Les Cercles proches seraient en conclave à Maison-Carrée dans le cadre d'une triangulaire à… … 5 variables ! Et les gens pensent que le boulot de gardien de cimetière est de tout repos. De tout repos éternel ! Que nenni ! Ni pour moi, le gardien, ni pour les pensionnaires dont j'ai la garde. Et ce matin, j'ai du taf sur la… planche, si j'ose dire. Tombe numéro 75 ! Allez Ammar ! Tu dois te réveiller. J'ai reçu ton ordre de route. Oui, je sais que le doux clapotis de la Seine toute proche te berce langoureusement, je sais aussi que Rachid, échaudé, ne s'aventure plus du tout en bas de chez toi, mais quand faut y aller, faut y aller ! C'est le moment de rentrer. Je compte sur toi, car là, faut que j'aille ouvrir la tombe 06, celle de Abdelaziz l'Empastillé. Eh ! Oh ! Zizou d'Aflou ! Faut sortir ! Quoi, ils ne t'ont pas appelé ? Tu ne sais donc pas que la procédure a changé. Ils ne t'appellent plus ! Il leur suffit juste de me câbler au cimetière l'ordre d'exhumation et hop ! Allez ! Va prendre l'air mon Empastillé adoré, ton teint est affreux de verdeur ! Tombe 50 ! Ah la tombe étoilée ! Je la reconnais de loin. Je peux m'y rendre les yeux fermés, rien qu'à l'odorat. Cette odeur étrange et lourde à la fois. Je ne sais pas à quoi il carbure le mec dedans, mais on dirait les citernes géantes d'une station-service ! Hello Chakibou ! Toi aussi t'es sur la liste des rappels. Quoi, ton sourire ? Mais bien sûr que tu peux prendre avec toi ton fabuleux sourire carnassier. Tu ne vas tout de même pas me le laisser dans le caveau ! Bon ! Pour aujourd'hui, je pense avoir le compte. Tous les convoqués ont été réveillés. Oh, zut ! J'allais l'oublier celui-là. Faut dire que lorsqu'il dort, il dort ! Moussa ! Eh ! Moussa ! Tu sors ! Oui ! Oui ! Tu sors ! Et tu prends avec toi ta couverture-tigre, elle pourra toujours servir. Allez ! Tout le monde grimpe dans le fourgon. D'ici à ce que vous reveniez, j'aurai nettoyé les tombes, aéré la crypte et peut-être même réussirais-je à trouver un moment pour fumer du thé et rester éveillé à ce cauchemar qui continue. H. L.