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AMIROUCHE : DAHOU OULD KABLIA, PR�SIDENT DE L�ASSOCIATION, S�EXPRIME
Le MALG sort de l�ombre
Publié dans Le Soir d'Algérie le 26 - 05 - 2010

Le livre du Dr Sa�d Sadi intitul� Amirouche : une vie, deux morts, un testament, paru derni�rement, a suscit�, plus peut-�tre que beaucoup d�autres livres traitant de la lutte de Lib�ration nationale, d�bats et pol�miques auxquels ont particip� jusqu�� pr�sent, acteurs, t�moins, analystes politiques ou historiens. Les d�bats ont moins port� sur la personne ou le parcours du colonel Amirouche, difficilement contestable, que sur le sens que l�auteur donne � certains de ses actes ou de ses paroles ainsi que les supputations sur ses relations avec ses pairs de l�int�rieur et ses responsables de l�ext�rieur pour arriver � des accusations graves, impossibles � �tayer, contre ceux qu�il d�signe comme �tant les responsables indirects ou directs de sa mort, qu�il nomme Boussouf et Boumedi�ne.
Ce livre a donc interpell� les membres du Bureau de l�Association des anciens du MALG, acteurs historiques accus�s outrageusement, tant en la personne de leur ex-responsable, le colonel Abdelhafidh Boussouf, que de la structure qu�il dirigeait et � laquelle ils appartenait, dans une affaire qui ne les concernait nullement. En l��tudiant, ils ont relev� de nombreuses entorses � la v�rit�. Ils ne cherchent pas la pol�mique avec l�auteur et encore moins � l�amener � se d�juger, car ils pensent bien que son opinion est d�finitivement arr�t�e et de longue date. Le portrait du colonel Amirouche qu�il pr�sente, lui servant, � leurs yeux, de ligne directrice pour un proc�s politique bien cibl� bien que totalement d�cal�. Le Bureau du MALG, qui a pr�par� cette intervention, en attend une contribution forte � l�endroit des lecteurs et des historiens, qui � la faveur de sa lecture, pourront se faire leur propre opinion sur des faits et des �v�nements qui n�ont pas encore livr� tous leurs secrets. C�est � ce titre qu�ils se proposent d�apporter des clarifications, des critiques ou des d�mentis, selon le cas, � des arguments, analyses, jugements, �crits rapport�s et autres t�moignages largement �nonc�s tout au long de l�ouvrage.
Parmi ceux-ci :
l�environnement politique g�n�ral pr�valant en Wilaya III ;
la r�union projet�e � Tunis et les raisons qui la fondaient ;
l��pineux probl�me des communications radio ;
la pr�paration du d�placement du colonel Amirouche ;
le registre des dol�ances du Conseil de wilaya ;
le d�placement qui lui co�tera la vie : la r�alit� historique et les supputations de l�auteur quant aux interf�rences qui auraient influ� sur cet �pisode ;
enfin une conclusion pour pr�senter une image du MALG plus conforme � la r�alit�.
I/ L�environnement politique : En cette deuxi�me moiti� de l�ann�e 58, plusieurs �v�nements majeurs ont marqu� l�histoire de la lutte de lib�ration en g�n�ral avec leurs incidences sur la Wilaya III.
En premier lieu : la formation du GPRA, le 19 septembre 1958, avec la d�signation du colonel Krim Belkacem, premier chef de la Wilaya III en qualit� de ministre des Forces arm�es et du colonel Mohammedi Sa�d deuxi�me colonel de la m�me wilaya, en qualit� de chef de l��tat-major Est, qui assurait, il faut le rappeler, la tutelle sur les trois Wilayas de l�Est I, II, et III, autant dire que la Wilaya III b�n�ficiait, de ce fait, d�un soutien politique et moral de poids.
En second lieu : le �Complot� Lamouri o� ce colonel de la Wilaya I ainsi que les colonels Nouaoura et Aouacheria et quelques-uns des officiers de leur entourage a tent� de destituer le GPRA naissant � la mi-novembre 1958 pour des raisons subjectives et partisanes sur lesquelles il est superflu de revenir, l�essentiel ayant �t� dit de longue date.
En troisi�me lieu : la situation mat�rielle de la Wilaya III, au regard du manque d��quipement mat�riel, armement, munitions et ce, suite � l�ach�vement, � cette p�riode, d�une ligne d�fensive �lectrifi�e, min�e et sup�rieurement prot�g�e, la ligne Morice qui emp�chait pratiquement tout acheminement d�hommes et de mat�riel vers l�int�rieur.
En quatri�me lieu : il s�agit �videmment de l�engagement militaire de l�arm�e ennemie qui menait une action brutale et soutenue contre la Wilaya III qu�elle consid�rait comme un bastion strat�gique important, qu�il fallait r�duire par tous les moyens.
Toutes les actions multiformes men�es par les responsables de cette arm�e visaient principalement le colonel Amirouche, moteur de la r�sistance. L��chec militaire devenant patent, il a �t� fait recours, pour la premi�re fois depuis le d�clenchement de Novembre 1954, � un plan diabolique de d�stabilisation par l�intoxication et la d�sinformation semant le doute dans les rangs de la Wilaya III. Ce plan �tait ce qui a �t� baptis� la �Bleuite�. Celle-ci a r�ussi au-del� de toute esp�rance. Le colonel Amirouche tout comme n�importe quel autre responsable conscient du poids de ses responsabilit�s pour la protection et le sauvetage de son �uvre, n�a pas �chapp� � la man�uvre. D�s qu�il en prit connaissance � l��t� 1958, sa r�ponse a �t� rapide, vigoureuse, totale et brutale. Il en assume la responsabilit� dans sa lettre du 3 ao�t 1958 adress�e � tous les chefs des wilayas de l�int�rieur et au C.C.E. Le malheur est que ceux qui ont pris en charge la mission d�y faire face, forts des instructions du chef, ont traqu� avec le plus grand z�le et la plus grande barbarie les cibles qui leur ont �t� indiqu�es dans cette m�me lettre-circulaire, � savoir les �intellectuels, les lyc�ens issus de la gr�ve des �tudiants, les d�serteurs de l�arm�e fran�aise, les personnes venant de Tunisie, du Maroc ou d�autres r�gions�. Cette traque a dur� des mois et s�est traduite par une h�catombe au sujet de laquelle il serait mals�ant de dresser des statistiques. Pour illustrer le z�le des ex�cutants de cette sinistre besogne, nous nous permettons de rapporter le t�moignage d�un ex-officier de la Wilaya III M. A. M. qui, au lendemain de l�ind�pendance, a pos� la question suivante � l�un des bourreaux de la wilaya, A. M. �Comment as-tu �t� capable de torturer et tuer autant de moudjahidine� ? �Si je ne l�avais pas fait, Si Amirouche m�aurait tu� ! me r�pondit-il : (sans commentaire). Toujours dans le chapitre de l�environnement politique, la r�union interwilayas initi�e par le colonel Amirouche, du 6 au 12 d�cembre 1958 et groupant autour de lui les chefs des Wilayas IV, VI et I respectivement Si M�hamed, Si El Haou�s et Hadj Lakhdar qui partageaient des pr�occupations identiques aux siennes en ce qui concerne le tarissement du soutien ext�rieur, consid�r�, � tort ou � raison, comme un l�chage, avait pour but avou� d�unifier les rangs des chefs de l�int�rieur, coordonner les actions � mener contre l�ennemi � continuer la chasse aux tra�tres, tout en se pr�sentant aux yeux du GPRA et de l��tat-major comme un front uni et solidaire dont les avis et suggestions devraient �tre entendus. La d�fection de derni�re minute du colonel Ali Kafi � cette r�union, qui se tenait sur son territoire, sur ordre sup�rieur certainement, a rompu l�unanimit� souhait�e et infl�chi la position des chefs de wilaya vers une attitude plus mod�r�e en les amenant � se limiter aux seules questions militaires et organisationnelles internes, comme en t�moigneront les diff�rents P.V. de cette r�union adress�s au GPRA d�s le 1er janvier de l�ann�e 1959. Bien plus � l�issue de cette r�union et en lieu et place d�une motion de d�fiance, c�est une motion de confiance et de soutien qui a �t� adress�e le 1er janvier 1959 �au gouvernement de la jeune r�publique�, (cf. copie annex�e au livre).
La r�union projet�e � Tunis et les raisons qui la fondaient
L�ordre du jour relatif � cette r�union a �t� inscrit dans le message de convocation adress� aux colonels concern�s. Il est sign� du chef du COM Est Mohamed Sa�d et vise les trois Wilayas la I, la II et la III, plac�es sous sa tutelle. Nous n�avons pas connaissance qu�un t�l�gramme de m�me nature ait �t� transmis aux Wilayas IV, V, VI et si cela a �t� fait, il ne pouvait �maner que du COM Ouest. Le fait que le chef de la Wilaya VI, Si El Haou�s, a d�cid� de s�y rendre malgr� le d�sistement du chef de la Wilaya IV, Si M�hamed qui a report� son d�part, en raison des op�rations du Plan Challe �Couronne et Etincelles� qui se d�roulaient sur son territoire, depuis d�cembre 1958, confirme bien la r�alit� et l�importance de ce rendez-vous. Cependant, le projet d�ordre du jour qui ne mentionnait que des sujets traditionnels et habituels : situation militaire, politique, �conomique, financi�re, etc. sans perspective d�un examen de vision future important quant � l�organisation et la strat�gie � mettre en �uvre dans la nouvelle phase de la lutte, laisse penser que les vraies questions � d�battre �taient volontairement occult�es. Nous pouvons avancer sans risque de nous tromper que les liens qui commen�aient � se distendre entre l�int�rieur et l�ext�rieur, les critiques non dissimul�es, allant dans le sens d�une rupture de confiance, illustr�e par la r�union interwilayas sus-�voqu�e, ainsi que la dramatique question de la Bleuite qui continuait � s��tendre et � d�cimer des cadres de niveau de plus en plus �lev�, en Wilaya IV. Enfin la dissidence interne qui s��ternisait en W.I si bien qu�elle mena�ait cette wilaya d�implosion. Tout cela indiquait qu�il ne pouvait s�agir que d�une r�union de mise au point d�une autre dimension o� la confrontation n��tait pas � exclure.
L��pineux probl�me des communications radio
Les d�bats ont �galement port� sur cette fameuse convocation � la r�union �de Tunis�. Le Dr Sadi en pr�sente une copie annex�e � son livre. Le colonel Kafi parle d�un autre message qui lui est parvenu pour sa transmission au colonel Amirouche, ce que lui conteste le premier cit�. Au MALG nous vous apportons la preuve qu�il y en avait trois, comme en t�moigne le message sign� de la main de Amirouche et ainsi libell� :
Exp. Sagh Thani Si Amirouch
Aux arm�es le 1er mars 1959
Destinataire : C.O.M. Tunis
Re�u 1er message date du 25 janvier en Nord Constantinois - remis 16 f�vrier
Re�u 2e message 39-70 le 18-2 par Wilaya I.
Re�u 3e message n� 47-77 - le 27-2 par Wilaya I.
Vers 20 avril, serons parmi vous.
Ce message, dont la copie est jointe en annexe, sign� le 1er mars, a �t� envoy� par porteur au P.C. de la Wilaya I pour sa transmission � partir de la station locale, � COM. Tunis. Il n�est arriv� � ce P.C. que le 30 mars soit le lendemain du d�c�s des deux colonels Si Amirouche et Si El Haou�s. Le chef de station de la Wilaya I, Sa�d Ben Abdellah, n�a pas jug� utile de lui donner suite comme il l�affirme dans ses m�moires. Une pause s�av�re maintenant n�cessaire pour expliciter la situation des �quipements radio � travers les diff�rentes wilayas � cette �poque. D�s la mi-57 apr�s la r�ception par le colonel Boussouf d�un quota de postes radio, de grande qualit� ANGRC/9, toutes les wilayas ont �t� dot�es de deux appareils servis par deux op�rateurs chacun. C�est ainsi que la Wilaya III disposait de deux appareils et de quatre op�rateurs dont les noms suivent : Belkhodja Nourredine, A�t Hami Tayeb, La�redj Abdelmadjid et Amar �D�panneur�. Un des deux postes est tomb� rapidement en panne et les quatre op�rateurs ont �t� affect�s � la station en fonction. Les choses ont march� normalement jusqu�� cette date fatidique du 9 d�cembre 1958 o� l�explosion de la batterie nouvellement install�e, apr�s sa r�cup�ration op�r�e quelque temps auparavant sur le th��tre des op�rations, a provoqu� outre la destruction du poste radio, la mort des trois op�rateurs cit�s en premier et des blessures plus ou moins graves au commandant Mohand Ou L�hadj et Abdelhafidh Amokrane, pr�sents sur les lieux. Cet attentat criminel visait s�rement le colonel Amirouche qui, par chance, se trouvait ce jour-l� hors de sa wilaya (r�union du Nord-constantinois). Apr�s la destruction de cet appareil, le Commandement de la Wilaya III s�est trouv� priv� de tout moyen radio et avait recours aux services des Wilayas I et II. Sur le plan r�gional � l�exception de la Wilaya III d�munie, la Wilaya VI disposait d�une station dans sa r�gion sud et la Wilaya IV, sous la pression des op�rations Challe, avait r�duit, sur ordre du colonel Si M�hamed, sa radio au silence total. Dans un paragraphe suivant, nous parlerons des mesures prises par les services du MALG pour rem�dier en faveur de la Wilaya III � cet important d�ficit.
Les pr�paratifs du d�placement
Avant que le colonel Amirouche ne prenne son d�part vers la fronti�re, le Dr Sadi nous retrace les d�cisions organisationnelles prises par lui pour la direction de la wilaya durant son absence ainsi que ses derni�res recommandations. Amirouche avait notamment charg� une commission sp�ciale afin de pr�parer un m�morandum de dol�ances � exposer � la r�union projet�e en avril � Tunis. Ce m�morandum dat� du 2 mars 1959, annex� � l�ouvrage du Dr Sadi, comprenait trente et un points. Sa lecture laisse � penser que le colonel Amirouche n�a pas particip� � sa r�daction, parce que le document reprenait un certain nombre de consid�rations g�n�rales et que les points les plus importants de son contenu ne cadraient pas avec la r�alit� v�cue en dehors de la Wilaya III ou bien que la solution avait �t� apport�e auparavant.
Nous analysons quelques-uns de ces points
Point n� 3 : �Demandons offensive coordonn�e et efficace de la ligne Morice pour attirer des forces ennemies en masse et soulager la pression sur l�int�rieur, l�offensive doit surtout permettre le passage de mat�riel et de munitions. � Cette p�tition de principe laisse croire que la Wilaya III ignorait ce qui se passait au niveau des fronti�res. En effet, apr�s la r�union du 2e CNRA au Caire en ao�t 1957, l�accent avait �t� mis sur l�effort de guerre et sur instruction du responsable des forces arm�es, au sein du CCE, une action d�envergure avait �t� projet�e et mise en �uvre tout au long du premier semestre 1958. Sous la conduite du colonel Mohammedi Sa�d, dix-sept grandes op�rations de franchissement en masse du barrage ont �t� op�r�es. Ces actions �taient si violentes qu�elles ont provoqu� les mesures de repr�sailles que l�on conna�t, avec l�agression de l�aviation fran�aise contre la ville tunisienne de Sakiet Sidi Youcef le 8 f�vrier. Ces actions ont provoqu� des d�g�ts importants au niveau du barrage et des accrochages dantesques ont eu lieu, dont la bataille de Souk Ahras du 29 avril au 3 mai 1958 qui a oppos� un millier de combattants de l�ALN, dont deux compagnies destin�es � la Wilaya III � c�t� du bataillon de Mohamed Lakhdar Sirine. Les renforts pr�-install�s sur le barrage d�s le d�but de l�ann�e ont mobilis� trois divisions la 2e � Annaba, la 11e � Souk Ahras et la 7e � T�bessa, soit plus de 40 000 hommes auxquels il y a lieu d�ajouter les moyens blind�s, a�riens et l�artillerie lourde.
Ces accrochages ont caus� des pertes consid�rables � l�ennemi compte tenu de l�armement moderne des combattants de l�ALN, mais aussi des pertes tout aussi consid�rables du c�t� ami, soit plus d�un millier de chouhada en six mois. Malgr� ces demi-succ�s, les actions de harc�lement et les tentatives de franchissement n�ont jamais cess�.
Point n� 5 : �R�clamons rentr�e des cadres et djounoud vivant � l�ext�rieur.� Cette question sera reprise lors de la r�union des dix colonels et du CNRA des mois de septembre et d�cembre de l�ann�e suivante. Elle se concr�tisera par le retour en Alg�rie du colonel Lotfi : W.V et pas moins de sept commandants : Abderrahmane Oumira : W. III ; Ali Souai : W. I ; Ahmed Bencherif : W. IV ; Ali Redjai : W. I ; tomb� au champ d�honneur sur le barrage ; Faradj : W. V ; tomb� au champ d�honneur en m�me temps que Lotfi ; le commandant Benyzar, tomb� �galement au champ d�honneur sur le barrage et enfin le commandant Tahar Z�biri : W. I.
Point n� 6 : �Voulons r�partition des postes, mat�riel et personnel des transmissions �quitable.� Les services du MALG n�ont pas attendu cette requ�te, qui ne leur est jamais parvenue d�ailleurs, pour d�cider et organiser des envois de postes-radio et des op�rateurs aux wilayas qui en �taient d�pourvues. C�est ainsi que d�s que la station-radio de la Wilaya III a �t� mise hors d��tat de fonctionner, dans les conditions que l�on sait, deux envois ont �t� programm�s quelques semaines apr�s : trois postes-radio et six op�rateurs, Khentache Abdelouahab, A�ssaoui Rachid, Chebira Amor, Drici Abdelaziz, Ma�zouz Mohamed-Salah et Rezzoug Abdelouahab ont �t� adjoints au lieutenant Hidouche en partance pour la Wilaya III � la t�te d�une compagnie. Apr�s mille et une p�rip�ties, le barrage a �t� travers� et � leur arriv�e aux portes de B�ne, pr�cis�ment � Sidi Salem, la Seybouse en crue n�a pas permis leur avanc�e. Rep�r�s dans la matin�e, dans une orangeraie peu couverte, ils ont �t� pris � partie par l�aviation ennemie ce qui se traduira par la mort, le 24 juin 1959, de 47 djounoud dont les six op�rateurs et la capture du reste des combattants bless�s. Avant leur mort, les op�rateurs avaient jet� leurs postes dans la rivi�re d�o� ils seront retir�s, quelques jours plus tard, par les hommes grenouilles de l�arm�e fran�aise. La deuxi�me op�ration destin�e � la Wilaya III a �t� engag�e � partir de la fronti�re ouest, au nord de B�char. Deux op�rateurs, Harouni Bouziane et Ladjali Mohamed, munis d�un poste-radio, ont pris la route vers la mi-avril en direction de la Wilaya III. Plus d�un mois plus tard, ils arriveront au PC de la Wilaya IV d�o� ils attendront leur acheminement vers le lieu de leur affectation. Ils arriveront finalement � bon port juste avant le d�clenchement de l�op�ration �Jumelles� et resteront silencieux, pendant toute la p�riode de l�op�ration, pour �viter toute interception.
Point n� 16 : �Manquons cruellement mat�riel et munitions.� La r�ponse � ce point � �t� �voqu�e au point n� 3. Les membres du Conseil de Wilaya font abstraction des barrages �lectrifi�s dont ils sous-estimaient l�efficacit�. Les choses allaient beaucoup mieux avant la r�alisation de cette ligne fortifi�e. Les compagnies d�acheminement se dirigeaient r�guli�rement de la base de l�est vers la Wilaya III, notamment la c�l�bre compagnie de �Slimane l�assaut�. Un bataillon a �galement quitt� la Wilaya I � la mi-57 transportant plus de trois cents armes � la Wilaya III, ce qui r�fute toute id�e de discrimination ou d�ostracisme.
Point n� 17 : �Proposition d�installation d�une radio nationale � l�int�rieur. � Proposition insens�e compte tenu de l��quipement complexe, lourd et non maniable exig�, ce qui le rend vuln�rable d�s sa mise en route.
Point n� 23 : �Il est n�cessaire de d�passer le stade de la guerilla et de passer le plus vite possible au stade de la guerre par la formation de grosses unit�s de type r�giment ou division pour affronter avec de meilleurs r�sultats l�ennemi.� Proposition tout aussi insens�e. La mise en �uvre du Plan Challe avec de tr�s gros moyens, au contraire, a pouss� l�ALN au pragmatisme par l��clatement des katibas et des sections en unit�s de plus en plus petites.
Point n� 26 : �Aimerions que relations radio soient directes entre wilayas afin de r�gler probl�mes urgents.� Rien n�interdisait les relations interwilayas si ce n�est l�int�r�t s�curitaire. En effet, un code de chiffrement ne pouvait concerner que deux intervenants, la Wilaya et le Centre des transmissions national. Un code commun � plusieurs wilayas peut constituer un danger potentiel important en cas de sa r�cup�ration par l�ennemi � l�insu des autres parties utilisantes. En conclusion, ces quelques points du m�morandum, consid�r�s sensibles et analys�s objectivement, soulignent le caract�re imparfait de la connaissance de la situation nouvelle cr��e par l��volution de la guerre avec la nouvelle strat�gie des grandes op�rations �Challe�, adoss�e � un syst�me d�fensif aux fronti�res quasiment herm�tiques. C�est cette m�connaissance et le manque de communication qui ont aliment� les ranc�urs et accru les malentendus entre int�rieur et ext�rieur. Les dirigeants ext�rieurs ne sont pas, non plus, exempts de tout reproche. Des solutions techniques appropri�es pouvaient �tre envisag�es par les commandants des fronti�res, dont le ravitaillement en armes, la formation et l�envoi de troupes vers l�int�rieur constituaient la mission exclusive.
Le d�placement fatal
Pour son d�placement vers la fronti�re, le colonel Amirouche n�avait, comme � son habitude, souffl� mot sur le choix de son itin�raire. Sa l�gendaire prudence et son extr�me vigilance faisaient qu�il �tait impossible pour l�ennemi de le localiser par les voies classiques y compris celles du maillage de plus en plus serr� des r�seaux d�informateurs locaux dont il avait perfectionn�, en liaison avec les S. A. S., le modus operandi. La question de l�indiscr�tion des messages radio est � exclure totalement puisque ni lui ni son compagnon ne disposaient de ce moyen et les stations principales en disposant �taient � l�arr�t volontaire ou forc�. L�allusion ici au r�le de Boussouf et de Boumedi�ne, que l�auteur cherche � impliquer avec une �nergie d�cupl�e, ne peut r�sister � la critique. La v�rit� est que l�ennemi savait que des responsables de haut niveau, c'est-�-dire des chefs de wilaya, devaient se rendre � Tunis pour une r�union dans une p�riode de temps qui se comptait en semaines ou en mois, mais la question des itin�raires restait toujours une inconnue. Il est utile de rappeler qu�en ce d�but d�ann�e 1959, l��tat-major de la 10e R�gion militaire avait mis en �uvre depuis la fin de l�ann�e 1958 un vaste plan �d��radication de la r�bellion� selon les propos du g�n�ral de Gaulle, que le g�n�ral Challe lui-m�me devait encadrer et piloter. Partant de l�Oranie � l�ouest, de vastes op�rations de ratissage avaient �t� men�es et se concentraient en ce premier trimestre 1959 sur l�Ouarsenis et le Titteri. Des troupes nombreuses et sur�quip�es �taient � l�aff�t de la moindre information pour intervenir en n�importe quel point du territoire cibl�. Les op�rations de recherche �taient donc nombreuses et les accrochages fr�quents. C�est ce qui s�est pass� dans la r�gion de Bou Sa�da o�, d�approche en approche, ces troupes sont tomb�es tout � fait par hasard sur l��quip�e des deux colonels sur le djebel Thamer, ce qui est confirm� par de nombreux cadres de l�ALN ayant v�cu l��v�nement et consign� leur t�moignage y compris dans le d�bat en cours. Beaucoup de rumeurs ont �t� propag�es pour affirmer que l�encerclement en question fait suite � des aveux de djounoud arr�t�s aux abords du djebel Thameur ou celui du djebel Zemra et ce suite � des op�rations de routine d�unit�s du secteur. Cette �ventualit� est � �carter puisque le commandant de la 20e Division d�Infanterie, le g�n�ral Roy, souligne dans son �rapport d�taill� sur l�op�ration Amirouche�, que la sous-zone Sud dont il avait le commandement s��talait sur 30 000 km2 et qu�une s�rie d�op�rations y a �t� envisag�e en �fonction de synth�ses de renseignements �tablies par les 2e Bureau des secteurs de Djelfa et de Bou Sa�da�. Ce rapport du g�n�ral Roy a �t� annex� par le Dr Sadi � son livre, pour bien montrer que le renforcement et la concentration de troupes dans cette sous-zone avaient �t� d�cid�s par le g�n�ral Massu suite � des renseignements parvenus � celui-ci (comment ?) indiquant le passage par le Hodna du colonel Amirouche. Malheureusement pour le Dr Sadi, ce rapport ne peut lui �tre d�aucun secours, parce que profane sur les questions militaires. Il en fait donc une tr�s mauvaise lecture. Premi�rement, la liste des unit�s composant la 20e DI cit�e dans le rapport n�indique en rien le renforcement. Bien au contraire, par rapport � la composition classique de la 20e DI telle qu�elle figure dans les organigrammes des 16 divisions existant en Alg�rie et pr�sent�e dans le livre de Fran�ois Porteu de la Morandi�re Histoire de la Guerre d�Alg�rie page 364, la 20e DI install�e � M�d�a le 5 f�vrier 1957 comptait un nombre d�unit�s plus important � cette date, puisqu�il lui manque trois r�giments importants qui ont �t� d�plac�s : le 2e RI, le 6e RI et le 19e R�giment de chasseurs. Le r�giment parachutiste dont il est fait mention, comme unit� de renfort, n�est que le 6e RPIMA qui pr�existait dans l�organigramme. La seule unit� nouvelle engag�e dans l�action est le 2e R�giment �tranger de cavalerie (L�gionnaires) qui a �t� affect� aux r�serves g�n�rales et op�rait avec celles-ci dans le nord-ouest de la zone Sud, c'est-�-dire sur le territoire de la Wilaya IV. De plus le rapport, pourtant demand� par le Premier ministre fran�ais, n�indique nullement que l�objectif vis� dans ces op�rations, celle du djebel Zemra comme celle du djebel Thameur �loign�es quand m�me de 80 km l�une de l�autre, concernait personnellement le colonel Amirouche. D�autres versions officielles existent, dont celle contenue dans le livre La Guerre en Alg�rie de l�historien militaire Georges Fleury que le Dr Sadi a d� lire puisqu�il le cite dans la bibliographie de son ouvrage. Georges Fleury rapporte que l�identit� des hauts responsables n�a �t� d�termin�e qu�� l�issue de la bataille, ce qui a fait arriver en grande vitesse, ajoute-t-il, tout le gratin des �g�n�raux �toil�s�. Il est facile d�en conclure que si les deux colonels avaient �t� localis�s avant l�assaut, les m�mes �g�n�raux �toil�s �, dont Massu, se seraient trouv�s sur place � port�e de fusil du th��tre des combats. Alors pourquoi ces accusations r�currentes contre Boumedi�ne et Boussouf ? Nous pouvons comprendre que le d�mocrate Sa�d Sadi n�a pas, d�atomes crochus avec Boumedi�ne parce qu�il ne partage absolument pas, et c�est son droit, les id�es et la conception de l�exercice du pouvoir tel que pratiqu� par celui-ci durant de tr�s longues ann�es. Ce n�est pas le cas de Boussouf qui a volontairement quitt� l�ar�ne politique � la veille de l�Ind�pendance quand il a vu l�inclination des nouvelles alliances � s�orienter vers un pouvoir autoritaire d�exclusion et de d�ni des principes, dont il s�est nourri avec des militants de la trempe de Ben M�hidi durant leurs dures ann�es de militantisme clandestin. Ces principes d�int�grit� morale, de don de soi, de patriotisme sans concession, il les a appliqu�s � la lettre durant l�exercice de ses responsabilit�s durant la R�volution. Oui il a �t� dur et rigoureux avec ses pairs lorsque les circonstances l�exigeaient, mais il a agi, il a construit, il a laiss� un bilan. De tout ce bilan : liaisons, transmissions, radio, logistique de meneur d�hommes, pourvoyeur d�armes, formateur dans les disciplines militaires basiques et dans les disciplines sp�cialis�es, ambitieux pour la R�volution autant que pour ses cadres qu�il voulait �lever au plus haut niveau de leurs possibilit�s et il y est arriv� puisqu�il a laiss� � l�Alg�rie ind�pendante des centaines de cadres int�gr�s, engag�s, imm�diatement utilisables. On oublie donc tout ce bilan pour s�accrocher au Boussouf responsable des services de renseignement de la R�volution. Il faut p�n�trer dans le secret de ces services pour constater que ce n�est pas du tout l�image qu�en donnent leurs d�tracteurs. Les services de renseignement de Boussouf �taient orient�s exclusivement vers l�ennemi dont il fallait conna�tre les intentions et les moyens d�action que ce soit dans le domaine militaire prioritaire, politique, �conomique, ou diplomatique. Ces informations, Boussouf les mettait au service de la R�volution et au service de la lutte. Si les cadres qui ont travaill� avec lui, et ils sont plus de deux mille comparativement aux quelques dizaines de cadres qui faisaient tourner les autres secteurs minist�riels, lui t�moignent aujourd�hui respect et reconnaissance c�est encore et � cause de son bilan qui est aussi le leur. Boussouf n�avait aucun probl�me avec Abane, Krim ou Amirouche. Leurs chemins se sont tr�s peu crois�s. Arrivera un moment o� toutes ces questions seront �claircies. Par ailleurs, Boussouf n�a jou� aucun r�le dans ce qui s�est pass� apr�s l�ind�pendance, et les tenants du pouvoir en place lui vouaient une inimiti� incompr�hensible. Ses �hommes�, si souvent montr�s du doigt, ont, gr�ce � la comp�tence acquise, occup� effectivement des postes importants dans les rouages de l�Etat naissant, dans le secteur minoritaire de l�arm�e, dans ceux de l�administration et de la diplomatie, mais les analystes �clair�s, et le Dr Sadi doit en faire partie, savent que ni eux ni les autres cadres � la t�te de rouages strat�giques de l��tat ne constituaient le pouvoir, propri�t� exclusive de la t�te de la pyramide. Aujourd�hui les membres de l�Association du MALG, membres � part enti�re de l�Organisation nationale des moudjahidine (ONM), ne sont pas un parti ou un lobby politique et encore moins une secte. Il s�agit tout simplement d�une Amicale d�anciens compagnons issus de toutes les parties du territoire national dont une grande partie de la r�gion que certains veulent singulariser � tout prix et leur ambition a �t� et demeure d�apporter les t�moignages de ce qu�ils savent sur la lutte de lib�ration tout en renfor�ant les liens de fraternit� qui devraient pr�valoir partout et toujours pour la pr�servation de l�image sacr�e de la grande R�volution.
P./le bureau du MALG


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