«Emirats dégagent !» «Sissi dégage !» «Macron prends tes enfants et dégage ! » Ce sont les slogans qui font leur apparition dans les rangs des marcheurs de la communauté universitaire de l'Université M'hamed-Bougarra de Boumerdès (UMBB). «Nous sommes conscients que notre pays est soumis par le biais de certains de ses dirigeants à des pressions pour faire avorter notre révolution. Vous avez entendu comme moi les noms de ces pays. Nous ne laisserons pas ces pays user de leur nuisance contre notre révolution», rétorque un groupe d'étudiants à notre question sur ce qui les a motivée pour reprendre ces dénonciations. Hier, la ville de Boumerdès a vu se dérouler deux marches qui se sont finalement rencontrées devant le siège de la cour de justice de Boumerdès. Plusieurs centaines de fonctionnaires de l'université, renforcés par des enseignants, ont ouvert le bal en démarrant de l'ex-INH pour faire le tour de la ville. Ils n'ont pas manqué de chanter au rythme imposé par les marcheurs du vendredi les slogans les plus populaires. A hauteur du siège du secteur militaire de la région, les marcheurs ont scandé « Djeïch chaâb khawa khawa !» Arrivé au carrefour du centre-ville, une partie du cortège voulait passer devant le siège de l'UGTA. Comme ils n'ont pas eu gain de cause, ils ont crié de toutes leurs forces « Sidi Saïd dégage !» «Chebab dégage !» (Chebab est le secrétaire général de l'union de wilaya de l'UGTA). Une fois arrivé devant le siège de la cour de Boumerdès, le cortège des fonctionnaires et des enseignants fut rejoint par l'énorme foule composée des étudiants de l'UMBB. Les étudiants étaient plus organisés et formaient des carrés encadrés par des gilets jaunes. « Nous avons donné des consignes pour éviter des slogans violents ou à caractère raciste», nous confie un organisateur. Mais chacun et chacune portait une pancarte laissant parler sa liberté et ses revendications en plusieurs langues. A l'arrivée de ces marcheurs, dès lors l'ambiance, festive mais à forte connotation politique, est montée de plusieurs crans dégageant une formidable énergie que nulle force ne pourrait mater ou flouer. Les youyous des jeunes filles, très nombreux et stridents, donnaient un cachet spécial à l'ambiance. Précisément en matière de parité hommes- femmes elle était proche de la perfection. Comme d'habitude, les dirigeants du pays en ont pris pour leur grade. « Dégage houkouma bricolage !» «He viva l'Algérie, irouhou gaâ !» «4 B dégage !» «Bensalah n'est pas président !» «Système dégage ! ». Puis les marcheurs formuleront leur revendication. «Ulach l'vote !» «Djazaïr horra dimocratia !». S'adressant au Cercle des magistrats, puisque ils étaient devant la cour de justice, les marcheurs ont renouvelé leur soutien à cette corporation. « Adala moustakila ! » (justice indépendante). Ce fut un moment fort lorsque ces jeunes ont repris en chœur et avec une telle force et conviction les slogans qui dénoncent les interférences de certains pays cités plus haut. Ces manifestants ont démontré leur attachement à l'indépendance de l'Algérie et que cet attachement est hérité du vrai FLN. « Il est clair comme l'eau de roche que nous ne sommes pas près de céder sur ce principe. Les gens doivent se le mettre définitivement dans la tête», nous dira le groupe d'étudiants. Cet engagement n'est-il pas la preuve de l'attachement de ces jeunes à leur patrie ? Ces pays incriminés comprendront-ils l'amour qu'ont ces jeunes pour leur pays ? A midi précise, l'immense foule s'est dispersée dans le calme. On aurait aimé questionner les marcheurs sur la démission de Tayeb Belaïz, président du Conseil constitutionnel, personnage taxé par le peuple d'homme de Bouteflika, mais cette information est parvenue juste après la dispersion, dans le calme, des marcheurs. Abachi L.
