuse des réalités que l'élite éclairée (dont personne sur la planète ne nous envie les douteuses « lumières », n'ont jamais observé les préconisations pour une laïcité soi-disant radicale. A rebours de ces demandes, les chefs ont fait appel aux zaouïas – et l'impulsion politique a été donnée dès 1989 avec l'organisation du Congrès des zaouïas piloté par le régime – et aux « salafistes scientifiques ». Un courant dogmatique avec pignon sur rue, dont l'état-major notoire gravitait autour de la mosquée de la Colonne à Alger et dont le maître-à-penser quasi-officiel, Abouberkr Djaber Al Djazayri, était basé en Arabie Saoudite. La plongée du pays dans la violence dans une confrontation frontale entre le FIS et le pouvoir a été précédée et accompagnée d'une remise en cause du processus démocratique et des réformes. L'irruption de la société et des « classes dangereuses » dans la sphère politique, inaugurée par les émeutes d'octobre 1988, devait être « radicalement » bloquée. Un double discours, « moderniste » d'un coté en direction des élites et de l'Occident, salafiste « scientifique » (par opposition à « politique) de l'autre, a été encouragé par le régime. L'objectif était de contenir la société, de la brider et de la détourner de toutes velléités de contestation. Il s'agit bel et bien de deux pôles idéologiques aux antipodes l'un de l'autre mais dont la finalité est la même : entraver la citoyenneté politique.
Convergence antipolitique
Ce sont clairement deux élitismes qui s'expriment et qui représentent, n'en déplaise aux uns et aux autres, les deux faces d'une même monnaie autoritaire et répressive. Un élitisme moderniste qui considère que les urnes et la démocratie sont nécessairement « fatales » et un élitisme religieux, « el-Khassa » qui prône « l'obéissance » des gens du commun « Al-Aouam » aux gouvernants et un éloignement de la politique, présentée comme une source de Fitna, de division criminelle. Car, c'est bien connu, le dogme veut que la « Fitna est pire que la mort ». La convergence antipolitique des deux élites ne pouvait qu'être agréée par le système qui s'offrait ainsi à la fois le discours « de la famille qui avance » et de celui de la « famille qui recule ». Pour la première « famille », les désillusions se sont révélées au fil des prises de conscience individuelle... sans pour autant aller vers le débat de fond qui reste à ouvrir. Des « élites » qui prônent le bannissement de la politique et la « pureté politique » (sans réaliser le caractère terrifiant de la formule), peuvent-elles incarner l'aile de progrès, celle qui participe à l'évolution de la société ? La réponse est également bien connue. Quant au salafisme soi-disant scientifique qui a été encouragé par le pouvoir, son « apolitisme » va jusqu'à refuser de saluer l'emblème national au motif qu'il s'agirait d'une « bid'aa », d'une coupable innovation, d'une « invention » non prévue par la théologie. Il y a deux ans, le ministre des affaires religieuses a fait mine de s'émouvoir quand des imams totalement « apolitiques » ont refusé de se lever aux premières notes de l'hymne national. Sa « divine » colère a nourri les sarcasmes tant elle respirait le simulacre et la mise en scène. Ces imams ne sont pourtant que le produit de l'enseignement qu'ils subissent. Ils ne contestent pas le « prince » mais ils ne se reconnaissent pas non plus comme membres d'une nation particulière. Ce sont des « homo-islamicus », sans attache nationale, sans emblème, des « internationalistes » d'un genre nouveau. Il va de soi, l'histoire s'est acharnée à l'enseigner, que « l'apolitisme » est une vue de l'esprit. L'étouffement des libertés, prôné par ces deux « élites », a empêché la vraie modernisation du pays et entravé son développement. La nature ayant horreur du vide, l'interdiction d'une vie citoyenne dans un cadre national ouvert et organisé installe les conditions de la poursuite d'un débat irréel, de recherche de références abstraites et mythiques. Le terrain est devenu fertile pour « l'homo-islamicus » désincarné qui ne se reconnait plus dans les référents nationaux mais dans les imams satellitaires. Il est aussi propice à la régression tribale. Il n'est guère utile de resservir le plat tant de fois réchauffé de la peur du « bourrourou » salafiste. L'expérience nationale démontre de manière irréfutable que le bannissement des libertés n'est pas synonyme de progrès, au contraire. Sans libertés publiques et privées, point de développement de la nation. Ces élites carcérales se rejoignent objectivement en empêchant la société de poser correctement les problèmes qu'elle doit résoudre. Qu'elle est en mesure de résoudre. Qu'il est urgent de résoudre.
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