Les appels insistants des activistes du mouvement populaire, des médecins, des partis politiques et des associations ainsi que les massives campagnes de sensibilisation à la nécessité de suspendre les manifestations, demandant aux citoyens de rester chez eux, comme unique solution pour éviter la propagation du coronavirus, n'ont pas été vains. La capitale était, hier vendredi, qui devait être le 57e vendredi de mobilisation populaire, une ville morte. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) -Toutes les rues du centre-ville où se déroulaient les manifestations populaires de grande envergure étaient désertes, et ce, durant toute la journée. Dans l'après-midi, heure d'envahissement de la ville par les manifestants, la ville était morte. Les commerces (cafés, restaurants, fast-foods…) qui ont ouvert durant tous les vendredis du Hirak, ont baissé leurs rideaux. Pour plusieurs activistes et observateurs, les hirakistes ont réagi avec conscience et responsabilité face aux dangers de propagation du coronavirus dans les rassemblements et marches citoyennes. Les consignes de protection étaient respectées scrupuleusement. Aucun rassemblement n'a été organisé, y compris devant les mosquées qui étaient fermées. Le siège du RCD à Didouche-Mourad où se regroupent des militants et des manifestants depuis plus d'un an, était fermé, a-t-on constaté. Si les manifestants sont restés chez eux, ce n'est pas le cas des forces de l'ordre. En effet, un dispositif des plus impressionnants, plus musclés que les vendredis précédents, a été déployé dans la ville. Des dispositifs ont été positionnés au niveau de plusieurs points, comme à proximité du siège du RCD, à la place Audin, à la Grande-Poste, au tunnel des Facultés, la place du 1er-Mai, le boulevard Amirouche, les rues Larbi-Ben-M'hidi, Asselah-Hocine, Zighoud-Youcef et même la rue Tanger. Ces forces de l'ordre étaient préparées à faire face à toute tentative de manifestation. Quelques personnes, parmi les rares passants, ont été interpellées sans raison apparente, a-t-on constaté à la rue Didouche-Mourad. Des agents en civil procédaient en même temps à la vérification de l'identité des passants. Dans les rues d'Alger, fantomatiques, il n'y avait presque que la police et quelques journalistes. «C'est le haut degré de conscience», commentent des internautes. Les hirakistes, pour qui la mobilisation de vendredi est devenue presque une tradition, se désolent de devoir rester chez eux. «C'est la raison qui l'a emporté. Nous suspendons les marches pour nous protéger d'abord et éviter aussi au pays une crise sanitaire qui peut s'avérer fatale, surtout que nous n'avons pas les moyens d'y faire face. Mais cela ne veut pas dire que nous abandonnons notre révolution. Le Hirak, nous le poursuivrons autrement, mais nous allons réoccuper le terrain une fois cette crise dépassée», nous affirme un inconditionnel des marches «vendrediennes». K. A.