De nos envoyés spéciaux à M'sila et Bordj-Bou-Arréridj, Mohamed Kebci et Samir Sid Le candidat à l'élection présidentielle du 12 décembre, Ali Benflis, promet la mise en place d'un ministère exclusivement dédié aux territoires et à leur aménagement, en droite ligne de la décentralisation du centre de décision. C'est ce qu'il a annoncé, avant-hier, en soirée à Bou Saâda, dans la wilaya de M'sila. Animant un meeting non prévu en nocturne au niveau de l'Institut national de l'hôtellerie et du tourisme de Bou Saâda, l'intervenant n'a pas manqué de répondre à l'interpellation de l'assistance qui a insisté sur l'impératif de hisser leur ville en chef-lieu de wilaya. En fait, une vieille revendication à laquelle Benflis semble être sensible mais sans, toutefois, prêter au lexique populiste. Prenant acte de cette doléance, Benflis affirmera avoir prévu dans son programme électoral la mise sur place, si jamais il venait à bénéficier des faveurs des électeurs le 12 décembre, la mise en place d'un ministère exclusivement dédié aux territoires. Un département qui aura à engager le chantier d'un nouveau découpage administratif, avec la perspective de l'augmentation du nombre des communes et, probablement, celui des wilayas. Dossier à la faveur duquel Bou Saâda pourrait prétendre à ce statut, comme nombre d'autres grandes villes du pays. Car, expliquera-t-il, ce genre de décision ne se prend pas dans la rue. Un nouveau statut qui, à coup sûr, aura à réduire les inégalités et les disparités régionales. Aussi, dans son autre meeting animé, hier matin, au niveau de la Maison de la culture de la capitale du Hodna, le président du parti des avant-gardes des libertés a eu à aborder un autre volet de sa feuille de route, celui de la diplomatie. Intervenant devant près de 300 personnes, Benflis s'engage à faire rétablir au pays sa place parmi le concert des nations, estimant que l'Algérie est presque devenue orpheline du fait, a-t-il expliqué, de la personnalisation de notre diplomatie, qui a souffert, ces derniers temps, de l'absence d'un guide. Pour le candidat, il s'agira de s'en tenir à la philosophie de notre diplomatie, actée dans la proclamation du 1er novembre et basée sur des fondamentaux, dont la défense des peuples en quête de liberté, la non-ingérence dans les affaires internes des pays. Pour Benflis, les affaires étrangères doivent être basées sur le seul critère de la défense des intérêts du pays, promettant de relancer l'Union du grand-Maghreb. Il s'engagera à lancer un large débat en vue d'arriver à un consensus national concernant la diplomatie. Le président du parti des Avant-gardes des libertés refuse, par ailleurs, de jouer sur le registre du populisme, dans une allusion à certains de ses concurrents qui excellent dans l'art des promesses. Il dira privilégier la sincérité dans sa démarche, basée sur des dossiers dont notamment celui des retraites, des personnes à besoins spécifiques et autres catégories sociales. Il promettra, pour trouver des solutions à ces problématiques, d'engager une large concertation, notamment avec les syndicats autonomes qui sont, à ses yeux, représentatifs. Il dénoncera la sollicitation toute récente de la banque mondiale par le gouvernement, en vue de l'assister dans l'optique de revue de la politique sociale de l'Etat. Pour Benflis, l'exécutif aurait été mieux inspiré de s'en remettre aux partenaires sociaux, au sujet d'un dossier aussi vital. Aussi, le président des avant-gardes des libertés avertira, par ailleurs, du risque de l'effondrement de l'Etat si jamais le prochain scrutin présidentiel n'aura pas lieu. Pour lui, cette élection est l'ultime chance de sauver le pays, reconnaissant, au passage, le droit aux voix nombreuses qui rejettent ces élections de s'exprimer en toute liberté. Il promettra d'engager avec ces opposants un large dialogue, une fois élu. Des voix, dont certaines se sont fait entendre non loin du lieu de cette rencontre électorale, tenue en présence d'un important dispositif de sécurité qui a contenu une cinquantaine d'acteurs locaux du mouvement populaire qui criaient à gorge déployée leur rejet catégorique de la future élection présidentielle qui, selon eux, ne ferait que régénérer le système en place. Meeting sous haute tension à Bordj-Bou-Arréridj Par ailleurs, c'est dans une ambiance extrêmement tendue que le candidat Ali Benflis a eu à animer son second meeting de la journée, dans l'après-midi, dans la wilaya de Bord-Bou-Arréridj. Plusieurs centaines de manifestants s'étaient donné rendez-vous au niveau du rond-point de la ville, non loin de la Maison de la culture, lieu du meeting. Un impressionnant dispositif de sécurité était déployé pour empêcher cette masse humaine qui reprenait, à gorge déployée, les slogans du mouvement populaire, notamment ceux liés au rejet du scrutin présidentiel du 12 décembre prochain. «Non au vote de la bande», «Algérie, libre et démocratique» et «Le peuple veut l'indépendance» étaient entre autres des mots d'ordre entonnés sans discontinuité des heures durant. Une ambiance électrique qui n'a pas empêché le candidat Benflis de tenir sa rencontre électorale. Devant près de 400 personnes, dont notamment des gens d'un certain âge, le président du parti des Avant-Gardes des libertés a tenu, de prime abord, à louer le mérite de cette wilaya, comme Khenchela et Kherrata dans l'éclatement de la Révolution du 22 février qui a balayé la bande et a fait avorter le cinquième mandat. «Je n'ai pas eu peur de venir ici à Bordj-Bou-Arréridj pour éteindre le feu de la fitna. Ceux qui manifestent contre les élections ont le droit de le faire et nous devons les écouter. Ils sont autant patriotes que nous, partisans des élections qui pensons que sans cette élection présidentielle, le pays risque de rentrer dans un couloir, voire aller droit dans le mur. Je n'ai aucun complexe et j'ai été présent avec mes deux filles mariées lors des dix premiers vendredis de la Révolution populaire, que je souhaite se poursuivre pour que le prochain président de la République n'agisse pas comme bon lui semble», dira-t-il, reprenant les axes forts de son programme électoral qui, selon lui, n'a d'objectif que de consacrer les revendications légitimes de la Révolution pacifique du 22 février. Et de soutenir que la tête de la bande était encore active et n'attend que l'occasion pour reprendre, sous les applaudissements nourris de l'assistance. Et d'inviter à se départir de la haine et la suspicion et de combattre le régionalisme. «Que cesse le monopole du patriotisme et du nationalisme», affirmera-t-il. À noter que le candidat Ali Benflis sera aujourd'hui lundi dans les wilayas de Béchar et El Bayadh. M. K.
