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C'est ma vie
La chance ne sourit qu'aux esprits Bienveillants (1re partie)
Publié dans Le Soir d'Algérie le 26 - 08 - 2017


Par Mohamed Boubetra
Le sémillant Redouane était un jeune homme probe, respectueux et surtout bien bâti. Être en bonne santé était la condition sine qua non pour exercer le rude et éreintant métier de garçon de salle.
Redouane était une personne qui aimait sans frime le genre humain. Il restait stoïque devant l'incohérence du caractère de certains clients. Il ne rechignait jamais à la besogne. Il s'arrachait aux douceurs du repos quand vient le tour de sa brigade de prendre le service à 5h du matin, quelle que soit la saison. A ce moment précis, il doit vivre la dure existence du prolétaire.
Son patron, «Hassan La France», sobriquet dont l'affublaient ses amis pour avoir trimé longtemps, très longtemps de l'autre côté de la Méditerranée, avait 40 ans de services accomplis comme garçon de salle puis comme responsable du service au comptoir dans un grand café d'une avenue parisienne.
Mis à la retraite, il rejoint le bled. Valide et riche comme Crésus, il continuera à œuvrer dans son métier de base : la prestation de services. Il était propriétaire de deux brasseries, une cafétéria où Redouane travaille, un restaurant-salon de thé situé dans une rue algéroise très fréquentée.
De tous les employés, c'est Redouane, qu'il aimait le plus parce qu'il ne rechignait jamais au travail et surtout pour son élégance et son intelligence qui charment le client et l'incite à revenir. Le vétéran de la profession avait la faculté de repérer le bon élément. L'imagination débordante de Redouane s'avérera très efficace pour sa promotion sociale. Il a intensifié les efforts dans la recherche de la perfection du service au client. But qu'il atteindra en fidélisant une clientèle de plus en plus nombreuse.
Si «Hassan La France», deux fois champion de France de la course des garçons de café, n'arborait pas ses deux médailles. Il avait fait encadrer sa photo grand format derrière le comptoir du café parisien avec ses deux médailles accrochées à son veston.
Octogénaire et marié depuis 45 ans, il n'avait pas eu d'enfants pour lui succéder dans la profession. Il en souffrait, mais en homme pieux, il se résigna à la volonté de Dieu. Il n'a pas changé sa façon d'agir envers le genre humain. Respectueux et serviable, surtout il n'avait pas le regard cupide, pour avoir assisté à maintes reprises des amis à lui tombés dans la débine. La prouesse réalisée par Redouane par sa capacité de mémorisation des commandes de plusieurs clients à la fois n'est pas passée inaperçue sans que Si Hassan ne s'en aperçoive. Si Hassan, dont des cheveux blancs couronnaient le front et le visage buriné par le temps, avait une idée en tête. Faire de Redouane son continuateur. Il a la ferme intention de lui donner la gérance du superbe salon de thé de la rue Didouche-Mourad en remplacement de Si Salah, qui, il y a une année, lui avait été recommandé par un ami. C'est après une visite inopinée au salon que Si Hassan découvre chez lui un fond de janotisme et une éducation lacunaire. Tares qui ne plaisaient pas à un groupe de clients potentiels, dont parmi eux des étrangers, toutes nationalités confondues.
Déplacés dans le cadre d'une coopération technique en Algérie, ils payaient sans compter car leur unique souci est de joyeusement vivre, même temporairement, dans un pays où le soleil décline rarement. De surcroît, la toilette de Si Salah est quelconque. Mais avant de prendre une décision hâtive dans le remplacement du gérant actuel du salon, Si Hassan, à l'instar d'un psy, va soumettre Redouane à un test.
Redouane, qui ressemblait à un majordome anglais, réunissait toutes les qualités requises pour prendre en charge la gestion rationnelle et efficace du salon de thé de la rue Didouche-Mourad. D'une grande flexibilité d'esprit, il était l'homme idéal. Depuis son plus jeune âge et avant même de travailler pour Si Hassan, il était plongeur dans un estaminet. Il était nourri d'une ambition ardente de réussir dans sa vie professionnelle. Quitte à subir les pires exactions de son patron, il redoublera d'efforts pour être au pinacle de la profession.
Redouane avait 17 ans quand Hassen le recruta comme garçon de salle à l'essai. Il le confirma dans ses fonctions six moi après. Il ne lui a pas échappé que son protégé n'était pas réfractaire à son autorité et qu'il était prêt à souffrir pour en tirer profit. Si Hassan voyait dans la vie de Redouane le drame de sa longue errance avant de devenir ce qu'il est aujourd'hui : il mène une vie de château.
Redouane, quand il n'allait pas faire la fiesta avec ses amis la veille de son jour de relâche, le lendemain, dans la chambre qu'il occupe dans l'appartement de ses parents, il passait la journée à lire des romans et s'il s'en lassait, il allait au cinéma ou par beau temps, prendre sa canne à pêche et son panier à poissons en direction de la plage des Sablettes ou les 2 Îlots (Pointe Pescade). Enfin, le choix du lieu dépendait de son humeur du jour.
Ses amis, ouled houma, comme ses collègues, avaient décelé chez lui un tempérament d'artiste et un enthousiasme à l'âme romantique. C'est vrai qu'il était beau garçon. Il avait les yeux sombres, magnifiques et très brillants. Ses cheveux noir corbeau étaient fins. Il y avait en lui quelque chose d'ardent, qui cherche à tout prix une situation stable.
Pour son célèbre et magnanime patron, il le compare aux hommes qui ont marqué d'une empreinte indélébile l'histoire des cafés parisiens. Ces hommes, qui ont débuté dans le métier comme agent d'entretien, serveur, plongeur, ont réalisé de grandes choses par la suite, parce qu'ils ont pu et su rêver grand.
Redouane faisait partie intégrante de ces personnes douées d'une intelligence remarquable mais ce n'était pas suffisant pour réussir dans la vie. Il fallait persévérer dans une volonté de fer pour grimper les échelons de la hiérarchie. Son intelligence, son bagout et son savoir-faire, lui ouvriront toutes grandes les portes de la réussite.
Si Hassan, qui désirait connaître davantage ses capacités créatrices, le soumet à un test décisif. Aussi, il lui demande comment voyait-il la réorganisation de ce salon intimiste pour en faire un des principaux attraits d'Alger-Centre. Redouane prend le temps de réfléchir. Il pense donner à ce salon de thé une identité propre, en éliminant toute idée de copier les autres.
Il méditera toute la nuit. Une fulgurance lui éclaira l'esprit. Elle lui montrera le vrai, le beau, l'unique et le bien. Il transcrit sur un registre le plan de la nouvelle configuration du salon. Son aspect intérieur et extérieur. Il porte en évidence :
- Le salon a pour dénomination sociale : «Le Rendez-vous des artistes», c'est donc, une enseigne à thème. Les trois jolies serveuses du salon de thé doivent impérativement porter une tenue adaptée, quatre saisons.
- Le responsable du salon doit obligatoirement porter un costume, chemise cravate et chaussures constamment cirées.
- Le préposé au comptoir, un pantalon noir, chemise blanche, nœud papillon, gilet, chaussures noires.
- Le pâtissier et le glacier, une tenue de rigueur : toque, pantalon, veste et tablier de couleur blanche. Comme le laboratoire devient comme une patinoire pendant la préparation de la pâtisserie, viennoiserie, sorbets et glaces, prévoir des chaussures dont la semelle est en crêpe, voire antidérapantes.
- L'intérieur du salon a besoin d'un relooking : augmenter le nombre de miroirs, prévoir un espace fumeurs et un système d'évacuation de la fumée.
- Revoir l'enseigne lumineuse en prévoyant un éclairage intermittent et prévoir sur les deux côtés de l'enseigne, un graphisme reprenant la vocation de l'établissement.
- Supprimer les climatiseurs qui accumulent une grande quantité de poussière, nocive pour les clients et le personnel. Et comme ce sont des matériels bruyants, ils nuisent au confort des clients. Prévoir leur remplacement par un système de climatisation centralisé.
- Solliciter l'autorisation des pouvoirs publics pour prévoir une terrasse avec store enrouleur.
- Prévoir un salon pour personnalités.
- Une augmentation de salaire au profit du personnel est nécessaire. Il redoublera d'efforts quand les clients se bousculeront au portillon.
Le lendemain Si Hassan appelle Redouane dans son bureau et lui demande s'il a préparé le document. L'avenir radieux qui se profile à l'horizon pour Redouane est conditionné par l'acceptation de son plan de rénovation.
Avec une main tremblante, il lui remet les cinq feuillets qu'il a arrachés du registre. Si Hassan, le survole, un sourire au coin des lèvres augmente le stress de Redouane. C'est bon, dit-il ! Redouane pousse un soupir de soulagement. Il le charge de procéder à une consultation restreinte auprès des sous-traitants potentiels dont il lui remettra les offres pour dresser un tableau comparatif et celui qui répondra le mieux aux exigences : références professionnelles, prix, délais de livraison, garantie... sera retenu. Après quoi, il lui confie la supervision des travaux. Les travaux seront terminés dans un délai record de deux mois. L'ancien gérant, Si Salah, sera muté à la cafétéria de Bab El-Oued en remplacement de Si Hassan qui tire sa révérence. Redouane sera promu nouveau gérant du salon «le Rendez-vous des artistes».
Les anciens et nouveaux clients sont ébahis par les aménagements entrepris, notamment la belle terrasse couverte, son mobilier high tech et surtout par l'enseigne lumineuse où le clignotement synchronisé se reflétait sur l'allée ombragée de l'autre côté de la rue. Si «Hassan La France» ne prend pas sa retraite sans une grande nostalgie. Mais Si Hassan n'avait plus qu'à se résigner à la loi du temps. Cette loi où les jours, les semaines, les mois, les années s'écoulent à la vitesse de l'éclair.
La gestion rationnelle et efficace de Redouane, le cadre enchanteur et l'amélioration continuelle du service à la clientèle attirèrent une grande affluence de nouveaux clients de tout horizon. La réputation nationale du «Rendez-vous des artistes» allait faire date.


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