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Répression d'une réunion culturelle à Aokas
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 24 - 07 - 2017


Aokas
22 juillet 2017
MALGRE TOUT JE SUIS CONTENTE !
Oui, qu'on ne soit pas choqué de mes propos... Je suis contente car aujourd'hui, à Aokas, il y a eu une marche, des revendications, des actions, une répression, des coups de matraques, des blessures, des échanges de tirs de pierre et de bombes lacrymogènes, des CRS en furie, des cris dignes et citoyens... non pas pour des besoins de ventre et de bas-ventre, de sucre, d'huile, de gaz, de chocolat et de mayonnaise... Non ! Aokas a été secouée pour des besoins beaucoup plus élevés que toutes ces préoccupations bassement matérielles... Les citoyens d'Aokas se sont soulevés pour la culture, pour le livre, pour le savoir, pour le débat libre et l'activité intellectuelle !
Y a pas que le ventre pardi, l'esprit aussi a besoin d'être nourri ! C'est ça qui vous forge un Peuple conscient de ses droits et libéré de ses tyrans !
La conférence de Ramdane Achab, organisée par le Café Littéraire d'Aokas, a été interdite par les autorités incultes et nous avons dit NON ! C'est la 2ème fois en Algérie qu'une colère populaire est provoquée suite à l'interdiction d'une conférence, la première fois étant celle qui a touché notre monument Mouloud Mammeri le 7 mars 1980 et qui a donné naissance au Printemps berbère !
Le propos de Achab allait porter sur l'édition du livre en langue berbère, Mammeri allait s'étaler sur la poésie berbère... L'événement culturel est presque le même, l'histoire se répète puisque le Pouvoir dictatorial est toujours le même !
Mais aujourd'hui la population assoiffée de culture d'Aokas a résisté comme l'a fait celle de Oued Aissi, et la conférence a été imposée par la volonté populaire : les citoyens indignés ont occupé de force la salle de conférences du centre culturel après en avoir chassé la police de la honte. Ce fut grandiose et grisant comme victoire ! La salle était archicomble, l'assistance était assise par terre, l'atmosphère était bon enfant et nous étions tous heureux de cet exploit inespéré, on écoutait le conférencier dans un silence religieux ! Je ne peux décrire cette singulière sensation d'euphorie partagée par tous... et pourtant Dieu sait le nombre de conférences auxquelles j'ai assisté et dans divers coins du globe... mais cette conférence-ci a revêtu pour moi un goût particulièrement émouvant et délicieux : celui du droit arraché, de la jubilation qui suit une rude victoire ! Ce ne fut pas une simple et banale conférence, mais un moment de jouissance intellectuelle arraché des mains du pouvoir algérien... c'est pas la même chose !
Mais voilà... le bonheur a été de très courte durée, Achab a fait son exposé durant à peine 20 minutes que déjà on entendait dire que des renforts de CRS sont arrivés et qu'on allait nous évacuer... Je n'y ai pas cru... je me disais non... ils ne vont pas oser quand même... la conférence a commencé... c'est un intellectuel qui est là et pas un criminel terroriste... Eh bien ma naïveté a été très bien récompensée ! Je me suis retrouvée en un clin d'œil coincée dans la salle avec une vingtaine de septiques comme moi... La terreur était à son comble... on a entendu ces monstres de CRS crier comme des hystériques, casser les vitres, briser tout avec leurs matraques... des débris de verres partout... ils ont fait irruption dans la salle avec une violence inouïe... leurs yeux crachaient du feu et leurs gueules des chapelets d'insultes et d'obscénités... Ils nous ont sommés de quitter la salle... ils nous parlaient comme à des vermines !!! C'était insupportable... Nous, des citoyens algériens, enseignants, cadres, universitaires, intellectuels, artistes... on nous parlait de la sorte dans l'Algérie indépendante... J'arrive pas à y croire !! Nous étions face à ces zombies, dans une salle fermée, dans un huis-clos macabre, tout pouvait nous arriver... loin de tout regard extérieur, loin de toute caméra... !! Je n'oublierai jamais cette image ! Et le matraquage avait commencé : ils ont battu beaucoup de personnes avec leurs matraques...... Mon collègue Fatah Bouhmila a reçu un coup... et Yanis Adjlia, et tant d'autres que je ne connais pas... J'étais entourée de mon mari Moussa Nait Amara et de notre ami Kader Sadji qui me protégeaient des éventuels coups... On est sorti en catastrophe... Et une fois dehors on a trouvé un champ de bataille et une guerre déclarée entre le peuple qui aspirait à la liberté et la police qui faisait sa fête !
La voilà l'Algérie voulue par les locataires d'El-Mouradia !
Que reste-t-il donc à dire ?… Tout a été dit... J'ai tenu à écrire ces lignes pour témoigner de ce que j'ai vu... pour certifier que ce sont les forces du « désordre » et la police « émeutière » qui ont saccagé le centre culturel d'Aokas et non ceux qui seront comme d'habitude mis à l'index : ces « barbares et sauvages Kabyles séparatistes et mains étrangères »...
Tout mon soutien aux infatigables animateurs du Café Littéraire d'Aokas qui affrontent au quotidien ce qui n'est pas humainement possible d'affronter... Ils méritent notre admiration, mais surtout... notre mobilisation !


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