Dans un contexte international incertain, une nouvelle marque automobile voit le jour et fait sa première apparition grand public au dernier Mondial de Paris. D'origine vietnamienne, ce nouveau label s'est basé dans sa création sur des expériences internationales dans le domaine, notamment d'anciennes plateformes de BMW et en faisant appel au virtuose du design, l'italien Pininfarina qui lui a dessiné ses deux premiers modèles, LUX A2.0, une berline haut de gamme, et SA2.0, un SUV de taille moyenne. Ces deux premières créations arborent une face avant caractéristique reprenant le V et le F de VinFast, une allure élégante et un style général dans l'air du temps. A l'intérieur on découvre des lignes épurées et une belle dotation technologique à travers surtout un large écran tactile de 10,4 pouces. Côté motorisation et comme on le soulignait plus haut, VinFast a équipé ses véhicules d'anciennes plateformes de BMW, dont un quatre cylindres 2.0 litres décliné en versions 180 et 230 ch. On apprend que la berline sera proposée en ces deux moteurs et que le SUV n'en pourra bénéficier que de la version la plus puissante associée à une transmission intégrale signée Borg Warner. Fabriqués et commercialisés au Vietnam, ces VinFast LUX A2.0 et LUX SA2.0 entreront officiellement en commercialisation en septembre 2019. Par la suite, le constructeur asiatique souhaite par ailleurs entamer l'an prochain le développement d'une petite citadine électrique en partenariat avec General Motors, rapidement suivie par une voiture de plus grande taille. Enfin, un bus zéro émission devrait également voir le jour à la fin de l'année 2019. Au-delà de l'événement mondial créé par cette nouvelle marque, c'est surtout la capacité d'un pays à peine sorti du sous-développement, sans ressources naturelles aussi importantes que les nôtres et qui vient narguer les tenants de l'industrie automobile mondiale et de surcroît dans un salon aussi prestigieux que celui de Paris et de présenter des modèles qui n'ont absolument rien à envier à ceux exposés par des constructeurs ayant une longue expertise dans le domaine. VinFast devrait constituer un bel exemple de développement d'une industrie automobile aussi bien pour les responsables du secteur en Algérie que des industriels locaux qui se sont lancés dans cette activité, non pas en quête de création et d'innovation technologique mais par le souci d'amasser rapidement les bénéfices à travers un procédé d'assemblage s'apparentant à l'évidence à de l'importation déguisée de véhicules en l'état. A l'origine de VinFast, un conglomérat vietnamien habituellement versé dans l'immobilier et le tourisme, Vingroup, qui décide de se lancer dans cette aventure en proposant des partenariats avec les figures de proue de l'industrie automobile mondiale, dans la technologie et le design. Autrement dit, une vision claire, une démarche profondément étudiée et surtout une ambition de jouer dans la cour des grands. Une stratégie qui a fini par payer avec deux premiers modèles d'une gamme qui ira en s'agrandissant et qui ont réussi à capter les regards et susciter les curiosités des centaines de journalistes et professionnels venus des quatre coins de la planète et des milliers de visiteurs qui se sont rendus à ce rendez-vous mondialement attendu. L'Algérie saura-t-elle un jour se hisser à un tel niveau de l'initiative industrielle ? Nos dirigeants se décideront- ils enfin à libérer les énergies positives et encourager la création dans les différents domaines ? Nos hommes d'affaires pourront-ils aller au-delà de leur égocentrisme et cette course effrénée vers le gain facile et sans plus-value honorable pour le pays ? Plus prosaïquement, l'Algérie aura-t-elle un jour son véhicule propre et que le «Made in Bladi», «le made in Algeria» ou encore le «made dz» auront alors leur profonde signification ? En l'état actuel des choses, la réponse à toutes ces questions ne pourrait, hélas, qu'être négative. Quatre années après le lancement de la démarche du gouvernement visant à développer une industrie mécanique nationale, on ne peut malheureusement que constater que l'on est en train de faire du sur-place, loin des discours pompeux et des théories savantes des uns et des autres sur le niveau d'intégration locale. On continue à faire semblant, au détriment du Trésor public, d'autant que la facture des «importations déguisées» pour l'année en cours s'annonce déjà élevée. B. Bellil