La semaine a été pénible. On pensait qu'il pouvait y avoir quand même quelque domaine qui pouvait échapper au trafic, non pas parce qu'on soupçonnerait les trafiquants d'un brin de retenue morale ou parce que la vigilance sécuritaire veille mais parce qu'aller chercher de l'or dans le Grand Sud nécessite tout de même une certaine prise de risque et un investissement matériel que nos trafiquants n'ont pas l'habitude de consentir, tellement il y a de trésors à portée de main et au prix du moindre effort. Un groupe d'«orpailleurs» a été donc arrêté du côté de Bordj-Badji-Mokhtar avec toute la logistique nécessaire. Du coup, il n'y a pas que la mise au frais des trafiquants pour nous réjouir : il y a donc de l'or dans ces contrées. La semaine a été pénible. Des dizaines de milliers de logements, «toutes formules confondues», comme on dit dans le discours officiel, ont été distribués à l'approche du 1er Novembre à travers le pays. Tout le monde, moins les «bénéficiaires» et quelques «autres» a crié à l'opération électorale entreprise dans la perspective de la présidentielle d'avril 2019. Parmi les bénéficiaires, il y en a qui n'en pensent pas moins mais ne le disent pas. Parmi les «autres» aussi mais eux disent le contraire. D'autres encore, plus décontractés, pensent que c'est tout de même bien qu'une élection serve à quelque chose. La semaine a été pénible mais on en a quand même rigolé à gorge déployée. Une télé privée en a fait une information, vidéo à l'appui : des Algériens se rendant en Tunisie ont croisé sur leur route un troupeau de sangliers. Si vous attendez un commentaire, il n'y en a pas, juste le fait et une vidéo montrant les animaux en train de traverser la chaussée. La vie est belle. On aurait pu s'en rendre compte en traversant la forêt de Baïnem mais ce n'est pas interdit de le faire chez nos voisins de l'Est. La semaine a été moins pénible. Grâce aux réseaux sociaux, les Algériens ordinaire se sont réapproprié Novembre. Loin des flonflons, des batailles racontées jamais livrées et des discours désespérants de mauvaise foi et des parades sclérosées, des Algériens ont été chercher des faits d'histoire inédits, rendu hommage à des martyrs oubliés et des héros emblématiques menacés de déshumanisation par l'usage qu'en a fait l'historiographie officielle. On a découvert des visages de femmes en armes, des hommes émouvant par leur merveilleux parcours et des pans de combats inconnus. Un trésor d'histoire qui rassure : Novembre a encore de l'avenir. Loin du folklore et de la honteuse récupération, des Algériens en font toujours un repère majeur, chevillé au corps et préfigurant une nouvelle Algérie. S. L.