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Les graciés du Président récidivent
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 10 - 08 - 2012

Chaque année, ils sont nombreux à bénéficier de la grâce présidentielle. Mais le retour en prison est parfois une affaire de quelques jours, le temps d'un délit. Victimes, citoyens, agents des forces de sécurité réclament la fin des grâces répétitives.
Chaque année, ils sont des centaines, voire des milliers à être libérés à l'occasion de chaque fête nationale ou religieuse. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a fait des grâces présidentielles un «propulseur» de sa popularité, selon de nombreux observateurs. «Bouteflika comprend les jeunes, surtout les détenus, il est le seul vrai homme dans ce pays», témoigne un repris de justice. Depuis le début du mois de Ramadhan, les statistiques de la délinquance ont grimpé, selon des déclarations de responsables sécuritaires.
Pas moins de 1200 personnes ont été envoyées en prison, il s'agit pour la plupart d'hommes récemment graciés. Des faits qui mettent à mal le principe de la grâce présidentielle. Cependant, Farouk Ksentini, président de la Commission nationale pour la promotion des droits de l'homme, a, dans une déclaration au quotidien Ennahar, démenti les informations incriminant les graciés du président, allant jusqu'à affirmer que la grâce n'a pas touché les personnes condamnées pour des actes de délinquance ou de violence.
Accommodé
Pourtant, la grâce présidentielle est bel et bien un facteur motivant la récidive. Hakim, 22 ans, de Bab Ezzouar, vient de bénéficier du pardon présidentiel, il n'a purgé que 8 mois de sa peine. «J'ai été condamné à une année de prison ferme pour agression», informe-t-il. A priori, les conditions socioéconomiques de sa famille sont la cause de sa violence. «Avant, j'étais au chômage, je suis issu d'une famille pauvre et nous vivons dans une cave, comment voulez-vous que je ne devienne pas délinquant ?», s'interroge Hakim. Il n'en est pas à sa première peine. En 2010, il a été condamné à deux ans de prison ferme pour agression à l'arme blanche. «J'ai attaqué quelqu'un sur le pont de Bab Ezzouar tard dans la nuit. Il discutait au téléphone, je lui avais demandé gentiment de me donner son portable, face à sa résistance, j'ai sorti mon couteau, raconte-t-il sans remords. Vous savez, quand vous passez plus d'une année en prison et que vous vous êtes accommodé à votre nouvelle vie d'entre quatre murs, il est difficile de vous en séparer. Une fois sorti, vous ne pensez qu'à y revenir.»
Pour Nassim, 21 ans, de Bachedjerrah, la prison est une échappatoire. «Il n'y a pas de travail, à la maison toujours des problèmes. La seule solution est de commettre un délit et d'entrer en prison», confie-t-il. Il a été emprisonné pour agression à l'arme blanche. Il a passé 16 mois derrière les barreaux avant de sortir le 16 juillet dernier. En ce troisième jour du Ramadhan, Nassim a récidivé et est recherché par la police. Dans les milieux de la délinquance algéroise, commettre un délit relève du calcul. «Pour un jugement d'une année, vous passez de 8 à 10 mois tout au plus, pour une condamnation de 2 ans de prison ferme, 16 à 18 mois. Ça dépend du mois de votre jugement, c'est pour cela que nous calculons la date avant de passer à l'acte, à moins que l'un de vos amis soit en prison, là, la donne change, vous le rejoignez le plus tôt possible», explique Mourad, 26 ans, un habitué de la maison d'arrêt d'El Harrach.
Vengeance
A Bab El Oued, un autre fief de la délinquance de la capitale, Salim, Mourad et Samir forment un gang des plus troublants. Agés de 24 à 26 ans, ils sont sortis de la prison de Serkadji la veille du mois de Ramadhan. «Nous avons passé, depuis l'âge de 18 ans, plus de temps en prison que dehors», attestent-ils. Salim est celui qui a connu le plus de condamnations parmi eux. «J'ai cinq jugements, j'ai passé en tout plus de cinq ans en prison, à chaque fois je suis libéré avant la fin de ma peine. J'ai toujours bénéficié de la grâce.» Cette fois-ci, la grâce revêt un caractère particulier. «Je vais venger mon frère, j'attendais la grâce avec impatience, un maffia (un délinquant, ndlr) a agressé mon frère en usant d'un couteau, il en aura pour son compte bientôt», promet-il. Après cela, Salim n'y pense même pas. «Je vais retrouver ma salle et mes amis.»
La «grâce présidentielle» devient ainsi ce sursis accordé aux délinquants afin de solder leurs comptes une fois sortis de prison. Fouad est content de retrouver ces ruelles lugubres de Bab El Oued. «Je suis à la recherche d'un maffia qui s'en est pris à moi en prison deux jours avant sa sortie, avec sa bande, ils ont failli m'agresser dans la cour», raconte-t-il. Fouad est passé à l'acte, il est sous mandat de dépôt et sa victime est à l'hôpital dans un état critique, selon ses proches. Si pour certains, la grâce présidentielle est ce geste de bonté du premier magistrat du pays, pour d'autres, ce n'est qu'un sursis de toutes les forfaitures. Les citoyens n'en peuvent plus
«C'est intolérable, chaque année, le même scénario avec les mêmes personnages, c'est à l'image des feuilletons du Ramadhan», raconte ammi Mustapha, 60 ans, retraité. «Les mêmes délinquants perturbent nos journées comme nos soirées ramadanesques, ils sont à chaque condamnation graciés quelques mois plus tard, ça ne peut plus durer», tonne-t-il.
Au marché Clauzel, comme aux alentours des autres marchés de la capitale, chaque jour est ponctué de scènes de violence, d'agression ou de vols, une situation que les riverains ne supportent plus. Pour Dalila, 40 ans, mère de 2 enfants, «le président Bouteflika devrait cesser de leur accorder sa grâce, nous sommes pour le durcissement des peines». Même constat pour Boualem, 48 ans, instituteur, habitant de Bachedjerrah.
«Les autorités savent pertinemment que la période n'est pas propice, les difficultés du jeûne conjuguées à la situation socioéconomique pas facile des familles ne peuvent que les pousser à récidiver et à la violence», explique un sociologue. La frustration est à chercher du côté des victimes des délinquants graciés. «J'ai été agressé il y a tout juste une année et voilà mon agresseur qui circule en toute liberté, se promène avec un couteau et se permet même de me provoquer de temps à autre, je ne vous cache pas, j'ai peur de lui», confie Mehdi, 23 ans, étudiant à Bab Ezzouar.
Son seul souhait «qu'il retourne en prison, même s'il faut une autre victime, je sais que c'est égoïste de ma part, l'essentiel, qu'il ne s'en prenne pas à moi», poursuit-il.
L'embarras des services de sécurité
Loin des déclarations des porte-parole officiels de la DGSN ou de la Gendarmerie nationale minimisant les faits, le constat est le même. «A chaque mois de Ramadhan, les détenus graciés récidivent», révèlent de nombreux policiers et gendarmes en faction à Alger. Une situation que les agents de l'ordre public ne supportent plus.
«Nous consentons beaucoup d'efforts pour réduire la criminalité et la délinquance, nous luttons chaque jour contre ces malfrats, pour qu'en fin de compte, nous les voyions quelques mois plus tard en liberté et ils trouvent le moyen de nous provoquer de temps à autre», confie un inspecteur de la banlieue est d'Alger. Un état de fait démotivant.
«Déjà nous avons remarqué que les jeunes de moins de 20 ans sont de plus en plus tentés par la délinquance et sont violents. Derrière chaque agression se cache un adolescent dans la plupart des cas, de nouveaux arrivants en quelque sorte, le mois de Ramadhan est le point culminant, les anciens tentent de récupérer le terrain, les nouveaux s'affirment et cherchent un titre que seule la prison peut apporter, cela s'appelle «zenda», la suite vous la connaissez», analyse un gendarme de Rouiba.
Dans la capitale, les forces de sécurité arrêtent chaque jour au moins une dizaine de récidivistes. «Nous les connaissons, la plupart sont récemment graciés. On joue presque au chat et à la souris, que voulez-vous qu'on fasse», s'exclame un policier de Bachedjerrah.
Zouheir Aït Mouhoub


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