Il m'arrive quelquefois de me réveiller avec une furieuse envie de comprendre comment les gens, qui composent ce que l'on désigne comme un système aux commandes, arrivent à tenir le coup. Une espèce de dispositif autoritaire au sein duquel des responsables, qui ont le pouvoir d'influer sur l'évolution, même relative d'une société, passent leurs journées et leurs nuits à se triturer les méninges pour trouver le moyen le mieux adapté aux crasses qu'ils feront à la personne ou aux groupes d'individus qu'ils auront pris pour cible. Faut-il s'attendre à une débandade en règle au cœur des soutiens familiers d'une administration groggy, sous le coup de la surprise et qui peine à réagir avec sa fermeté traditionnelle ? Peut-être vaudrait-il mieux s'épargner la recherche d'un éclairage là où, peut-être, il n'y en a pas ? Inutile donc d'épiloguer sur celui qui prendra la poudre d'escampette en premier et abandonnera sans crier gare la maison Algérie ! Il sera toujours temps de disserter sur toutes les questions que l'on se sera vainement posées jusque-là. Pour l'heure, ce sont les dizaines de milliers d'Algériens qui occupent le terrain et s'imposent sur l'espace public qui font l'essentiel de l'actualité. Les politiques, même lorsqu'ils ne se font pas de cadeaux, choisissent de rester en retrait pour ne pas subir les foudres d'une rue qui, si elle s'efforce de rester pacifique, n'en demeure pas moins remontée contre toutes ces institutions qui ont oublié de compter avec elle ou de travailler pour elle. Une belle majorité de marcheurs en appelle à la résistance pacifique et à plus de conscience autour du seul intérêt du pays. Sauf qu'à l'heure actuelle, on ne sait plus où placer l'intérêt en question tellement les attentes se bousculent. Oubliées donc, en attendant d'y voir plus clair, toutes les autres causes. Celles que l'on définit pourtant clairement et qui ne se diluent pas dans le flou ambiant qui règne autour de la façon dont seront traitées les revendications populaires. Combien de ceux, tout juste tolérés chez eux auparavant, s'appuieront sur un personnel soucieux de sa seule survie ? Ça débat fort autour de la question. M. B.
