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Où en sommes-nous et où allons-nous ?
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 18 - 10 - 2012

Les élections préfabriquées ne servent qu'à reproduire le système politique
Où en sommes-nous et où allons-nous ?
Abdenour Ali Yahia
El Watan le 18.10.12
L'été n'est pas propice à l'action mais à la réflexion, qui est l'exigence fondamentale. L'automne algérien sera chaud, tous les signes extérieurs de la violence sont en place et personne ne sait comment il va se terminer. Le Printemps arabe, qui a renversé les dictateurs, ne doit pas dégénérer en hiver intégriste mais devenir un automne de la démocratie.
L'Afrique du Nord et le Moyen-Orient commencent à se débarrasser du joug des tyrans et des despotes qui s'aident et sont les seuls à faire preuve d'esprit de famille. La politique traditionnelle de l'Occident est basée sur son soutien inconditionnel aux dictateurs pro-occidentaux du Tiers-Monde.
L'Algérie qui a connu, après «une longue nuit coloniale», une longue dictature, prendra-t-elle le chemin d'une démocratie apaisée pour construire une société de liberté et de justice, avec une répartition équitable du revenu national ? Nous sommes dans l'impasse politique, mais nous voulons en sortir. Faire un diagnostic lucide, clair, total et rigoureux, c'est découvrir une Algérie malade d'immobilisme politique, de mauvaise gestion, de corruption. L'Algérie, qui entre dans le XXIe siècle en marche arrière, ne cesse de se perdre car elle oublie qu'elle n'est plus au Moyen-Age. Pour ne pas répéter les erreurs du passé, il faut faire preuve de maîtrise et de responsabilité, faire des réformes en profondeur par une politique réfléchie, préparée, expliquée, attentive à l'avenir qui s'inscrit dans le IIIe millénaire.
Il ne faut pas labourer le même sillon mais ouvrir d'autres chemins pour l'action politique, par un contact direct et privilégié avec les forces d'avenir qui bouillonnent dans le cœur des jeunes générations. Est venu le temps de la doxographie fondée sur l'intervention permanente de l'opinion dans les affaires publiques. Les spécialistes, historiens, sociologues, économistes, doivent se mobiliser pour de vrais débats. L'Algérie a besoin de femmes et d'hommes expérimentés, capables d'analyses et de réflexions pertinentes dans les domaines concernés.
Le peuple algérien, ce grand absent dont on parle toujours, sera reconnu souverain et majeur le jour où les Algériennes et les Algériens, considérés comme sujets, accèderont à la citoyenneté.
Dans la dictature, la Constitution n'a pas de rapport avec le pouvoir en place parce que la pratique l'éloigne des règles constitutionnelles.
Pour préparer l'avenir il faut maîtriser le présent, construire une alternative et pas seulement une alternance au pouvoir. La clé du futur se trouve dans la sphère politique, dans sa démocratie. L'Algérie a besoin d'espoir, espoir de démocratie, de justice et de liberté.
Les partis, combien de divisions ?
Le président Abdelaziz Bouteflika, qui voulait établir la bipolarisation, c'est-à-dire l'organisation de l'espace politique entre deux partis dominants, a donné l'ordre au ministre de l'Intérieur d'autoriser la création de je ne sais combien de partis politiques. Quelle place pour les nouveaux partis dans l'échiquier politique ? Il faut faire la synthèse des différents courants politiques et idéologiques qui traversent la société. Les partis doivent éviter le double jeu, être à la fois dans le pouvoir et en dehors.
Dans l'exercice des partis politiques, la vision est indispensable pour donner du sens et de la cohérence à leur action, la stratégie et la synthèse nécessaires tant pour les diriger que pour mener à bon port leurs projets. C'est le temps qui n'en finit pas pour faire la courte échelle à des dirigeants qui ne s'attaquent pas aux problèmes de fond par absence de culture et d'analyses stratégique. Les partis politiques doivent se reconstruire par la mise en œuvre de projets à la hauteur des défis, par l'écoute de leurs militants de base.
Ils sont déphasage avec la société et leurs conflits internes sont réglés dans la plus grande opacité.
Les détracteurs de Belkhadem et de Ouyahia, parmi les nombreux cadres et militants de leurs partis qui leur reprochent d'en faire des rampes de lancement pour satisfaire leur ambition et prétendre à la magistrature suprême prochaine, les contestent et les discréditent.
Le FFS historique, qui a incarné une alternative au système politique et à ses pouvoirs a vécu ; nombre de ses cadres sont partis, d'autres ont été écartés et ceux qui restent, peu nombreux, ne sont plus à la direction du parti. Il doit renouveler son logiciel idéologique. Il n'est plus à l'écoute des militants et déroge aux règles les plus élémentaires de la démocratie interne. Il a cédé aux sirènes du pouvoir en acceptant de participer aux élections législatives, devenant ainsi l'opposition du pouvoir et non l'opposition au pouvoir. Il lui fallait une réflexion politique et non tactique et conjoncturelle, populiste et électoraliste, avant de sympathiser sans tabou avec le pouvoir.
L'appareil du FFS croit rassurer ses militants et l'opinion en leur expliquant que son retournement d'alliance est tactique : «Le choix du FFS de participer aux élections relève de la pure tactique électorale et vise à remobiliser la société.» On ne va pas aux élections par tactique, mais par conviction. Le réveil tactique du FFS, qui fait de la politique un sens tactique, une règle tactique, est une attitude virtuelle. La tactique politique relève du déni d'une vision claire, cohérente, intelligente. Il ne faut pas galvauder le sens des mots, sauf à leur voir perdre ensuite toute leur portée, abandonner cette phraséologie qui résonne comme une coquille vide, éviter de se remplir la gorge de mots purement tactiques qui deviennent un instrument de camouflage, en tournant le dos à ce que rappelait Althuser : «Aucune tactique n'est possible qui ne repose sur une stratégie et aucune stratégie qui ne repose sur la théorie.»
Aucune stratégie ne vaut sans une tactique qui permet de la mettre en œuvre. L'appareil du parti a hérité d'un très lourd passif, mais il a réagi à la multiplication des fronts de manière désordonnée. Ali Laskri, par ses circonlocutions laborieuses, est le conducteur qui va droit dans le mur et qui espère éviter l'accident en accélérant. Il avertit les militants et cadres du parti qui s'en prendraient à son action qu'ils le trouveront sur leur route. Mais ils peuvent l'écraser, les accidents de la route étant très fréquents en Algérie.
Karim Tabbou est victime d'une vendetta de l'appareil du parti. La vengeance est un plat qui se mange froid, mais il veut agir vite pour régler ses comptes.
Les élections locales du 29 novembre 2012
Il n'y a pas d'élections libres en Algérie. Dans la mémoire collective des Algériens, le souvenir est frais de toutes les fraudes électorales. Tout a été dit sur ces élections préfabriquées à la Naëgelen, comme l'a reconnu le président de la République, qui ne servent qu'à reproduire le système politique. Tout pouvoir qui n'émane pas de la souveraineté populaire librement exprimée par des élections libres et transparentes est illégitime et engendre le totalitarisme.
Les élections n'ont pas pour objet de choisir les dirigeants, car les choix sont faits avant et ailleurs, mais seulement à les légitimer. La désaffection des Algériens à l'égard du système politique s'aggrave à chaque élection par un taux réel d'abstention chaque fois plus fort, porteur d'un message politique. Il faut d'abord dénoncer les erreurs et les fautes du pouvoir, dans la préparation, la cuisine électorale, la gestion des élections législatives du 10 mai 2012. La campagne électorale pour ces élections s'était déroulée dans un désert d'électeurs, le boycott et l'abstention l'ont emporté haut la main. Le schéma qui a prévalu lors de ces élections doit se répéter.
Le peuple algérien, qui a boycotté les élections législatives, ne peut s'arrêter en si bon chemin, mais continue son combat. Une volonté collective se dessine et se mobilise pour qu'une sanction électorale exprime le rejet du pouvoir. Le scrutin du 29 novembre 2012 sera marqué par un nouveau record d'abstention.
Les codes communal et de wilaya sont rétrogrades, limitant les pouvoirs des APC et des wilayas. La régionalisation préserve et renforce l'unité nationale. La centralisation constitue une méthode de pouvoir et une structure d'organisation archaïque, paralysante, qui ne correspond pas à la vie moderne. Le pouvoir local doit être exercé par des démocrates partout où la fraude est limitée grâce à la vigilance des militants et de la population. Le seul combat qui justifie l'engagement des démocrates à prendre en main l'exercice du pouvoir local est de libérer les APC et les APW de l'attitude du wali qui est devenu le véhicule de la tyrannie bureaucratique et centralisatrice.
L'automne sera socialement très agité
Le peuple algérien n'a pas perdu sa capacité d'indignation. Un grand mouvement social peut se manifester. Quelle forme prendra-t-il ? Les inégalités criantes devenues socialement indépendantes, font remonter à la surface la soif de justice sociale, qui est un élément fondamental de la cohésion sociale.
Les conditions de vie des pauvres se sont dégradées. Des millions d'Algériens vivent au-dessous du seuil de pauvreté et l'appauvrissement des couches moyennes fait que d'autres millions vivent les drames des fins de mois difficiles. L'inflation galopante, qui est l'un des cancers de la société, relance l'érosion du pouvoir d'achat des ménages, dont les plus modestes sont les plus touchés par la forte hausse des produits de base, au premier rang desquels figure l'alimentation.
L'augmentation du coût de la vie, résultat de la dévaluation du dinar et de la flambée des prix des denrées alimentaires de base par absence de contrôle des prix, réduit à la misère des millions d'Algériens. Les salaires augmentés sont absorbés par l'inflation. La pauvreté s'aggrave au point que des femmes et des hommes qui ont galéré durant des mois à la recherche d'un travail découvrent la faim.
La faim, en 2012, dans un pays qui regorge de richesses, est un anachronisme difficilement imaginable. Et pourtant ! Il faut mettre fin à ce cauchemar car l'inquiétude, le découragement, la déception, la frustration, la souffrance, le désespoir qui habitent les gens épuisent le sens de la vie. De nombreux Algériens s'immolent par le feu pour exprimer leur désespoir. Les tensions sociales sont fortes. Les revendications sociales sont autant de facteurs qui mettent en cause l'échec du pouvoir.
L'inégalité sociale a fait apparaître une lente et difficile montée des syndicats autonomes et des revendications qu'ils portent. Les syndicats doivent constituer un front commun pour se concentrer sur la réalisation de leurs revendications sociales. C'est l'UGTA qui négocie avec le gouvernement et le patronat, après les grèves menées par les syndicats autonomes.
Les richesses tirées du sous-sol doivent être réinvesties sur le sol
L'économie est paralysée, c'est la question qui domine toutes les autres parce qu'elle conditionne toutes les autres. Les trois quinquennats du Président n'ont pas débouché sur le décollage de l'économie, qui ne peut se faire qu'avec le concours de l'ensemble des acteurs économiques. L'industrialisation du pays est un objectif majeur et même prioritaire. La mauvaise gouvernance n'est plus à évoquer, avec une économie faible et une situation sociale très tendue.
L'esprit de rente l'emporte sur l'esprit d'entreprise qui passe par le socle de la démocratie et de l'Etat de droit. Les hauts dirigeants du pays sont nombreux à avoir un intérêt financier personnel, voire familial, direct ou indirect, dans une entreprise ou dans l'économie informelle. C'est le goût du lucre et de la puissance de l'argent qui a contaminé ces dirigeants qui sortent tous du même moule : les clans du pouvoir.
Les mœurs rappellent ce qu'écrivait Victor Hugo dans Ruy Blas : «Bon appétit messieurs ! Ô ministres intègres, conseillers vertueux ! Voilà votre façon de servir, serviteurs qui pillez la maison.»
Le pouvoir et la corruption ont fait mentir la maxime : «Bien mal acquis ne profite jamais.» L'Etat est gangrené par la corruption. Il faut faire la lumière sur les scandales portant sur les malversations dans les contrats publics. Il existe des pratiques qui couvrent la fuite des capitaux vers l'étranger, de manière à satisfaire les appétits les plus voraces et les plus égoïstes qui ruinent le pays. Lorsque les institutions illégitimes de l'Etat, parce que issues d'élections truquées, servent à des fins politiques, les sentiments de justice, de légitimité et d'équité sont écartés pour laisser place à l'impunité.
Il faut une détermination d'acier et une sacrée volonté politique pour affronter la tyrannie du statu quo et de l'argent, être branché sur le concret et le réel, parce que les rapports politiques et sociaux sont des rapports de force, et briser l'injustice.
Il faut insuffler un peu d'air frais dans une société habituée à étouffer sous le culte de la personnalité. Il faut accorder une véritable place à la société civile, lui concéder un rôle important, retenir ses propositions parce qu'elle concerne l'exercice de la démocratie. Le pouvoir a banni la démocratie de la réalité, n'en conservant qu'une coquille vide dont il se sert pour maquiller le visage de la dictature, qui bloque la marche en avant de la société vers la liberté, la justice et les droits de l'homme. Le pouvoir présente sa dictature comme étant une démocratie. Le despote se déclare démocrate. Le cerveau et le cœur de la lutte contre la dictature, qui n'a brisé ni le courage ni l'espoir, sont la démocratie qui reste l'enjeu du combat politique. Le peuple a le droit d'inventaire des 13 années de pouvoir du président Bouteflika qui ont divisé, épuisé, fragilisé la société pour l'empêcher de choisir son destin. Ces 13 années n'ont pas apporté le progrès, mais la régression.
Pour paraphraser le défunt Kaïd Ahmed : «L'Algérie était au bord de l'abîme avant son arrivée au pouvoir, depuis elle a fait un bond en avant». L'ultralibéralisme qu'il a imposé est porteur non seulement d'injustices sociales, mais aussi d'inefficacité économique ; disposant de tous les pouvoirs, il est responsable des échecs de sa politique. Après sa désignation comme président de la République par les décideurs de l'armée, car il était le seul candidat en avril 1999 après le retrait des six autres candidats pour commencement de fraude dans le sud du pays, il a exprimé son état d'âme en disant qu'il ne se résignait pas à être sous la tutelle de l'armée, à n'être qu'un 3⁄4 de président. Il voulait le beurre, l'argent du beurre et le reste. C'est sa première faute politique majeure de son premier quinquennat.
Le président Abdelaziz Bouteflika exerce un pouvoir personnel, dominateur et totalitaire, confinant à la monarchie. Il y a une personnalisation à outrance inefficace et dangereuse, et une présidentialisation accrue de son pouvoir. Le présidentialisme, c'est l'identification du peuple à celui qui le dirige, contrôle l'Exécutif dans son entier, et la haute administration tenue par ses fidèles. Les institutions politiques, le Parlement, la justice, le Conseil constitutionnels se plient à ses injonctions. C'est la période bénie pour tous ceux qui se sont enrichis en toute impunité. Le président peut dire comme l'ancien roi d'Espagne : «Il n'y a pas abus de pouvoir dans ce pays, il y a seulement abus d'obéissance.»
C'est le renoncement des Algériens à exercer leur droit. On ne demande pas aux Algériens de comprendre, mais de saluer avec chaleur et respect la politique du président. C'est gravissime. Peut-être est-il temps de dire stop, non à cette politique. Au nom de quoi le pouvoir s'arroge-t-il le droit de s'accaparer et de s'identifier à la souveraineté nationale qui relève de la responsabilité du peuple ? Le présidentialisme qui sévit à outrance empêche la diplomatie de jouer son vrai rôle. Qu'avez-vous fait de vos 13 années de pouvoir absolu, Monsieur le président ? Saint Simon dit de Louis XIV : «Je me sais gré d'avoir jugé depuis longtemps que le roi n'aimait et ne comptait que lui, et était à soi-même sa fin dernière.»
Le président assis sur son trône a su se montrer généreux avec lui-même et sa famille, c'est ce qui s'appelle le sens de la famille dont il n'est pas dépourvu comme avec ses protégés et ses courtisans, ses réseaux de soutien qui se créditent d'une grande influence, qui tiennent le haut du pavé. Les règles de la comptabilité publique exigent l'inscription au budget de toutes les sommes dépensées par l'Etat dans l'année, particulièrement celles de la présidence. Le fard appliqué pour maquiller la réalité est vraiment trop grossier. Où avez-vous conduit l'Algérie Monsieur le Président, car celui qui guide peut égarer ? La concentration des pouvoirs à la présidence est la pire des politiques. Le système parlementaire empêche la personnalisation du pouvoir. La haute estime que le président a de sa compétence dans tous les domaines, renforcée par la conscience qu'il croit incarner le destin de la nation, a fait tant de mal à l'Algérie en entravant sa marche vers la démocratie. Il a éliminé tous les contre-pouvoirs nécessaires pour éviter la dérive monarchique.
Le mot réforme sortant du pouvoir est assimilé à la régression sociale, humaine, culturelle, morale et intellectuelle. Ne pas respecter la Constitution qui a limité à deux le nombre de mandats présidentiels relève de la forfaiture d'un autocrate. Des clans se sont emparés de pans entiers du pouvoir politique stratégique, de l'économie, de la diplomatie, exercent une influence déterminante sur la politique du pays, sans aucune légitimité.
La fin du système politique se dessine, son avenir est derrière lui
Le président de la République dépositaire et non propriétaire du pouvoir sera déposé à son tour ? A-t-il la capacité physique d'exercer pleinement ses fonctions ? Démissionnera-t-il en raison de sa maladie grave et durable ? Pour ses partisans, il se trouve dans une remarquable condition physique, dispose de toute son énergie, de toute sa vigueur. Le peuple algérien veut se délester de ce poids lourd que fait peser sur lui l'hyperprésidence. La séparation et l'équilibre des pouvoirs préservent la stabilité au sommet et la renforcent. La réflexion commune à élaborer avec une très grande ouverture d'esprit est un passage obligé pour que le prochain pouvoir ne sorte pas pour quelques clans, mais pour l'intérêt général.
Le sursaut viendra des jeunes, acteurs de combat pour la démocratie qui expriment le ras-le-bol de la société. Le changement, ce n'est pas pour plus tard, pour les autres générations, c'est pour nous, ici et maintenant. L'échéance présidentielle est l'élément structurant de la vie politique. Les clans du pouvoir savent qu'ils ont en commun une convergence d'intérêts et qu'ils ont intérêt à s'entendre. La lutte de succession à l'intérieur du pouvoir est ouverte. Les tensions s'avivent au sommet du pouvoir, qui échappe de plus en plus au président. Des manœuvres qui vont du narcissisme à la paranoïa et conduisent à des coups tordus se déroulent sous le regard d'un mélange de Raspoutine et de Machiavel du DRS qui préserve ses prérogatives politiques.
Les astres sont taquins, les boules de cristal s'embuent et les voyantes disent : «Que la fin du système politique s'annonce à l'horizon, que le président est en sursis dans un pouvoir en sursis, et qu'il désignera son successeur.» Bouteflika ne se succédera pas à lui-même. Le rejet d'un 4e mandat est profond et massif. Son successeur sera-t-il désigné par le DRS, les décideurs de l'armée, le suffrage universel truqué ou transparent ? Les Algériens doivent se mêler avec force de ce qui les regarde, la révision de la Constitution qui occupera le devant de la scène politique au début de l'année 2013. Le cadre naturel de sa révision est l'Etat de droit. Une Constitution se juge sur sa capacité de durer et de s'adapter aux situations les plus diverses.
Quand le respect des droits de l'homme sera-t-il un vécu quotidien dans ce pays ?
Le combat pour les droits de l'homme devient un combat politique fondamental qui conditionne tous les autres. De quels hommes et femmes peut-on dire aujourd'hui comme Zola qu'ils sont un moment de la conscience humaine et font honneur à leur
pays ? Il existe à côté et au-dessus des éthiques particulières un absolu moral, la morale des droits de l'homme. La personne humaine n'est pas un moyen, mais une fin, la finalité de toutes les politiques. L'homme n'est moral que lorsque la vie en soi, celle de l'homme, lui est sacrée, et qu'il s'efforce dans la mesure du possible d'aider toute vie humaine en détresse. Quand on sait ce que l'on veut, il faut avoir le courage de le dire et de le faire. Il faut parler aux Algériens, et surtout les écouter et les entendre pour leur redonner espoir, leur ouvrir des perspectives dans un esprit de justice, et trouver des solutions à leurs problèmes.
Pour s'élever dans les affaires humaines, il faut de l'esprit et du cœur. Il faut avoir l'intelligence et la sensibilité d'une conscience qui s'efforce de comprendre et de dénoncer les fautes du pouvoir qui se multiplient et s'accumulent, qui n'est pas ouvert aux problèmes de la société et aux préoccupations quotidiennes des Algériens. Il n'y a pas de progrès humain sans liberté qui est la source de l'action politique. Où est la démocratie, où est le droit, où est la justice, où est la liberté ? Il faut l'articuler avec une intelligible voix, le peuple algérien veut vivre dans la liberté. Le soleil de la liberté va-t-il se lever sur l'Algérie ? Nous vivons dans une société où ceux qui ont tous les droits n'ont pas de devoirs, et, inversement, ceux qui ont beaucoup de devoirs n'ont pas de droits. Il est difficile d'analyser les circonstances et les raisons qui motivent la passivité des intellectuels en général qui s'enlisent dans la prudence, persuadés que la seule issue est une résignation désespérée, une relative démission et leur ralliement au pouvoir au prix d'un reniement. Une telle stratégie qui n'est pas l'aube de la liberté est détestable et sans avenir.
La défense de la liberté et de la justice est un bon terrain de combat face à l'arbitraire du pouvoir, l'enjeu est la liberté et la justice. Comment rendre la justice quand le pouvoir est le principal coupable ? Bouteflika n'a pas résisté à la tentation si fréquente dans l'histoire nationale d'assujettir la justice. Comment améliorer l'image de la justice ? comment rehausser son prestige et son audience ? Le cadre du juge est la loi, son devoir est l'impartialité. Les juges en général ont des connaissances juridiques, mais n'ont pas un bon niveau culturel, ce qui est un lourd handicap pour la profession. L'indépendance de la justice ne sera une réalité qu'avec l'avènement de l'Etat de droit. Il faut déposer plainte contre l'ENTV pour désinformation et manipulation. Il faut sauver les hôpitaux du naufrage.
Les droits de l'homme et la responsabilité sont des éléments importants «pour aller à l'idéal et comprendre le réel». L'égalité de la femme avec l'homme est une condition de sa liberté. La femme est l'avenir de l'homme, l'homme doit être aussi l'avenir de la femme. L'égalité devant la loi inscrite dans la Constitution n'est pas réelle devant les faits. La discrimination envers la femme est réelle. La Constitution lui donne les mêmes droits que l'homme, mais le code de la famille fait d'elle une mineure à vie. Cela me fait penser à une réplique de Michel Simon parlant de sa femme dans le film Drôle de drame.
«Elle voulait paraître, je l'ai fait disparaître.» Pour qu'elle disparaisse du gouvernement, il a fallu qu'elle apparaisse à l'APN. Les femmes ont trouvé leur juste place à l'APN, mais ont été exclues du gouvernement. Cela provoque indignation et colère. La confiance en la compétence des femmes indispensable pour affronter les importantes responsabilités, leur intégrité, connues et reconnues et respectées, sont méritées et légitimes. La réconciliation nationale qui devait être un grand projet politique est réduite à sa dimension sécuritaire. Que choisir pour la réconciliation, le pardon contre la justice, ou la paix par la justice ? L'amnistie sans la vérité et la justice n'est qu'impunité. Paix et droits de l'homme sont les deux aspects indissociables de la vie sociale. Quand on favorise l'un aux dépens de l'autre, la paix aux dépens des droits de l'homme qui sont la vérité et la justice, il y a échec des deux.
Ali Yahia Abdenour : militant des droits de l'homme


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