Les gravures rupestres ou les pierres écrites des monts des Ksour constituent un des fleurons de l'art préhistorique mondial aux côtés du Tassili et des grottes ornées de France ; un patrimoine de quelque 450 stations, dont la première découverte du genre dans le monde remonte au 24 avril 1847 à Tiout. Une découverte de l'œuvre d'une colonne militaire française conduite par le général Cavaignac qui traversa pour la première fois la région, elle s'arrêta perplexe devant la première fresque gravée en pleine montagne. C'était le 24 avril 1847, le Dr F. Jacquot, qui faisait partie de la colonne du général Cavaignac venue prendre possession des monts des Ksour, se tenait debout devant une falaise impressionnante sur laquelle étaient tracés des signes mystérieux. Il venait de découvrir les premières gravures rupestres de Tiout, c'était donc la première découverte de l'art rupestre au monde par le Dr F. Jacquot qui entreprit de décrire ce qu'il vit : «De singulières images... sont gravées sur le roc et représentent... tantôt des chasses, tantôt des scènes... On voit figurer l'éléphant, le lion... ; les guerriers sont armés de l'arc... ; les femmes portent au coude des bracelets...» C'était une première, bien que les habitants des monts des Ksour la connaissaient depuis des siècles. Les gravures rupestres des monts des Ksour sont situées dans des abris sous roche, dans des petites grottes d'accès difficile, ou dans des oasis aux abords des rivières. L'une des plus anciennes manifestations visibles de l'homme dans la région et les premières du genre en Afrique du Nord à être connues de l'Occident dans le monde. Les premières gravures connues au monde, selon l'archéologue F. Cominardi, décédé en 2005, et le Dr Iliou décédé en 2002, qui, pendant une bonne période de leur vie, ont parcouru le désert environnant à la recherche des gravures rupestres des monts des Ksour, où ils ont découvert des centaines de stations rupestres, et mis en valeur plus de 9 000 ans d'histoire. Ces derniers ont vécu à Aïn-Sefra, de 1962 jusqu'à leur décès. Les gravures rupestres des monts des Ksour, qui représentent des scènes à formes bizarres, nous renseignent sur la vie quotidienne des hommes préhistoriques et les animaux existants à cette époque : sur la faune de l'époque (ovidés, bovidés, antilope, éléphant, girafe, autruche et autres) ; elles constituent un des fleurons de l'art préhistorique mondial aux côtés du Tassili et des grottes ornées de France. Les géologues, les topographes et les médecins seront les premiers à s'intéresser à ces gravures tels le Dr Jacquot, le lieutenant Dogny, topographe de l'armée, l'interprète Arnaud et les géologues Flamand et Ritter. En 1913 et 1914, l'ethnologue L. Frobenius apporte une moisson de gravures rupestres inédites. Mais les plus importantes publications de la première moitié du XXe siècle sont de GMB Flamand en 1921, celles de L. Frobenius et H. Obermaier en 1925 et le très beau et extraordinaire livre de R. Vaufrey et ses photographies très illustratives. Après cette première découverte de Tiout, ce fut au tour de Moghrar-Tahtani le 29 avril 1847, et après l'Atlas saharien algérien en 1847, c'est en Egypte, en 1848, que furent révélées de curieuses gravures près d'Edfou et de Silsilis, puis le Sahara central Fezzan (Libye) en 1850, le Sud marocain en 1875, Altamira en Espagne en 1879, et enfin la grotte de la Mouthe en France en 1895. Le patrimoine de la région des monts des Ksour : 25 stations à Asla, 100 à Moghrar, 15 à Sfissifa, 40 à Aïn-Sefra et Tiout, et plus de 40 stations dont certaines des peintures rupestres dans les régions montagneuses de Forthassa (frontière ouest), partant en effet de Béni-Ounif (Rosfa-Taïba), jusqu'à Chellal, Boussemghoun dans la wilaya d'El-Bayadh. Les plus anciennes gravures datent de la préhistoire (avant l'usage des métaux et de l'écriture). Elles sont des témoignages inestimables légués par les peuples anciens ; elles attestent de leur genre de vie, de leurs coutumes et de la faune qui les entourait. Ces musées à ciel ouvert qui constituent un patrimoine très riche font face à des effets dévastateurs dus, pratiquement, à l'agressivité climatique et humaine à la fois ; ils nécessitent ainsi une attention et une protection particulières de la part de l'autorité du fait que ces sites contribuent au développement touristique et culturel de la région. Plusieurs associations environnementales, culturelles et touristiques (l'association Titaouine, Ighezer, Agherm-akdim, les Amis de l'Atlas, les Amis de Tiout et l'association écologique Arc-en-ciel), déplorent, à chaque rencontre, les actes de vandalisme ayant affecté certains sites de gravures rupestres. Des gribouillis, écrits, graffitis et peintures ont altéré ce legs archéologique et humanitaire, nécessitant aujourd'hui une intervention «urgente» pour la protection de ces sites constituant un musée à ciel ouvert, estiment les représentants de ces associations. La région, donc, est un musée à ciel ouvert, malheureusement mal exploité ; une région riche de sa préhistoire. Même les chercheurs ont toujours demandé à l'Etat de mettre en relief ce patrimoine, d'abord par une protection des agressivités climatiques et humaines de ces sites qui demeurent à l'abandon. Ils espèrent la réalisation d'un institut d'archéologie et de paléontologie dans la région de Aïn-Sefra. B. Henine