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Temoignage, Tunisie : la révolte étouffée des forçats de Gafsa au tribunal
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 19 - 10 - 2008


Par Carole Vann | Journaliste | 17/10/2008 | 16H12
(De Genève) Depuis huit mois, les habitants du bassin minier de Gafsa dénoncent dans la rue leurs misérables conditions de vie. Des journalistes tunisiens sont venus en Europe pour faire connaître cette révolte étouffée par le gouvernement tunisien.
C'est en effet le plus long mouvement social de la Tunisie moderne, une rébellion contre le « modèle économique tunisien ».
Dans un huis-clos total, lycéens, étudiants, ouvriers, mères de famille multiplient les grèves et les manifestations pour protester contre le chômage, la corruption et la flambée des prix. Du côté des médias officiels, silence radio. Tandis que les forces de police ont ordre d'encercler, de harceler, voire d'arrêter les émeutiers et, surtout, de faire barrage aux journalistes trop curieux.
Le minerai extrait de ce bassin fait de la Tunisie le quatrième producteur de phosphate au monde. Or la région est restée l'une des plus pauvres du pays. Pas d'infrastructures, si ce n'est une ligne de chemin de fer servant uniquement au transport des marchandises.
La Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) est, depuis le XIXe siècle, l'unique moteur économique de la région. Mais un plan d'ajustement structurel a drastiquement réduit les effectifs de la compagnie. De 11 000, les employés sont passés à 5 000. Le chômage touche 40% des jeunes.
Révolte des jeunes
Tout est d'ailleurs parti d'eux, le 5 janvier 2008 dans la ville de Redeyef, suite à un concours d'embauche de la CPG, considéré comme truqué. Recalés, les jeunes nouvellement diplômés de la région décident alors d'occuper le siège local de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT). Ils sont rapidement rejoints par leurs familles qui installent les tentes devant le bâtiment. Le mouvement ne cesse alors de s'amplifier.
Pour le contrer, le gouvernement opte pour deux priorités : éviter à tout prix que la protestation ne se propage dans les autres régions et que l'image du pays -qui a accueilli 6,7 millions de touristes en 2007- soit épargnée.
« La zone est interdite aux journalistes étrangers », explique Rachid Khéchana, à la fois rédacteur en chef de Al-Mawqif (L'Opinion, l'un des trois journaux d'opposition du pays) :
« Les autorités ne veulent pas étaler le scandale à l'extérieur. Si les infos sont diffusées hors du pays, la situation n'est plus maîtrisable. Mais tant qu'il s'agit d'un journal local, on peut toujours le confisquer dans les kiosques. »
Grâce à ce black out total, il n'y a, aux yeux du monde, ni émeutes, ni arrestations ni procès.
Une brèche éphémère
Pourtant, une équipe de la télévision pirate Al Hiwar Attounsi (Le dialogue tunisien) parvient tout-de-même à sortir des images de ces insurrections. Elles sont diffusées via satellite sur la chaîne italienne Arcoiris et sur France 3. (Voir la vidéo)
Depuis, les journalistes de la chaîne tunisienne font l'objet de tracasseries et de tabassages répétés. Raison pour laquelle son directeur Tahar Ben Hassine est venu témoigner, avec Rachid Khechana, cette semaine à Genève :
« Ces images sont les seules qui existent sur les insurrections de Gafsa. Elles ont été prises clandestinement. Leur diffusion par satellite casse la stratégie du pouvoir. Le gouvernement veut donner l'impression que rien ne se passe à Gafsa.
La police a l'ordre d'agir de manière dispersée afin de ne pas en faire un gros événement. Qui va savoir qu'ici un tel s'est fait tabasser ou que là-bas la caméra d'un journaliste a été fracassée ? Un étau invisible se resserre ainsi sur la population. »
Promesses présidentielles
En mars, le président tunisien contre-attaque. Signe apparent d'apaisement, il limoge le gouverneur de Gafsa et par la suite, le PDG de la Compagnie. Et en juillet, il s'engage à consacrer un pourcentage des revenus des exportations de phosphates pour construire une nouvelle cimenterie et de nouvelles infrastructures, avec à la clé des emplois pour la région.
Là, les médias officiels ont parlé de la région minière, ironise Rachid Khechana. C'est une des rares fois où Ben Ali a reconnu un problème social.
Après cette initiative présidentielle, la tension baisse… avant de très vite remonter quand les familles réalisent la vacuité des promesses présidentielles. Une nouvelle vague d'arrestations s'abat alors sur la région.
Syndicalistes criminalisés
« Trente huit représentants syndicaux attendent toujours leur jugement. Inculpés comme droits communs, ils peuvent encourir des peines très lourdes. L'un d'eux, Adnan Hajji, risque jusqu'à plusieurs dizaines d'années. »
Un journaliste de Al-Hiwar, Fahem Boulkaddous, est aujourd'hui inculpé de « constitution de bande de malfaiteurs » et risque dix ans de prison. « Cela juste parce qu'il a couvert le mouvement de protestation du bassin minier de Gafsa », remarque son directeur.
Les émeutes de Gafsa rencontrent un fort soutien de la société civile et des avocats. Ces derniers se déplacent à tour de rôle de Tunis -dix heures de route aller-retour- pour suivre les procès et défendre les détenus.
En partenariat avec : Tribune des Droits Humains


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