Aujourd'hui, nous ouvrons cet espace retraite par un peu d'histoire qui remonte � un si�cle. Pour permettre � nos lecteurs de mieux comprendre le pr�sent et s'interroger sur l'avenir difficile des retraites, nous leur livrons un article paru en France le 30 avril 1910, il y a un si�cle, o� il est question de l'introduction d'un syst�me de retraite vot� par le Parlement, une loi d�j� contest�e par les syndicats. L'Alg�rie subissait tr�s durement le joug colonial, et m�me si tr�s peu d'Alg�riens allaient b�n�ficier de cette fragile conqu�te sociale, cette loi adopt�e il y a cent ans esquissait les grandes lignes du syst�me de retraite qui pr�vaut aujourd'hui en Alg�rie. L�histoire n�a pas retenu la loi fran�aise du 5 avril 1910 comme une grande loi de la R�publique. Elle inaugure pourtant le premier syst�me de retraite g�n�ral et obligatoire. La ROP, loi sur les retraites ouvri�res et paysannes, fut adopt�e apr�s plus de vingt ann�es d�un laborieux d�bat parlementaire et une singuli�re bataille au sein de la SFIO (anc�tre du parti socialiste) et de la CGT, principal syndicat de l'�poque. Une partie des socialistes y �tait oppos�e : cette loi n�instaurait qu�une �retraite pour les morts� (l��ge de d�part �tait initialement fix� � 65 ans) et la cotisation ouvri�re qu�elle imposait redoublait le vol op�r� par l�accaparement des profits par les capitalistes. Nous avons retrouv� un article � que nous publions ci-dessous � qui fait �cho � l'adoption de cette loi. Une �retraite pour les morts� ! �Une r�forme bienvenue qui pourtant ne satisfait personne. Depuis la loi du 5 avril dernier, nous avons enfin le grand texte sur les retraites, tant attendu, tant repouss� et finalement adopt� in extremis par la Chambre. Pour tous les employ�s gagnant moins de 3 000 francs par an, est pr�vu un r�gime de pension obligatoire couvrant les vieux jours � partir de 65 ans. L�employeur et l�assur� cotisent � chacun 9 francs par an � pour la constitution d�un capital qui sera liquid�, le moment venu, sous forme d�une rente. l'Etat versera une pension fixe de 60 francs par an et les caisses de secours mutuels ou de retraite compl�tent cette somme en fonction de la dur�e r�elle de cotisations. Les critiques fusent de toutes parts et elles sont nombreuses. Le syst�me est trop complexe. En effet, bien malin celui qui arrive lui-m�me � calculer de fa�on fiable le montant de sa future retraite. Il ne profite pas vraiment aux ouvriers. En effet, la p�nibilit� du travail est telle que de nombreux salari�s des fabriques n�atteindront pas l��ge fatidique de 65 ans pour toucher une pension � taux plein. La CGT ne cesse de r�p�ter que l�on vient de cr�er une �retraite pour les morts� ! Les cotisations se r�v�lent trop lourdes pour les faibles salaires (majoritaires). 9 francs repr�sentent une � deux journ�es de travail d�un man�uvre et ce dernier n�a souvent aucune possibilit� de mettre de c�t� une telle somme. Les syndicats regrettent que l�imp�t ne finance pas plus le syst�me. Les patrons se plaignent d�une nouvelle charge qui alourdit d�autant leurs prix de revient et les affaiblit face � la concurrence. Tr�s peu par rapport aux rentes des bourgeois Les pensions risquent d��tre maigres et ne peuvent �tre compar�es � celles vers�es � certains corps de hauts fonctionnaires ou encore moins aux rentes touch�es par les �bourgeois� au soir de leur vie. Dans les usines, certains � patrons et salari�s � se mettent d�j� d�accord pour ne pas mettre en �uvre la loi ; d�autres examinent toutes ses failles juridiques et se pr�parent � d�poser des recours devant le Conseil d'Etat ou les tribunaux judiciaires (l�obligation de pr�compte des cotisations pourrait ainsi �tre remise en cause). Cette loi du 5 avril est donc bien mal partie. Dommage, elle est l�aboutissement de nombreuses ann�es de d�bats publics et vient couvrir toutes les professions qui ne b�n�ficiaient pas de r�gimes particuliers (les marins, les militaires, les mineurs, les cheminots ou les fonctionnaires civils ont d�j� leur syst�me de pension). La retraite est, typiquement, le dossier pi�g�. Il engage des sommes colossales difficiles � mobiliser, il concerne un avenir toujours incertain, il oppose les int�r�ts divergents des patrons et des salari�s. Surtout, il offre de grandes prises � tous les discours d�magogiques. Pour r�ussir sur ce sujet, il faut �tre un politique hors du commun. Pas s�r que la France ait cela sous la main.� Fin de citation de l'article. Pour certains historiens des droits sociaux, cette loi de 1910 sur les retraites fut d�cisive pour la conception et l�av�nement de l�Etat providence. Elle indiquait qu�il �tait possible de concevoir des droits nouveaux pour lesquels les b�n�ficiaires ne contribuaient que pour une part. La contribution patronale obligatoire et la participation de l�Etat compl�taient le versement ouvrier : elles affirmaient ainsi qu�en la mati�re l�ensemble de la richesse sociale devait et pouvait �tre mobilis� afin d�am�liorer les conditions de vie de tous.