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La folle journée des détenus d'opinion
76 personnes libérées jeudi
Publié dans Le Soir d'Algérie le 04 - 01 - 2020

Ce jeudi fera date dans les pages d'histoire qui s'écrivent depuis le 22 février dernier. Alors que nul ne s'y attendait, 76 détenus d'opinion ont été remis les uns après les autres en liberté, provisoire pour certains, tout au long d'une journée forte en émotions.
Tout commence en fait mercredi au soir, lorsque des informations confuses annoncent la tenue du procès du général Benhadid. Depuis lundi, sa famille et son avocat, Me Mecheri, alertent sur la dégradation de sa santé, déjà précaire au moment de sa mise sous mandat de dépôt, le 12 mai dernier. Benhadid s'apprête à subir une troisième intervention chirurgicale depuis sa mise en détention. «On nous a dit qu'ils allaient le juger en début de soirée, puis cela s'est avéré faux. il a fallu ensuite se rendre à El-Harrach pour savoir ce qui se passait car il est très malade, mais finalement, ce procès s'est tenu aujourd'hui (jeudi)», commente Me Mecheri. Benhadid est amené sur une chaise roulante.
Plus d'une quarantaine de procès en un jour à Alger
Le tribunal est débordé. Plus d'une quarantaine de procès de détenus du Hirak ont été programmés durant cette journée. Les avocats et les familles n'ont pas été informés. La plupart avouent avoir pris connaissance de ces faits en suivant l'évènement par lequel débute la matinée : la libération de Lakhdar Bouregaâ. La décision a été prise par le tribunal de Bir Mourad Raïs ,sans qu'aucune demande de mise en liberté provisoire n'ait été introduite par le collectif de défense. Certains avocats qualifient cette décision de «spontanée», «inattendue». Elle intervient au moment où circulent de dangereuses rumeurs annoncant la dégradation de sa santé et les conditions difficiles (en prison) que doit surmonter un homme qui a dépassé les 80 ans. Quelques heures avant sa présentation devant le procureur, le moudjahid se trouvait d'ailleurs à l'hôpital Mustapha où il avait été transporté suite à un pic de tension. Jeudi matin, peu de temps après neuf heures, une ambulance le mène au tribunal. Son procès avait été fixé au 2 janvier sans que nul le sache. Dans une déclaration à la presse, Zoubida Assoul explique qu'elle se trouvait au tribunal de Bir Mourad Raïs à ce moment. «J'ai plaidé pour sa mise en liberté, le juge a accepté», dit-elle. Ce même tribunal avait rejeté trois demandes similaires. Bouregaâ est ramené à l'hôpital Mustapha puis mené vers El-Harrach d'où il ressort libre. Les évènements sont survenus de manière inattendue, il y a peu de monde devant la porte de la prison. Seules quelques télévisions captent le moment de sortie du moudjahid. A son arrivée à son domicile, il est accueilli en héros. Au moment où il arrive chez lui, une autre nouvelle tombe : le général Benhadid est lui aussi placé en liberté provisoire par le tribunal de Sidi M'hamed. Son épouse prend la direction de la prison d'El-Harrach. Comme Bouregaâ, Benhadid avait été incarcéré pour «atteinte au moral de l'armée et atteinte au haut commandement de l'armée». Il quitte la prison dans un état de santé précaire.
Des libérations en série tout au long de la journée
Dans l'après-midi de ce jeudi, près d'une dizaine de militants, des manifestants arrêtés lors des marches hebdomadaires (vendredi et le mardi des étudiants), comparaissent au tribunal de Sidi M'hamed. Il y a là des membres du RAJ (Rassemblement algérien pour la jeunesse), du RCD, de simples citoyens, tels que le désormais célèbre vendeur de pins aux couleurs nationales et amazighes… Leur procès a été également programmé de manière inattendue. Un membre du CNLD (Comité national pour la libération des détenus) témoigne : «Nous étions là à écouter le juge prononcer des acquittements ou des mises en liberté provisoire en série. C'était incroyable. Même les personnes qui ont été arrêtées il y a quelques jours seulement ont été libérées». Vingt détenus sont ainsi libérés par le tribunal de Sidi M'hamed avant la fin de l'après-midi. Au même moment, le CNLD annonce que plusieurs libérations similaires sont enregistrées un peu partout à travers le territoire national. Les premières nouvelles viennent de Constantine où le blogueur Abdelmoundjid Khelladi est annoncé libre.
Dans la même wilaya, trois autres libérations sont annoncées. A Oran, le caricaturiste Nime, récemment condamné à onze mois de prison, dont trois fermes, est lui aussi élargi. A El Oued, tous les activistes du Hirak quittent en même temps la prison. Situation identique à Chlef. L'annonce de la libération de Brahim Laâlami, activiste de Bordj-Bou-Arréridj fait fureur. Peu avant son incarcération, ce dernier avait eu le temps de poster une vidéo où il demandait à sa mère de se munir de courage.
A Alger, la comparution du Secrétaire général du RAJ se solde par une mise en liberté provisoire. Trois autres membres du RAJ et quatre éléments du RCD sont aussi libérés. Le pays tout entier vibre au rythme de ses libérations successives. Le tribunal de Sidi M'hamed est envahi par les avocats, les familles, les proches, voisins des détenus. Les citoyens sont aussi venus nombreux accueillir les bonnes nouvelles. La libération d'un jeune homme de La Casbah fait fureur. Mohamed Tadjadit, surnommé le poète du Hirak, sort en héros. Une foule rassemblée devant les portes de la prison d'El-Harrach, grossit aussi à vue d'œil. Aux alentours du pénitencier, la circulation automobile devient impossible dès 13 h.
Joie, larmes et rumeurs aux portes d'El-Harrach
L'ambiance qui règne ici est indescriptible. Les familles pleurent, les épouses se tiennent tremblantes et discrètes dans un coin, des enfants de détenus s'accrochent aux parents, des citoyens venus accueillir les héros du jour exultent, des cris de joie, des slogans scandés lors des marches du vendredi sont entendus. Les détenus désormais libres sont portés, embrassés, félicités pour leur courage. Certains portent au cou des chaînettes avec comme médaillon le signe amazigh. La police peine à maintenir l'ordre. Les voitures passent une à une en klaxonnant. Les femmes lancent des youyous. Chacun veut immortaliser le moment en filmant, en prenant des photos avec les détenus. Les citoyens sont aussi partagés entre ce moment de joie et les autres évènements annoncés sur la Toile. De bouche à oreille, on se transmet le message adressé par Bouregaâ au Hirak «maintenez le caractère pacifique des manifestations», déclare ,entre autres, ce dernier aux journalistes qui affluent à son domicile. On compte le nombre de détenus libérés jusqu'à l'heure. Le CNLD annonce que le nombre de personnes élargies depuis le début de l'après-midi est de 76. Les wilayas concernées sont : Alger, Tlemcen, Oued Souf, Constantine, Oran, Tipasa, Boumerdès, Chlef, Dissimilât et El-Tarf.
L'heure est aussi à la confusion et aux rumeurs. Le nom de Abdelwahab Fersaoui, président du RAJ, Samir Benlarbi (activiste et figure connue du Hirak), Fodil Boumala et Karim Tabbou sont annoncés libres avant que les familles et avocats ne démentent. Certains avocats supposent que leur libération peut aussi intervenir durant la journée, mais elle s'achève sans rien apporter de nouveau à leur sujet.
A Koléa, certains d'entre eux, accompagnés de membres de la famille de Tabbou, font le pied de grue devant la prison. A minuit, toujours rien. Hier, à 11h, son frère annonce que l'attente se poursuit. Nul n'est en mesure d'en savoir davantage. Seules quelques rumeurs laissent entendre que le procès des quatre détenus se tiendra ce dimanche. Réunis près de la porte d'El-Harrach, des groupes de citoyens s'étonnent que Oggabi Nour Houda, jeune étudiante détenue à Tlemcen, n'ait pas été libérée.
Des mesures d'apaisement…
Les premières réactions aux évènements de ce jeudi sont enregistrées en fin d'après-midi. Dans un post sur sa page Facebook, Me Ghechir estime que ces libérations sont un «signe positif à encourager» et se dit dans l'attente d'autres «mesures attendues par le Hirak». Le Parti des travailleurs (PT) se félicite de la libération du moudjahid Lakhdar Bouregaâ et des autres détenus et lance un appel à la libération de Louisa Hanoune, Karim Tabbou et de tous les prisonniers politiques restants. Pour Soufiane Djilali «la libération des détenus d'opinion est une victoire du Hirak, j'espère qu'ils seront totalement réhabilités», ajoute-t-il. Sur la chaîne de télévision publique, des journalistes et analystes invités pour la circonstance évoquent des mesures d'apaisement entreprises par le nouveau président de la République. Peu de temps après l'annonce de sa victoire à l'élection présidentielle, ce dernier avait laissé entendre la possibilité de la libération de tous les détenus n'ayant pas trempé dans des affaires de corruption.
Il est 22h 30. Le dernier détenu libéré quitte la prison d'El-Harrach. Il avait été incarcéré et condamné pour port de l'emblème amazigh.
Abla Chérif


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