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Censure, autocensure et réserves...
Publié dans Le Soir d'Algérie le 19 - 11 - 2018

Comme l'a noté, avec sa lucidité coutumière, l'écrivain et journaliste Kamel Daoud, dans une de ses dernières chroniques, les opinions musulmanes sont toujours aussi sélectives en matière d'indignation. Les musulmans s'indignent, en effet, ils protestent, manifestent, lancent des imprécations, donnant ainsi l'autorisation de tuer aux plus zélés ou aux plus militants d'entre eux. Que les foules soient manipulées ou non, que la colère soit justifiée ou pas, la paille est toujours là, prête à brûler, et n'attendant que la première étincelle de l'incendie vengeur. Notre confrère illustre son propos avec le cas dramatique de la chrétienne pakistanaise, Asia Bibi, condamnée à mort par la justice de son pays pour blasphème et acquittée. Dès l'annonce de son acquittement, le 31 octobre dernier, des manifestants islamistes, pour ne pas dire musulmans, ont défilé dans les rues pour réclamer sa mise à mort. Depuis, Asia Bibi est maintenue en détention, pour sa propre sécurité selon les autorités pakistanaises, mais sous la menace d'un nouveau procès que le gouvernement est prêt à concéder. Il ne reste donc plus que la pression de l'opinion internationale, musulmans exclus, et la disponibilité d'un pays d'accueil, après le forfait de Londres, pour la condamnée à mort, acquittée mais en sursis.
Qu'a donc fait Asia Bibi, cette mère de 52 ans, pour justifier un tel déferlement de haine de la part de ces centaines de milliers de musulmans, chasseurs de blasphémateurs, si ce n'est d'être femme ? Son crime est double : elle a osé boire avant ses compagnes de peine (travail aux champs) musulmanes dans l'écuelle d'eau qu'elle avait été remplir pour elles au puits, bravant un premier interdit. Devant les protestations d'une des ouvrières de la caste supérieure, brandissant la parole du Prophète, la contrevenante a osé répliquer que le Prophète n'aurait jamais voulu ça.(1) Cela se passait en juin 2009: aussitôt dénoncée au mollah du coin, lequel s'empressa de déposer une plainte pour blasphème, Asia Bibi fut jetée en prison, en dépit de ses protestations d'innocence. En novembre 2010, elle a été condamnée à mort par le tribunal de Nankana Sahib (Penjab), son district d'origine, en vertu de la loi de 1986, proscrivant et réprimant le blasphème.(2) Est-ce à cause du délit de blasphème que les médias arabes et leurs chroniqueurs patentés n'ont pas versé une seule petite larme sur le sort d'Asia Bibi, toujours en cellule, après neuf ans de détention ? Est-ce parce que cette dame, dont le sort reste incertain, est chrétienne qu'elle est d'une religion non reconnue par l'Islam, et donc rejetée par les musulmans, y compris ceux qui vivent en Occident impie ?
Il est sûr que cette croyance en la supériorité de l'Islam sur les deux autres religions monothéistes, qui n'en pensent pas moins, est l'un des piliers adjacents de la foi, mais tout le reste ! Ne parlons pas du cas de Jamal Khashoggi, assassiné en octobre dernier à l'intérieur du consulat d'Arabie Saoudite à Istanbul et dont des vidéos insoutenables relatent l'effroyable massacre.(3) Les médias turcs, habituellement soumis à une censure impitoyable, semblent être galvanisés par l'affaire Khashoggi qui arrange si bien les affaires d'Erdogan et conforte son pouvoir.(4) Mobilisés dans le combat pour faire éclater la vérité sur l'assassinat de Khashoggi, journaliste controversé, les médias turcs en oublient les dizaines d'intellectuels turcs emprisonnés. Sur le sort de ces derniers pèse une censure impitoyable que cache mal cette vitalité apparente des journaux publics et privés qui rivalisent dans la course au scoop et au sensationnel. Qu'en est-il au pays des miracles avec sa cour et ses unités de production intensive de brosses à reluire et de cirage et ses journalistes puissants qui peuvent en embastiller d'autres ? La censure chez nous n'existe pas, du moins a priori, sauf pour le livre soumis à imprimatur, mais elle a été largement supplantée par l'autocensure, pour éviter le retour de bâton.
Au dernier Salon international du livre d'Alger, il a été question de la censure imposée aux livres de Mohamed Shahrour, le penseur syrien, qui préconise une relecture du Coran, à la lumière des progrès de la science et de la modernité. La censure, connais pas, a dit le commissaire du Sila, mais il y a eu des «réserves» concernant un titre de Mohamed Shahrour. Des «observations orales» ont également été formulées à propos des livres de Hela Ouardi («Les derniers jours de Muhamed») et de Mokrane Aït-Larbi («Démoctatoria»). A défaut d'être pleinement convaincus, enrichissons au moins notre lexique avec ces trois mots, avant qu'ils ne soient remplacés par un seul.(5)
A. H.
1) Cette histoire d'eau me rappelle une coutume bien singulière de mon village, jadis, qui voulait qu'une femme ne s'aventurait jamais à boire dans l'écuelle qu'elle venait de remplir, avant son seigneur et maître ou un mâle quelconque.
2) Selon les organisations de défense des droits de l'Homme, plus de 300 personnes croupiraient dans les prisons pakistanaises, après avoir été condamnées en vertu de cette loi, en vigueur dans la majorité des pays musulmans.
3) A moins qu'il ne s'agisse d'un odieux et parfait montage, ces images de décapitation à la hache ont tout l'air d'être authentiques, et je suppose que la CIA qui vient d'accuser Mohamed Ben Salman ne tardera pas à le faire. Cela dit, le sieur Khashoggi semble avoir eu une vie amoureuse assez tumultueuse, puisqu'il compte déjà deux épouses et veuves, inconnues, en plus de sa fiancée turque Khadidja. Un bon sujet de roman pour Yasmina Khadra.
4) Il n'est plus question d'attaques américaines contre la monnaie turque, ni de réclamer l'extradition d'opposants, puisque le pouvoir absolu semble s'être installé pour bien longtemps. Pessimiste, l'écrivain Nedim Gursel prédit même que l'ère Erdogan finira quand «le poisson grimpera aux peupliers», selon l'expression populaire turque.
5) Notons quand même ce cas de censure au Salon du livre du Koweït d'où a été banni le roman de notre ami Wacini Laredj, Une femme très fragile, en attendant le second tome de sa biographie romancée Le Livre d'Abdelkader.


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