La semaine a été vraiment pénible avec cette histoire de Scotchi. Les Algériens sont scandalisés que le chef de l'Etat parle d'eux en des termes si peu gratifiants à un Président étranger. Dans leurs réactions, dont on connaît le volume et la diversité, on en a vu de tout mais l'essentiel des répliques ont tourné autour de trois points. Le premier est que c'est à partir des lointaines terres russes qu'ils ont appris ce que le chef de l'Etat pense vraiment du mouvement populaire de contestation : une entité négligeable qui tient dans une formule tout aussi négligeable : « Quelques éléments qui brandissent des slogans… » Dans le deuxième, on a pu se rendre compte que la légendaire fierté algérienne n'est pas une vue de l'esprit. Elle n'est finalement ni mythique, ni « mal placée » quand elle se manifeste à des moments et pour des questions si déterminantes pour l'avenir du pays. Le troisième est une information : les institutions de l'Etat «accompagnent»… quelques éléments qui brandissent des slogans » dans leurs revendications légitimes ! La semaine a été pénible, avec cet entretien d'Abdelmadjid Tebboune diffusé par la chaîne de télévision El Hayat. A une question sur les détenus d'opinion qu'il n'attendait manifestement pas, l'ancien Premier ministre a cafouillé, mal à l'aise, faisant de pénibles appels d'air, avant de sortir une réponse qui l'a enfoncé au lieu de le libérer : je ne commente pas les affaires de justice… la justice est libre. Et il a fini par abdiquer : n'insistez pas, je ne réponds pas à ce genre de question. Dur, très dur. La semaine a été pénible, avec cette polémique qui, paradoxalement, oppose des gens qui partagent l'essentiel sur le fond : faut-il accompagner Lakhdar Bouregaâ dans son digne entêtement à ne pas répondre aux questions de la justice ou, au contraire, agir d'abord pour sa libération ? Maintenant que le héros de la guerre de Libération est définitivement consacré comme l'autorité morale de la révolution, maintenant qu'il n'a plus rien à démontrer, ne faut-il pas, plutôt, se tourner vers sa famille qui tient à ce qu'il retrouve la liberté, se reposer et… servir comme il l'a fait avant son incarcération ? Les deux parties ne manquent, évidemment, pas d'arguments mais manquent de temps. Le procès politique, Si Lakhdar l'a déjà gagné, reste l'autre. La semaine a été pénible avec la deuxième polémique du genre. Des voix du Hirak, qui ne sont pas forcément celles des moins déterminées dans l'engagement, reprochent aux avocats constitués pour la défense des prisonniers d'opinion de privilégier le discours politique dans leurs plaidoiries plutôt que l'argumentaire juridique, qui serait plus efficace pour leur acquittement. Un vieux débat qui a émaillé beaucoup de procès politiques à travers l'Histoire. En l'occurrence, la plupart des robes noires se sont constituées spontanément et bénévolement. Ils sont aussi des militants de la cause, mais ils sont d'abord des avocats. Ils peuvent donc allier les deux, non ? La semaine a été pénible. Les Algériens s'en sont donnés à cœur joie en apprenant les noms des premiers candidats qui ont déposé leurs dossiers pour l'élection présidentielle : deux Premiers ministres de Bouteflika et deux ministres de… Bouteflika et ce n'est, peut-être, pas terminé. Faut-il commenter ? S. L.