Energie-Mines: examen des perspectives de coopération entre les entreprises algériennes et l'entreprise Mitsubishi Power Aero    Loi sur la prévention des stupéfiants: importance de l'utilisation des technologies dans l'application des dispositions    Foot/Amical: défaite de l'Algérie face à la Suède (4-3)    Accord de coopération scientifique entre l'Université Belhadj Bouchaib d'Aïn Temouchent et l'Université de Houston, USA    Tissemsilt: la Moudjahida Safou Fatma inhumée à Lazharia    L'AAPI entame le processus d'annulation des décisions d'attribution provisoires de foncier pour les porteurs de projets n'ayant pas finalisé les procédures d'enregistrement    Le succès de la saison du Hadj réalisé grâce à la coopération fructueuse entre toutes les composantes de la Mission algérienne    Oran: la revue "Afak Sinimaïya" met en lumière le rôle du cinéma algérien dans la dénonciation du colonialisme français    Les projections du film "La gare Aïn Lahdjar" se poursuivent à travers tout le territoire national    Mascara : commémoration du 67e anniversaire du martyre de l'artiste Ali Mâachi    Foot/ CHAN-2024 (reporté à 2025) : Madjid Bougherra reconnaît la difficulté de trancher sur la liste finale des joueurs    Agrément à la nomination du nouvel ambassadeur d'Algérie au Salvador    Décès de l'ancien président de la Ligue régionale de football d'Oran Ahmed Bensekrane    Ghaza: le bilan de l'agression génocidaire sioniste s'élève à 54981 martyrs    ONU : la question sahraouie au menu mardi de la session du Comité spécial de la décolonisation    L'Algérie relèvera tous les défis grâce à l'efficacité de son système de défense et au rôle central de sa diplomatie active    Ghaza: l'entité sioniste commet "une extermination" en attaquant les écoles et sites religieux    Le ministère de la Santé rappelle les précautions à prendre durant la canicule    Le big test avant les matches officiels    Le Portugal fait chuter l'Espagne aux tirs au but et décroche le sacre    Les mensonges des impuissances européennes    Le combat de l'Algérie pour un cessez-le-feu immédiat à Ghaza    Libération de la localité de Zaria    La canicule annonce ses risques à venir    Des initiatives solidaires à l'occasion de l'Aïd El-Adha    La baguette normale devient un luxe    Se libérer de la rente des hydrocarbures et accélérer les réformes pour une économie diversifiée dans le cadre des valeurs internationales    « L'expérience sera un point de départ pour une stratégie plus globale »    Unité des rangs et actions héroïques ancrées dans la mémoire nationale    Les Verts sans forcer    Une vie dédiée à l'éducation et à la littérature    Une symphonie culturelle en hommage à la création    Mise en service de trois centres de proximité de stockage de céréales    Une série d'accords signés entre l'Algérie et le Rwanda    L'Ecole rend hommage au professeur Walid Laggoune    Enjeux géostratégiques mondiaux et tensions sécuritaires au niveau de la région sahélienne    La Fifa organise un séminaire à Alger    Khaled Ouennouf intègre le bureau exécutif    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



NOMINATIONS, JUSTICE, MEDIAS: L'ANP SUR L'ELAN AGS FACE À UN TEBBOUNE FAIBLE
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 10 - 01 - 2020


Ihsane El Kadi
https://maghrebemergent.info/
Abdelmadjid Tebboune.
La disparition soudaine de Ahmed Gaïd Salah, pouvait laisser penser qu'une inflexion de l'ANP allait laisser au président désigné un espace pour exister politiquement face au Hirak. Il faudra déchanter.
Près d'un mois après « l'élection » du 12 décembre dernier, le 47e vendredi du Hirak populaire a dû se confronter, aujourd'hui, à une situation tendue à Alger et dans les villes de l'intérieur ressemblant à celle de la période de feu le chef d'Etat-major, Ahmed Gaïd Salah où tous les moyens étaient déployés pour réduire cette l'expression populaire, notamment dans la capitale. La police a utilisé la force brutale contre les premiers attroupements de manifestants en fin de matinée dans le quartier de Messonnier, et en haut de la rue Didouche, un des trois points de départ habituel des marches du vendredi.
La police a chargé, frappé dans le tas, et procédé à des interpellations. Deux journalistes de Radio M. Post, le site online de la webradio, Ghada Hamrouche, directrice de publication et Latifa Abada ont été retenues pendant plus d'une heure au 6e arrondissement non loin de place Audin, alors que leur identité de journaliste en couverture a été immédiatement établie lors de l'interpellation.
Les signes d'énervement se sont multipliés dans le camp sécuritaire de ceux qui pensaient résoudre la crise politique en nommant un pensionnaire au palais d'El Mouradia, le 12 décembre dernier. Le dispositif pour empêcher l'accès à Alger le vendredi est toujours aussi hermétique sur l'ensemble des grands axes qui y conduisent de l'intérieur du pays.
Pour les citoyens qui échangeaient dans le différents forums spontanés sous une fine pluie cette après-midi au centre d'Alger, « rien, absolument rien n'a changé sous Tebboune dans le traitement du Hirak . Nous sommes toujours l'ennemi qu'il faut mater ». « En ce moment nous avons les deux en un. C'est à la fois l'ambiance délétère du 4e mandat de Bouteflika et la tension sécuritaire, après sa chute, de l'intérim dirigé de fait par Gaïd Salah », commente un des intervenants.
Le diagnostic est finalement simple. Pour les hirakistes, l'ANP continue sur la lancée d'avril-décembre 2019. Elle dirige tout. Ne renonce quasiment à aucune parcelle de pouvoir à sa nouvelle façade civile.
Trois indicateurs montrent le poids de l'omnipotence de l'armée dans la gouvernance politique du pays près d'un mois après la désignation d'un « président de la république » supposé rétablir un semblant de fonctionnement institutionnel. Les nominations dans le gouvernement et les principales institutions de la république, le fonctionnement de l'appareil de la justice, et la gestion des médias. Ces trois volets de l'actualité brûlante de ces dernières semaines recèlent une grande faiblesse du point de vue politique de la présidence, conforme aux conditions de « l'élection » du 12 décembre dernier.
Dans un tel contexte, l'armée qui avait pris goût à nommer ( Zermati, panel, commission ect …) et décider (jusqu'à la date de la convocation du corps électoral), ne s'est pas privée de continuer sur sa lancée. La part des 39 membres du gouvernement de Abdelaziz Djerrad, fruit d'une recommandation ou d'un parrainage de l'Etat-major, est la plus importante dans la répartition des postes influents. Les deux « hirakistes » débauchés se sont avérés être traités dans la filière classique de l'ex DRS.
Les nominations à la tête des médias et régies publics (télévision, radio, APS, ANEP) ont révélé un mini bug, dans le réseau entre le civil et le militaire. L'affaire du journaliste Khaled Drareni est sans doute celle qui dénote le mieux le peu de cas que font les détenteurs du pouvoir réel des nouveaux arrivants dans la vitrine politique civil du système qu'ils encadrent. Notre collègue a subi ce jeudi un quatrième séjour à la caserne Antar de la DCSI, service du contre espionnage de l'armée en charge direct de la surveillance et de la répression interne (activistes, médias, ect…). Les menaces sont les mêmes qu'avant le 12 décembre 2019. Renoncer à faire son travail de journaliste, reporter de terrain, témoin du Hirak, au risque de se retrouver en prison.
Khaled Drareni parle dans son post la nuit dernière après avoir recouvert la liberté de ses mouvements, d'un « dernier avertissement ». La démarche autoritaire, brutale, fait-elle suite à une plainte d'une quelconque partie incriminée par les publications du journaliste ? A-t-elle l'assentiment du cabinet de Abdelmadjid Tebboune et de son ministre conseiller en charge de la communication ? Les sécuritaires tiennent toujours le pays et le font savoir aux « politiques » qui se prendraient au sérieux, en pensant être de vrais dirigeants. Plusieurs sources d'avocats ont corroboré d'Oran, de Constantine, et des différents tribunaux d'Alger le mécanisme par lequel des détenus politiques ont été élargis depuis le 02 janvier et d'autres pas. « Ce sont des officiers des services qui dans la plupart des cas ont communiqué les instructions aux juges. Même Zeghmati (ministre de la justice) a été court-circuité sur la vague de libération ». La prédominance du militaire sur le politique fonctionne dans le deux sens.
Il est difficile d'imaginer, devant une telle situation, un président Tebboune prendre le leadership d'une véritable feuille de route de sortie de crise politique, par le dialogue avec le Hirak qu'il a pourtant appelé de ses vœux le 13 décembre et qu'il s'est abstenu d'évoquer depuis cette date.
Abdelaziz Rahabi, qu'il a reçu quelques semaines après Ahmed Benbitour, lui a désigné, tout comme l'ancien Premier ministre, le chemin du salut : « répondre aux revendications du Hirak ». Tebboune n'a en réalité rien pu engager d'audible pour espérer changer le climat particulièrement tendu depuis juin 2019. Ni la libération de tous les détenus d'opinion, ni la levée de l'Etat de siège sur la capitale, ni la cessation des interpellations et intimidations, ni le rejet du recours à la violence, ni l'ouverture des champs médiatique et politique, ni le rétablissement des droits de réunions et d'associations. Tout indique de plus en plus, que le début de la carrière présidentielle de Abdelmadjid Tebboune est prisonnier de la vision autoritaire brutale du chef d'Etat-major disparu. Sans mise à jour possible.
Il y a de fortes raisons de penser qu'il en sera ainsi durant encore plusieurs semaines. Au moins tant que la haute hiérarchie de l'ANP nommée par Ahmed Gaïd Salah jugera qu'il est de son premier devoir de manifester sa fidélité à sa mémoire en rejetant toute ouverture politique, suggérée en pointillé par le nouveau pensionnaire, faible et isolé, du palais d'El Mouradia.
Le général Said Chengriha a été , lui, nommé à la tête des forces terrestres, par Abdelaziz Bouteflika, et à la tête de l'Etat-major par intérim, par Abdelmadjid Tebboune. S'il a une autre vision de la solution de la crise politique que celle léguée par son prédécesseur – et qui a échoué à stopper le mouvement au bout de bientôt une année – il est temps qu'elle s'exprime. Des journalistes détenus dans des casernes, c'est bien la caricature même de ce que rejettent une majorité d'Algériens (c'était le cas le 1er novembre dernier) en scandant « Etat civil. Pas militaire ».


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.