Amar Ghoul victime d'un malaise. Il a été pris de violents vertiges alors qu'il tentait de se… … mettre debout ! L'encre de la dernière chronique qui traitait de l'absurdité des débats en cours sur les «villes intelligentes» alors que les «villes agonisantes» se meurent, cette encre n'a pas eu le temps de sécher que le ressac du littoral oranais vient de rejeter des corps. 20 personnes en tout. Parmi elles, des enfants. Pas des ados ! Non ! Des enfants ! Alors, oui ! En terre de harga, la mer applique impitoyablement le mot d'ordre en vogue de «continuité». Elle avale sans cesse les enfants que ce régime pourtant cannibale et anthropophage n'arrive plus à avaler lui-même. Les restes du repas de Palais sont jetés à la mer. Qui les rejette à son tour sur les rivages. Cycle mortifère. Y a-t-il une autre priorité en terre humaine qu'une sorte de Grenelle de la jeunesse ainsi sacrifiée, offerte aux dieux des abysses ? Mais qui ? Qui pour organiser ces assises de la harga ? Les mêmes qui y poussent les barques chargées de rêves ? Absurde ! Indécent ! Une contrée qui importe 300 000 euros de «zoubia», qui fait de l'arrière-boutique d'un boucher «un bureau des légendes», cette contrée s'inquiète finalement très peu des carcasses humaines qui lui reviennent. Pis ! Elle n'a rien trouvé d'autre de plus ingénieux que de criminaliser les errances folles de sa jeunesse. Au lieu de criminaliser les «cadenasseurs de soleil» ! Un comble ! Qui doit se retrouver derrière les barreaux ? Celui qui veut enfin s'évader de la prison ? Ou celui qui en accroît tous les jours la superficie et les cellules ? J'ai mal ! Inexorablement mal de dire encore et encore que la Dézédie est un pays riche de ses 1 600 kilomètres de littoral. Littoral-cimetière, oui ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. H. L.