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Le DRS algérien grand perdant de la guérilla judiciaire contre Bouteflika
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 13 - 05 - 2015


Par Nicolas Beau – mondafrique.com le 10 Mai, 2015
Le Tribunal d'Alger, a rendu son verdict, le jeudi 7 mai, dans le scandale de l'autoroute Est Ouest. Le proches des militaires ont été lourdement condamnés, le DRS accusé de torture, et les ministres de Bouteflika innocentés. Récit.
Pendant les dix années qu'aura duré le scandale de l'autoroute Est-Ouest, les clans qui se disputent le pouvoir en Algérie se sont mené une guerre sans merci. À travers les enquêtes judiciaires et les articles orientés dans la presse, les hommes d'Abdelaziz Bouteflika, chef de l'Etat depuis 1999 et ceux du général Toufik, puissant patron du DRS depuis un quart de siècle, ont livré à l'opinion publique les noms des coupables supposés.
Des accusations de torture, une première !
Et des corrompus, il y en avait une pelletée durant ces travaux pharaoniques. Cinq milliards de pots-de-vin ont été distribués. C'est ainsi qu'ont été suspectés d'être arrosés des centaines d'élus locaux, des patrons du BTP, proches de la présidence, comme le puissant Ali Haddad, dont le groupe industriel est à l'origine de tronçons défectueux, des gradés et de modestes chefs de service et enfin les entourages des principaux ministres concernés — dont celui des Travaux publics, Amar Ghoul, qui possède incontestablement la médaille d'or des marchés arrangés.
Dans le dernier round, la guérilla judiciaire a tourné au profit de la Présidence qui a remporté une incontestable victoire contre les frères ennemis du DRS. La cohabitation entre Bouteflika et Toufik, les deux pôles du pouvoir algérien, a pris un sacré coup dans l'aile. À quand la prochaine manche? Le paradoxe veut que les grands perdants in fine de cette saga judiciaire, les services algériens, aient été à l'origine de l'éclatement du scandale. Ce sont eux qui ont dénoncé, les premiers, les embrouilles financières avec les sociétés chinoises, japonaises et canadiennes.
Pierre Falcone, dit « la Banane »
Nous sommes en 2008, un an avant la réélection d'Abdelaziz Bouteflika pour un troisième mandat. Des contacts sont pris à Pékin pour lancer des appels d'offre avec des groupes de BTP chinois. Le ministre des Affaires étrangères d'alors, Mohamed Bedjaoui, ainsi qu'un général du DRS, sont à la manœuvre entre Pékin et Alger. Les deux composantes du pouvoir algérien sont représentées par l'aréopage qui négocie les contrats. Personne, à ce stade, ne se sentait lésé. Mais la trêve sera de courte durée.
Du coté chinois, le principal négociateur est l'intermédiaire multicartes Pierre Falcone, héros judiciaire du scandale de l' « Angolagate » en France, où l'on vit Charles Pasqua et ses principaux lieutenants condamnés par la justice en octobre 2009 dans une affaire de trafic d'armes entre l'Angola et la France. Pierre Falcone, qui s'est reconverti depuis dans l'intermédiation à Pékin, connait fort bien l'Algérie. Son propre père dirigeait avant l'indépendance une société prospère, « les sardineries Papa Falcone. »
Initialement, ce polyglotte doué doit sa fortune à un commerce fructueux de fruits en Amérique latine qui lui valut le surnom de « la Banane ». Notons que ce personnage clé du dossier de l'autoroute, très proche de Mohamed Bedjaoui, l'ancien ministre et l'interlocuteur des Chinois, n'a fait l'objet d'aucun « mandat d'arrêt » et n'a même pas été cité comme témoin.
Premières escarmouches
Mais voici qu'entre, par effraction, dans ces discrètes négociations, un intermédiaire flamboyant, du nom de Chani Madjdoub. Créatif, Pierre Falcone a imaginé un accord habile où Alger pourrait régler la facture des travaux de l'autoroute à Pékin en barils de pétrole. Seul obstacle, le ministre du pétrole et ami du président Bouteflika, Chakib Kellil s'y oppose. Chani Madjdoub se rapproche du ministre de l'Economie Abdelatif Benachenhou, achète des tableaux à sa femme peintre et parvient à arracher à Alger un accord pour le deal « Pétrole contre travaux. »
Au mieux avec certains militaires du DRS qu'il entraîne dans de folles virées à Paris avec de belles ukrainiennes, Chani Madjdoub est résident luxembourgeois et maître dans l'art de monter de discrètes fiduciaires. Et cet amoureux des belles voitures et de la vie nocturne n'a pas son pareil pour offrir à ses amis militaires ou musiciens de belles villas à Oran et à Alger.
Cette fois, ses amis du DRS ont de mauvais retours sur son rôle dans la négociation avec les Chinois. N'en ferait-il pas un peu trop? Pourquoi ouvre-t-il des comptes à Singapour, mais aussi en Israël où il se rend avec Pierre Falcone? Comment peut-il se présenter constamment face aux Chinois comme le représentant autorisé des services algériens? Des méthodes pas très halal qui agacent en haut lieu. En 2008, Chani Madjdoub est arrêté à l'aéroport d'Alger, jeté dans une geôle, privé de sommeil et malmené pendant une vingtaine de jours.
Pourtant les interrogatoires des services algériens dans ce dossier financier ne sont pas menés par le service d'investigations habilité. C'est le service antiterroriste du général Hassan, plus habitué aux barbus du GIA, qui s'y colle. Du brutal.... Durant les audiences, des accusations de tortures ont été portées contre le DRS par Chani Madjdoub, devenu l'accusé numéro un. De nationalité luxembourgeoise, il a pu porter plainte en Europe pour « mauvais traitements. »
Je me tiens, tu me tiens...
Les perquisitions chez Medjoub et ses amis se révèlent fructueuses. Des traces de comptes suspects sont retrouvées. Le nom du général Abdelhali, qui a la haute main sur les services à l'étranger, est évoqué. Son patron, le général Mohamed Mediene, dit « Toufik », monte immédiatement au créneau. Ce collaborateur ne doit à aucun prix être livré en pâture à la justice. Il n'est pas question pour Toufik que « ses » généraux soient mis en cause, pas plus pour « la sale guerre » des années 1990 qu'en matière de corruption.
L'on va assister alors à un formidable bras de fer entre le président Abdelaziz Bouteflika, tout juste réélu pour un troisième mandat et le général Toufik. Le premier compte bien asseoir son pouvoir, marginaliser le DRS par des mises en cause judiciaires et enfin nommer son fidèle ami, le ministre de l'Energie, Chakib Kellil, au poste de Premier ministre.
La riposte ne va pas tarder. Le DRS va lancer les premières investigations contre les hauts cadres de la Sonatrach. Dans la foulée, Kellil, l'ami du Président, est mis en cause et contraint, plus tard, de s'exiler aux Etats-Unis. Dans l'enquête de l'autoroute Est-Ouest qui se poursuit, aucun général n'est poursuivi. Seul le colonel Khaled, correspondant du DRS au ministère de la Justice et bras droit du principal accusé, est abandonné à son propre sort.
Malgré ce dégât collatéral, le DRS a remporté la deuxième manche du duel judiciaire. Mais c'est Bouteflika et les siens qui vont remporter l'ultime étape de cette guerre de l'autoroute.
Après le grand déballage, le grand pardon....
La surprise finale, la voici : ce sont les proches des militaires qui sont le plus lourdement condamnés par une justice algérienne aux ordres. Le jeudi 6 mai, Mohamed Khelladi, le véritable lanceur d'alertes qui a mené les investigations pour le compte du général Hassan du DRS sans enrichissement personnel, en a pris pour dix ans pour « association de malfaiteurs ». C'est cet ancien cadre du service de renseignement de la gendarmerie qui a mis en cause face au tribunal la gestion du ministre de Bouteflika, Amar Ghoul, donnant les montants et les comptes. Un verdict en forme de Scud contre le DRS…
Et ce n'est pas tout. Des accusations de tortures furent portées, durant les audiences, contre le haut commandement des services algériens. Ainsi le chef de la lutte antiterroriste, le général Hassan, qui a mené les investigations et a démissionné fort opportunément en janvier 2014 malgré son jeune âge, a été nommément cité pour des mauvais traitements que ses services auraient infligés à certains accusés. Une première avec dépôt de plainte à Genève et au Luxembourg,
En revanche, les ministres de Bouteflika, souvent mis en cause par les accusés et dans la presse, notamment le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, proche des islamistes, n'ont jamais été sollicités, pas même pour comparaitre. Pas un dignitaire du régime qui ne soit condamné. Pas un ne sera même entendu comme témoin. Le Procureur se contentera de lire les réponses convenues du ministre Ghoul. Ce ministre qui représente les Frères musulmans au gouvernement a compris les règles du jeu depuis l'avènement de Bouteflika qui a imposé la concorde nationale avec les islamistes. Sur fond d'attribution de marchés.
République bananière
L'Algérie, qui possède 12OO kilomètres de côtes maritimes, importait en 2014 pour 300 millions de sardines congelées et conditionnées (sans parler des 36 millions de dollars de mayonnaise). Cherchez l'erreur ! Au début de la présidence de Bouteflika et alors qu'Amar Ghoul était ministre de la Pêche, de nombreux islamistes ont financé des chalutiers dont le produit était revendu en haute mer à des Espagnols, avant d'être conditionnés, puis réexportés en Algérie. Promu au ministère des Transports malgré la gestion calamiteuse du dossier de l'autoroute, ce saint homme de Ghoul peut désormais songer à de nouveaux marchés mirifiques comme le renouvellement de la flotte d'Air Algérie et la construction du siège de la compagnie aérienne, confié à la société canadienne Sim. Laquelle a été condamnée pour corruption dans l'affaire de l'autoroute à une amende ridicule, près de 30 000 euros, par le tribunal d'Alger !!!
Pendant les affaires, les affaires continuent.
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