Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, est revenu, hier dimanche, sur les grands chantiers ouverts pour une réforme globale du secteur, le financement étranger de certains organes de presse, la qualification et la formation des journalistes et les différents problèmes liés à l'éthique et la déontologie soulevés ces derniers temps, à l'occasion d'une émission diffusée sur la Chaîne 1 de la Radio nationale à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse le 3 mai. La célébration de cette journée intervient cette année dans une conjoncture professionnelle exceptionnelle, imposée par la situation sanitaire dont la sortie est étroitement liée à la prévention et le renforcement des moyens de traitement, selon le ministre. Ce dernier est revenu sur le dossier du financement étranger des médias qui sera ouvert. « Une enquête approfondie sera ouverte et dont les conclusions seront communiquées en détails », a-t-il précisé en expliquant que la question du financement étranger des médias nationaux est une « forme d'ingérence étrangère et de connivences internes », non tolérée car les financements étrangers de la presse nationale, tous supports confondus, sont strictement interdits par la loi algérienne. Le capital social doit être exclusivement national et les fonds investis justifiés, citant l'article 29 du code de l'information qui stipule explicitement que «toute aide matérielle directe ou indirecte de toute partie étrangère est interdite». Pour le porte-parole du gouvernement, les médias en général et les journalistes en particulier doivent se munir de professionnalisme dans le traitement de l'information, en plus du respect des principes de liberté et de responsabilité auxquels doit s'astreindre le journaliste dans l'accomplissement de sa mission ,en acceptant les avis contradictoires sous condition que « cet exercice doit se faire dans un cadre national» et « dans une liberté totale entre Algériens responsables », selon ses termes, car la liberté de la presse et d'expression ne sont pas un alibi pour l'irresponsabilité et l'anarchie, ciblant dans ses propos la presse «malintentionnée». Réaffirmant les engagements des pouvoirs publics quant à la réorganisation du champ médiatique, Belhimer a énuméré, encore une fois, les 10 chantiers retenus pour la réforme du secteur et le retour immédiat dès le déconfinement à ces chantiers, notamment celui de la communication institutionnelle. Le ministre notera la création de conseils de déontologie professionnelle au niveau national et au sein des rédactions. La réforme lancée devra associer les différents acteurs du secteur afin de préparer et promulguer les textes législatifs et réglementaires nécessaires à l'encadrement de la presse écrite et numérique, des médias audiovisuels, la publicité, les agences de communication et de distribution et les instituts de sondage. Pour la presse écrite, la création du conseil national de la presse permettra d'instaurer « l'éthique et la médiation, la carte professionnelle du journaliste, la médiamétrie et une distribution juste de la publicité », a-t-il relevé en précisant que la publicité étatique représente 65% du marché publicitaire dans notre pays. La question des chaînes de télévision privées a été jugée urgente par le ministre de la Communication au vu « du danger que représentent certaines chaînes », affirmant que la diffusion, une fois la réforme engagée, doit se faire via un satellite algérien. En d'autres termes, faire en sorte que les chaînes de télévision relevant du secteur privé soient de droit algérien et ne doivent plus être régies par le droit étranger. Enfin, Belhimer a insisté sur la nécessité de considérer la profession ainsi que le rôle de la femme dans le travail de communication, étant donné que c'est un secteur qui se féminise alors que les femmes n'accèdent pas facilement aux postes de responsabilité restés aux mains des hommes. Ilhem Tir
