Les forces gouvernementales syriennes continuent de gagner du terrain dans le sud du pays en reprenant le contrôle de nouvelles localités de Deraa alors que des négociations entre les groupes terroristes et la Russie se poursuivaient quant au sort d'autres secteurs encore aux mains des terroristes. Les forces gouvernementales ont repris quatre localités ainsi qu'une ville proches de la frontière de la Jordanie en vertu d'accords dits de «réconciliation», qui s'apparentent davantage à une capitulation, imposés aux terroristes à la suite d'intenses combats, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG proche de l'opposition et basée à Londres. «Cinq nouveaux accords de ‘'réconciliation'' ont été conclus dimanche dans les localités d'Al-Mseifra, Kahil, Sahwé et al-Jizé ainsi que dans la ville de Bosra al-Cham (...) Les forces syriennes ne sont plus qu'à 7 km de la frontière jordanienne», a précisé le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. Appuyées par l'aviation russe, les forces loyales ont lancé le 19 juin une offensive d'envergure pour reprendre les secteurs aux mains des terroristes dans la province de Deraa. La ville de Deraa reste divisée entre groupes terroristes et forces progouvernementales. Alors que le gouvernement contrôlait avant le début de l'offensive seulement 30% de cette province, qui borde la frontière avec la Jordanie et le plateau du Golan en partie occupé par Israël, il en tient désormais 58,8%, selon l'OSDH. Le reste du territoire de Deraa est partagé entre des groupes armés et terroristes, selon la même source. L'armée syrienne a ainsi libéré 70 villes et villages de l'est et du sud-est du gouvernorat de Deraa et se trouve à 2 kilomètres de la frontière avec la Jordanie en s'apprêtant à libérer l'ensemble de cette province située dans le sud-est du pays. La plupart des éléments armés en activité dans les localités situées dans ce gouvernorat ont déjà rejoint le cessez-le-feu conclu avec le gouvernement syrien. Cet accord de cessez-le-feu a permis, signale-t-on, «aux groupes armés repentis de changer de statut et de reprendre une vie normale». De leur côté, les habitants ont salué fortement les forces gouvernementales syriennes et ont soutenu l'opération militaire menée contre les terroristes dans le sud du pays afin de libérer ses régions et de rétablir la sécurité d'autrefois. Le président syrien a assuré récemment que l'armée syrienne est mobilisée pour libérer tout les territoires syriens de l'emprise des terroristes et des forces étrangères, invitant tous les éléments armés à se rendre et à déposer les armes afin d'éviter une mort certaine lors des combats dans les zones de conflit. Le gouvernement syrien avait saisi officiellement le Conseil de sécurité pour exiger le retrait des forces turques, françaises et américaines se trouvant notamment dans les régions frontalières de la Turquie, dénonçant une agression à la souveraineté de l'Etat syrien. Pour le reste de la province de Deraa, «un cessez-le-feu est observé depuis samedi 19H00 (16H00 GMT) afin de faciliter les négociations en cours», menées par la Russie avec des représentants des groupes armés et des notables de la région, a précisé l'OSDH. L'éventuelle reprise de Deraa, berceau de la contestation en 2011, constituerait une victoire symbolique pour le gouvernement, mais aussi stratégique. Elle permettrait, en effet, de rouvrir le poste frontalier de Nassib, entre la Syrie et la Jordanie. Au coeur des discussions, figurent la remise «par l'ensemble (des groupes armés) de leurs armes moyennes et lourdes», «le déploiement des forces (du gouvernement) au poste frontalier de Nassib ainsi que le déploiement de la police militaire russe et de la police syrienne dans les localités» encore sous contrôle des groupes armés. Le poste frontière de Nassib est actuellement aux mains des groupes armés. Samedi, le gouvernement syrien avait déjà pris le contrôle de huit localités en vertu d'accords de «réconciliation». L'agence de presse officielle Sana a indiqué dimanche que le drapeau national avait été hissé dans l'un de ces secteurs, à Daël, alors que la télévision d'Etat montrait des images d'habitants célébrant le retour du gouvernement dans cette localité à quelques km au nord de Deraa. Dans ce contexte, la Jordanie avait affirmé la semaine dernière que sa frontière resterait fermée avec la Syrie et qu'elle n'avait plus la capacité d'accueillir davantage de réfugiés syriens. La Jordanie accueille près de 650 000 réfugiés syriens enregistrés auprès de l'ONU, mais Amman estime à 1,3 million le nombre de réfugiés venus de Syrie depuis le début du conflit en 2011. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a quant à lui lancé vendredi un nouvel appel «à l'arrêt immédiat des opérations militaires» dans le sud-ouest de la Syrie.