Dans le monde des arts et de la culture à Mostaganem, il n'y a pas que ceux qui baignent dans l'opulence ou, du moins, la décence des jours heureux. Il y a aussi ceux qui vivent dans le besoin et la détresse de fin de parcours d'artiste. Pétri de talent, Mahfoud Benhenda figurait parmi les meilleurs joueurs de banjo de sa génération, il faisait partie de l'orchestre chaâbi de Mazouz Bouadjaj. Sa classe, sa timidité et son charme sont restés intacts. Il est issu d'une grande famille de souche et, pourtant, Mahfoud a été victime d'une maladie mentale après une dépression nerveuse. Malheureusement, aujourd'hui, il traverse les pires moments de sa vie, il est redevenu itinérant et sans ressource. Grâce à certaines âmes charitables, il est parfois logé dans des hébergements d'urgence, mais de façon temporaire. Quand on le rencontre dans la rue ou un café, il donne l'illusion de surmonter les difficultés (froid, dépression, solitude). En solitaire, il lui arrive souvent de reprendre son banjo en main et de s'adonner à une série d'istikhbarate, d'un sahli, un ghrib, de si belles notes qu'il avait l'habitude d'affectionner au temps de sa splendeur. Aujourd'hui il se cache pour souffrir dans la dignité, sans pouvoir jamais un jour raconter son mal, pourtant son état de santé nécessite une prise en charge et un accompagnement social. La DSA ou la Direction de la culture doivent s'atteler à lui venir en aide pour que son banjo sacré résonne de nouveau et de la plus belle manière. A. Bensadok