Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. Hier encore, au premier jour de la semaine, les rues de la ville de Bouira ont encore vibré aux rythmes de «Pouvoir assassin», «Djazaïr Horra Démocratia», et autres «Système dégage», «Ulac smah ulac» et «Klitou leblad yassarraqin» (Vous avez pillé le pays, bande de voleurs). Il faut dire que dès les premières heures de la matinée, le ton a été donné par les lycéens qui ont déserté les bancs pour se constituer en groupes épars, marchant à travers rues et boulevards avant de se rencontrer un peu plus tard au niveau de l'esplanade de la maison de la culture Ali-Zamoum , en créant un air de fête sur les lieux avec des chants patriotiques mais surtout des slogans anti-pouvoir du moment dont «Klitou leblad yassarraqin» qui revient à chaque fois. Outre les lycéens et certains collégiens, la Coordination nationale des retraités de l'ANP, des radiés, des invalides et des veuves de martyrs du devoir, ont organisé un rassemblement sur la même esplanade en brandissant des banderoles et autres pancartes sur lesquelles on pouvait lire entre autres «la coordination des retraités de l'ANP est avec le peuple», «l'éveil du peuple est plus grand que vous, bande de gangs», mais également, «Gaïd Salah dégage», écrit sur plusieurs pancartes mais également longuement entonné par les dizaines de présents qui ne sont pas près d'oublier les répressions féroces dont ils ont fait l'objet ces derniers mois et qu'ils imputent au premier responsables du MDN qui refuse d'entendre parler de ces radiés de l'ANP. Ainsi, après avoir observé un sit-in et expliqué l'objectif de leur action, qui reste un soutien indéfectible au peuple et à ses revendications, dont le départ du système et le changement radical, les présents ont entamé une marche à travers les rues pour crier haut et fort leur soif de justice, eux dont beaucoup — surtout ceux qui ont été radiés — se sont retrouvés du jour au lendemain, jetés dans la rue sans aucune pension ni indemnités, après des années de loyaux services pour la patrie. D'autres encore évoquent les pensions insuffisantes octroyées aux veuves des militaires tombés au champ d'honneur , les armes à la main, en défendant la République contre l'hydre intégriste qui avait menacé le pays tout entier durant les années 1990 ; d'autres encore parlent de la pension d'invalide qui reste insuffisante. En somme, autant de problèmes rencontrés par ces gens qui réclament justice depuis plusieurs années mais sans résultat. C'est dire combien ce mouvement actuel du ras-le-bol généralisé et qui réclame un changement radical, est venu à point nommé pour cette frange de la société et constitue pour elle une bouffée d'oxygène car porteur d'un espoir de changement radical du régime. Par ailleurs, après la dispersion dans le calme des retraités de l'ANP, des fonctionnaires de l'Odeg ont également organisé un piquet de grève en signe de soutien aux revendications populaires, leur refus du prolongement du 4e mandat de Bouteflika et pour un changement radical. Signalons à la fin que parallèlement à ces actions de rue et autres grèves et marches dans le secteur de l'éducation qui a connu une paralysie totale dans plusieurs régions de la wilaya et des perturbations dans d'autres, les étudiants, eux, poursuivent leur caravane de sensibilisation à travers des meetings populaires tel celui de la ville de Taghzout avant-hier samedi, un rassemblement au cours duquel l'ex-maire FLN et ses adjoints, au nombre de six élus , tous du FLN, et dont l'APC est gelée depuis plusieurs mois, ont publiquement annoncé leur démission des structures du FLN et leur ralliement au mouvement en soutenant toutes les actions entreprises par le peuple ainsi que sa revendication principale de départ du système et le refus de la prolongation du 4e mandat de Bouteflika. Et justement au sujet des ralliements, la députée ANR de Bouira, qui est native de Haïzer, vient elle aussi de démissionner de son parti et de rallier le mouvement en fustigeant au passage, dans une lettre postée sur sa page Facebook, le président du parti après ses positions vis-à-vis du mouvement actuel et des revendications portées par le peuple. La députée Farida Si Nacer rappelle qu'elle a toujours été une enfant de ce peuple et qu'elle a toujours milité aux côtés du peuple et qu'elle le restera… Cela étant, après le meeting de Taghzout, les étudiants étaient, hier après-midi, à El Esnam pour un autre meeting de sensibilisation et de préparation pour la marche de demain mardi, à l'occasion de la fête de la Victoire. Des marches auxquelles ont appelé les étudiants mais également plusieurs autres associations et organisations pour dire tous et à travers toutes les villes du pays, qu'il est temps pour que la victoire du peuple soit enfin consacrée dans les faits avec au préalable, le départ de tous les responsables qui étaient derrière la faillite de l'Algérie, à commencer par le gouvernement Bedoui, Lamamra et Brahimi. Y. Y.
