La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh), aile Zehouane, prend acte de l'appel d'Abdelmadjid Tebboune au dialogue avec le mouvement populaire. Elle estime que la revendication du changement du système à travers une transition démocratique, pacifique et négociée est plus que d'actualité, réclamant des signaux forts du système, des garanties sérieuses pour une solution politique à la hauteur des aspirations du peuple. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - «Après l'élection du 12 décembre, largement rejetée par le peuple et son Hirak, le système n'a réussi qu'à désigner son représentant, le pouvoir réel à rétablir sa façade civile. Il n'a pas gagné le pari, ni de diviser, ni d'affaiblir le Hirak pacifique», a souligné d'emblée la Laddh dans un communiqué rendu public hier, avant de prendre acte de l'appel de Tebboune au dialogue. Dans ce document signé par son vice-président, Saïd Salhi, la ligue soutient que «le nouveau représentant, Président mal élu avec une légitimité écorchée», est face à un mouvement populaire qui, «malgré le coup de force sur fond de fraude massive, répression et désinformation médiatique», garde le rapport de force dans la rue à travers la mobilisation pacifique. «Au lendemain de cette parodie, Tebboune appelle au dialogue. Il faut prendre acte, sans trop se précipiter», a clamé cette organisation qui soulève quelques observations à propos de l'appel de Tebboune. Elle relève que l'appel au dialogue est fait avant que le Conseil constitutionnel ne confirme les résultats de l'élection. «Cet appel est une reconnaissance de l'échec du dialogue initié par Karim Younès, pourtant chargé d'exécuter la feuille de route du système, qui a permis la création et la désignation de l'instance de Charfi, chargée d'organiser les élections et cautionner le coup de force», a ajouté la Laddh. Et de s'interroger si Tebboune a tiré les conclusions de ce dialogue « de mauvaise foi ou veut-il encore rééditer le même scénario ?» Rappelant le rejet populaire massif des élections et la forte mobilisation du 43e vendredi, la Laddh réclame des signaux forts du système, des garanties sérieuses pour une solution politique à la hauteur de aspirations du peuple. La même organisation a relevé que l'appel au dialogue est lancé au même moment où la répression s'est abattue sur les wilayas de l'ouest du pays. Sur le fond, la Laddh explique que Tebboune n'a pas précisé autour de quoi tournera le dialogue. «Bien que la question des interlocuteurs reste posée, et là encore, la responsabilité incombe au pouvoir qui fait tout pour casser toute initiative venant du Hirak, comment peut-on parler de l'organisation du Hirak alors que tous les droits politiques des Algériens, particulièrement les libertés démocratiques, sont systématiquement attaqués. Les activistes du Hirak qui ont émergé sont emprisonnés, harcelés et stigmatisés», s'interroge la ligue, accusant le pouvoir d'empêcher l'organisation du Hirak. Mais avant toute négociation, l'organisation appelle le système à montrer sa bonne volonté, à travers notamment la libération des détenus d'opinion, du champ politique et médiatique et l'arrêt de la répression et de toutes les contraintes contre le Hirak. K. A.
