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La Mitidja avant et pendant la Révolution armée
MEMOIRES DE MAÂMAR DJGAGUEN
Publié dans Le Soir d'Algérie le 15 - 07 - 2019

Acteur de la guerre de libération, Maâmar Djgaguen vient de publier un ouvrage de mémoire sur son parcours. L'auteur était officier de l'ALN dans la région de Blida et, à ce titre, son témoignage apporte nombre d'informations factuelles et d'éléments particuliers qui méritent toute l'attention du lecteur.
«Voici mon témoignage sur la guerre de Libération nationale telle que je l'ai vécue, moi, personnellement, dans la Wilaya IV, plus précisément dans la zone de Blida où j'ai fait la connaissance de vaillants combattants et rencontré les premiers chefs ayant implanté l'ALN dans cette région», écrit-il à l'entame de l'introduction. Maâmar Djgaguen s'engage, dans le même temps, à dire avec courage certaines vérités : «J'évoquerai le souvenir des hommes et des femmes ayant inscrit leurs noms avec leur sang pur et aussi les noms de ceux qui ont trahi la patrie, sans oublier tous les frères, chacun à son niveau, et toutes les structures à travers tout le territoire national, dont la contribution a aidé à changer le cours de l'Histoire.» La lecture de l'introduction permet, déjà, de saisir la démarche du mémorialiste : les fragments de vie et autres traces mémorielles qui vont suivre feront alterner le «je» singulier (et forcément subjectif) et le «nous» collectif, le «je» s'effaçant régulièrement devant le rappel des faits historiques ou leur analyse par une lecture personnelle de l'auteur. Le recours à la méthode heuristique est ici conjugué à une manière claire et simple de dire les choses. Pédagogie et lisibilité offrent au lecteur des matériaux intéressants à même de l'éclairer, ainsi qu'un confort de lecture.
Dans la même introduction, par exemple, l'auteur revient sur le soutien des habitants de la Mitidja à la résistance de l'Emir Abdelkader. Il écrit : «Grâce aux hommes qui luttaient aux côtés de l'Emir, l'armée coloniale dut souffrir le martyre avant d'occuper la région de Blida. L'armée de la résistance comptait alors dans ses rangs des combattants venant de toutes les bourgades : Ouled Yaïch, Hadjout, Staoueli, Koléa, Mitidja-Centre, Boufarik, Soumaâ, Larbaâ, Blida, Béni-Salah et Béni-Miscera. Ils étaient implantés dans tout le périmètre allant de Hammam Melouane à Hammam Righa.» Autres faits historiques qui méritent d'être relevés : «La résistance populaire conduite par l'Emir Abdelkader dura une vingtaine d'années, infligea de lourdes défaites à l'ennemi et le surprit par son sens de l'abnégation et du sacrifice.
D'ailleurs, il n'enregistrera sa première victoire militaire qu'au terme de sept ans de tentatives répétées pour s'imposer sur un trajet de sept kilomètres, entre Boufarik et Béni-Merad. Les résistants repoussaient les troupes ennemies à chaque tentative. L'Emir s'appuyait, à l'époque, sur Ouled Yaïch, anciennement connue sous le nom de Douar, qui fédérait sept ou huit villages. C'est l'Emir qui lui donna le nom d'Ouled Yaïch, en rapport avec l'hospitalité de ses habitants.» Après une brève rétrospective des évènements qui allaient suivre, l'auteur évoque enfin la «période entre la Seconde Guerre mondiale et le déclenchement de la Révolution», et qui «était l'une des plus riches en matière de production intellectuelle et politique». Maâmar Djgaguen précise notamment : «Parmi les premiers militants, je citerai Hadj Moussa, Mohamed Mahfoudhi, Demagh El-Atrous, Mezghena, Lahouel Hocine, Ali Yahiaoui, dit Berziane, Fellousse Ali. J'ajouterai que c'est pendant cette période que j'ai adhéré au MTLD (1948), avec d'autres compagnons. Dès cette date, ce groupe de militants et d'autres intégraient l'organisation paramilitaire qui venait d'être créée, l'OS en l'occurrence.» A partir du chapitre qui suit («L'éveil précoce»), l'auteur entre tout de suite dans le vif du sujet. «Je suis né le 12 décembre 1936 à Bouarfa, dans la tribu des Azaztas, douar de Tiskarine, commune de Sidi-Fodhil (...). Cadet d'une famille comprenant deux sœurs (...) et cinq frères morts à un très jeune âge, j'ai grandi dans l'amour de la chaleur familiale.» L'enfant fréquente l'école coranique jusqu'à l'âge de neuf ans. En pleine Seconde Guerre mondiale. Les temps sont durs. Le débarquement anglo-américain de novembre 1942 va aggraver les choses (blocus économique imposé par les Alliés, pénuries de denrées alimentaires, famine, peste et typhus, forte mortalité chez les nouveaux-nés...). Maâmar Djgaguen revient, en parallèle, sur l'action et la dynamique du Mouvement national durant cette période. «En 1943, Lamine Debaghine conduit un mouvement de protestation contre la conscription, obligatoire à Blida pour combattre l'armée allemande. Arrêté avec plusieurs militants, dont Benyoucef Ben Khedda, il est torturé au cours des interrogatoires où, pour la première fois, la question de la torture était abordée par la presse. Après une forte mobilisation, il est libéré en décembre 1943 avec l'ensemble des ‘‘insoumis de Blida''», écrit l'auteur. Retour sur les évènements du 8 mai 1945 à Blida et ailleurs. Des massacres qui ont surtout pour effet d'«insuffler une nouvelle dynamique au mouvement national», dont le lancement du MTLD en septembre 1946. «C'est alors que la ville de Blida et ses environs vécurent un bouillonnement politique sans précédent, grâce au dynamisme et au dévouement des nationalistes», dont M'hammed Yazid, l'un des «pionniers du MTLD à Blida».
Digressions, parenthèses et commentaires personnels contribuent à l'unité du sujet, en l'occurrence un assemblage de fragments de vie (sous forme de courts chapitres) et qui ont pour fil conducteur le parcours de Maâmar Djgaguen. Celui-ci commence à travailler très jeune, d'abord en faisant les vendanges chez un colon. «Plus tard, j'ai travaillé chez les frères Derbala, Mohamed et H'mida, qui fabriquaient des cageots et cagettes servant à l'exportation des agrumes. Si Mohamed Derbala était alors responsable au sein du MTLD de Messali Hadj...» C'est ainsi que le jeune Maâmar et d'autres compagnons de son âge vont être pris en main et initiés au militantisme et au nationalisme.
Les jeunes volontaires de Bouarfa avaient notamment «pour mission d'écrire les slogans sur les murs et de distribuer les tracts et aussi le journal El Houria, organe du parti». Tout cela dans la clandestinité. L'auteur évoque son adhésion au MTLD, raconte l'Organisation spéciale (OS), revient sur la trahison de Belhadj Djilali (dit Kobus) et rend hommage à Souidani Boudjemaâ (il était «parmi les illustres militants de l'OS ayant laissé leur empreinte dans notre région et la Mitidja en général»). «La crise du MTLD et son implosion» est l'autre fait historique à qui le mémorialiste consacre un chapitre aussi informatif et didactique que les précédents.
L'Histoire est en marche, les évènements se précipitent. Le jeune Maâmar Djgaguen pressent un évènement majeur. Il sait qu'il ne peut plus échapper à son destin : «Avec mes compagnons, nous sommes restés à l'écoute des militants jusqu'au déclenchement de l'insurrection armée tant attendue. Nous étions sur le qui-vive, à l'affût de la moindre information annonçant l'imminence du passage à l'action armée.» Comme nombre de ses compagnons, il savait que «la guerre couvait et il ne restait plus qu'à allumer l'étincelle pour que le brasier s'enflamme».
A partir du chapitre «Le déclenchement de la guerre de Libération nationale à Blida et ma participation à cette guerre», Maâmar Djgaguen entre véritablement dans le vif du sujet. Le lecteur découvre alors le parcours d'un authentique moudjahid qui, par honnêteté, par modestie, par fidélité aux compagnons de lutte et par respect de la vérité historique, livre un témoignage toujours en relation avec tous ceux et celles qui font le collectif, avec l'environnement politique, militaire et sociologique, ne se limitant jamais à une simple reconstitution chronologique des faits.
Le livre est riche d'informations (parfois de première main), de détails sur la région de la Mitidja, de noms et autres références onomastiques précises. Autrement dit, il s'agit bel et bien d'un document fort utile à la recherche historique. Il faut aussi reconnaître à Maâmar Djgaguen la particularité suivante, signe de la marche dialectique de l'engagement et de l'action : «Après le déclenchement de la Révolution, j'ai continué à activer dans cette organisation clandestine, avec la cellule FLN à Blida, et ce, jusqu'à 1957, date de mon engagement définitif dans les rangs de l'ALN. Même si, à vrai dire, dès les premiers mois de 1955, j'avais déjà un pied au maquis et l'autre dans la lutte clandestine.» Et il n'avait pas encore vingt ans ! «Je suis évidemment très fier d'être parmi les premiers à épouser la voie de la guerre à un âge très précoce. Je n'avais alors que 18 ans, mais j'étais un soldat aguerri, parce que bien forgé par les années de militantisme. Pendant cette période, j'étais tellement proche de l'ALN que je connaissais pratiquement tous les maquisards de la première heure.» C'est donc en témoin direct et en acteur de la guerre que l'auteur raconte l'épopée blidéenne et la Wilaya IV historique. Depuis les premiers «moudjahidine ayant ouvert le bal», avec les premiers attentats et actions armées, jusqu'aux opérations menées dans toute la zone 4 de la Wilaya IV, en passant par l'affaire Si Salah («dont je peux témoigner pour avoir vécu une partie des péripéties», écrit-il).
Maâmar Djgaguen évoque également les dirigeants dee la Wilaya IV, car les ayant tous approchés : Amar Ouamrane, Slimane Dehiles (dit Si Sadek), Ahmed Bencherif, Si M'hamed Bouguerra, Mohamed Zamoum (dit Si Salah), Djilali Bounaâma (dit Si Mohamed), etc.
Il retrace «les hauts faits d'armes» et les batailles auxquelles il a participé, revient brièvement sur ses «missions et responsabilités pendant la révolution» et il n'oublie pas, surtout, de rendre hommage à des martyrs de la révolution (portraits de Khaled El Bey, Si Moussa Kelouaz) et à des frères de lutte (Mohamed Merdji, Mohamed Mahfoudhi, Boukenoui Ahmed). D'autres pages d'histoire, sombres ou glorieuses, font aussi l'objet d'un éclairage personnel : les centres de torture à Blida, l'épisode De Gaulle, l'épreuve de «La Paix des Braves», Djilali Bounaâma, les manifestations du 1er juillet 1960 à Blida, l'accrochage du 8 août 1961, l'opération Montpensier, l'OAS à Blida ou la lutte contre la «Main Rouge».
Ce qui ajoute à l'intérêt documentaire de l'ouvrage, c'est enfin les précieuses pièces en annexe : liste non exhaustive des militants ayant activé à Bouarfa, liste des centres de moudjahidine, liste des médecins et infirmiers algériens ayant participé à la Révolution, liste des militants français, les familles ayant participé à la Révolution, la liste (non exhaustive) des fidayine, des fidayate et des militantes, la liste des héros de la région de Blida, les responsables de la zone, etc. Un album photos complète ces documents. Le livre est préfacé par le Dr Youcef Khatib, chef de la Wilaya IV.
Hocine Tamou
Mémoires de Maâmar Djgaguen, officier de l'ALN zone de Blida, éditions El Hadhara, Alger 2019, 142 pages.


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